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Mon premier stage de lutherie: projet de fabrication d'une gibson LP

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Sujet de la discussion Mon premier stage de lutherie: projet de fabrication d'une gibson LP
Bon, voilà les premières tofs... je vois qu'il y'a du monde que ça interesse, c'est cool! :)

on va commencer par les manche. c'est en effet le premier truc auquel je me suis attaqué.

j'ai donc travaillé à partir d'une pièce de bois (mon futur manche) issue d'une pièce plus grande et découpée à la scie à ruban par le luthier au préalable.

c'est au cours de cette première découpe que la forme incurvée de la tête par rapport au manche est donnée. par ce procédé, à partir d'une même pièce de bois, on a de quoi faire deux manches






une fois cette pièce entre les mains, on commence par un travail sur plan afin de tracer tous les axes du manche sur la pièce. on trace également tout le filet qui servira de receptacle au truss road. puis, on creuse ce filet à la défonceuse pour arriver à ceci:






après insertion du truss road, on appose une pièce découpée à la forme et aux dimensions de notre filet, histoire qu'au moment du collage de la touche par dessus, la colle n'imbibe pas le truss road. on rajoute ensuite par dessus de la colle , histoire que la pièce s'insère parfaitement, le collage prenant du coup sur les bords.







on distingue sur ces photos les deux collages au niveau de la tête. en effet, la pièce de bois que l'on a sous les yeux va être largement réduite lorsque l'on va découper la forme du manche; idem pour la tête.

pour lui donner grossièrement sa forme et faciliter sa découpe par rapport au manche, gibson a coutume de procéder ainsi, à savoir apposer deux ouies de chaque côté de la tête, celle ci étant donc en trois parties. le collage fait également office de renfort.



sur les gibs, on peut remarquer cette technique en regardant au sommet de la tête où les jointures restent souvent apparentes.






le tout ensuite poncé, ça donne ceci:




une fois donc que le collage a bien pris, que l'on a ponçé l'ensemble, place à la découpe de la tête et une première découpe de la forme du manche à la scie sauteuse (d'autres méthodes plus laborieuses peuvent être utilisées, à la main notamment, pour ceux qui ont comme moi du mal avec cet outil). on procède également à la découpe de la jonction tête/manche.

après quelques heures de sculpture, entre ciseaux et limes, ça commence à ressembler à quelque chose:



voilà où j'en suis actuellement avec le manche. je complèterai ce post un peu plus tard avec le rainurage de la touche. si vous avez des remarques ou suggestions, n'hésitez pas :bravo:
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11
C'est effrayant pour les amateurs comme moi de voir le matos qu'il faut pour bosser proprement :8O:

Sinon, bon boulot :bravo:

« Ce n'est pas sur une montagne qu'on trébuche, mais sur une pierre. » - Proverbe indien

Mes photos ici

12
Excellent sujet ! :bravo2:
Pour un newbie de la six cordes, je vais suivre avec grande attention ton travail. :clin:
13
Merci de nous faire partager l'experience.
Concernant les ouies,quelle methode est utilisee pour les coller sur la partie centrale de la tete?(rainure+languette bois ou autre?)
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Sympa les photos :bravo:

juste un truc, les ouies, c'est plutot les ouvertures en forme de "F" sur la caisse qd celle ci est creuse (arch top, hollow bodie, instrument du quatuor).
Les rajouts de part et d'autre de la tête on appelle plutot ca des oreilles ;)
ben oui c'est une tête après tout :lol:
15
Ah les 1ères photos sont arrivées ! Vivement la suite ! :bravo2:

Avertissement: ce message peut contenir des arachides.

16
Flagggg :bave:

le problème avec ce genre de topic c'est qu'il faut être
patient pour avoir la suite :pleure:
Le cynisme consiste à voir les choses telles qu'elles sont, et non telles qu'elles devraient être. O.W.
17
Et bien, je vois que le sujet soulève toujours autant d'enthousiasme! ça fait plaisir :)

Citation : Concernant les ouies,quelle methode est utilisee pour les coller sur la partie centrale de la tete?(rainure+languette bois ou autre?)



en fait, une simple application de colle, et sur les oreilles (effectivement terme plus approprié :clin: ) et sur les bords de la tête, celle ci étant recouverte de papier afin que des gros amas de colle ne viennent pas s'incruster dans le bois. après, c'est les serres joints qui font le reste :bravo:

un petit détail quant à la découpe de la tête, également valable pour la découpe du corps; on applique au préalable une feuille sur la laquelle on a tracé les contours de la partie à découper (et oui, il y'a beaucoup de décalquage en lutherie) . après découpage, on colle cette feuille qui fait office de gabarit sur le bois, et il n'y a plus qu'à découper à la scie en suivant le tracé de la feuille.

