Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou

Sujet Mon premier stage de lutherie: projet de fabrication d'une gibson LP

  • 89 réponses
  • 29 participants
  • 21 912 vues
  • 31 followers
Sujet de la discussion Mon premier stage de lutherie: projet de fabrication d'une gibson LP
Bonjour. pas de section lutherie, donc j'ouvre ce topic ici.

suite à une discussion et un échange d'expériences sur différents stages de lutherie, notamment ceux dispensés par Xavier Petit (ici: /guitare/forums/t.19741,xavier-petit.html ), il m'a été suggéré d'ouvrir un thread sur ma propre expérience, toujours d'actualité d'ailleurs, à savoir la réalisation d'une gibson LP (ou plutôt d'une copie, mais à partir d'un plan officiel de gibson les paul custom) .

je suis en effet un stage de lutherie, débuté en mai, et toujours en cours, envisageant par la suite de taffer dans les métiers du bois; la lutherie n'étant qu'une application de l'ébénisterie au niveau des techniques de travail, quitte à apprendre, autant se faire plais' :bravo:

et mon projet est donc la réalisation d'une copie "exacte" de gibson LP avec toutes les spécificités du modèle (sachant que d'un modèle à l'autre et selon les époques on trouve des différences), en lien avec la tradition de la marque: manche collé en partie traversant, incurvé selon un angle des plus bizarroides à première vue, tête incurvée, table sculptée, binding,...

je propose donc ici de vous faire partager mon expérience de stage et des différentes étapes (en gros) de la fabrication de la gratte, si ça peut en intéresser ou permettre à certains de se lancer, ça sera tout bénef!

tout d'abord, voici une idée , en gros, du résultat final escompté:








au niveau des bois et des différents éléments, on est parti sur ceci avec le luthier:

corps et manche en acajou, que l'on retrouve communément sur les lp. le bois est fourni par le luthier; il sélectionne soigneusement ses bois avant achat, et les planches d'acajou qui vont servir à la réalisation de ma gratte sont dans son atelier depuis plusieures années déjà et sont de variété africaine. il est très attentif à la sonorité du bois brut, chose à laquelle il accorde une grande importance. le bois doit "sonner" dans son état brut.

table en frêne; ne disposant pas d'érable, il m'a proposé le frêne et le merisier, bois aux caractéristiques assez proches d'après lui. j'ai opté pour le frêne.

touche en ébène, la seule pièce de bois que j'ai fournie , commandé sur le site luthimate.

pour l'accastillage, les mécas et l'electronique, j'ai opté pour le moins cher, mon budget étant limité. commandé sur thomann et luthimate.

micros seymour phat cat en neck et gibson classic '57 en bridge, commandés aux states via ebay, ça m'est revenu à 150 euros les deux en gros.

en tout, j'en ai eu pour 300 euros de fournitures (j'oubliais les frettes, les repères de bordure de touche, les inlays (enfin 4 inlays)...)

un détail, j'ai horreur du plastique, je trouve que c'est une héresie de marier cette matière pourrave à la noblesse et la beauté du bois. du coup, j'ai émis le souhait que hormis les potards, toutes les ornementations soient aussi en bois.

ça donne: contours de micros en ébène

filetterie "triple" sur le corps et "double" sur la manche en érable et palissandre rouge

cache truss road et contours de switch/switch, plaques arrières cache electronique en palissandre rouge également.

enfin, désirant une guitare noire où les veines du bois seraient apparentes, la guitare sera teintée en noire et non pas peinte , puis vernie.

les photos qui suivent ont été prises durant mes 15 premiers jours effectifs de stage aux mois de mai et juin pour l'instant (le stage se réalise en plusieures fois par périodes de 4 - 5 jours.

étant novice total au départ, n'ayant jamais bricolé le bois, n'y comprenant rien au jargon technique, le luthier a du passer beaucoup de temps les premiers jours en vulgarisation et apprentissage de lecture et travail sur plans , du maniement de base des différents outils amenés à être utilisés au cours du stage...

désireux d'apprendre à maitriser le maximum de techniques, on s'est mis d'accord pour travailler essentiellement à la main et sur quelques machines incontournables mais quasiment suffisantes pour réaliser une electrique: défonceuse, scie à ruban et scie sauteuse, celle ci pouvant être remplacée par une scie à main, même si c'est plus laborieux (sauf si comme moi vous ne maitrisez pas la scie sauteuse)


pour le reste, ciseaux, limes, râpes, papiers ponce, réglets, équerres, serres joints, patience, précision et minutie et aventi!

voilà, bientôt les premières tofs




:bravo:
2
Salut Fredian

Excellent sujet :bravo2:

je ne suis pas sûr d'avoir compris, en fait tu vas travailler par la suite dans les métiers du bois, et comme 1er approche tu as décidé de faire une stage de lutherie ? Tu n'envisages donc pas de devenir luthier a terme ?

