Sujet Parcours type d'une production en devenir

• Enregistrer : oui, c'est évidemment possible. Il faut du matos, du bon. Savoir s'en servir. Du temps. Fonction de tes musiciens, un espace approprié (si tu enregistres ton batteur, il faut prévoir un endroit insonorisé et acoustiquement neutre, par exemple). Et puis, une ambiance saine entre les gens, si possible, c'est mieux. Te marre pas, mais enfermer X gugusses plusieurs semaines devant des micros, ça peut parfois exploser.


• Mixer : idem. Du (bon) matos et de l'oreille. Et un bon endroit, acoustiquement neutre aussi, pour pouvoir vraiment travailler le son.


• Masteriser : idem. Argent (matos), oreille (savoir-faire), endroit (pour que ton mastering sonne bien aussi ailleurs que chez toi). Veiller à ce qu'il soit conforme à l'orange book, qui est une sorte de cahier des charges qui liste toutes les conditions à remplir pour que ton CD soit gravable, exploitable sur n'importe quelle machine.


• Graver, imprimer les CD : là, ça commence à devenir un tout peu plus compliqué. Si tu as de l'argent (encooore !), tu trouveras, en faisant une pitite recherche sur Google, des boîtes qui te feront ça pour plus ou moins cher, suivant le service désiré. Service désiré : PAO, jacquette, glass-master, dépôts juridiques (SACEM, 'videmment, SDRM, code barre, et pata-couffin), nombre de copies.

• La distribution : distribuer, ça veut bien dire ce que ça veut dire. Mettre ses CD dans son camion et aller les livrer au marchands de disques. Avant ça, il faudra que tu négocies avec les acheteurs : combien, vente ferme ou pas (on peut toujours rêver), pourcentages, marges, emplacements dans les magasins, outils promotionnels (gondoles, mais aussi organisation de show-cases), etc... Bref, à moins vraiment d'avoir de la thune, tu ne pourras pas te passer d'un distributeur.


• Promouvoir son CD : faire - en parrallèle avec les concerts (voir ci-dessous, grand B), de la diffusion d'info.


• Publicité (matériel) : frais de PAO, frais d'impression, frais d'enveloppes, d'envois, frais de relance. Frais d'affiches aussi.


• Publicité (compétences) :


• Marketing : faire une vraie pube de son projet, c'est déjà un boulot à plein temps, avec de multiples compétences requises. Il te faudra savoir te servir d'un truc comme XPress (et puis l'acheter, d'abord, ce qui vaut son pesant de cacahuètes), trouver la bonne typo, celle qui pète, qui est originale et qui taduit bien l'univers de ton CD. Idem pour la photo, si photo il y a, et sur la jacquette, et sur le dossier de présentation, et pour l'affiche...
  Il te faudra savoir quoi écrire, et comment, ce qui nécessitera de ta part un minimum de distance avec le disque tout chaud que tu viens de mixer.
  Il te faudra savoir où il est pertinent d'afficher, quand, et à quel prix (négociation avec les afficheurs, et toulbazar). Tout ceci en accord avec...


• L'Attaché de presse : il te faudra quelqu'un pour savoir à qui envoyer ton CD. Ici, on part du principe que tu fais tout tout seul. Du coup, on ne cherche même pas à vendre le CD à une boîte de disque, vu que tu es ton producteur. C'est donc au rôle de l'attaché(e) de presse dont je parle maintenant. L'attaché(e) de presse a déjà un vrai calepin, avec les adresses pertinentes et les vrais contacts (humains) qui vont servir à ton projet : journalistes, producteurs d'émissions de télé ou de radio, webmasters de portails importants, programmateurs, chroniqueurs, etc... Il saura comprendre la niche où se situe ton "produit" (berck, mais à partir de ce moment-là, ton beau CD fait avec mamour devient un produit), à condition que tu aies été assez clair dans ton propre propos artistique.
  L'attaché de presse va donc appeler, envoyer tes CD, tes dossiers de présentation (qui deviendront "dossiers de presse" le jour où tu auras... de la presse), rappeler, déjeuner, dîner, pas forcément coucher, bref, ça va coûter bonbon. Mais parfois, ça vaut le coup. Mais faut être sûr.
  Si tu prends un (une) attaché(e) de presse, il faut être sûr de ne pas se planter. Il arrive assez souvent que ces gens-là signent avec plusieurs artistes sur plusieurs projets, et ne travaillent réellement qu'avec celui ou ceux qui paient les mieux. Sois donc vigilant à ce que l'engouement de ton attaché de presse soit au plus sincère, avant que d'être intéressé.
  Si tu fait ce travail toi-même, sache qu'il te faudra une rigueur invraisemblable, une organisation impeccable et un sens des relations à toute épreuves. Bref, jette un coup d'œil sur les dossiers pré-cités, ça vaut le détour.
  Et surtout, si tu fais ce travail toi-même, planifie alors cette tâche bien à l'avance, parce que ça finit un peu par écœurer, et la musique, là, tu n'auras même plus le courage d'en faire... Et tu n'en n'auras même plus le temps.


