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Une acoustique "neutre et naturelle", ça existe ? (acoustique et subjectivité)

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Sujet de la discussion Une acoustique "neutre et naturelle", ça existe ? (acoustique et subjectivité)
SPOILER : C’est fondamentalement impossible.

Une acoustique « neutre » ne présente aucune coloration amenée par la salle.
Mais dès lors qu’un son est renvoyé par une paroi : il s’en retrouve modifié, tant dans le domaine temporel, fréquentiel que dynamique.
Donc pour atteindre cet objectif de neutralité, pas le choix : absorption, absorption, absorption.
Le résultat est une chambre anéchoïde.
On retrouve ce type de conception pour la mesure acoustique (« en champ libre ») et les salles de torture.
Évidemment, personne ne veut mixer dans ces conditions car le sweet spot étant très étroit :
- chaque mouvement perturbe la perception sonore, amenant beaucoup de fatigue
- les autres personnes dans la salle n’entendront absolument pas le même son que vous
- le mixage se retranscrira moins facilement dans une pièce normale.

Une acoustique « naturelle » correspond à ce qu’on retrouve sans intervention humaine.
Pas d’intervention humaine = pas de traitement.
On arrive au résultat inverse : réflexion, réflexion, réflexion.
Ce qui amène à d’autre défauts : temps de réverbération trop long, premières réflexions non-maitrisées, fréquences de résonances dues aux modes propres de la salle,…

La notion d’acoustique « neutre ET naturelle » est donc fondamentalement impossible : c’est un oxymore. CQFD.
Mais chaque discipline ayant ses éléments de langage : en acoustique, on dira "neutre et naturel" pour parler d'une acoustique agréable.
Le travail en acoustique est de savoir où l’on place le curseur pour obtenir ce résultat, tout n’est qu’une histoire de nuances et de subjectivité.

L’acoustique est trop souvent considéré comme une « science », sans aucune notion de subjectivité.
C’est une hérésie.
Présentez la même salle avec le même cahier des charges à X acousticiens différents et vous obtiendrez… X résultats différents.
Comme en musique, on trouve dans ce domaine plusieurs « styles » : anéchoïde, non-environnemental, live-end dead-end, ambéchoïque,…
Comme en musique, on trouve un socle théorique (solfège) avec une mise en place personnelle de celui-ci.
Comme en musique, les outils (instruments) sont très variés avec une utilisation différente selon chacun.

Si vous considérez la musique comme un art, l’acoustique l’est tout autant.
Si vous considérez l’acoustique comme une science, la musique l’est tout autant.
2
Le sujet me semble intéressant mais j'ai un problème de "posture".
Tu ouvres ce qui devrait être un sujet de discussion mais tu fermes le débat dès la première ligne.
Pas la peine d'ouvrir une discussion si c'est pour parler tout seul. Fais plutôt un article....
Donc je passe mon tour.
3
Pourquoi pas alors commencer par "Je ne suis pas de ton avis car..." ?

Je donne mon point de vue, un forum sert notamment à confronter ceux de chacun.
4
Regarde, ta première ligne :
Citation :
SPOILER : C’est fondamentalement impossible.


Ça n'incite pas au débat, ni aux échanges. ;)

[ Dernière édition du message le 16/12/2023 à 14:18:32 ]

5
Il n'y avait pas qu'une ligne...

Si quelqu'un me dit qu'il est "fondamentalement impossible" que la Terre soit autre chose que plate (sinon on tomberait), je saurai malgré tout donner un point de vue différent.
6
Citation de kYZmar :

Si vous considérez la musique comme un art, l’acoustique l’est tout autant.
Si vous considérez l’acoustique comme une science, la musique l’est tout autant.


La musique ET l'acoustique sont des phénomènes physiques et reproductibles.
On peut les employer de manière artistique.

Une acoustique neutre (ou tendant vers neutre) aura une réponse la plus linéaire possible sur le spectre audible et une décroissance linéaire et homogène.
7
Tout à fait.
8
Donc on peut tendre vers une acoustique neutre (qui est bien différente de naturelle).