De prime abord, je trouve ca dommage de mettre 150e de micros qd on a un budget limité. je pense que d'occaz sur G.com, ou sur eBay tu pouvais t'en sortir pour 100e. Il y a des kit micros doubles Seymour Duncan a 120e neuf chez Thomann. Car là comme ca Gibson n'est pas lamarque de micro à laquelle j'aurais pensé pour un budget sérré...
je dis ca surtout par rapport au fait que ca semble nuire au reste de l'accastillage, notament les mécaniques qui me sembkle indispensable pour une bonne tenue d'accord ?
Enfin moi limite j'aurais pris juste un micro aigu, quitte a achete le micro grave plus tard, et de bonne mécaniques (genre Grover a blocage, pas trop cher chez Stewmac, ou des schaller a blocage, 50e chez Thomann) et un bon tune o matic, quitte a rogner sur le stop bar. Car rajouter un micro plus tard (qd on a fait la défonce avant évidement) c'est simple, alors que changer de mécanique ou de chevalet, si le diamétre des inserts chevalet ou l'emplacement des vis de mécaniques au dos de la tête ne correspond pas, ca devient chiant, avec risque d'abimer le vernis...

remplacer une scie sauteuse par une scie japonnaise ??
la scie sauteuse en gros c'est celle qui se présente comme un fer à repasser, ou une machine a coudre portative et qui sert a découper des courbes a main levé. La scie japonnais est une scie a main qui ne coupe que sur un mouvement (et pas sur 2 comme une scie égoine traditionelle) et sert uniquement a coupé droit. On s'en sert pour les coupes fines et précises comme le rainurage des frettes. Rien a voir avec la scie sauteuse donc :?!:
Sans doute voulais tu parler d'une scie circulaire munie d'une lame fine pour le rainurage des frettes ?
Dans le cadre d'une électrique, une scie sauteuse peut remplacer une scie a ruban.

Vivement les tofs :humm:
3
N'hésite pas à faire un tour ici:

http://www.lutherie-amateur.com/Forum/index.php

je pense que tu pourrais y apprendre pas mal de trucs. :D:
4

Citation : en fait tu vas travailler par la suite dans les métiers du bois, et comme 1er approche tu as décidé de faire une stage de lutherie ? Tu n'envisages donc pas de devenir luthier a terme ?



si bien sûr, seulement luthier c'est quand même bien encombré; du coup, j'envisage plus une formation plus générale que l'item par exemple , qui m'ouvrira éventuellement plus de portes, dans l'ébénisterie notamment.

après, bien entendu, je compte continuer dans la lutherie, en tant qu'activité principale ou secondaire. c'est bien pour cela que je tenais à ce que ma première approche du travail du bois soit par ce biais là.

Citation : e prime abord, je trouve ca dommage de mettre 150e de micros qd on a un budget limité. je pense que d'occaz sur G.com, ou sur eBay tu pouvais t'en sortir pour 100e. Il y a des kit micros doubles Seymour Duncan a 120e neuf chez Thomann. Car là comme ca Gibson n'est pas lamarque de micro à laquelle j'aurais pensé pour un budget sérré...
je dis ca surtout par rapport au fait que ca semble nuire au reste de l'accastillage, notament les mécaniques qui me sembkle indispensable pour une bonne tenue d'accord ?
Enfin moi limite j'aurais pris juste un micro aigu, quitte a achete le micro grave plus tard, et de bonne mécaniques (genre Grover a blocage, pas trop cher chez Stewmac, ou des schaller a blocage, 50e chez Thomann) et un bon tune o matic, quitte a rogner sur le stop bar. Car rajouter un micro plus tard (qd on a fait la défonce avant évidement) c'est simple, alors que changer de mécanique ou de chevalet, si le diamétre des inserts chevalet ou l'emplacement des vis de mécaniques au dos de la tête ne correspond pas, ca devient chiant, avec risque d'abimer le vernis...



je comprends ton point de vue, et c'est vrai que t'as pas tort. pour les mécaniques, je les ai prises sur luthimate après consultation du luthier. elles ne sont pas à blocage certes, mais d'après lui elles tiennent bien l'accord quand même vu qu'il s'en est servi pour équiper certaines de ses créations; et comme là j'aurais pas de vibrato et que je ne compte pas mettre un tirant de corde exceptionnel (11-48)... ça devrait le faire.