• Il te faudra aussi un peu d'argent pour que tes disques passent à la radio. Et oui. Jette un œil ici. Ou avoir de sacrées amiiés.

• Répéter. Ça n'a l'air de rien, mais c'est pas si simple. Il faut trouver le bon casting, les bons musiciens pour la musique que tu fais (le bassiste que tu as vu l'autre jour qui accroche les triolets avec le swing qui tue à 180 à la noire n'est peut-être pas celui qu'il te faut, etc...); le bon esprit, pour que les répèts avancent et soient créatives; l'inplication d'iceux à ton projet, ce qui nécessite a) soit que tu les paies b) soit que tu leur laisses une bonne place pour s'exprimer, ce qui revient à faire certains deuils... où à être vachement charismatique; la disponibilité de tes musiciens (un week-end sur deux, c'est évidemment pas sérieux); l'endroit (à 5 dans une cave non aérée de 12 m2 avec 4 fumeurs, ça va pas le faire longtemps); le matériel (répéter du rock sans un retour-voix pour le chanteur, c'est un peu suicidaire)...


• Jouer : oui, je sais, c'est paradoxal, mais avant de faire des concerts, il faut faire... des concerts. Répéter 150 ans ne sert à rien, si on ne dépucèle pas son travail sur des scènes. Donc : concerts gratuits dans les premiers temps. Jouer, coûte que coûte.


• Prévoir le nombre de ses musiciens : pour un groupe pas connu, être 6 sur scène, c'est dangereux. 1) parce que plus il y a de monde, plus il y a de matos (lourd et cher à transporter), plus les balances sont longues à faire (prévoir l'ingé-son attitré), et on ne dispose pas toujours du temps nécessaire... Et enfin, plus il y a de zicos, plus il y a de monde à se partager l'obole pathétique que concèdent les salles... Je sais, c'est un peu coupe-bite, mais il n'est pas interdit non plus de penser à ça, si on veut que son projet arrive quelque part...

