Sujet Editorial du 26 mai 2018 : commentaires

Dans la lutte pour un monde meilleur, on trouve de tout : l’humble combat d’un prof cherchant à sauver l’orchestre qu’il a monté il y a près de quinze ans dans son collège, parce que la musique élève évidemment les élèves, mais aussi le site Pornhub qui lance un service de VPN pour « protéger les gentils internautes des méchants pirates » lorsqu’ils tentent de développer leur culture cinématographique. Enfin, chez Facebook, on poursuit surtout la guerre déclarée au « Revenge porn », pratique ô combien intelligente que l’on pourrait traduire approximativement par « Comme tu m’as quitté(e), je vais me venger en postant les photos que j’ai de toi tout(e) nu(e) sur les réseaux sociaux. »

Comment lutter contre ce fléau ? C’est très simple : il vous suffit de soumettre vous-même (!) les photos qui pourraient vous embarrasser si l’un ou l’une de vos proches venait à les diffuser. Après qu’un employé de Facebook aura réalisé une sorte d’empreinte numérique de la photo en question pour s’assurer que personne ne pourra plus la publier, le réseau social s’engage à effacer l’original sous 7 jours.

Facebook qui, on le sait, n’efface jamais rien. Facebook qui, on le sait, est probablement l’un des pires sites web au monde en termes de respect de la vie privée, ce qui vaut notamment à Mark Zuckerberg d’être invité à des sauteries organisées par le Congrès américain et le Parlement européen pour qu’il feigne d’être désolé au sujet de l’affaire Cambridge Analytica.

Évidemment, on se demande bien comment va être recruté ce fameux employé, à quoi ressembleront ses journées, ce qu’il y aura sur son disque dur, mais au-delà de ces passionnantes questions de ressources humaines, on se souvient aussi des propos d’un autre grand intellectuel du web, Eric Schmidt, PDG de Google en 2009 et qui déclarait à ce titre : « Je pense qu’il faut faire preuve de jugeote. S’il y a quelque chose que vous faites et que personne ne doit savoir, peut-être qu’il faudrait ne pas le faire en premier lieu. Si vous avez besoin qu’on respecte à ce point votre vie privée, le fait est que les moteurs de recherche — y compris Google — enregistrent et conservent des informations pendant un certain temps. Il faut bien réaliser que nous, aux USA, sommes soumis au Patriot Act et donc qu’il est possible que toutes ces informations soient mises à la disposition des autorités à leur demande. »

Et d’un coup d’un seul, par la magie de l’Internet et de la conception de la liberté par deux des êtres les plus regrettables de l’ère numérique, on comprend comment une soirée olé olé peut aisément finir sur un disque dur de la NSA. En plein ramdam RGPD censé protéger la vie privée des internautes, avouez que tout cela ne manque pas d’ironie.

Ah mince ! Vu que j’ai écrit Congrès américain, NSA et Patriot Act dans le même texte, il est probable que je sois moi-même à l’heure où je vous écris sur le disque dur avec les photos olé olé. Qu’aperçois-je là-bas ? Le fichier MP3 de Say Something, l’incroyable chanson à l’incroyable clip de Justin Timberlake dont vous pourrez découvrir comment elle a été mixée : c’est déjà ça ! Et ici, que vois-je ? La quatrième version de Studio One ? Alors j’aurai de quoi faire de la musique ? Gageons que tout n’est pas perdu !

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
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