Une acoustique "neutre et naturelle", ça existe ? (acoustique et subjectivité)
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kYZmar
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Sujet de la discussion Posté le 16/12/2023 à 12:33:35Une acoustique "neutre et naturelle", ça existe ? (acoustique et subjectivité)
SPOILER : C’est fondamentalement impossible.
Une acoustique « neutre » ne présente aucune coloration amenée par la salle.
Mais dès lors qu’un son est renvoyé par une paroi : il s’en retrouve modifié, tant dans le domaine temporel, fréquentiel que dynamique.
Donc pour atteindre cet objectif de neutralité, pas le choix : absorption, absorption, absorption.
Le résultat est une chambre anéchoïde.
On retrouve ce type de conception pour la mesure acoustique (« en champ libre ») et les salles de torture.
Évidemment, personne ne veut mixer dans ces conditions car le sweet spot étant très étroit :
- chaque mouvement perturbe la perception sonore, amenant beaucoup de fatigue
- les autres personnes dans la salle n’entendront absolument pas le même son que vous
- le mixage se retranscrira moins facilement dans une pièce normale.
Une acoustique « naturelle » correspond à ce qu’on retrouve sans intervention humaine.
Pas d’intervention humaine = pas de traitement.
On arrive au résultat inverse : réflexion, réflexion, réflexion.
Ce qui amène à d’autre défauts : temps de réverbération trop long, premières réflexions non-maitrisées, fréquences de résonances dues aux modes propres de la salle,…
La notion d’acoustique « neutre ET naturelle » est donc fondamentalement impossible : c’est un oxymore. CQFD.
Mais chaque discipline ayant ses éléments de langage : en acoustique, on dira "neutre et naturel" pour parler d'une acoustique agréable.
Le travail en acoustique est de savoir où l’on place le curseur pour obtenir ce résultat, tout n’est qu’une histoire de nuances et de subjectivité.
L’acoustique est trop souvent considéré comme une « science », sans aucune notion de subjectivité.
C’est une hérésie.
Présentez la même salle avec le même cahier des charges à X acousticiens différents et vous obtiendrez… X résultats différents.
Comme en musique, on trouve dans ce domaine plusieurs « styles » : anéchoïde, non-environnemental, live-end dead-end, ambéchoïque,…
Comme en musique, on trouve un socle théorique (solfège) avec une mise en place personnelle de celui-ci.
Comme en musique, les outils (instruments) sont très variés avec une utilisation différente selon chacun.
Si vous considérez la musique comme un art, l’acoustique l’est tout autant.
Si vous considérez l’acoustique comme une science, la musique l’est tout autant.
Une acoustique « neutre » ne présente aucune coloration amenée par la salle.
Mais dès lors qu’un son est renvoyé par une paroi : il s’en retrouve modifié, tant dans le domaine temporel, fréquentiel que dynamique.
Donc pour atteindre cet objectif de neutralité, pas le choix : absorption, absorption, absorption.
Le résultat est une chambre anéchoïde.
On retrouve ce type de conception pour la mesure acoustique (« en champ libre ») et les salles de torture.
Évidemment, personne ne veut mixer dans ces conditions car le sweet spot étant très étroit :
- chaque mouvement perturbe la perception sonore, amenant beaucoup de fatigue
- les autres personnes dans la salle n’entendront absolument pas le même son que vous
- le mixage se retranscrira moins facilement dans une pièce normale.
Une acoustique « naturelle » correspond à ce qu’on retrouve sans intervention humaine.
Pas d’intervention humaine = pas de traitement.
On arrive au résultat inverse : réflexion, réflexion, réflexion.
Ce qui amène à d’autre défauts : temps de réverbération trop long, premières réflexions non-maitrisées, fréquences de résonances dues aux modes propres de la salle,…
La notion d’acoustique « neutre ET naturelle » est donc fondamentalement impossible : c’est un oxymore. CQFD.
Mais chaque discipline ayant ses éléments de langage : en acoustique, on dira "neutre et naturel" pour parler d'une acoustique agréable.
Le travail en acoustique est de savoir où l’on place le curseur pour obtenir ce résultat, tout n’est qu’une histoire de nuances et de subjectivité.
L’acoustique est trop souvent considéré comme une « science », sans aucune notion de subjectivité.
