Steelcore
« Pour ceux qui ne veulent pas se ruiner avec une Univox originale »
Publié le 09/11/19 à 21:20
Rapport qualité/prix :
Correct
Cible :
Tout public
Au commencement...
Il était une fois les années 60. De preux chevaliers tentaient de terrasser le dragon… sans armes. Le sieur Pete Townshend avait bien trouvé en Jim Marshall un forgeron à la hauteur de la tâche. Mais un 100W poussé à fond dans un mur de 4x12 alors que la notion de high gain n’avait pas encore germé dans la tête des axemen de l’époque, bah ça ne suffisait pas.
La quête du Graal pour ces défricheurs a connu une première victoire avec l’avènement d’une pédale magique au lointain pays du soleil levant. Pas la ToneBender de la perfide Albion. Non ma bonne dame, ce canif est juste bon pour la chasse au lutin.
Là on vous cause d’une lance capable de percer les écailles du démon. Une pédale que seul un grand sourdingue comme le guitariste des Who pouvait adouber. On vous parle de l'Univox Super Fuzz. L’arme atomique de la préhistoire.
Aujourd’hui les Soldano SLO100, Mesa Boogie Dual Rectifier et autres Peavey 5150 sont passés par là et les dragons n’ont qu’à bien se tenir. Mais pour ceux qui rêvent encore d’antiques épopées façon Conan à dada sur le mammouth, cette arme d’un autre temps se fait très rare. Et quand on déniche une Univox Super Fuzz, c’est une bourse pleine d’écus qu’il faut sacrifier. A la louche… 1500 euros en 2019. Oui, vous avez bien lu ma bonne dame : 10000 p... de nos anciens francs pour une pédale fuzz rouge et bleu. Par Toutatis mais en plus elle est moche et prend une place de malade sur le pedalboard!
L'hyper Graal
Fort heureusement les dieux de l’audio ont entendu l’appel du troubadour fauché des temps modernes. Dans les années 90, le pays des samouraïs a une fois encore relevé le défi. Des mages de l’école Boss ont mis la main sur la formule magique et l’ont savamment améliorée. Super est devenue Hyper. Durant la première moitié de cette décennie bénie, la Boss FZ-2 Hyperfuzz a fait le bonheur des Berserkers sur des champs de bataille où la tonalité sombre faisait alors la loi.
Aujourd’hui encore la Boss Hyperfuzz reste le premier choix lorsqu’il faut croiser le fer en territoire abyssal. Mais comme toute chose en ce bas monde, cette Excalibur a fini par tomber dans l'oubli. Et sa production a été stoppée à la fin des années 90. Cette lame reste donc assez rare. Assez pour coûter quelque 400 euros en 2019. Pourquoi donc une telle surenchère ? D’irréductibles bardes utilisent toujours cette pédale sous la bannière d’Electric Wizard. Cette sauvage compagnie a ses adeptes, tous cherchant à se procurer la même panoplie barbare. Rareté et forte demande conjuguées ne font jamais les affaires de la piétaille…
Du vieux avec du neuf
Avant c’était avant, disait l’autre. Alors en 2019, quel choix s’offre donc aux paladins qui voudraient manier ces artefacts poussiéreux sans tomber sur une pelle rouillée ?
Oyé oyé, avis à la population ! Des sorciers versés dans les arts occultes entretiennent la flamme outre Atlantique. Jessup, c'est un peu Merlin qui lance un fuck aux sirènes du digital. Vade retro sacs à bits ! Ici l’atome est notre pain quotidien. Depuis une dizaine d'années Jessup fabrique des répliques de Sunn Model T, Laney Supergroup, Orange OTR120, Matamp GT120 et autres vieux Hi-Watt avec des capaciteurs new old stock, des transformateurs de chez Mercury Magnetics, de la céramique pour les supports de lampes et du bois massif. Preuve que les forces de l’analogique n’ont jamais renoncé. Et pour qui sait entendre leur appel, il suffit de contacter ces petits génies du fer à souder et de passer commande. Ce que votre serviteur a fait. Oui bon d’accord, avouons : sur internet à https://www.jessupamps.com/ ... Le digital a aussi du bon.
