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Sujet Mon premier stage de lutherie: projet de fabrication d'une gibson LP

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Sujet de la discussion Mon premier stage de lutherie: projet de fabrication d'une gibson LP
Salut à tous; après un long moment pendant lequel j'ai un peu délaissé ce thread, faute de temps principalement, je reprends enfin les choses en main :)

depuis mon dernier post, au mois d'aout il me semble, j'ai eu l'occasion de me rendre 4-5 fois chez le luthier, et la belle prend peu à peu forme.

nous en étions resté aux défonces des cavités micros sur la table une fois collée. là, on va progressivement entrer dans un travail de plus en plus minutieux de finition .

pour commencer, la défonce dans laquelle le manche viendra s'imbriquer. à partir du plan de la gratte, on détermine le degré de renversement du manche. de là, le luthier m'a fabriqué un petit plan de travail spécifique, incliné selon le degré de renversement, qui m'a permis de réaliser la défonce requise:



voici le résultat obtenu:



bon, après,tout ceci, vous l'imaginez, se peaufine avec un ponçage, et , si besoin, quelques retouches avec des limes, la planéité et la régularité étant ici essentielles .

une fois ceci fait fait, il faut bien évidemment contrôler la concordance avec le talon du manche en lui même qui peut nécessiter des ajustements et toujours vérifier la cohérence de l'ensemble (renversement, hauteur par rapport au futur emplacement du chevalet, ...) .

en l'occurence, dans mon cas, le talon ayant été un peu trop dégrossi sur un côté, il a fallu coller une cale supplémentaire, ce qui n'a aucune conséquence, sinon apporter un renfort supplémentaire à l'ensemble

une fois le talon ajusté et le manche prêt à être collé, il reste, avant de passer à cette étape, différentes interventions à réaliser sur le corps: défonce des bordures pour la filetterie et sculpture de la table. cette dernière opération, réalisée à la main au ciseau, rabot et racloir, prend beaucoup de temps, notamment en raison de la quantité importante de matière à enlever.

tout d'abord, histoire de profiter de la planéité de la table avant qu'elle ne soit sculptée, on procède aux défonces des bordures. pour éviter toute maladresse avec la défonceuse qui pourrait s'avérer fatale, le luthier a encore trouvé une astuce en fixant la défonceuse à l'envers sur un plan de travail métallique sur lequel il a monté un système de butée afin de rester bien droit et de ne pas défoncer trop loin:




à l'arrivée, on obtient ceci:





comme on peut le voir, l'épaisseur de la table est considérable et doit être ramenée, du moins sur les bords, à environ 1mm.

et la défonce des bords de l'arrière du corps en arrondi, toujours avec la même technique:




avant d'attaquer la sculpture, un rapide tracé au crayon permet de visualiser les différentes parties de la table et le degré d'importance avec lequel on doit creuser

je n'ai malheureusement pas pu prendre de photos lors de l'avancée laborieuse de cette étape.

rapidement, l'idée est de commencer à travailler sur les bordures extérieures au rabot histoire de dégrossir rapidement l'ensemble, puis d'attaquer au ciseau, de l'extérieur vers le centre. les repères dessinés sur la table permettent de visualiser les endroits à ne pas trop attaquer, à savoir les bords de la jonction avec le manche qui doivent rester plans, dans l'alignement du manche, car il faut garder en tête qu'une partie de la touche viendra se coller dessus, la partie entre les micros et l'endroit où viendra se poser le chevalet qui demande une certaine attention car elle est liée au renversement du manche. du coup, si vous attaquez trop cette partie, le risque est de devoir régler le chevalet et le cordier très haut, ce que l'on constate parfois sur certaines gibson sur lesquelles il est impossible de coller le cordier à la table pour cause de frisures. c'est tout simplement lié au fait que le renversement du manche est trop important par rapport à la voute de la table et inversement

une fois le tout dégrossi, on peaufine au racloir, en donnant du relief à l'ensemble. ainsi, on laisse environ 1 mm sur les bords auxquels on ne touche plus, soit l'épaisseur des filets qui viendront se coller par la suite, et on rabaisse légèrement la partie suivante avant de remonter vers la voûte. l'idée est de travailler régulièrement toutes les parties simultanément histoire, risque en travaillant par parties isolées, de ne pas trop creuser certains endroits au détriment d'autres et de garder un ensemble équilibré, régulier et cohérent.

une fois que la voûte prend forme et que l'on a suffisament descendu et affiné l'ensemble, on termine par un ponçage destiné à lisser le tout et faire disparaitre les différentes bosses, rayures et imperfections.

collage du manche:



sur cette photo, on distingue côté droit de la jonction avec le manche la petite cale en acajou qui a été collée en plus pour compenser la matière manquante sur un des côtés du talon du manche.



à l'arrivée, voilà ce que ça donne, avec le manche collé et la touche découpée en trapèze en fonction du manche:







voilà pour cette fois. j'en suis donc rendu là, et selon le luthier, d'ici deux séances, ça devrait être quasi terminé, vu qu'il reste le manche et la touche à travailler et à planifier, le collage de la touche et des filets et toutes les petites finitions (inlays, contours de micros, switch...) . après, le plus long sera la teinte et le vernissage puisqu'il faut plusieures semaines de séchage entre chaque couche.

au passage, j'ai apporté quelques modifs par rapport au projet de départ, la plus importante concernant le bloc chevalet/cordier traditionnels que je vais finalement remplacer par un tremolo schaller pour lp.