C’est une hérésie.
Présentez la même salle avec le même cahier des charges à X acousticiens différents et vous obtiendrez… X résultats différents.
Comme en musique, on trouve dans ce domaine plusieurs « styles » : anéchoïde, non-environnemental, live-end dead-end, ambéchoïque,…
Comme en musique, on trouve un socle théorique (solfège) avec une mise en place personnelle de celui-ci.
Comme en musique, les outils (instruments) sont très variés avec une utilisation différente selon chacun.
Si vous considérez la musique comme un art, l’acoustique l’est tout autant.
Si vous considérez l’acoustique comme une science, la musique l’est tout autant.
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kYZmar
5504
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Membre depuis 21 ans
26 Posté le 19/12/2023 à 02:10:57
OK pour la salle anéchoïque, c'est ce que je dis juste avant : "Un mur blanc (salle neutre pour l'analogie) tendra elle vers un même point".
J'ai aussi évoqué la sensation dans mon premier message, on se rejoint.
D'ailleurs, la mise en oeuvre, même si elle n'est pas stricto sensu identique, est quand même vraiment très très proche d'une chambre à l'autre.
Je serai curieux de connaitre le RT60 de Orfield Labs ou de la salle anéchoïque de Microsoft, je n'ai pas trouvé l'info...
Je pense que sans être forcément au 0 absolu, on doit quand même être aux 0,... Je sais pas.
Tu m'as donner envie de chercher les normes ISO mais c'est payant. De ce que j'ai pu entrevoir, il y aurait quand même une marge accordée dans les basses, mais la salle doit spécifier une fréquence en dessous de laquelle sa mesure n'est plus conforme.
Je dis ça pour discuter, on est d'accord sur ce point.
Pour les cabines de mastering, un peu moins...
À moins que j'ai raté un épisode, les recommandations de l'AES (qui ne sont pas des normes) datent de... 1977 (source)
On en a fait du chemin depuis... Notamment les travaux de Peter D'antonio, qui débutent en 1983 (source) pour ne citer qu'eux.
RFZ n'existe pas et LEDE est un concept novateur à l'époque.
Si tu as un document plus récent de l'AES à ce sujet, je serai très curieux que tu m'en partages la référence.
Toute chose étant égale par ailleurs, ça reste relatif et imprécis.
Quid du waterfall ? J'attends toujours mon exemple d'acoustique à "décroissance homogène". Je ne dis pas que ça n'existe pas (j'espère sincèrement me tromper, j'apprendrai un truc) mais je n'en ai jamais vu. Comme le Père Noël (je plaisante, c'est pas une attaque).
À ce titre, vouloir "reproduire" un phénomène physique n'ayant jamais été mesuré me semblerait être une démarche étrange.
Tu admets toi-même que les "pièces anéchoïques ne le sont pas vraiment, surtout dans le grave"
Je t'accorde, c'est une évidence, qu'il est plus simple de travailler dans une salle qui réagisse bien et avec un comportement prévisible, surtout quand tu es amené à changer de studio.
D'où l'intérêt également d'avoir des standards en terme de monitoring (NS10, Auratone, ATC,...) mais je diverge.
Je me permettrai de mettre un bémol (excuse-moi). Tu dis : "Une pièce a une destination." 100% OK avec ça.
La destination d'un studio, c'est de produire une musique qui sonne bien (c'est vague mais tu vois l'idée) partout.
Tu dis : "Bref, ce type de mesure montre bien que la plupart des plus grands hits ont été mixés dans des lieux très imparfaits au niveau acoustique."
Je n'y vois pas de problème. Les gars sont arrivés à destination.
Je te laisse le soin de leur expliquer qu'ils n'ont pas fait comme il faut.
En vérité, d'un point de vue psychoacoustique, l'audition s'adapte très bien tant qu'on reste dans des valeurs standards.
Dans la vraie vie, tu ne calcules pas vraiment les différences d'acoustique si tu n'y prêtes pas d'attention (dans des valeurs "standards")
L'acoustique est un moyen, pas un but. Au même titre qu'un instrument de grande qualité n'est pas un pré-requis pour faire de la bonne musique.
Et c'est quoi une guitare de qualité ? Certains préfèrent une LP, une Strat' ou une Télé'...