pour le chevalet, j'ai pris un duesenberg, mais c'est vrai que j'aurais pu tenter mieux. le cordier est un gotoh.

en ce qui concerne les micros, je tenais absolument au p90 en manche, d'où le seymour, moins couteux et plus joli que les gibson ou autres p94 :oops: , mais pour conserver l'esprit gibsonnien, je souhaitais aussi un authentique de la marque. et j'aime bien le grain du classic 57 :)


Citation : emplacer une scie sauteuse par une scie japonnaise ??
la scie sauteuse en gros c'est celle qui se présente comme un fer à repasser, ou une machine a coudre portative et qui sert a découper des courbes a main levé. La scie japonnais est une scie a main qui ne coupe que sur un mouvement (et pas sur 2 comme une scie égoine traditionelle) et sert uniquement a coupé droit. On s'en sert pour les coupes fines et précises comme le rainurage des frettes. Rien a voir avec la scie sauteuse donc
Sans doute voulais tu parler d'une scie circulaire munie d'une lame fine pour le rainurage des frettes ?
Dans le cadre d'une électrique, une scie sauteuse peut remplacer une scie a ruban.



:oops: oups, encore une confusion de vocabulaire... mais bon, je ne suis qu'un newbie en la matière. d'ailleurs, les connaisseurs, n'hésitez pas à me reprendre si je confond certains outils ou termes techniques, c'est un vocabulaire nouveau pour moi.

je voulais dire qu'il est possible de remplacer la scie sauteuse par une scie à la main , même si c'est plus chiant.. mais la scie sauteuse, j'arrive vraiment pas à la maitriser :oops:

Citation : e pense que tu pourrais y apprendre pas mal de trucs.



exact, je suis devenu un fervent visiteur de ce site depuis que j'ai attaqué mon projet :bravo:
5
Et les photos alors??? :humm:
6
ça va venir, le temps d'ordonner et d'arranger tout ça. sûrement demain quoi, là je vais :zzz: :fleche:
7
Ok, j'attends avec impatience, ça m'intéresse gravement cette histoire ! :clin:
8
Beau projet... :bravo:

euh....Flag!




Tout le monde veut sauver la planète, mais personne veut descendre les poubelles.

9

Citation : j'ai émis le souhait que hormis les potards, toutes les ornementations soient aussi en bois.

ça donne: contours de micros en ébène

filetterie "triple" sur le corps et "double" sur la manche en érable et palissandre rouge

cache truss road et contours de switch/switch, plaques arrières cache electronique en palissandre rouge également.



J'ai hâte de voir ça en photo ;)

« Ce n'est pas sur une montagne qu'on trébuche, mais sur une pierre. » - Proverbe indien

Mes photos ici

10
Fredian,
ok pour l'orientation principale ;)
En fait autant dans la menuiserie y a du boulot, autant l'ébénisterie et la lutherie c'est plus compliqué.

Si les mécaniques sont validées par le luthier ca va. De même Duesenberg et Gotoh c'est qd meme pas mal, je pensais qui tu avais pris les entrées gamme chez luthimate en fait

Ok pour l'histoire des scies ;)
une scie a main capable de faire des contours de corps (comme une scie sauteuse ou scie à ruban) il faut que la lame ne soit pas trop large, et sur 45mm d'épaisseur (en moyenne pour un corps d'électrique) y a vraiement moyen de se faire chier :lol:
11
Salut à tous; après un long moment pendant lequel j'ai un peu délaissé ce thread, faute de temps principalement, je reprends enfin les choses en main :)

depuis mon dernier post, au mois d'aout il me semble, j'ai eu l'occasion de me rendre 4-5 fois chez le luthier, et la belle prend peu à peu forme.

nous en étions resté aux défonces des cavités micros sur la table une fois collée. là, on va progressivement entrer dans un travail de plus en plus minutieux de finition .

pour commencer, la défonce dans laquelle le manche viendra s'imbriquer. à partir du plan de la gratte, on détermine le degré de renversement du manche. de là, le luthier m'a fabriqué un petit plan de travail spécifique, incliné selon le degré de renversement, qui m'a permis de réaliser la défonce requise:



voici le résultat obtenu:



bon, après,tout ceci, vous l'imaginez, se peaufine avec un ponçage, et , si besoin, quelques retouches avec des limes, la planéité et la régularité étant ici essentielles .

une fois ceci fait fait, il faut bien évidemment contrôler la concordance avec le talon du manche en lui même qui peut nécessiter des ajustements et toujours vérifier la cohérence de l'ensemble (renversement, hauteur par rapport au futur emplacement du chevalet, ...) .