On ferme ?
9
Citation de KYZmar :
L’acoustique est trop souvent considéré comme une « science », sans aucune notion de subjectivité.
C’est une hérésie.
Présentez la même salle avec le même cahier des charges à X acousticiens différents et vous obtiendrez… X résultats différents.

Je demande à 10 fabricants de matériel audio de me faire un compresseur ou un équaliser, je tiens le pari que j'aurai 10 compresseurs ou équas différents, l'électronique n'en est pas moins une science pour autant.
J'ai répondu à de nombreux appels d'offres en tant que salarié d'un bureau d'études en ingénierie mécanique, nous et nos concurrents avions le même cahier des charges et pourtant aucun n'apportait la même réponse au même problème avec les mêmes contraintes. Alors quoi la mécanique n'est pas une science?
Mon premier avis est sur la notion de science et de subjectivité et j'ai l'impression que tu mélanges l'outil (la science et les connaissances associées) et la façon dont on s'en sert, qui elle, laisse une part de subjectivité???

Pour le sujet de fond, acoustique neutre ET naturelle, j'irais un peu dans ton sens, le ET est sans doute de trop et le terme "naturelle" ne m'inspire pas grand chose de concret.
Par contre, il me semble que sur le terme "neutre", on peut trouver une définition objective et mesurable qui fasse consensus.
Celle de Gulistan me va très bien.
10
Citation de DocK'S :
Je demande à 10 fabricants de matériel audio de me faire un compresseur ou un équaliser, je tiens le pari que j'aurai 10 compresseurs ou équas différents, l'électronique n'en est pas moins une science pour autant.
J'ai répondu à de nombreux appels d'offres en tant que salarié d'un bureau d'études en ingénierie mécanique, nous et nos concurrents avions le même cahier des charges et pourtant aucun n'apportait la même réponse au même problème avec les mêmes contraintes. Alors quoi la mécanique n'est pas une science?
Mon premier avis est sur la notion de science et de subjectivité et j'ai l'impression que tu mélanges l'outil (la science et les connaissances associées) et la façon dont on s'en sert, qui elle, laisse une part de subjectivité???

Je veux bien admettre que j'ai probablement manqué de précision dans l'expression de l'idée que je voulais transmettre.
Je voulais dire que la musique, l'acoustique (et la mécanique aussi du coup) reposent autant sur un socle théorique commun à chacun qu'une interprétation différente de ces connaissances.
Cela faisait écho à une autre conversation où l'on m'a dit qu'en acoustique, pour un problème donné et un résultat donné, il n'y avait pas 50 façons de faire.
Contrairement à la musique, où "on fait ce qu'on veux".
J'étais en désaccord avec ces 2 idées et donc ouvert ce thread pour les gens souhaitant en discuter.

Citation :
Par contre, il me semble que sur le terme "neutre", on peut trouver une définition objective et mesurable qui fasse consensus.
Celle de Gulistan me va très bien.

Je n'ai jamais dit qu'une acoustique neutre était une notion abstraite ou difficile à définir, c'est même ma 2ème phrase.
J'ai même évoqué sa concrétisation, à savoir la chambre anéchoïde, qui n'est en aucun cas un objectif dans la réalisation d'une étude acoustique pour une salle de musique.

On pourrait même être tatillon et dire qu'une "décroissance linéaire et homogène" ne rentre pas dans le cadre d'une "acoustique neutre" car qui dit décroissance implique qu'il y ait eu une réflexion de la salle.
Et donc une modification du son, autant temporelle que dynamique et fréquentielle.
La réflection de la salle peut être +/- linéaire, mais jamais plate pour autant. Même si c'était le cas, la phase se chargerait de colorer le son perçu.

x
Hors sujet :
Citation :
On ferme ?

Ah ben ça au moins, c'est expéditif... "J'ai donné mon avis, maintenant, tout le monde se tait."

[ Dernière édition du message le 16/12/2023 à 18:51:27 ]

11
Citation de DocK'S :

Je demande à 10 fabricants de matériel audio de me faire un compresseur ou un équaliser, je tiens le pari que j'aurai 10 compresseurs ou équas différents, l'électronique n'en est pas moins une science pour autant.