Penser que tous les ingé son veulent la même pièce serait méconnaitre ce joli foutoir de l'audio pro.
On veut tous une salle "neutre et naturelle" comme tous les guitaristes voudront une pelle qui "sonne bien".
Je n'ai jamais vu personne dire : "Je veux une salle qui réponde aux recommandations de l'AES en 1977". Balek.
D'ailleurs, peux-tu me citer un studio qui fasse sa promotion sur le respect de ces recommandations. Tout le monde s'en fout.
Pour illustrer par l'exemple, recherche sur Google "anechoic room", tu verras que c'est comme même +/- la même chose.
Cherche maintenant "mastering room" et là, rien ne se ressemble. Ou alors, de loin, "dans l'esprit"...
Arrivent-ils au même résultat avec autant de différences ? Ou y'aurait-il, je sais pas... une notion de subjectivité ?
Évidemment qu'on navigue dans des ordres de grandeurs +/- équivalents, mais si tu me dis que tous les bons studios sonnent pareil, je te réponds que Fender & Gibson sonnent pareil (et je me fais bannir d'AF dans l'heure)
Et je te parle même pas du confort et de l'aspect esthétique, qui a aussi un rôle non-négligeable sur le résultat final...
Mais on m'a pris pour un obscurantiste pour une virgule mal placée, je ne m'y risquerai pas...
Pour répondre rapidement au reste:
- Je mixe pas au casque sauf parfois pour un "effet de loupe". Je donnais l'exemple de Nx ou Sienna pour mettre en valeur les différences de CR. J'utilise parfois Nx mais seulement dans un processus créatif (c'est une autre histoire).
- J'ai principalement en tête l'acoustique des CR dans ce développement car il y a malgré tout moins de disparité entre les CR que pour les cabines.
Je préfère ne pas imaginer qu'une seule personne ici puisse penser que les cabines répondent à un standard commun.
Y'a une toooooooonne de subjectivité dans l'acoustique d'un cabine, on est d'accord là-dessus, rassurez-moi...
- Je ne peux effectivement que te conseiller de faire appel à un acousticien si tu veux monter un projet sérieux
Je connaissais pas cette histoire, ça à l'air intéressant, j'irai regarder.
Pareil, tu vois la CR de la Motown, ça fait peur...
J'ai aussi évoqué la sensation dans mon premier message, on se rejoint.
D'ailleurs, la mise en oeuvre, même si elle n'est pas stricto sensu identique, est quand même vraiment très très proche d'une chambre à l'autre.
Je serai curieux de connaitre le RT60 de Orfield Labs ou de la salle anéchoïque de Microsoft, je n'ai pas trouvé l'info...
Je pense que sans être forcément au 0 absolu, on doit quand même être aux 0,... Je sais pas.
Tu m'as donner envie de chercher les normes ISO mais c'est payant. De ce que j'ai pu entrevoir, il y aurait quand même une marge accordée dans les basses, mais la salle doit spécifier une fréquence en dessous de laquelle sa mesure n'est plus conforme.
Je dis ça pour discuter, on est d'accord sur ce point.
Pour les cabines de mastering, un peu moins...
À moins que j'ai raté un épisode, les recommandations de l'AES (qui ne sont pas des normes) datent de... 1977 (source)
On en a fait du chemin depuis... Notamment les travaux de Peter D'antonio, qui débutent en 1983 (source) pour ne citer qu'eux.
RFZ n'existe pas et LEDE est un concept novateur à l'époque.
Si tu as un document plus récent de l'AES à ce sujet, je serai très curieux que tu m'en partages la référence.
Citation :
l'objectif va souvent d'avoir un espace avec un RT60 proche ou inférieur à 300 ms, flat à +2 / -2 de 20 hz à 20 khz au point d'écoute
Toute chose étant égale par ailleurs, ça reste relatif et imprécis.
Quid du waterfall ? J'attends toujours mon exemple d'acoustique à "décroissance homogène". Je ne dis pas que ça n'existe pas (j'espère sincèrement me tromper, j'apprendrai un truc) mais je n'en ai jamais vu. Comme le Père Noël (je plaisante, c'est pas une attaque).
À ce titre, vouloir "reproduire" un phénomène physique n'ayant jamais été mesuré me semblerait être une démarche étrange.
