Editorial du 26 mai 2012 : commentaires
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Los Teignos

Président de Gaumont, président de l'Association de Lutte contre la Piraterie Audiovisuelle et vice-président du conseil de surveillance d'Arte France, Nicolas Seydoux est indéniablement un type qui connait bien le business du cinéma. Aussi, quand il déclare dans le rapport financier 2011 de Gaumont, qu’"entre le 15 mai et le 15 décembre 2011, aucun film français n’a été téléchargé sur le Web" grâce aux efforts conjoints de l’ALPA et d’Hadopi, on hésite entre trois hypothèses : soit cet homme a effectivement constaté qu’aucun film français n’était disponible sur son Minitel sur les sept mois en question, soit il entend berner des gens qui connaissent Internet plus mal que lui encore, soit il cherche simplement un moyen original d’annoncer son retrait des affaires, se disant qu’après tout, les sommets du ridicule sont moins hauts à escalader que ceux du panache…
Tandis que telle une patate froide, Hadopi échoit désormais à un Pierre Lescure au moins aussi fort en ordinateur que Thierry Lhermitte, la bourde de Monsieur Seydoux, tout comme la facture du site officiel de l’ALPA, confirme en tout cas une chose : la lutte contre le piratage, confiée à de tels spécialistes de la question, n’a pas fini de nous faire rire.
Fort heureusement, tandis que Nicolas Seydoux amuse la galerie à grand coup de bilans financiers, il reste des artistes pour faire du cinéma. Ils sont réalisateurs, scénaristes, acteurs ou cadreurs, éclairagistes, costumiers, maquilleurs ou décorateurs, accessoiristes… et même musiciens ! Parce que, même à l’heure où certaines BO se résument à une compilation pop/rock façon Tarantino, il ne saurait y avoir de bon film sans bonne BO originale. C’est vrai : vous imaginez, vous, Les dents de la mer avec YMCA des Village People à chaque fois que l’aileron du requin sort de l’eau ? Et la scène de duel d’Il était une fois dans l’Ouest, à quoi ressemblerait-elle si Sergio Leone avait troqué la partition d’Ennio Morricone pour You're The First, The Last, My Everything de Barry White ? Et le Petit bonhomme en mousse pour le clair de Terre de 2001 Odyssée de l’espace ? Ca cadrerait ? Vincent Delerm chantant Fanny Ardant dans Psychose ? Vous imaginez ?
Non. Personne n’imagine. Parce que le boulot d’imaginer une musique pour des films de ce calibre, c’est celui des musiciens. Et je dis bien ‘musiciens’ au pluriel car c’est précisément un tandem qui est à l’honneur cette semaine sur le site, et qu’on en est très fiers.
En co-production avec Avid, AudioFanzine vous propose en effet un reportage de 42 minutes sur Jean-Félix Lalanne et Vincent Chevalot, au sujet de leur travail sur le film Nos plus belles Vacances de Philippe Lellouche. Jean-Félix, c’est le compositeur, qui parle de son inspiration et vous détaille sa façon de travailler sous Sibelius, tandis que Vincent, c’est le metteur en son, celui qui va faire émerger une maquette de la partition via un bloubiboulga d’instruments virtuels, puis superviser les sessions d’enregistrement d’un orchestre à Prague, dirigé par Jean-Félix. Bref, un reportage passionnant mais sans doute trop pointu pour que puissiez espérer le voir à la télé, même sur Arte, même à 3 heure du matin un mardi soir en plein mois d’août. Et c’est pour ça qu’on est fier de vous le diffuser : parce que c’est non seulement intéressant de voir comment ces musiciens travaillent, mais que leur apport à un film est si déterminant qu’il mérite un peu plus d’égard qu’un petit nom blanc qui défile sur fond noir, à l’heure où les lumières se rallument et que tout le monde regagne la sortie de la salle.
A voir et à lire impérativement donc, et à partager sur vos réseaux sociaux préférés, ne serait-ce que pour participer au Facebookethon qui s’organise pour venir au secours d’un Mark zuckerberg qui a mal à sa bourse, le pauvre…
Ce qui ne vous dispense pas, par ailleurs, de lire les deux autres bancs d’essai de la semaine : le premier consacré à une banque de sons originale signée 8DIO, et le deuxième s’intéressant au Casio XW-P1, un clavier réellement étonnant compte tenu de son prix…
Vous parlerais-je des nouveautés du site ? Non, car ça a déjà été fait juste ici.
Sur ce, donc, bon gros week et à la petite semaine prochaine.
Los Teignos
From Ze AudioTeam
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zoom60