Une Jessup Super Fuzz forgée en mai 2018 est donc arrivée en terres franques. Elle est mise à l’épreuve depuis plus d’un an. Est-elle la digne héritière de ses illustres aînées ? Allons chasser de l’orc pour voir si la légende dit vrai.
Fuzz of doom
Ooookay. Votre serviteur a dans sa besace une Gibson LesPaul standard de 1991, un Mesa Boogie Dual Rectifier deux canaux Revision G de 1995 monté en 6L6 et ici utilisé avec le canal clean bien sale. Le gain du préamp est à 12h, le master à 11h. L’EQ est flat, tout à 12h. Donc ça pousse beaucoup d’air au moyen d’un Engl bardé en front (ce qui ajoute des basses) de ses quatre Celestion v30 de 1996. Ou d'un Green Matamp 412 R Deluxe monté en V30 pour le gras et le low end. Du HP bien anglo-saxon, avant la délocalisation chinoise de 2006. Le high gain du Rectifier deux canaux étant la référence absolue en la matière, switcher sur sa distorsion (canal 2) permet une comparaison aisée.
Mais la fripouille ne s’arrête pas en si bon chemin. Il s’avère que votre serviteur est l’heureux propriétaire d’une Boss Hyperfuzz de 1994 et de nombreuses autres fuzz. Nous retiendrons seulement l’élite de la garde dragon pour ce test comparatif : la Friedman Fuzz Fiend avec sa lampe, la Frantone PeechFuzz qui n’est autre que le top de la Big Muff, la DrNo Kafuzz pour les disciples de Black Sabbath et la MXR Sub Machine qui jongle allègrement avec les basses fréquences. Bref, pas de Fuzzface dans les parages, aucune ToneBender à l’horizon et pas de bizarreries à cliping en vogue aujourd'hui… que de la hache de viking et de la hallebarde de teuton. Pour pousser la comparaison au maximum, lâchons une Voodoo Lab Superfuzz dans l’arène.
Il ne faut que quelques minutes pour se rendre à l’évidence. Fuzz Fiend, PeechFuzz, Kafuzz et Sub Machine sont des Big Muff améliorées. On les rangera dans la catégorie marteau de Thor, masse de Sauron, etc. Elles ne sont que contondantes. La Boss Hyperfuzz y ajoute du tranchant. Elle est en fait beaucoup plus polyvalente. Sous une robe d’un gris métallisé tristounet, elle cache bien ses pouvoirs. Elle navigue là où les autres ne vont pas puisqu’elles ne disposent pas de cet EQ redoutable. Et finalement on atteint ici la frontière entre la Big Muff au son très rond et la distorsion qu'approchent les clones de la Super Fuzz. Cette dernière porte bien son nom : elle est en fait ce que la pédale fuzz peut délivrer de plus extrême. Du coup, on va laisser les orcs aux Big Muff et on prend la direction de la Moria, pour voir de quel bois se chauffe la Jessup.
Booster à la rescousse
Après moult aventures et quelques balrogs pourfendus sans difficulté aucune, on clamera bien haut que la Boss et la Jessup ont exactement le même son. Mais que la Boss est un gros cran au-dessus.
D’abord parce que ses réglages sont plus nombreux et plus exploitables. Sur la Jessup, les potards « volume » et « expander » sont toujours au taquet (comme sur la photo de la fiche technique). Seul le potentiomètre de tonalité permet de sculpter le son. Relativisons, car ce son est directement de qualité. Le trim ne sert pas à grand-chose non plus, laissons-le à 12h.
Surtout, avec la Boss, qu'elle soit engagée ou bypassée, la différence de volume est inaudible. Avec la Jessup on perd 10 db par rapport au son de l’ampli quand la fuzz est active. Présenté comme ça, c’est inutilisable en live. Votre serviteur ayant accès à l’armurerie d’Asgard, un booster MXR Custom Audio Electronics a été sorti du coffre et mis à contribution en bout de pedalboard. Il faut donc une arrière-garde à la Jessup pour régler ce problème de taille.