Tu admets toi-même que les "pièces anéchoïques ne le sont pas vraiment, surtout dans le grave"
Je t'accorde, c'est une évidence, qu'il est plus simple de travailler dans une salle qui réagisse bien et avec un comportement prévisible, surtout quand tu es amené à changer de studio.
D'où l'intérêt également d'avoir des standards en terme de monitoring (NS10, Auratone, ATC,...) mais je diverge.
Je me permettrai de mettre un bémol (excuse-moi). Tu dis : "Une pièce a une destination." 100% OK avec ça.
La destination d'un studio, c'est de produire une musique qui sonne bien (c'est vague mais tu vois l'idée) partout.
Tu dis : "Bref, ce type de mesure montre bien que la plupart des plus grands hits ont été mixés dans des lieux très imparfaits au niveau acoustique."
Je n'y vois pas de problème. Les gars sont arrivés à destination.

Je te laisse le soin de leur expliquer qu'ils n'ont pas fait comme il faut.
En vérité, d'un point de vue psychoacoustique, l'audition s'adapte très bien tant qu'on reste dans des valeurs standards.
Dans la vraie vie, tu ne calcules pas vraiment les différences d'acoustique si tu n'y prêtes pas d'attention (dans des valeurs "standards")
L'acoustique est un moyen, pas un but. Au même titre qu'un instrument de grande qualité n'est pas un pré-requis pour faire de la bonne musique.
Et c'est quoi une guitare de qualité ? Certains préfèrent une LP, une Strat' ou une Télé'...
Penser que tous les ingé son veulent la même pièce serait méconnaitre ce joli foutoir de l'audio pro.
On veut tous une salle "neutre et naturelle" comme tous les guitaristes voudront une pelle qui "sonne bien".
Je n'ai jamais vu personne dire : "Je veux une salle qui réponde aux recommandations de l'AES en 1977". Balek.
D'ailleurs, peux-tu me citer un studio qui fasse sa promotion sur le respect de ces recommandations. Tout le monde s'en fout.
Pour illustrer par l'exemple, recherche sur Google "anechoic room", tu verras que c'est comme même +/- la même chose.
Cherche maintenant "mastering room" et là, rien ne se ressemble. Ou alors, de loin, "dans l'esprit"...
Arrivent-ils au même résultat avec autant de différences ? Ou y'aurait-il, je sais pas... une notion de subjectivité ?
Évidemment qu'on navigue dans des ordres de grandeurs +/- équivalents, mais si tu me dis que tous les bons studios sonnent pareil, je te réponds que Fender & Gibson sonnent pareil (et je me fais bannir d'AF dans l'heure)
Et je te parle même pas du confort et de l'aspect esthétique, qui a aussi un rôle non-négligeable sur le résultat final...
Mais on m'a pris pour un obscurantiste pour une virgule mal placée, je ne m'y risquerai pas...
Pour répondre rapidement au reste:
- Je mixe pas au casque sauf parfois pour un "effet de loupe". Je donnais l'exemple de Nx ou Sienna pour mettre en valeur les différences de CR. J'utilise parfois Nx mais seulement dans un processus créatif (c'est une autre histoire).
- J'ai principalement en tête l'acoustique des CR dans ce développement car il y a malgré tout moins de disparité entre les CR que pour les cabines.
Je préfère ne pas imaginer qu'une seule personne ici puisse penser que les cabines répondent à un standard commun.
Y'a une toooooooonne de subjectivité dans l'acoustique d'un cabine, on est d'accord là-dessus, rassurez-moi...
- Je ne peux effectivement que te conseiller de faire appel à un acousticien si tu veux monter un projet sérieux
Citation :
Sunset sound, il y a un épisode très drôle de la chaine d'Andrew Huart où il installe des Genelec avec calibration DSP sur le bandeau de la console... Et là on se rend compte qu'il y a des trous et des bosses de l"ordre de 10 db dans la réponse en fréquence, sans même parler du RT
Je connaissais pas cette histoire, ça à l'air intéressant, j'irai regarder.
Pareil, tu vois la CR de la Motown, ça fait peur...