Si tu donnes un bon cahier des charges, il n'a que peu de marges de manœuvre, donc les résultats seront proches, car il n'y a pas 50.000 façon de faire les choses en respectant des contraintes données.

En acoustique, la physique s'applique aussi. Suivant les données et les demandes, il n'y a pas non plus pléthore de solutions, et les résultats tendront vers le même point.

Citation de kYZmar :

L’acoustique est trop souvent considéré comme une « science », sans aucune notion de subjectivité.
C’est une hérésie.


Qu'est-ce donc alors ?

Tu permets que je mette cette citation sur ma console ?
avec ta signature bien évidemment, ça te fera de la pub pour le public près de la régie.
12
Citation :
Si tu donnes un bon cahier des charges, il n'a que peu de marges de manœuvre, donc les résultats seront proches, car il n'y a pas 50.000 façon de faire les choses en respectant des contraintes données.

En acoustique, la physique s'applique aussi. Suivant les données et les demandes, il n'y a pas non plus pléthore de solutions, et les résultats tendront vers le même point.

Il n'y a donc qu'une seule et unique façon d'absorber et de diffuser ?
Il n'y a donc qu'un seul type de compresseur/equaliseur/... et un seul type de schéma, un seul choix de composants.
C'est donc pour ça qu'il n'y a qu'un type d'acoustique et un seul type de sonorité.

Citation :
Qu'est-ce donc alors ?

Tu permets que je mette cette citation sur ma console ?
avec ta signature bien évidemment, ça te fera de la pub pour le public près de la régie.

Pas de souci, et n'oublie pas le numéro de téléphone... Qu'ils sachent qui appeller quand ils voudront un technicien plus sérieux.
13
J'ai écrit : "les résultats seront proches" , "tendre vers le même point".

Maintenant, je pense que tu vas débattre seul.

[ Dernière édition du message le 17/12/2023 à 10:18:40 ]

14
Pour rappel, les calages de système et les mesures acoustiques en différents lieux sont faits avec des outils qui traitent des données physiques, scientifiques.
L'acoustique, quoi que tu en penses, est bien une science.
Ce serait une hérésie doublée d'une hypertrophie des chevilles de vouloir considérer l'acoustique comme un phénomène subjectif.
15
J'avoue que c'est ce qui m'interpelle le plus dans le postulat de départ, considérer que c'est une hérésie de prétendre que l'acoustique est une science.:?!:
Quand je lis des trucs comme Ça, si c'est pas de la science je ne vois pas bien ce que ça pourrait être d'autre.

[ Dernière édition du message le 17/12/2023 à 15:12:36 ]

16
Évidemment que l'acoustique est une science.

J'ai mal formulé ma phrase, la virgule et les guillemets pouvant effectivement donner un sens différent de celui que je voulais exprimer.
DocK's m'a fait remarquer, avec courtoisie, l'absurdité de la phrase. J'ai admis mon erreur et reformulé ma pensée.
Je peux le refaire car apparemment, le besoin s'en fait sentir.
Il est dommage de considérer l'acoustique uniquement sous son aspect théorique (scientifique) sans prendre en compte l'aspect subjectif de la discipline.
C'est d'ailleurs également formulé différemment dans ce même message : "Comme en musique, on trouve un socle théorique (solfège) avec une mise en place personnelle de celui-ci."
Mais c'était après la première ligne, mea culpa.

Citation :
Pour rappel, les calages de système et les mesures acoustiques en différents lieux sont faits avec des outils qui traitent des données physiques, scientifiques.

Le lancer de nain également. Est-ce une science pour autant ?

Citation :
Ce serait une hérésie doublée d'une hypertrophie des chevilles de vouloir considérer l'acoustique comme un phénomène subjectif.

Passons la sournoiserie, oui, il y a une notion de subjectivité dans l'application de l'acoustique.
Sauf à penser qu'il n'y a qu'une "façon de faire les choses en respectant des contraintes données." (je cite).
C'est plus simple à appréhender, je le concède, mais c'est faux.