En studio, la Jessup ira très bien. Il suffit d’avoir de la réserve de puissance avec l’ampli. Pour le live, elle est comparable à la Boss uniquement si elle est épaulée d’un boost de +10db. L’Américaine offre néanmoins un avantage en live sur sa grande sœur nippone. Elle dispose de deux switchs. Celui de droite, le bypass, s’il est engagé seul, donne exactement le son de la Voodoo Lab Superfuzz. Disons, une fuzz plus proche de l’originale de Pete Townsend qui permet d’ajouter une corde à l’arc du chasseur d’orcs. Mais pour aller taquiner le Smaug sous la montagne, il faut impérativement appuyer à gauche, sur le toneswitch qui envoie les basses.
La Jessup est donc une double fuzz qui délivre deux niveaux directement sous le pied : une fuzz overdrive et une fuzz distorsion.
Côté alim, du 9V 100ma suffira. Et quant à la bourse dont il faudra bien se délester, en lui adjoignant un booster, neuve, la Jessup Super Fuzz coûte aussi cher qu’une Boss Hyperfuzz d’occasion.
Test concluant donc, de quoi bien énerver le dragon. Alors pour mettre toutes les chances de son côté, votre serviteur a préparé un combo fatal. Attention, recette miracle pour les warriors psychédéliques aux dents de sabre :
Gibson LesPaul STD
> buffer Mesa Boogie Stowaway
> Earthquaker Devices The Depths
> Jessup Hyperfuzz
> Retro-Sonic Stereo Chorus (en mode vibrato, sortie mono)
> booster MXR Custom Audio Electronics à +10db
> Mesa Boogie Dual Rectifier Rev G, canal clean bien poussé
> Engl 4x12 v30
Testé aussi avec un buffer The GigRig HumDinger. Les effets de modulations ne sont jamais engagés en même temps. Il s’agit d’avoir le vibrato le plus adapté après la fuzz (Retro-Sonic), et un autre qui préfère être placé avant (Earthquaker). Mais pour engager le booster en même temps que la Jessup au beau milieu d’un morceau, il faut un looper programmable. Genre RJM ou The GigRig. On obtient exactement le même son avec le combo suivant, sans booster grâce à la Boss :
Gibson LesPaul STD
> buffer Mesa Boogie Stowaway
> Earthquaker Devices The Depths
> Boss FZ-2 Hyperfuzz
> Retro-Sonic Stereo Chorus (en mode vibrato, sortie mono)
> Mesa Boogie Dual Rectifier Rev G, canal clean poussé
> Engl 4x12 v30
Dans les deux cas de figure, Smaug trépasse. De quoi démontrer qu’avec ça dans votre arsenal, personne n’osera venir vous provoquer. Prière de prévenir les bassistes maigrichons qu’ils seront vite éclipsés.
Fuzz n'est pas high gain
La quête du Graal étant sans fin, l’écuyer de service n’a pas résisté à comparer avec le high gain du Rectifier deux canaux des années 90. Boss ou Jessup, ces pédales vont plus loin dans l’égalisation et la distorsion que cet ampli déjà mieux doté que tous les autres amplis au monde. Mais parce qu’ici, le canal clair du Rectifier tord déjà pas mal. Tout va donc dépendre du son de départ, et donc de l’ampli. Si c’est une bonne base, au hasard une tête à lampes, alors ces pédales offrent l’arme ultime dans la quête du gros son. Elles restent néanmoins des fuzz avec les limites que ça comporte. La rythmique en power chords, les thèmes épiques et lents sont leurs domaines de prédilection. Doom, stoner, sludge, voilà pour quels styles musicaux elles sont taillées. Le Rectifier reste suzerain au royaume du palm mute, du speed et du shred. Qu’on se le dise avant de trouver une fin à cette histoire.
Sans se prendre pour l’oracle, parions ici que la Jessup Super Fuzz et le booster MRX Custom Audio Electronics auront beaucoup d’enfants, qu’ils vivront encore longtemps et qu’ils feront des heureux dans la confrérie des guitaristes fâchés avec les pédales d’occasion.
