Le Taz
« Changez l'accastillage ! »
Publié le 30/11/18 à 15:11
Rapport qualité/prix :
Excellent
Cible :
Les utilisateurs avertis
Avis sur deux SG Special 1974 et 1975
CARACTERISTIQUES :
Corps acajou (1 pièce), manche collé acajou (3 pièces), touche palissandre, incrustation small blocks imitation nacre, chevalet harmonica et stop bar, 2 mini-humbuckers black, sélecteur trois positions, potentiomètres CTS (2 volumes, 2 tonalités), mécaniques Gibson Deluxe chromées, style Grover ou imitation Kluson selon l'année, finition... la plupart sont des modèles rouge dont la couleur a virer au marron. C'est le cas pour l'une d'elle, la 73, et en retirant le pickguard, j’ai redécouvert la finition d’origine, Heritage Cherry. La 74 était dans un triste état, elle avait été repeinte à la main, puis décapée pour la revente et huilée. Il restait des traces d'une peinture grossière un peu partout, un massacre...
Ce modèle SG spécial est réapparu au catalogue à partir de 1973 (avec des repères dot) après deux années de production de la très discutable SG Deluxe et son routing avant. On retrouve des éléments propres aux dernières SG Special de 69/70, dont une volute de renfort à l’arrière de la tête et une largeur de touche de 39/40mm au sillet (la norme depuis 1966/67 sur les SG). On note néanmoins un profil un peu moins épais que les sur les Special de la fin des 60’s (pour ceux qui connaissent) mais toujours en rondeur (en C).
Des évolutions de la SG Deluxe, les Special et Standard de 73/74 héritent un changement notable de la jonction corps/manche, ce dernier reculant vers l’intérieur du corps. Le recul est léger, et permet de décaler le centre de gravité vers l'arrière. Autrement dit : pas de neck diving ! Cette SG ne pique pas du nez quand on la porte en bandoulière, elle se pose naturellement en légère diagonale, façon Les Paul.
UTILISATION :
Comme évoqué ci-dessus, les SG de 73/74 se distinguent des modèles actuels par deux aspects significatifs. D’une part le manche, étroit, fin mais rond. Avec une largeur au sillet de 39 à 40mm au sillet (1,55" ou 1-9/16), on est plus proche d’une Music Man Silhouette ou Axis que des standards auxquels nous sommes habitués chez Gibson aujourd'hui. C’est en tout cas le type manche de prédilection d’un certain Angus Young, un poil plus épais, et un profil très proche des profils de manche préféré d'Eddie Van Halen. A savoir donc, ce manche ne plaira pas à tout le monde, mais ravira ceux qui détestent les manches larges ou trouvent les Gibson injouables. C’est l’opposé exact du manche en D de l’actuelle SG standard, avec un C très baseball bat , qui s’épaissit et s’élargit en se rapprochant du corps, parfait pour retrouver ses petits en solo.
Si le léger recul du manche (et de l'accastillage) peut rendre cette SG moins gracieuse esthétiquement parlant, il n’impacte pas le son global de l’instrument, on ne perd rien en terme d'accès aux aigus, à une case près. Par contre, la guitare étant moins longue, son centre de gravité est vers l’arrière de la guitare. Résultat : une SG qui ne pique plus du nez (en tout cas avec aucune de mes sangles) et qui garde même un équilibre à 35/40°, façon Slash, position de jeu idéale à mon avis (et de celui de mon kiné aussi).
Le corps est très fin, il fait même 1mm de moins d'épaisseur que celui des Standard de la même période. Je n'ai pas noté d'impact particulier, mais ça peut être compliqué si vous décidé d'installer des potentiomètres push-pull.
J'ai installé des mécaniques à blocage sur les deux, et remplacer les minihumbuckers par des humbuckers standard (DiMarzio Norton + Air Classic N et Super Distortion + 36th Anniversary). Si ce n'est pas une modification mineure, voici les modifications les plus importantes et qu'avec le recul je recommanderai de faire avant modifier quoi que ce soit :
Modifications impératives :
En l’état, la projection à vide est plutôt faiblarde pour une guitare de ce type, et le sustain réduit à sa plus simple expression. Sans parler du bas anémique. Tout cela est dû au seul vrai point faible objectif de cette guitare : son accastillage. Gibson a fait à l'époque le choix de pièces de qualité médiocre. Il m'a fallu du temps et de l'expérimentation. J'ai changé le chevalet d'abord par un TonePros. Bingo, le chevalet harmonica cheapos bouffait le bas et une partie du sustain. Mais malgré le changement de micros, si le gain était significatif, les guitares manquaient de présence, d'air. L'attaque est très concentrée dans les mids. Le son parait équilibré mais pourtant boxy. J'ai fini par changé la seule chose que je n'avais pas touché sur la guitare : le cordier. Donc j'ai testé du TonePros T1Z, Gotoh GE101Z et finalement deux ABM, en full bell brass et aluminium. Les ABM se sont nettement imposés en terme de son, qui redevient ouvert et dynamique. Le bell brass est plus focus, doux mais ouvert, l'aluminium est optimal, ça sonne clair, ouvert, dynamique. Il est bien sûr impératif de remplacer les goujons d'origine (j'ai laissé les inserts par contre). Et là, ce sont deux guitares absolument top. Changer le chevalet et le cordier améliore significativement la guitare, change le son radicalement, c'est pour cela que je vous recommande de le faire avant de décider de modifier l'électronique.