J'ai montré quelques exemples de "styles" d'acoustique (anéchoïde, NE, LEDE, ambéchoìc,...) sans même évoquer leurs sous-catégories (RFZ, RRZ,...), ni les nombreuses outils et méthodes pour y arriver (Schroeder, QRD 2D ou 3D, Skyline,... rien que pour la diffusion) par souci de simplification.
Si "les résultats seront proches" pour "tendre vers le même point" (je cite)... Quel est ce point ?
Et surtout, es-tu en mesure de m'en donner un exemple ?

Enfin, si la musique est étudiée sous son aspect scientifique (musicologie), lui accordes-tu un aspect subjectif ?
17
Je pense que nous ne parlons pas de la même chose.
18
Tu me sembles surtout plus à l'aise pour mépriser ton interlocuteur, qu'à lui apporter la moindre illustration de tes propos.
19
Citation de KYZmar :
Il est dommage de considérer l'acoustique uniquement sous son aspect théorique (scientifique) sans prendre en compte l'aspect subjectif de la discipline.

Sur ce point je peux te rejoindre, ça fait un petit bout de temps que j'ai pas mis le nez dans "l'état de l'art" mais à l'époque où j'ai construit mon studio, j'ai pas mal planché sur le sujet et suivi pas mal de discussions (John Sayers, Ethan Winners et bien d'autres) et c'est vrai qu'il y a des "courants" qui peuvent différer, bien que la base théorique soit la même pour tout le monde.
A l'époque, beaucoup ne juraient que par le LEDE, au point même que certains affirmaient qu'il fallait absolument mettre des diffuseurs dans une CR sans même connaître la taille, les proportions de la pièce et la position du point d'écoute.

De ce que je vois depuis quelques mois, la tendance actuelle est plutôt d'encastrer les enceintes dans des paroies en verre (Miraval, Sterling et bien d'autres)et assez peu voir pas du tout de diffuseurs dans le reste de la pièce.
Mais pour autant, tout ça n'est peut-être pas si subjectif que ça.
La science n'est pas nécessairement figée et peut évoluer, au travers d'un truc assez essentiel notamment -> l'expérience.
Et il y a également l'approche pour mettre en œuvre les solutions, qui peut-être déterministe ou empirique.

Et puis fondamentalement, diffusion, absorbtion, diffraction....sont des variantes d'une même démarche, à savoir modifier l'énergie et la transmission des ondes sonores dans un objectif de résultats mesurables au sweet spot, et même si cette démarche, dans sa forme, peut-être perçue comme subjective, elle repose bien sur des connaissances théoriques mêlées de l'expérience et de l'approche de chacun.

[ Dernière édition du message le 17/12/2023 à 23:49:52 ]

20
Tu me ramènes à des souvenirs : mon premier studio commercial était LEDE...

C'est magnifique Miraval.
D'autres acousticiens auraient fait autrement avec les mêmes contraintes, sans que l'un ou l'autre soit nécessairement faux.
Et avec le même socle théorique, qui évolue moins vite en acoustique que les tendances et les besoins.

Je te rejoins évidemment sur tout.
J'ajouterai une nuance quand tu dis "un objectif de résultats mesurables au sweet spot", tu dois également prendre en compte le résultat au point d'écoute de tes clients, artistes et producteurs dans un contexte de studio commercial.
Ce qui ajoute encore beaucoup de complexité, car l'homogénéité de la diffusion prend alors une importance capitale.
Trop d'absorption devient rédhibitoire, p-e l'une des raisons pour lesquelles ça a été abandonné au début des '70.
Les diffuseurs, qui sont de superbes outils, prennent tout leur sens dans ce contexte. Mais c'est chiant à nettoyer lol.

[ Dernière édition du message le 18/12/2023 à 09:08:52 ]

21
Une acoustique neutre et naturelle, pour ce que j'en comprends, c'est effectivement :

- une acoustique qui permet un RT60 constant à toutes les fréquences
- avec un RT60 adapté à la taille de la pièce et à l'usage

On aura en effet pas besoin du même RT dans :

- Une grande salle de concert conçue pour de la musique acoustique devra avoir un RT 60 homogène mais avec des valeurs assez hautes de l'ordre de plusieurs secondes. (on peut avoir de la réverbération au sens noble dans un grand espace, pas dans un petit).
- Un petit studio de mastering pourra gagner à avoir un RT60 inférieur à 300 ms, mais idem, homogène à toutes les fréquences pour avoir un maximum de résolution.