en l'occurence, dans mon cas, le talon ayant été un peu trop dégrossi sur un côté, il a fallu coller une cale supplémentaire, ce qui n'a aucune conséquence, sinon apporter un renfort supplémentaire à l'ensemble

une fois le talon ajusté et le manche prêt à être collé, il reste, avant de passer à cette étape, différentes interventions à réaliser sur le corps: défonce des bordures pour la filetterie et sculpture de la table. cette dernière opération, réalisée à la main au ciseau, rabot et racloir, prend beaucoup de temps, notamment en raison de la quantité importante de matière à enlever.

tout d'abord, histoire de profiter de la planéité de la table avant qu'elle ne soit sculptée, on procède aux défonces des bordures. pour éviter toute maladresse avec la défonceuse qui pourrait s'avérer fatale, le luthier a encore trouvé une astuce en fixant la défonceuse à l'envers sur un plan de travail métallique sur lequel il a monté un système de butée afin de rester bien droit et de ne pas défoncer trop loin:




à l'arrivée, on obtient ceci:





comme on peut le voir, l'épaisseur de la table est considérable et doit être ramenée, du moins sur les bords, à environ 1mm.

et la défonce des bords de l'arrière du corps en arrondi, toujours avec la même technique:




avant d'attaquer la sculpture, un rapide tracé au crayon permet de visualiser les différentes parties de la table et le degré d'importance avec lequel on doit creuser

je n'ai malheureusement pas pu prendre de photos lors de l'avancée laborieuse de cette étape.

rapidement, l'idée est de commencer à travailler sur les bordures extérieures au rabot histoire de dégrossir rapidement l'ensemble, puis d'attaquer au ciseau, de l'extérieur vers le centre. les repères dessinés sur la table permettent de visualiser les endroits à ne pas trop attaquer, à savoir les bords de la jonction avec le manche qui doivent rester plans, dans l'alignement du manche, car il faut garder en tête qu'une partie de la touche viendra se coller dessus, la partie entre les micros et l'endroit où viendra se poser le chevalet qui demande une certaine attention car elle est liée au renversement du manche. du coup, si vous attaquez trop cette partie, le risque est de devoir régler le chevalet et le cordier très haut, ce que l'on constate parfois sur certaines gibson sur lesquelles il est impossible de coller le cordier à la table pour cause de frisures. c'est tout simplement lié au fait que le renversement du manche est trop important par rapport à la voute de la table et inversement

une fois le tout dégrossi, on peaufine au racloir, en donnant du relief à l'ensemble. ainsi, on laisse environ 1 mm sur les bords auxquels on ne touche plus, soit l'épaisseur des filets qui viendront se coller par la suite, et on rabaisse légèrement la partie suivante avant de remonter vers la voûte. l'idée est de travailler régulièrement toutes les parties simultanément histoire, risque en travaillant par parties isolées, de ne pas trop creuser certains endroits au détriment d'autres et de garder un ensemble équilibré, régulier et cohérent.

une fois que la voûte prend forme et que l'on a suffisament descendu et affiné l'ensemble, on termine par un ponçage destiné à lisser le tout et faire disparaitre les différentes bosses, rayures et imperfections.

collage du manche:



sur cette photo, on distingue côté droit de la jonction avec le manche la petite cale en acajou qui a été collée en plus pour compenser la matière manquante sur un des côtés du talon du manche.



à l'arrivée, voilà ce que ça donne, avec le manche collé et la touche découpée en trapèze en fonction du manche:







voilà pour cette fois. j'en suis donc rendu là, et selon le luthier, d'ici deux séances, ça devrait être quasi terminé, vu qu'il reste le manche et la touche à travailler et à planifier, le collage de la touche et des filets et toutes les petites finitions (inlays, contours de micros, switch...) . après, le plus long sera la teinte et le vernissage puisqu'il faut plusieures semaines de séchage entre chaque couche.

au passage, j'ai apporté quelques modifs par rapport au projet de départ, la plus importante concernant le bloc chevalet/cordier traditionnels que je vais finalement remplacer par un tremolo schaller pour lp.

en y réfléchissant bien, je trouve sympa l'idée d'avoir un vibrato , et ce en une seule pièce, ce qui à mon goût est plus esthétique que le cumul cordier/chevalet traditionnellement monté sur les gibs.... et puis, je préfère faire ça dès maintenant plutôt que de devoir un jour procéder à des modifs qui ne sont pas sans conséquences , notamment à cause des trous .