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[ Dernière édition du message le 19/12/2023 à 02:23:09 ]
Anonyme
27 Posté le 19/12/2023 à 03:34:30
Citation :
Avec un design anéchoïque bien réalisé, on a une pièce parfaitement neutre pour réaliser des mesures, mais qui est si peu naturelle qu'on ne peut pas y passer plus de quelques minutes sans se sentir mal. Un mix effectué dans une telle salle (pour peu que l'ingé son tienne le coup dedans a toutes les chances de mal translater, parce que l'ingé va par exemple sur-mixer les reverbs pour retrouver une ambiance de salle. Pour un musicien, qui n'aurait aucun retour dans ce type de contexte, c'est encore pire.
Citation :
Je mixe pas au casque sauf parfois pour un "effet de loupe". Je donnais l'exemple de Nx ou Sienna pour mettre en valeur les différences de CR. J'utilise parfois Nx mais seulement dans un processus créatif (c'est une autre histoire).
L’anéchoïque ou le casque, ne serraient pas en fin de compte l'ouverture vers la virtualisation de l'espace ?
Pourquoi est ce qu'il faudrait absolument mixer dans un endroit réverbérant réel et pas artificiel ?
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Anonyme
28 Posté le 19/12/2023 à 03:43:46
Citation :
Avec un design anéchoïque bien réalisé, on a une pièce parfaitement neutre pour réaliser des mesures, mais qui est si peu naturelle qu'on ne peut pas y passer plus de quelques minutes sans se sentir mal
Je suppose qu'on peut recréer artificiellement des conditions sonores qui permettent de ne pas se sentir mal.
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kYZmar
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Je poste, donc je suis
Membre depuis 21 ans
29 Posté le 22/12/2023 à 14:22:09
Pour ceux que ça intéresse…
J’ai cherché à démontrer l’aspect subjectif de l’application de l’acoustique :
- le résultat souhaité étant très variable d’une personne à l’autre, la notion de « norme » étant improbable.
- les moyens de mises en oeuvre étant très varié d’une personne à l’autre
Philip Newel, l’une des références absolues de l’acoustique, fustige la notion de standard dans son livre « Recording Studio Design » (un classique de la discipline).
Extraits choisis et traduits du chapitre 12.2 « The Standard Room » :
Tout ça pour dire qu’il y a autant de standards que de personnes souhaitant les mettre en oeuvre.
Chapitre 28 du même ouvrage (« Facteurs Humains ») qui sert de conclusion :
J’ai conscience de m’attaquer à un dogme, mais je n’en avais pas mesuré la puissance et l’étendue.
Aussi, je le répète pour être certain d’être clair :
OUI, l’acoustique est l’étude (avec une approche scientifique) des phénomènes physiques liés à la propagation du son.
Mais…
Il serait faux de penser que la science apporte une réponse claire, nette et précise de ces phénomènes.
Peut-être certains imaginent l’acousticien comme une personne en blouse blanche qui simule une salle dans son logiciel afin d’obtenir l’acoustique idéale.
Les algorithmes offrant alors une réponse précise.
Oui, la simulation est un bon point de départ, mais elle est très loin d’être infaillible.
Exemple : Pour un phénomène aussi « simple » que l’absorption d’une paroi, on trouve au moins 10 modèles différents.
Je vous ai superposé les résultats de 8 de ces modèles, à l’aide d’Acoustic Modelling (10 cm d'absorption + 1 cm d'air) :

Mettons de côté le modèle de Wu qui s’écarte plus que les autres de la moyenne.
Les autres modèles montrent un pic de résultat pour la fréquence la plus basse entre 600 et 800 Hz.
Vous m'excuserez, mais ça manque de précision si tu veux traiter une fréquence précise.
Le modèle d’Allard & Champloux est le plus couramment utilisé.
Mais là, encore, pas de vérité absolue. Andy Mac Door dit sur son site :
Komatsu / Allard & Champlard sont pourtant les 2 modèles les plus éloignés en terme de résultat de simulation.
Aussi, je vois souvent passer le diagramme de Bolt pour évaluer les bonnes proportions de la pièce.
Alors, désolé mais... C'est de la merde.
Prenons l'exemple d'une pièce ayant les proportions suivantes 1 / 1.5 / 2
Difficile de faire des proportions plus pourries... Pourtant, c'est en plein milieu du diagramme de Bolt.
C'est peut-être un peu long, mais je vous assure avoir essayer de simplifier au maximum.