Un autre phénomène à prendre en compte d'après ce que j'ai compris est celui lié à la perception d'un environnement par l'auditeur. En effet, si je met 1 mètres de laine de roche tout autour de moi, je vais certes arriver à une réponse quasi anéchoïque si j'emploie un matériau absorbant avec une résistivité adaptée , mais comme mes oreilles et mon cerveau ne percevront pas la pièce alors que mes yeux si, je ne pourrai pas travailler dans cet espace.(c'est en effet l'exemple un peu tarte à la crême aujourd'hui des pièces anéchoïques de mesure dans lesquelles il est très désagréable de rester).

L'idée donc, des designs les plus avancés pour les pièces d'écoute, qui doivent à la fois permettre des RT bas à toutes les fréquences se rapprochant d'une équipe en champ libre, et le confort de l'auditeur est de mettre suffisamment de surfaces reverberantes à des endroits stratégiques pour que le cerveau percoive un espace cohérent autour de lui tout en absorbant au maximum partout ailleurs.

Evidemment, tout ce travail déjà compliqué serait presque facile si on ne devait pas dealer avec :

- l'insonorisation du lieu (plus on insonorise, plus on emprisonne l'énergie dans le lieu et plus il faudra amortir, notamment dans le grave).
- les contraintes de place (parce qu'absorber les fréquences très graves :demande soit des épaisseurs de traitement gigantesques (supérieures à 1 mètre de matériaux très peu denses) soit des techniques faisant appel à des basstrap à résonnateurs accordés (Helmotz ou membrane) qui fonctionnent très bien mais doivent être calculés avec finesse car ils n'absorbent que des plages de fréquences limitées) voire des systèmes actifs comme chez PSI
- les contraintes de cout (qui souvent viennent s'ajouter aux contraintes de places, parce que la personne qui a seulement 10 M2 pour son studio manque souvent à la fois de place et d'argent.

Une fois croisé tout ça, il n'y a en réalité par grand chose d'artistique dans la démarche, dans le sens où une acoustique qui répond à un cahier des charges et réussie ou ratée, et que globalement, les résultats sont anticipables s'ils sont mis en oeuvre par des gens compétents. (Les acousticiens spécialisés dans le design de studio avec quelques années d'expérience qui ont déjà confirmé leur capacité à transférer leurs connaissances théoriques dans le monde réel avec succès).

Ceci étant dit, j'ai, en ce qui me concerne, suffisamment lu et appris sur l'acoustique pour savoir que c'est un sujet complexe qui est très difficile à aborder en amateur et sans les conseils de quelqu'un dont c'est le métier. (si on vise un résultat professionnel évidemment, car il existe des solutions pour faire du "passable" à moindre frais et moindre compétences comme c'est le cas dans la plupart des home studios et même des studios pros en dehors de quelques structures de référence bien connues).

[ Dernière édition du message le 18/12/2023 à 15:09:45 ]

22
Citation :
Une acoustique neutre et naturelle, pour ce que j'en comprends, c'est effectivement :
- une acoustique qui permet un RT60 constant à toutes les fréquences
- avec un RT60 adapté à la taille de la pièce et à l'usage

Si le RT60 est différent de 0, alors il y a eu réflexion de la salle, amenant obligatoirement une coloration du son tant du point de vue fréquentiel, dynamique et temporel.
J'apprécie que mes enceintes et micros soient mesurés dans un environnement neutre (champ libre), donc avec AUCUNE coloration de la salle (donc anéchoïque) sans quoi la mesure n'a pas de valeur.
En dehors de cette valeur RT60=0, on est dans le "plus ou moins neutre". C'est une notion vague, qui sera alors moins rigoureuse et donc subjective.
Si je balance un bruit blanc dans X salles "neutres et naturelles" avec un RT60 différent de 0, j'obtiendrai X mesures différentes (même enceinte, même micro, même distance).
Si je réitère la même expérience dans 10 pièces anéchoïques, j'obtiendrai le même résultat.