en y réfléchissant bien, je trouve sympa l'idée d'avoir un vibrato , et ce en une seule pièce, ce qui à mon goût est plus esthétique que le cumul cordier/chevalet traditionnellement monté sur les gibs.... et puis, je préfère faire ça dès maintenant plutôt que de devoir un jour procéder à des modifs qui ne sont pas sans conséquences , notamment à cause des trous .
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Salut; petit passage pour rajouter quelques photos de mes deux derniers jours de stage. on a attaqué les pièces de finition, et plus particulièrement les contours de micros en ébène vert, qui seront teintés en noir comme le corps.

après défonce des petits blocs d'ébène et perçage des trous, et une fois définie la courbe de la voute de la table, on a procédé au ponçage de la pièce pour obtenir une courbe similaire à celle de la table.



pour l'instant, seul celui du micro manche a été travaillé, et encore, il reste à peaufiner (casser les angles, ponçage et retouches à la lime, etc...). le toggle switch a également été réalisé, en ébène noir (malheureusment, pas de tof pour le moment)

pour le fun, quelques photos de la belle avec les contours de micros et la touche posée. lors des prochaines séances, on devrait attaquer la teinte et la préparation des filets et des nacres, ainsi que le peaufinage des contours de micros.
















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Salut Fredian,

Je me demandais si ce n'était pas trop gallère de faire des contours de micros en bois ?
Usiner une si petite pièce, sachant qu'il reste peu de matière au final, donc risque de casse, d'autant que l'ébène est un bois assez cassant !
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Ce n'est pas de l'ébène (la famille des Ebenaceae ) à proprement parlé. Ce bois est plus connu sous le nom de Ipé souvent utilisé pour faire des lames de parquets pour terrasses extérieures.C'est un bois assez dur résistant et fendif qui se travaille bien (fibres assez serrées) et très résistant mais moins que l'ébène (bien que ses caractéristiques ne soient pas constantes puisque le bois dur et noir que l'on connait est causé par une maladie du cœur de l'arbre).Le prix n'est également pas le même l'ébène étant vendu souvent au kilo.


Félicitation jolie travaille :bravo:
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Citation : Je me demandais si ce n'était pas trop galère de faire des contours de micros en bois ?



oui et non; en fait, on travaille à partir d'un bloc qui fait environ le double de la pièce finale en longueur et en épaisseur. on a commencé par défoncer toute la partie centrale sur les 3/4 de l'épaisseur, puis on a fini à la scie à main; une fois ceci fait, perçage des trous, et ponçage de la pièce après découpe en essayant de se rapprocher au plus près de la courbe de la table . (c'est à mon sens l'opération la plus délicate à proprement parler avec le ponçage en sifflet)

c'est vrai que comme c'est un bois très dur, il a fallu réaliser la défonce et les perçage tout en douceur, très progressivement. après, le plus chaud, c'est en fait le ponçage final, l'arrondi des angles, la finition en somme, car vu la dureté du bois, tout ceci nécessite beaucoup de patience! mais techniquement, ce n'est pas si compliqué à réaliser dès lors que l'on fait preuve de patience et d'un minimum de précision et de délicatesse. je compte d'ailleurs par la suite me faire la main sur ce genre de pièce et pourquoi pas les vendre sur ebay :lol:

la même chose, en encore plus délicat et serré, m'attend pour les filets, et si la plupart des marques ne s'emmerdent effectivement pas à utiliser du bois pour ce genre de pièce, c'est que c'est beaucoup plus délicat à travailler que le plastique qui est un matériau très souple, très aisé à ajuster.

mais de toutes façons, galère ou pas, il était hors de question d'associer du plastoc à de si beaux bois. et comme dit mon luthier, un brin mystique pour le coup, il y'a des matières qui se marient bien (genre bois et bois, éventuellement bois et métal car cela vient de la terre) et d'autres non (genre bois et plastoc justement, matière de merde de synthèse). valà pour la petite histoire... :8)

Citation : Ce n'est pas de l'ébène (la famille des Ebenaceae ) à proprement parlé. Ce bois est plus connu sous le nom de Ipé souvent utilisé pour faire des lames de parquets pour terrasses extérieure



tu m'apprends quelque chose! je pensais que l'ébène vert était une variété d'ébène à part entière! je demanderai confirmation au luthier


Citation : Félicitation jolie travaille



merci! :D: :bravo:
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Je flag.
c'est beau.

:bravo2:
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Salut, juste une tite question...Au final, le projet (stage+matériaux et pièces) te revient à combien?

Merci
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Les deux essences n'appartiennent pas à la même famille

l'ébène verte Famille des Bignoniacées
l'ébène Famille Diospyros
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Le stage me revient à 600€ (prix sur lequel on s'est mis d'accord avec le luthier, qui s'apparente d'ailleurs à un prix d'ami, mon cas étant un peu particulier) + les mics (150€ les deux)+ la touche (20€ ), le vibrato/chevalet schaller (150€ ), les mécaniques, frettes, nacres, potards, flycase.... soit une 100aine d'euros, ce qui représente en gros un total de 1000 euros

après, je reprécise que je bénéficie de conditions tarifaires et de travail exceptionnelles, que tu ne trouveras jamais dans le cadre d'un stage "standard".


Citation : Les deux essences n'appartiennent pas à la même famille !

l'ébène verte Famille des Bignoniacées
l'ébène Famille Diospyros



merci pour la précision! :bravo: tu as l'air de bien t'y connaitre. tu travailles dans le secteur du bois?
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Salut,

Je viens de tout lire d'un coup, et sincèrement, ce fut tres interessant, avec des photos qui accompagnent bien, ainsi que des "posts" tres pertinents !!!

Merci de nous avoir fait partager ce moment. :D:

"Il vaut mieux être détesté pour ce que tu es, plutôt qu'être aimé pour ce que tu n'es pas."  Kurt Cobain

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Merci pour les précisions concernant le travail des contours en bois ;)