PS Vous ne trouverez pas une seule vidéo sur youtube où la Super Fuzz et l'Hyperfuzz sonnent comme chez moi. Ici leur gain comme le gain de l'ampli restent limités au monde classique de la fuzz :
Il était une fois les années 60. De preux chevaliers tentaient de terrasser le dragon… sans armes. Le sieur Pete Townshend avait bien trouvé en Jim Marshall un forgeron à la hauteur de la tâche. Mais un 100W poussé à fond dans un mur de 4x12 alors que la notion de high gain n’avait pas encore germé dans la tête des axemen de l’époque, bah ça ne suffisait pas.
La quête du Graal pour ces défricheurs a connu une première victoire avec l’avènement d’une pédale magique au lointain pays du soleil levant. Pas la ToneBender de la perfide Albion. Non ma bonne dame, ce canif est juste bon pour la chasse au lutin.
Là on vous cause d’une lance capable de percer les écailles du démon. Une pédale que seul un grand sourdingue comme le guitariste des Who pouvait adouber. On vous parle de l'Univox Super Fuzz. L’arme atomique de la préhistoire.
Aujourd’hui les Soldano SLO100, Mesa Boogie Dual Rectifier et autres Peavey 5150 sont passés par là et les dragons n’ont qu’à bien se tenir. Mais pour ceux qui rêvent encore d’antiques épopées façon Conan à dada sur le mammouth, cette arme d’un autre temps se fait très rare. Et quand on déniche une Univox Super Fuzz, c’est une bourse pleine d’écus qu’il faut sacrifier. A la louche… 1500 euros en 2019. Oui, vous avez bien lu ma bonne dame : 10000 p... de nos anciens francs pour une pédale fuzz rouge et bleu. Par Toutatis mais en plus elle est moche et prend une place de malade sur le pedalboard!
L'hyper Graal
Fort heureusement les dieux de l’audio ont entendu l’appel du troubadour fauché des temps modernes. Dans les années 90, le pays des samouraïs a une fois encore relevé le défi. Des mages de l’école Boss ont mis la main sur la formule magique et l’ont savamment améliorée. Super est devenue Hyper. Durant la première moitié de cette décennie bénie, la Boss FZ-2 Hyperfuzz a fait le bonheur des Berserkers sur des champs de bataille où la tonalité sombre faisait alors la loi.
Aujourd’hui encore la Boss Hyperfuzz reste le premier choix lorsqu’il faut croiser le fer en territoire abyssal. Mais comme toute chose en ce bas monde, cette Excalibur a fini par tomber dans l'oubli. Et sa production a été stoppée à la fin des années 90. Cette lame reste donc assez rare. Assez pour coûter quelque 400 euros en 2019. Pourquoi donc une telle surenchère ? D’irréductibles bardes utilisent toujours cette pédale sous la bannière d’Electric Wizard. Cette sauvage compagnie a ses adeptes, tous cherchant à se procurer la même panoplie barbare. Rareté et forte demande conjuguées ne font jamais les affaires de la piétaille…
Du vieux avec du neuf
Avant c’était avant, disait l’autre. Alors en 2019, quel choix s’offre donc aux paladins qui voudraient manier ces artefacts poussiéreux sans tomber sur une pelle rouillée ?
Oyé oyé, avis à la population ! Des sorciers versés dans les arts occultes entretiennent la flamme outre Atlantique. Jessup, c'est un peu Merlin qui lance un fuck aux sirènes du digital. Vade retro sacs à bits ! Ici l’atome est notre pain quotidien. Depuis une dizaine d'années Jessup fabrique des répliques de Sunn Model T, Laney Supergroup, Orange OTR120, Matamp GT120 et autres vieux Hi-Watt avec des capaciteurs new old stock, des transformateurs de chez Mercury Magnetics, de la céramique pour les supports de lampes et du bois massif. Preuve que les forces de l’analogique n’ont jamais renoncé. Et pour qui sait entendre leur appel, il suffit de contacter ces petits génies du fer à souder et de passer commande. Ce que votre serviteur a fait. Oui bon d’accord, avouons : sur internet à https://www.jessupamps.com/ ... Le digital a aussi du bon.