L'exemple que je donnerai sont les convolutions de réverbération des plus grands studios du monde (j'en p-e ai un peu trop dans mon DAW lol...) qui sonnent toutes différemment, tant en control room (Waves Nx, Acustica Sienna) qu'en cabine (Sound City, Sunset Sound, Fame, Hansa,...)
Les acousticiens de ces studios manquent-ils de sérieux ?

Citation :
Une grande salle de concert conçue pour de la musique acoustique devra avoir un RT 60 homogène

Homogène en fréquence ?
Dans la pratique, je ne connais pas de salle dont le waterfall soit homogène en fréquence.
Même en acceptant une certaine marge d'erreur (qui nous éloigne encore du neutre), on aura toujours une prédominance des fréquences graves, notamment en dessous de 100 Hz.

Vous m'avez mis le doute, à répéter la même chose, j'ai donc cherché (longtemps) mais n'ai rien trouvé qui allait dans votre sens.
J'apprécierai volontiers qu'on m'en donne un exemple.

Citation :
Une fois croisé tout ça, il n'y a en réalité par grand chose d'artistique dans la démarche, dans le sens où une acoustique qui répond à un cahier des charges et réussie ou ratée

Le croisement de mes arguments vont dans le sens qu'une salle "neutre et naturelle" n'existe pas si l'on accorde aux mots un sens précis.
Si l'on peut se permettre d'être évasif, pas de souci pour moi. L'acoustique de mes WC est plus neutre qu'une cathédrale.
Mais la frontière de cette neutralité est alors propre à chacun, donc subjective.

Prenons un cahier des charges précis, genre vraiment précis.
L'acousticien aura malgré tout une marge de manoeuvre sur les moyens à mettre en place pour arriver au résultat souhaité.
Les outils étant très variés, le résultat sera différent, sans être pour autant plus "réussie ou ratée" (si les gars connaissent leur boulot évidemment)
Si ton cahier des charges intègre les dimensions, le type d'acoustique, le niveau d'isolation, le RT60, le choix des types d'absorbeurs/diffuseurs, leur matériaux, leur proportion, leur emplacement,... alors il ne reste qu'un peu de calcul, qui peut être confié à un stagiaire de 1ère année (j'exagère p-e un peu lol).

[ Dernière édition du message le 18/12/2023 à 18:16:07 ]

23
Étant donné que je n’y connais pas grand chose en acoustique, je ne suis pas sur de faire avancer le débat. kYZmar, si tu veux dire qu’il y a différente façon de faire les choses pour arriver à des résultats très proches, voir identique, il me semble que c’est le cas pour, à peut près, n’importe quel artisan. On a une liberté de choix dans les outils, les méthodes employées pourvu que le résultat corresponde à la commande. Je ne pense pas, pour autant, que ça en fasse une démarche artistique.
24
Citation :
Étant donné que je n’y connais pas grand chose en acoustique, je ne suis pas sur de faire avancer le débat.

Tout avis est le bienvenu. :boire:

Citation :
si tu veux dire qu’il y a différente façon de faire les choses pour arriver à des résultats très proches, voir identique

Pas exactement.
L'idée est qu'il y a différentes façons de faire les choses pour arriver à un résultat différent, tout en respectant un même cahier des charges, même précis.
Et que des différents résultats ne veut pas dire pas que l'un soit meilleur que l'autre.

Je vais essayer de garder ton analogie, même si par essence, l'analogie est souvent très hasardeuse.
Malgré tout, je vais tenter :

Si tu veux un mur qui soit "noir et blanc", il ne sera ni noir, ni blanc.
Le blanc correspond à quelque chose de précis, le noir également.
On peut s'accorder sur ce qu'est un mur blanc (me parlez pas de mat/satiné/brillant, vous avez compris l'idée)
Mais si tu veux un mur blanc, alors ne met pas de noir.
On peut admettre qu'un mur "noir et blanc" ne sera pas blanc.