SONS :
Avant modification, j'ai eu l'impression de me retrouver avec une mini Les Paul. Gros focus sur les mids, mais un gros manque de sustain dû au chevalet. Les micros minihumnbuckers m'ont paru anémiques dans ces circonstances et je m'en suis débarrassé. Trop vite ?
Après modification, on ouvre le son : Avec le chevalet, on retrouve le bas et du sustain. Avec le cordier ABM, on conserve le côté mids mais ouvert (pour le bell brass) ou clairement plus ouvert, plus "SG" (une sorte de twang à la Angus) très défini et précis. Ca respire et sonne fort est clair. La projection acoustique est sensiblement accrue, et ça se retrouve dans l'ampli : niveau de sortie, clarté, etc. On peut au choix, selon le cordier, avoir une guitare moelleuse, douce, ou franchement plus nerveuse, à la Angus.
Je suis passé sur des humuckers de forme standard. J'avais fait pas mal de changements avant cette modification complète de l'accastillage. J'aurais peut-être gardé les Seymour SH-18 placé après les minihumbuckers. J'ai fait un choix très personnel de sets DiMarzio, ça fait 20 ans que je ne joue que cette marque, j'ai mes habitudes auditives (j'aime l'attaque nette qui rend ces micros trop secs pour beaucoup). DP160+DP190, pour une approche Gibson conventionnelle, et un set plus 70's/80's DP100+DP103n.
AVIS GLOBAL :
J’avais beaucoup de préventions quant aux Gibson des années 70 et je sais que je ne suis pas le seul dans ce cas. Au delà des préjugés dont je me méfie, j’avais déjà joué des Gibson SG (74 et 78) que j’avais trouvées très fadasses, comparées à des SG d’entrée de gamme actuelles ou même face à des Orville japonaises. Sans m’étaler plus, j’ai eu besoin d’une guitare légère, avec un profil de manche similaire à celui de mes Music Man habituelles (Axis Sport), et si possible un diapason Gibson et de l’acajou un peu partout. Je suis tombé sur un premier modèle en état totalement mint. Je me suis dit "ça se tente, si ça ne te va pas, tu pourras la revendre facilement".
A la première prise en main, unplugged, j'ai eu ce feeling qu'on ressent parfois avec quelques "élues", il se passe quelque chose. Sans cette conviction qu'on allait faire une longue route, je n'aurais sans doute pas fait toutes ces modifications lourdes.
Je me retrouve avec une guitare légère et près du corps, très équilibrée, avec un confort de jeu à mi-chemin entre l’excellence de Music Man et le côté roots, authentique de Gibson. Mais surtout avec une guitare qui chante, qui a beaucoup de tempérament et de personnalité, efficace dans tous les styles et parfaite pour le blues et le rock, avec la patine, les vibes d’une guitare vintage et les performances d’une guitare moderne. Exactement ce que je cherchais, j’ai emmené très vite cette guitare avec moi en concert. Celle qui a été ma number one pendant presque 20 ans, une Music Man Axis Sport de 96, ne quitte quasiment plus son étui, ce que je n'aurais jamais cru.
Les - : couleur et esthétique globale discutable, réclame au moins un changement de chevalet et de cordier pour révéler son potentiel. Mécaniques et électronique pas à la hauteur du reste.
Les + : confort de jeu unique, un régal pour les solistes et les petites mains. Un vrai caractère Gibson bien trempé pour peu qu’on change l'accastillage. Ca vibre, ça résonne, ça répond. Légère et plus équilibrée que les SG habituelles.
Si la côte des Standard et surtout des Special de cette période me parait exagérée au vu des nombreux petits défauts à corriger, cette guitare peut se révéler très attachante et les diverses modifications qu’on lui apporte sont très gratifiantes. Sinon, je vous ai dit qu’il fallait changer le chevalet ?
Ci-dessous, en photos, avant et après sacrilège.