pour finir avec le manche, j'ai omis hier de parler du talon que j'ai pourtant attaqué:



sur cette photo, on peut voir le procédé mis en oeuvre pour le talon et la partie traversante qui fera la jonction avec le corps. étant donné que le manche est en arc (en tenant compte de l'incurvation de la tête), ce talon n'est pas au même niveau que la touche, il déborde même par rapport à l'arrière du manche. on effectue donc une découpe et on colle la pièce ainsi obtenue à l'endroit adéquat, à savoir à l'arrière du manche. c'est ce qu'on voit dépasser sur la photo au niveau du talon.



voici le résultat après découpe. j'ai même attaqué la sculpture. on voit donc le talon en arc de cercle, et la partie qui dépasse est la partie traversante qui sera collée au corps avec la base du talon:




pour ce qui concerne le rainurage de la touche, c'est à dire le marquage pour les frettes, il existe plusieures méthodes. le luthier avec lequel je travaille s'est constitué un outil permettant de faire cela soit même, sans gabarit quelconque:



comme on le voit, il s'agit d'un plan de travail sur lequel est calée la touche. parallèlement se trouve une règle spécifique (le terme exact m'échappe, mais peut être Pm a t il une idée? :clin: )au dixième de mm. cette règle est pourvue d'un réglet ajustable sur la longueur du manche, celui ci étant pourvu d'une équerre pour tracer la rainure de frette, permettant d'affiner avec précision au dixième la mesure.

après, pour les centième, même procédé qu'une règle standard pour les mm, c'est de l'affinage au coup d'oeil.

on pourrait penser que ce procédé est bien léger étant donné la précision requise pour ce travail. il n'en est rien, sachant que sur une electrique la précision au millième n'a aucune incidence. après, c'est chercher la petite bête, l'oreille étant incapable , pour un écart d'un millième de mm, de discerner un problème de justesse.



après deux heure de travail assez laborieux car requérant énormément de concentration, voilà ce que ça donne. (j'ai fait une légère erreur sur la 19è frette que le luthier a dû reprendre. à ce stade, c'est aisément rattrapable car il faut garder à l'esprit que la touche va être largement poncé avant de prendre son aspect définitif.):



pour définir l'espacement entre les frettes, rien de plus simple, il existe des logiciels faisant les calculs automatiquement à partir d'un diapason donné.

dans mon cas, ce sera un diapason de 628 mm, sachant qu'on trouve sur gibson des diapasons oscillant en général entre 628 et 630.


voilà pour la première partie du topic. concernant le corps, j'ai tracé les axes et dessiné la forme, effectué les défonces des cavités micros et electronique , restera la découpe.

voici une photo des deux parties du corps collées. elles sont restées ainsi plusieures semaines entre mes deux passages:





les deux parties proviennent d'une même pièce d'acajou coupée en deux. lors du collage, vérifier que les rainures du bois aillent en sens opposé.


voilà; j'oubliais, pour les curieux :bravo: :clin:



les petits détails sur lesquels j'ai travaillé, à savoir le cache truss road, la plaque arrière d'accès à l'electronique du switch, et le contour du switch, tout ça réalisé avec des pièces en palissandre.

pour la suite, je ne sais pas encore quand je pourrais retourner chez le luthier :| ce qui est sûr, c'est qu'après la prochaine session, la gratte devrait commencer à prendre forme :) :humm:
18
Flag !!! :bave: :humm:

:bravo2:

S*ck my duck !

Mes ventes... 

19

Citation : parallèlement se trouve une règle spécifique (le terme exact m'échappe



On dirait un pied à coulisse
(flag déguisé)
20
Salut à tous; après un long moment pendant lequel j'ai un peu délaissé ce thread, faute de temps principalement, je reprends enfin les choses en main :)

depuis mon dernier post, au mois d'aout il me semble, j'ai eu l'occasion de me rendre 4-5 fois chez le luthier, et la belle prend peu à peu forme.

nous en étions resté aux défonces des cavités micros sur la table une fois collée. là, on va progressivement entrer dans un travail de plus en plus minutieux de finition .

pour commencer, la défonce dans laquelle le manche viendra s'imbriquer. à partir du plan de la gratte, on détermine le degré de renversement du manche. de là, le luthier m'a fabriqué un petit plan de travail spécifique, incliné selon le degré de renversement, qui m'a permis de réaliser la défonce requise:



voici le résultat obtenu:



bon, après,tout ceci, vous l'imaginez, se peaufine avec un ponçage, et , si besoin, quelques retouches avec des limes, la planéité et la régularité étant ici essentielles .