Une Jessup Super Fuzz forgée en mai 2018 est donc arrivée en terres franques. Elle est mise à l’épreuve depuis plus d’un an. Est-elle la digne héritière de ses illustres aînées ? Allons chasser de l’orc pour voir si la légende dit vrai.
Fuzz of doom
Ooookay. Votre serviteur a dans sa besace une Gibson LesPaul standard de 1991, un Mesa Boogie Dual Rectifier deux canaux Revision G de 1995 monté en 6L6 et ici utilisé avec le canal clean bien sale. Le gain du préamp est à 12h, le master à 11h. L’EQ est flat, tout à 12h. Donc ça pousse beaucoup d’air au moyen d’un Engl bardé en front (ce qui ajoute des basses) de ses quatre Celestion v30 de 1996. Ou d'un Green Matamp 412 R Deluxe monté en V30 pour le gras et le low end. Du HP bien anglo-saxon, avant la délocalisation chinoise de 2006. Le high gain du Rectifier deux canaux étant la référence absolue en la matière, switcher sur sa distorsion (canal 2) permet une comparaison aisée.
Mais la fripouille ne s’arrête pas en si bon chemin. Il s’avère que votre serviteur est l’heureux propriétaire d’une Boss Hyperfuzz de 1994 et de nombreuses autres fuzz. Nous retiendrons seulement l’élite de la garde dragon pour ce test comparatif : la Friedman Fuzz Fiend avec sa lampe, la Frantone PeechFuzz qui n’est autre que le top de la Big Muff, la DrNo Kafuzz pour les disciples de Black Sabbath et la MXR Sub Machine qui jongle allègrement avec les basses fréquences. Bref, pas de Fuzzface dans les parages, aucune ToneBender à l’horizon et pas de bizarreries à cliping en vogue aujourd'hui… que de la hache de viking et de la hallebarde de teuton. Pour pousser la comparaison au maximum, lâchons une Voodoo Lab Superfuzz dans l’arène.
Il ne faut que quelques minutes pour se rendre à l’évidence. Fuzz Fiend, PeechFuzz, Kafuzz et Sub Machine sont des Big Muff améliorées. On les rangera dans la catégorie marteau de Thor, masse de Sauron, etc. Elles ne sont que contondantes. La Boss Hyperfuzz y ajoute du tranchant. Elle est en fait beaucoup plus polyvalente. Sous une robe d’un gris métallisé tristounet, elle cache bien ses pouvoirs. Elle navigue là où les autres ne vont pas puisqu’elles ne disposent pas de cet EQ redoutable. Et finalement on atteint ici la frontière entre la Big Muff au son très rond et la distorsion qu'approchent les clones de la Super Fuzz. Cette dernière porte bien son nom : elle est en fait ce que la pédale fuzz peut délivrer de plus extrême. Du coup, on va laisser les orcs aux Big Muff et on prend la direction de la Moria, pour voir de quel bois se chauffe la Jessup.
Booster à la rescousse
Après moult aventures et quelques balrogs pourfendus sans difficulté aucune, on clamera bien haut que la Boss et la Jessup ont exactement le même son. Mais que la Boss est un gros cran au-dessus.
D’abord parce que ses réglages sont plus nombreux et plus exploitables. Sur la Jessup, les potards « volume » et « expander » sont toujours au taquet (comme sur la photo de la fiche technique). Seul le potentiomètre de tonalité permet de sculpter le son. Relativisons, car ce son est directement de qualité. Le trim ne sert pas à grand-chose non plus, laissons-le à 12h.
Surtout, avec la Boss, qu'elle soit engagée ou bypassée, la différence de volume est inaudible. Avec la Jessup on perd 10 db par rapport au son de l’ampli quand la fuzz est active. Présenté comme ça, c’est inutilisable en live. Votre serviteur ayant accès à l’armurerie d’Asgard, un booster MXR Custom Audio Electronics a été sorti du coffre et mis à contribution en bout de pedalboard. Il faut donc une arrière-garde à la Jessup pour régler ce problème de taille.