J’ai cherché à démontrer l’aspect subjectif de l’application de l’acoustique :
- le résultat souhaité étant très variable d’une personne à l’autre, la notion de « norme » étant improbable.
- les moyens de mises en oeuvre étant très varié d’une personne à l’autre
Philip Newel, l’une des références absolues de l’acoustique, fustige la notion de standard dans son livre « Recording Studio Design » (un classique de la discipline).
Extraits choisis et traduits du chapitre 12.2 « The Standard Room » :
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite
Les ratios préférés ont conduit au concept de « salle d'écoute standard », dont le but était de permettre aux entreprises de radiodiffusion et aux fabricants d'équipements d'évaluer leur travail dans un ensemble de conditions de référence raisonnablement reproductibles.
Bien que les pièces ne soient pas identiques, l'intention était que l'équilibre de fréquence, les distorsions, la coloration tonale, l'imagerie stéréo et d'autres aspects du son reproduit puissent être évalués de manière significative.
De toute évidence, des comparaisons précises n'ont pas pu être réalisées dans les conditions très différentes des pièces normales.
(…)
Dans la pratique, les spécifications de la IEC pourraient entraîner des pièces qui sonnaient très différentes les unes des autres.
(…)
De toute évidence, de telles pièces « standard », bien qu'intuitivement attrayantes, ne répondent pas au problème de la réalisation de l'acoustique souhaitée pour la surveillance de la salle de contrôle.
Ils ont tendance à exister principalement pour les fabricants de haut-parleurs et les diffuseurs, pour la vérification de la conformité à diverses autres normes et spécifications. Ils n'ont jamais été destinés à être des salles pour l'évaluation détaillée de la musique enregistrée.
En fait, la spécification des salles « standard » internationales a souvent été plus faite de manière à satisfaire les compromis les plus acceptables entre les grandes organisations et à trouver le terrain d'entente qui devait être politiquement acceptable pour toutes les parties concernées.
L'objectif principal n'a pas été l'excellence acoustique.
Lorsque des conditions d'écoute musicalement critique sont requises, les pièces contiennent encore trop de caractéristiques de nature idiosyncrasique.
(…)
Il ne fait aucun doute que ces salles sont exploitables, mais elles sont optimales pour leurs besoins spécifiques plutôt que pour le mixage de musique.
Ils sont conçus pour écouter les produits finis, plus que pour leur fabrication.
Un point à noter est que presque toutes les spécifications standard de la salle sont le produit de comités, où chaque personne impliquée dans la rédaction a son propre point de vue personnel sur ce qui est accepté.
Plus important encore, ils ont également les intérêts de leurs employeurs à prendre en compte. Personne n'aide à la rédaction d'une « norme » est susceptible de permettre l'exclusion des installations de sa propre organisation.
Ces faits peuvent être des questions importantes qui influencent l'élaboration de nombreuses normes. Par conséquent, il ne faut pas supposer que les pièces construites selon les spécifications standard sont susceptibles d'atteindre les performances acoustiques les plus élevées.
Le fait même qu'ils soient construits selon une norme implique un compromis.
Bien que les pièces ne soient pas identiques, l'intention était que l'équilibre de fréquence, les distorsions, la coloration tonale, l'imagerie stéréo et d'autres aspects du son reproduit puissent être évalués de manière significative.
De toute évidence, des comparaisons précises n'ont pas pu être réalisées dans les conditions très différentes des pièces normales.
(…)
Dans la pratique, les spécifications de la IEC pourraient entraîner des pièces qui sonnaient très différentes les unes des autres.
(…)
De toute évidence, de telles pièces « standard », bien qu'intuitivement attrayantes, ne répondent pas au problème de la réalisation de l'acoustique souhaitée pour la surveillance de la salle de contrôle.
Ils ont tendance à exister principalement pour les fabricants de haut-parleurs et les diffuseurs, pour la vérification de la conformité à diverses autres normes et spécifications. Ils n'ont jamais été destinés à être des salles pour l'évaluation détaillée de la musique enregistrée.
En fait, la spécification des salles « standard » internationales a souvent été plus faite de manière à satisfaire les compromis les plus acceptables entre les grandes organisations et à trouver le terrain d'entente qui devait être politiquement acceptable pour toutes les parties concernées.