une fois ceci fait fait, il faut bien évidemment contrôler la concordance avec le talon du manche en lui même qui peut nécessiter des ajustements et toujours vérifier la cohérence de l'ensemble (renversement, hauteur par rapport au futur emplacement du chevalet, ...) .

en l'occurence, dans mon cas, le talon ayant été un peu trop dégrossi sur un côté, il a fallu coller une cale supplémentaire, ce qui n'a aucune conséquence, sinon apporter un renfort supplémentaire à l'ensemble

une fois le talon ajusté et le manche prêt à être collé, il reste, avant de passer à cette étape, différentes interventions à réaliser sur le corps: défonce des bordures pour la filetterie et sculpture de la table. cette dernière opération, réalisée à la main au ciseau, rabot et racloir, prend beaucoup de temps, notamment en raison de la quantité importante de matière à enlever.

tout d'abord, histoire de profiter de la planéité de la table avant qu'elle ne soit sculptée, on procède aux défonces des bordures. pour éviter toute maladresse avec la défonceuse qui pourrait s'avérer fatale, le luthier a encore trouvé une astuce en fixant la défonceuse à l'envers sur un plan de travail métallique sur lequel il a monté un système de butée afin de rester bien droit et de ne pas défoncer trop loin:




à l'arrivée, on obtient ceci:





comme on peut le voir, l'épaisseur de la table est considérable et doit être ramenée, du moins sur les bords, à environ 1mm.

et la défonce des bords de l'arrière du corps en arrondi, toujours avec la même technique:




avant d'attaquer la sculpture, un rapide tracé au crayon permet de visualiser les différentes parties de la table et le degré d'importance avec lequel on doit creuser

je n'ai malheureusement pas pu prendre de photos lors de l'avancée laborieuse de cette étape.

rapidement, l'idée est de commencer à travailler sur les bordures extérieures au rabot histoire de dégrossir rapidement l'ensemble, puis d'attaquer au ciseau, de l'extérieur vers le centre. les repères dessinés sur la table permettent de visualiser les endroits à ne pas trop attaquer, à savoir les bords de la jonction avec le manche qui doivent rester plans, dans l'alignement du manche, car il faut garder en tête qu'une partie de la touche viendra se coller dessus, la partie entre les micros et l'endroit où viendra se poser le chevalet qui demande une certaine attention car elle est liée au renversement du manche. du coup, si vous attaquez trop cette partie, le risque est de devoir régler le chevalet et le cordier très haut, ce que l'on constate parfois sur certaines gibson sur lesquelles il est impossible de coller le cordier à la table pour cause de frisures. c'est tout simplement lié au fait que le renversement du manche est trop important par rapport à la voute de la table et inversement

une fois le tout dégrossi, on peaufine au racloir, en donnant du relief à l'ensemble. ainsi, on laisse environ 1 mm sur les bords auxquels on ne touche plus, soit l'épaisseur des filets qui viendront se coller par la suite, et on rabaisse légèrement la partie suivante avant de remonter vers la voûte. l'idée est de travailler régulièrement toutes les parties simultanément histoire, risque en travaillant par parties isolées, de ne pas trop creuser certains endroits au détriment d'autres et de garder un ensemble équilibré, régulier et cohérent.

une fois que la voûte prend forme et que l'on a suffisament descendu et affiné l'ensemble, on termine par un ponçage destiné à lisser le tout et faire disparaitre les différentes bosses, rayures et imperfections.

collage du manche:



sur cette photo, on distingue côté droit de la jonction avec le manche la petite cale en acajou qui a été collée en plus pour compenser la matière manquante sur un des côtés du talon du manche.



à l'arrivée, voilà ce que ça donne, avec le manche collé et la touche découpée en trapèze en fonction du manche:







voilà pour cette fois. j'en suis donc rendu là, et selon le luthier, d'ici deux séances, ça devrait être quasi terminé, vu qu'il reste le manche et la touche à travailler et à planifier, le collage de la touche et des filets et toutes les petites finitions (inlays, contours de micros, switch...) . après, le plus long sera la teinte et le vernissage puisqu'il faut plusieures semaines de séchage entre chaque couche.

au passage, j'ai apporté quelques modifs par rapport au projet de départ, la plus importante concernant le bloc chevalet/cordier traditionnels que je vais finalement remplacer par un tremolo schaller pour lp.

en y réfléchissant bien, je trouve sympa l'idée d'avoir un vibrato , et ce en une seule pièce, ce qui à mon goût est plus esthétique que le cumul cordier/chevalet traditionnellement monté sur les gibs.... et puis, je préfère faire ça dès maintenant plutôt que de devoir un jour procéder à des modifs qui ne sont pas sans conséquences , notamment à cause des trous .