• Le manager : c'est celui qui deale avec les salles, avec les organisations, avec les festivals. C'est aussi celui qui pressent le type de salle à faire, le type d'évènements auxquels participer. Il gère la carrière de l'artiste ou du groupe, selon la musique qu'il fait, et selon l'étape où il se trouve (faire un concert à Bercy demain, pour toi, par exemple, même en louant au prix fort, c'est un tout petit peu prématuré, tu ne rempliras pas le premier rang). Dans le cas d'un groupe sans production, c'est celui qui monte les dossiers pour trouver de la thu-thune publique (résidences, ADAMI, SACEM, Conseils Généraux, etc.), ou/et de la thu-thune privée (production, label, édition).
  Il faut savoir que pour un groupe ou un artiste pas connu, les premiers concerts officiels sont toujours payants... pour le groupe. Je m'explique : avec le nombre de salles qu'il y a à Paris (par exemple), il est tout-à-fait possible d'y faire un concert chaque soir. Pour peu qu'on ne soit pas trop mauvais et un peu prêt. Si ce n'est que la plupart des salles ne feront aucun travail de promo (t'es gentil, tu me remplis ma salle), et qui, si elles ne te demandent pas de payer, te demanderont au moins de faire une pré-vente de X billets. Tout ceci contractualisé, et que t'as intérêt à suivre le contrat sinon, tu fais pas ton concert). L'idéal est donc de se faire d'abord connaître via un média plus passif pour le public - le CD, et, par voie de conséquences, les radio z'et la tévé - et de lancer sa série de concerts un peu après le buzz créé. L'un boostera l'autre. Mais là, il faut que tu aies ton attaché(e) de presse et ton distributeur (voir plus haut).
  Tout en sachant que, paradoxalement, c'est bien aussi de faire une petite série de concert pour accuser la sortie de l'album. Casse-tête, mmh ?....
  Bref, le manager a, à l'instar de l'attaché(e) de presse, le carnet de contact qu'il faut, l'organisation impeccable (qui j'ai appelé, qui j'ai pas appelé, caisse que j'y ai dit, déjà, à l'autre naze...) et la rigueur de rigueur (envoyer CD de démo, vidéo de démo, DVD de démo, dossier de presse, de présentation (voir plus haut).
  Le manager peut aussi avoir un rôle de second regard. Il sait ce que veut faire l'artiste (le groupe), l'a parfaitement compris et intégré, et est parfois d'une aide puissante parce qu'il va pouvoir aussi aider à accoucher certains points artistiques. Du coup, "tout faire tout seul", dans ce cas, c'est un peu compromis.


• La publicité : il te faudra fabriquer des flyers, les distribuer dans les bons endroits (devant les entrées des salles de concert qui passent le même genre de zique que tu fais, dans les boîtes, les bars, les clubsn les autres salles de pestacle, etc), passer des nuits entières devant le web pour rechercher et inscrire tes dates sur les portails musicaux, poser les affiches X temps à l'avance dans les quartiers chauds (pour Paris : Roquette/Oberkampft, Répu, les Halles, Bastille, Pigalle, etc...) et inonder les devanture des cafés du quartier dans lequel se trouve la salle. Si tu as les moyens - et si l'évènement vaut le coup (lancement de CD réussi, yes, bravo !) - fais les affichages mutualisé du métro, voire, les 4X3 à toi tout seul si tu t'appelles Johnny.


• Il te faudra ici aussi l'attachée de presse, qui dégottera les radios à faire, les télés et toultoutim... Voir plus haut.


Voilà, je t'ai parlé d'un cas de prod. classique. Maintenant, il existe des tas de moyens alternatifs pour faire parler de soi. Voir là et là. Ces dossiers sont excellement bien ficelés.

Dans le cas d'une production classique, les postes dont on ne peut vraiment pas se passer, ce sont ceux liés à la fabrication (tu ne vas pas acheter une imprimerie, une machine à graver en série, une machine à blisteriser), à la distribution (à moins d'avoir un vrai bagage juridique et un beau semi-remorque) et aussi et surtout, à la promo (à moins d'abandonner la musique, tellement ce poste est chronophage).

Voilà, en gros. J'ai jamais écrit un post aussi long de ma vie. Je... je n'sais pas ce qu'il m'a pris. Je vais prendre un Alka-Seltzer. En tous les cas, j'espère t'avoir été - un peu - utile. Si oui, viens à mon concert.

Des bises de
Elie-G.

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Allez jeter une oreille indiscrète ici...
En concert en JUIN
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Citation : enfermer X gugusses plusieurs semaines devant des micros, ça peut parfois exploser

Citation : bon, maintenant, quand je disais "tout seul", c'est pas moi tout seul, c'est 
l'équipe qui accompagne le groupe dont je fais parti (4 zicos + technicien son + manager avec une assos)... 

Citation : mais c'était surtout "tout seul" dans le sens le plus "auto" possible, avec le moins de relais, 
et dnoc avec le maximum de controle de ce qui se fait.... 

Citation : enfin, merci beaucoup, si je passes par Paris, je viens te voir !

Citation : les gros artistes qui signent dans les grosses maisons de disque, ils sont 
rétribués comment ? un salaire mensuel, sans différence entre les moments 
de créatio et ceux de concert ? 
un statut dérivé des intermittents ?