En studio, la Jessup ira très bien. Il suffit d’avoir de la réserve de puissance avec l’ampli. Pour le live, elle est comparable à la Boss uniquement si elle est épaulée d’un boost de +10db. L’Américaine offre néanmoins un avantage en live sur sa grande sœur nippone. Elle dispose de deux switchs. Celui de droite, le bypass, s’il est engagé seul, donne exactement le son de la Voodoo Lab Superfuzz. Disons, une fuzz plus proche de l’originale de Pete Townsend qui permet d’ajouter une corde à l’arc du chasseur d’orcs. Mais pour aller taquiner le Smaug sous la montagne, il faut impérativement appuyer à gauche, sur le toneswitch qui envoie les basses.
La Jessup est donc une double fuzz qui délivre deux niveaux directement sous le pied : une fuzz overdrive et une fuzz distorsion.
Côté alim, du 9V 100ma suffira. Et quant à la bourse dont il faudra bien se délester, en lui adjoignant un booster, neuve, la Jessup Super Fuzz coûte aussi cher qu’une Boss Hyperfuzz d’occasion.
Test concluant donc, de quoi bien énerver le dragon. Alors pour mettre toutes les chances de son côté, votre serviteur a préparé un combo fatal. Attention, recette miracle pour les warriors psychédéliques aux dents de sabre :
Gibson LesPaul STD
> buffer Mesa Boogie Stowaway
> Earthquaker Devices The Depths
> Jessup Hyperfuzz
> Retro-Sonic Stereo Chorus (en mode vibrato, sortie mono)
> booster MXR Custom Audio Electronics à +10db
> Mesa Boogie Dual Rectifier Rev G, canal clean bien poussé
> Engl 4x12 v30
Testé aussi avec un buffer The GigRig HumDinger. Les effets de modulations ne sont jamais engagés en même temps. Il s’agit d’avoir le vibrato le plus adapté après la fuzz (Retro-Sonic), et un autre qui préfère être placé avant (Earthquaker). Mais pour engager le booster en même temps que la Jessup au beau milieu d’un morceau, il faut un looper programmable. Genre RJM ou The GigRig. On obtient exactement le même son avec le combo suivant, sans booster grâce à la Boss :
Gibson LesPaul STD
> buffer Mesa Boogie Stowaway
> Earthquaker Devices The Depths
> Boss FZ-2 Hyperfuzz
> Retro-Sonic Stereo Chorus (en mode vibrato, sortie mono)
> Mesa Boogie Dual Rectifier Rev G, canal clean poussé
> Engl 4x12 v30
Dans les deux cas de figure, Smaug trépasse. De quoi démontrer qu’avec ça dans votre arsenal, personne n’osera venir vous provoquer. Prière de prévenir les bassistes maigrichons qu’ils seront vite éclipsés.
Fuzz n'est pas high gain
La quête du Graal étant sans fin, l’écuyer de service n’a pas résisté à comparer avec le high gain du Rectifier deux canaux des années 90. Boss ou Jessup, ces pédales vont plus loin dans l’égalisation et la distorsion que cet ampli déjà mieux doté que tous les autres amplis au monde. Mais parce qu’ici, le canal clair du Rectifier tord déjà pas mal. Tout va donc dépendre du son de départ, et donc de l’ampli. Si c’est une bonne base, au hasard une tête à lampes, alors ces pédales offrent l’arme ultime dans la quête du gros son. Elles restent néanmoins des fuzz avec les limites que ça comporte. La rythmique en power chords, les thèmes épiques et lents sont leurs domaines de prédilection. Doom, stoner, sludge, voilà pour quels styles musicaux elles sont taillées. Le Rectifier reste suzerain au royaume du palm mute, du speed et du shred. Qu’on se le dise avant de trouver une fin à cette histoire.
Sans se prendre pour l’oracle, parions ici que la Jessup Super Fuzz et le booster MRX Custom Audio Electronics auront beaucoup d’enfants, qu’ils vivront encore longtemps et qu’ils feront des heureux dans la confrérie des guitaristes fâchés avec les pédales d’occasion.
PS Vous ne trouverez pas une seule vidéo sur youtube où la Super Fuzz et l'Hyperfuzz sonnent comme chez moi. Ici leur gain comme le gain de l'ampli restent limités au monde classique de la fuzz :