BodyPercu


Ptitloup94

Ca fait du bien de s’apercevoir que d'autres personnes ont la même visions des choses et, qu'elles les affichent !
Bravo !

jasperpyg

Pour une fois qu'il y a une toute petite faille dans tes textes, je saute dessus, tu penses! Merci pour ces éditos toujours très intéressants et récréatifs... un plaisir chaque fois!

gigo18

Ca tue.
Gi

dd1500

-inge son plateau
-monteur son
-mixeur
-doubleur
-bruiteur...

Los Teignos

Autant je plaide coupable pour Gloubi-boulga, autant la mention de l'équipe son n'était pas un oubli involontaire, même si tu fais bien, dd1500, de rappeler tous ceux qui bossent au son et qui jouent un rôle primordial dans un film (d'autant qu'un certain nombre d'entre eux fréquente AF).
Pourquoi ce n'était pas un oubli ? Là du coup, on ne va pas parler son mais écriture. Dans cet édito, j'ai choisi de mettre un sujet sur deux musiciens, et c'est vers ce sujet que je dois créer une tension, ça doit être le coup de cymbale qui vient à la fin du roulement de tambour.
Pour créer la tension sur le plan sémantique, je pars de loin avec Seydoux (ça tombe bien, j'ai une actu cinéma rigolote mais j'aurais pu amorcer avec Cannes) pour éveiller la question : mais où veut-il en venir? Au début du paragraphe 3, j'ai l'opportunité cette fois de créer une tension rythmique en utilisant une accumulation : l'idée, c'est de citer du plus au moins important tous les rôles populaires du cinéma à la chaîne pour créer un rythme saccadé qui accélère le souffle du lecteur, et de rompre ensuite ce rythme en fin de phrase avec la résolution de la tension rythmique : "...et même musiciens !" (le souffle peut se relâcher, c'est le coup de cymbale)
Pourquoi n'avoir pas mis les gens du son ? Pour deux raisons. La première, c'est qu'en prolongeant mon énumération, j'aurais sans doute alourdi l'effet d'accumulation recherché, et qu'une énumération trop longue, c'est comme un solo trop long dans une chanson de rock : au bout d'un moment, tu décroches et tu perds le groove de la chanson initiale. Pour la même raison, je n'ai pas évoqué d'autres rôles pourtant très importants comme le monteur, le régisseur, l'assistant réal, le script, les machinistes et électros. Ce n'est pas très juste, mais c'est pour la bonne cause : le coup de cymbale.
La deuxième raison, c'est que les musiciens qui bénéficient ici d'un contraste fort par rapport à tous ces métiers divers, auraient été noyés dans la masse des professions liées au son : bref, mon effet de style aurait perdu en impact, ce qui aurait été dommage car grâce à "...et même musiciens !", je résous et la tension sémantique posée avec Seydoux (Ah! C'est là qu'il veut en venir...) et la tension rythmique de l'énumération. Bref, une convergence bien pratique pour un bénéfice maximum.
Bon, je ne sais pas si ma petite tambouille d'écriture t'intéressera, mais au moins tu sais pourquoi je n'ai parlé que des musiciens...

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[ Dernière édition du message le 27/05/2012 à 00:13:45 ]

Captain Cap

Cela dit juste pour chipoter… (Mais admettez que l’exemple est mal choisi d’une création de musique de film en étroite collaboration avec le réalisateur.)

Arnal Sauvage


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