L'objectif principal n'a pas été l'excellence acoustique.
Lorsque des conditions d'écoute musicalement critique sont requises, les pièces contiennent encore trop de caractéristiques de nature idiosyncrasique.
(…)
Il ne fait aucun doute que ces salles sont exploitables, mais elles sont optimales pour leurs besoins spécifiques plutôt que pour le mixage de musique.
Ils sont conçus pour écouter les produits finis, plus que pour leur fabrication.
Un point à noter est que presque toutes les spécifications standard de la salle sont le produit de comités, où chaque personne impliquée dans la rédaction a son propre point de vue personnel sur ce qui est accepté.
Plus important encore, ils ont également les intérêts de leurs employeurs à prendre en compte. Personne n'aide à la rédaction d'une « norme » est susceptible de permettre l'exclusion des installations de sa propre organisation.
Ces faits peuvent être des questions importantes qui influencent l'élaboration de nombreuses normes. Par conséquent, il ne faut pas supposer que les pièces construites selon les spécifications standard sont susceptibles d'atteindre les performances acoustiques les plus élevées.
Le fait même qu'ils soient construits selon une norme implique un compromis.
Tout ça pour dire qu’il y a autant de standards que de personnes souhaitant les mettre en oeuvre.
Chapitre 28 du même ouvrage (« Facteurs Humains ») qui sert de conclusion :
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite
En fin de compte, un ingénieur d'enregistrement choisira de travailler sur n'importe quels haut-parleurs et dans toutes les conditions propices à l'obtention des résultats souhaités.
Cela peut sembler une déclaration étrange à faire après deux douzaines de chapitres sur certains des aspects les plus fins de la conception du moniteur de studio et de salle de contrôle, mais la familiarité, la culture, la pression des pairs, la formation, le succès ou l'échec des enregistrements précédents, ainsi que de nombreux autres facteurs, ont tous une incidence sur le choix personnel.
(…)
La situation est quelque peu similaire à celle d'un photographe ayant des objectifs différents parmi lesquels choisir, appelant à diverses vues panoramiques, des gros plans ou des objectifs à effets spéciaux, en fonction des exigences perçues d'une prise de vue spécifique.
(…)
Les gens perçoivent les choses de nombreuses façons différentes, et une grande partie des différences se résument à ce que chaque individu souhaite entendre d'un enregistrement, nous sommes donc très dans un domaine de choix subjectif, et pas seulement de normalisation objective.
(…)
Les chances d'obtenir une industrie pour former un consensus raisonnable sur des choses telles que le monitoring sont peut-être trop éloignées pour être espérées.
(…)
Un concepteur de studio d’enregistrement doit sérieusement prendre en compte tous les aspects de la subjectivité humaine.
(…)
Il ne fait guère de doute que la conception des salles d'enregistrement/d'exécution soit une forme d'art. Les salles dans lesquelles les musiciens jouent sont des instruments en eux-mêmes ; ou à tout le moins, ce sont des extensions des instruments joués.
(…)
Différentes personnes et personnalités répondent différemment à différents environnements.
(…)
Aucun studio n'est, en soi, bon.
Cela peut sembler une déclaration étrange à faire après deux douzaines de chapitres sur certains des aspects les plus fins de la conception du moniteur de studio et de salle de contrôle, mais la familiarité, la culture, la pression des pairs, la formation, le succès ou l'échec des enregistrements précédents, ainsi que de nombreux autres facteurs, ont tous une incidence sur le choix personnel.
(…)
La situation est quelque peu similaire à celle d'un photographe ayant des objectifs différents parmi lesquels choisir, appelant à diverses vues panoramiques, des gros plans ou des objectifs à effets spéciaux, en fonction des exigences perçues d'une prise de vue spécifique.
(…)
Les gens perçoivent les choses de nombreuses façons différentes, et une grande partie des différences se résument à ce que chaque individu souhaite entendre d'un enregistrement, nous sommes donc très dans un domaine de choix subjectif, et pas seulement de normalisation objective.
(…)
Les chances d'obtenir une industrie pour former un consensus raisonnable sur des choses telles que le monitoring sont peut-être trop éloignées pour être espérées.
(…)
Un concepteur de studio d’enregistrement doit sérieusement prendre en compte tous les aspects de la subjectivité humaine.