Et ici, un extrait de la 73 (Norton et DP190) avec un Brunetti Pleximan, avant modification de cordier
Et ici, la 74 dans un Cornford (avant modification de cordier)
CARACTERISTIQUES :
Corps acajou (1 pièce), manche collé acajou (3 pièces), touche palissandre, incrustation small blocks imitation nacre, chevalet harmonica et stop bar, 2 mini-humbuckers black, sélecteur trois positions, potentiomètres CTS (2 volumes, 2 tonalités), mécaniques Gibson Deluxe chromées, style Grover ou imitation Kluson selon l'année, finition... la plupart sont des modèles rouge dont la couleur a virer au marron. C'est le cas pour l'une d'elle, la 73, et en retirant le pickguard, j’ai redécouvert la finition d’origine, Heritage Cherry. La 74 était dans un triste état, elle avait été repeinte à la main, puis décapée pour la revente et huilée. Il restait des traces d'une peinture grossière un peu partout, un massacre...
Ce modèle SG spécial est réapparu au catalogue à partir de 1973 (avec des repères dot) après deux années de production de la très discutable SG Deluxe et son routing avant. On retrouve des éléments propres aux dernières SG Special de 69/70, dont une volute de renfort à l’arrière de la tête et une largeur de touche de 39/40mm au sillet (la norme depuis 1966/67 sur les SG). On note néanmoins un profil un peu moins épais que les sur les Special de la fin des 60’s (pour ceux qui connaissent) mais toujours en rondeur (en C).
Des évolutions de la SG Deluxe, les Special et Standard de 73/74 héritent un changement notable de la jonction corps/manche, ce dernier reculant vers l’intérieur du corps. Le recul est léger, et permet de décaler le centre de gravité vers l'arrière. Autrement dit : pas de neck diving ! Cette SG ne pique pas du nez quand on la porte en bandoulière, elle se pose naturellement en légère diagonale, façon Les Paul.
UTILISATION :
Comme évoqué ci-dessus, les SG de 73/74 se distinguent des modèles actuels par deux aspects significatifs. D’une part le manche, étroit, fin mais rond. Avec une largeur au sillet de 39 à 40mm au sillet (1,55" ou 1-9/16), on est plus proche d’une Music Man Silhouette ou Axis que des standards auxquels nous sommes habitués chez Gibson aujourd'hui. C’est en tout cas le type manche de prédilection d’un certain Angus Young, un poil plus épais, et un profil très proche des profils de manche préféré d'Eddie Van Halen. A savoir donc, ce manche ne plaira pas à tout le monde, mais ravira ceux qui détestent les manches larges ou trouvent les Gibson injouables. C’est l’opposé exact du manche en D de l’actuelle SG standard, avec un C très baseball bat , qui s’épaissit et s’élargit en se rapprochant du corps, parfait pour retrouver ses petits en solo.
Si le léger recul du manche (et de l'accastillage) peut rendre cette SG moins gracieuse esthétiquement parlant, il n’impacte pas le son global de l’instrument, on ne perd rien en terme d'accès aux aigus, à une case près. Par contre, la guitare étant moins longue, son centre de gravité est vers l’arrière de la guitare. Résultat : une SG qui ne pique plus du nez (en tout cas avec aucune de mes sangles) et qui garde même un équilibre à 35/40°, façon Slash, position de jeu idéale à mon avis (et de celui de mon kiné aussi).
Le corps est très fin, il fait même 1mm de moins d'épaisseur que celui des Standard de la même période. Je n'ai pas noté d'impact particulier, mais ça peut être compliqué si vous décidé d'installer des potentiomètres push-pull.
J'ai installé des mécaniques à blocage sur les deux, et remplacer les minihumbuckers par des humbuckers standard (DiMarzio Norton + Air Classic N et Super Distortion + 36th Anniversary). Si ce n'est pas une modification mineure, voici les modifications les plus importantes et qu'avec le recul je recommanderai de faire avant modifier quoi que ce soit :
Modifications impératives :
En l’état, la projection à vide est plutôt faiblarde pour une guitare de ce type, et le sustain réduit à sa plus simple expression. Sans parler du bas anémique. Tout cela est dû au seul vrai point faible objectif de cette guitare : son accastillage. Gibson a fait à l'époque le choix de pièces de qualité médiocre. Il m'a fallu du temps et de l'expérimentation. J'ai changé le chevalet d'abord par un TonePros. Bingo, le chevalet harmonica cheapos bouffait le bas et une partie du sustain. Mais malgré le changement de micros, si le gain était significatif, les guitares manquaient de présence, d'air. L'attaque est très concentrée dans les mids. Le son parait équilibré mais pourtant boxy. J'ai fini par changé la seule chose que je n'avais pas touché sur la guitare : le cordier. Donc j'ai testé du TonePros T1Z, Gotoh GE101Z et finalement deux ABM, en full bell brass et aluminium. Les ABM se sont nettement imposés en terme de son, qui redevient ouvert et dynamique. Le bell brass est plus focus, doux mais ouvert, l'aluminium est optimal, ça sonne clair, ouvert, dynamique. Il est bien sûr impératif de remplacer les goujons d'origine (j'ai laissé les inserts par contre). Et là, ce sont deux guitares absolument top. Changer le chevalet et le cordier améliore significativement la guitare, change le son radicalement, c'est pour cela que je vous recommande de le faire avant de décider de modifier l'électronique.
SONS :
Avant modification, j'ai eu l'impression de me retrouver avec une mini Les Paul. Gros focus sur les mids, mais un gros manque de sustain dû au chevalet. Les micros minihumnbuckers m'ont paru anémiques dans ces circonstances et je m'en suis débarrassé. Trop vite ?
Après modification, on ouvre le son : Avec le chevalet, on retrouve le bas et du sustain. Avec le cordier ABM, on conserve le côté mids mais ouvert (pour le bell brass) ou clairement plus ouvert, plus "SG" (une sorte de twang à la Angus) très défini et précis. Ca respire et sonne fort est clair. La projection acoustique est sensiblement accrue, et ça se retrouve dans l'ampli : niveau de sortie, clarté, etc. On peut au choix, selon le cordier, avoir une guitare moelleuse, douce, ou franchement plus nerveuse, à la Angus.
Je suis passé sur des humuckers de forme standard. J'avais fait pas mal de changements avant cette modification complète de l'accastillage. J'aurais peut-être gardé les Seymour SH-18 placé après les minihumbuckers. J'ai fait un choix très personnel de sets DiMarzio, ça fait 20 ans que je ne joue que cette marque, j'ai mes habitudes auditives (j'aime l'attaque nette qui rend ces micros trop secs pour beaucoup). DP160+DP190, pour une approche Gibson conventionnelle, et un set plus 70's/80's DP100+DP103n.
AVIS GLOBAL :
J’avais beaucoup de préventions quant aux Gibson des années 70 et je sais que je ne suis pas le seul dans ce cas. Au delà des préjugés dont je me méfie, j’avais déjà joué des Gibson SG (74 et 78) que j’avais trouvées très fadasses, comparées à des SG d’entrée de gamme actuelles ou même face à des Orville japonaises. Sans m’étaler plus, j’ai eu besoin d’une guitare légère, avec un profil de manche similaire à celui de mes Music Man habituelles (Axis Sport), et si possible un diapason Gibson et de l’acajou un peu partout. Je suis tombé sur un premier modèle en état totalement mint. Je me suis dit "ça se tente, si ça ne te va pas, tu pourras la revendre facilement".
A la première prise en main, unplugged, j'ai eu ce feeling qu'on ressent parfois avec quelques "élues", il se passe quelque chose. Sans cette conviction qu'on allait faire une longue route, je n'aurais sans doute pas fait toutes ces modifications lourdes.
Je me retrouve avec une guitare légère et près du corps, très équilibrée, avec un confort de jeu à mi-chemin entre l’excellence de Music Man et le côté roots, authentique de Gibson. Mais surtout avec une guitare qui chante, qui a beaucoup de tempérament et de personnalité, efficace dans tous les styles et parfaite pour le blues et le rock, avec la patine, les vibes d’une guitare vintage et les performances d’une guitare moderne. Exactement ce que je cherchais, j’ai emmené très vite cette guitare avec moi en concert. Celle qui a été ma number one pendant presque 20 ans, une Music Man Axis Sport de 96, ne quitte quasiment plus son étui, ce que je n'aurais jamais cru.
Les - : couleur et esthétique globale discutable, réclame au moins un changement de chevalet et de cordier pour révéler son potentiel. Mécaniques et électronique pas à la hauteur du reste.
Les + : confort de jeu unique, un régal pour les solistes et les petites mains. Un vrai caractère Gibson bien trempé pour peu qu’on change l'accastillage. Ca vibre, ça résonne, ça répond. Légère et plus équilibrée que les SG habituelles.
Si la côte des Standard et surtout des Special de cette période me parait exagérée au vu des nombreux petits défauts à corriger, cette guitare peut se révéler très attachante et les diverses modifications qu’on lui apporte sont très gratifiantes. Sinon, je vous ai dit qu’il fallait changer le chevalet ?
Ci-dessous, en photos, avant et après sacrilège.
Et ici, un extrait de la 73 (Norton et DP190) avec un Brunetti Pleximan, avant modification de cordier
Et ici, la 74 dans un Cornford (avant modification de cordier)