(…)
Il ne fait guère de doute que la conception des salles d'enregistrement/d'exécution soit une forme d'art. Les salles dans lesquelles les musiciens jouent sont des instruments en eux-mêmes ; ou à tout le moins, ce sont des extensions des instruments joués.
(…)
Différentes personnes et personnalités répondent différemment à différents environnements.
(…)
Aucun studio n'est, en soi, bon.
J’ai conscience de m’attaquer à un dogme, mais je n’en avais pas mesuré la puissance et l’étendue.
Aussi, je le répète pour être certain d’être clair :
OUI, l’acoustique est l’étude (avec une approche scientifique) des phénomènes physiques liés à la propagation du son.
Mais…
Il serait faux de penser que la science apporte une réponse claire, nette et précise de ces phénomènes.
Peut-être certains imaginent l’acousticien comme une personne en blouse blanche qui simule une salle dans son logiciel afin d’obtenir l’acoustique idéale.
Les algorithmes offrant alors une réponse précise.
Oui, la simulation est un bon point de départ, mais elle est très loin d’être infaillible.
Exemple : Pour un phénomène aussi « simple » que l’absorption d’une paroi, on trouve au moins 10 modèles différents.
Je vous ai superposé les résultats de 8 de ces modèles, à l’aide d’Acoustic Modelling (10 cm d'absorption + 1 cm d'air) :

Mettons de côté le modèle de Wu qui s’écarte plus que les autres de la moyenne.
Les autres modèles montrent un pic de résultat pour la fréquence la plus basse entre 600 et 800 Hz.
Vous m'excuserez, mais ça manque de précision si tu veux traiter une fréquence précise.
Le modèle d’Allard & Champloux est le plus couramment utilisé.
Mais là, encore, pas de vérité absolue. Andy Mac Door dit sur son site :
Citation :
De plus, je vous rappelle qu'à ce jour, il n'existe aucun mode de calculs qui ne comporte pas d'erreur.
C'est pourquoi, en ce qui concerne la conception d'un bass trap HelmHoltz avec un matériau absorbant, et après avoir comparé divers mode de calculs avec les résultats réels, je peux affirmer que le model de KOMATSU est le plus proche de la réalité.
MAIS UNIQUEMENT POUR CE TYPE DE SIMULATION !
Pour les autres, je recommande le model d'Allard et Champoux.
Komatsu / Allard & Champlard sont pourtant les 2 modèles les plus éloignés en terme de résultat de simulation.
Aussi, je vois souvent passer le diagramme de Bolt pour évaluer les bonnes proportions de la pièce.
Alors, désolé mais... C'est de la merde.
Prenons l'exemple d'une pièce ayant les proportions suivantes 1 / 1.5 / 2
Difficile de faire des proportions plus pourries... Pourtant, c'est en plein milieu du diagramme de Bolt.
C'est peut-être un peu long, mais je vous assure avoir essayer de simplifier au maximum.
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[ Dernière édition du message le 22/12/2023 à 14:26:21 ]
DocK'S
2474
AFicionado·a
Membre depuis 2 ans
30 Posté le 22/12/2023 à 14:50:55
Ayant participé à l'élaboration de certaines normes (dans un autre domaine que l'acoustique) je confirme ce qui est dit au dessus.
J'ai même vu des échanges de mails avec des noms d'oiseaux dans tous les sens entre "experts".
Chacun défend son point de vue et son interprétation d'un truc qui paraît pourtant hyper cadré, sans parler des potentielles formations facturées une blinde pour maintenir à jours les connaissances des gens du secteur.
Et puis il faut aussi rappeler que les normes sont payantes (et la plupart sont pas données) et qu'il y a tout un business qui va avec.
J'ai même vu des échanges de mails avec des noms d'oiseaux dans tous les sens entre "experts".
Chacun défend son point de vue et son interprétation d'un truc qui paraît pourtant hyper cadré, sans parler des potentielles formations facturées une blinde pour maintenir à jours les connaissances des gens du secteur.
Et puis il faut aussi rappeler que les normes sont payantes (et la plupart sont pas données) et qu'il y a tout un business qui va avec.
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[ Dernière édition du message le 22/12/2023 à 15:44:10 ]
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