Il y aura 1000 façons d'obtenir ce mur noir et blanc : pinceau/bombe, 2D/3D, aplat/dégradé, ombrage,... (tu vois l'idée)
L'interprétation du noir et du blanc sera propre à chacun, d'où la subjectivité.
Quand on cherche un mur noir et blanc, le résultat ne "tend pas vers un même point", quelque soit le mur.
Un mur blanc (salle neutre pour l'analogie) tendra elle vers un même point, quelque soit le mur ou le pinceau.

Pour revenir au cahier des charges très précis, tu peux préciser que tu veux y voir ton chien sur un tapis volant, dans un décor apocalyptique. Tout ça dans un style cartoon avec de l'outline très épais, nanani nanana. Sois aussi précis que tu le souhaites.
Le résultat sera pourtant différent d'une personne à l'autre. Et toutes les versions peuvent être chouettes avec des personnes compétentes.

Si le niveau de précision du cahier des charges implique qu'il n'y ait qu'un seul résultat possible, prend un exécutant.

Tout architecte saura répondre au cahier des charges, en fonction des mêmes contraintes, en obéissant aux même lois physiques.
Chacun présentera pourtant un résultat différent selon sa sensibilité, la tendance du moment,...
L'artisan est sensé exécuter seulement, et rendre un résultat +/- semblable à son confrère, qu'importe les outils qu'il utilise.

PS : Je dis ça pour faire comprendre mon idée : il y a des artisans à qui on donne beaucoup de liberté et des architectes qui recopient de la maison phénix.
25
kYZmar, il me semble en effet qu'il faut préciser certains concepts.

Une pièce a une destination. On fonction de cette destination, on a va privilégier un type d'acoustique plutôt qu'un autre.

C'est sûr que si on est juste sur "Neutre et naturel", c'est bien, mais c'est un cahier des charges insuffisant. Par contre, en définissant le besoin précisément, on peut caractériser une cible de grandeurs physiques mesurables que l'acousticien pourra alors réaliser.

- Pour faire des mesures, une chambre anéchoïque fonctionne bien. Le RT est très bas (mais jamais égal à 0) et comme il n'y a quasi aucun son qui revient, la réponse fréquence est plate. (même si dans la vraie vie, la plupart des pièces anéchoïques ne le sont pas vraiment, surtout dans le grave). Avec un design anéchoïque bien réalisé, on a une pièce parfaitement neutre pour réaliser des mesures, mais qui est si peu naturelle qu'on ne peut pas y passer plus de quelques minutes sans se sentir mal. Un mix effectué dans une telle salle (pour peu que l'ingé son tienne le coup dedans a toutes les chances de mal translater, parce que l'ingé va par exemple sur-mixer les reverbs pour retrouver une ambiance de salle. Pour un musicien, qui n'aurait aucun retour dans ce type de contexte, c'est encore pire.

Si je demande à un acousticien compétent de réaliser une pièce anéchoique avec un budget illimité : j'aurai un rendu très proche du théorique, même si la mise en oeuvre sera différente. L'objectif de pouvoir mesurer du matériel son de façon parfaitement reproductible sera atteint.

- Une control room de mastering, c'est globalement les mêmes contraintes que toute salle d'écoute de musique amplifiée, où optimiser le volume sonore des instruments n'est pas un problème. Si le budget n'est pas un souci, l'objectif va souvent d'avoir un espace avec un RT60 proche ou inférieur à 300 ms, flat à +2 / -2 de 20 hz à 20 khz au point d'écoute. Évidemment, il y aura des différences entre 2 pièces avec ce niveau de tolérance (plus ou moins de confort hors sweet spot, un confort auditif plus ou moins bon suivant les zones d'écoute etc...) Sauf que globalement, si tu passe de cette contrôl room à une autre avec exactement les mêmes specs, tes mixs réalisés au sweet spot vont translater sans problème. En ce sens, le contrat sera parfaitement rempli : la pièce sonne naturel (donc tu es à l'aise pour bosser parce que ton oreille est dans un environnement qui ne la perturbe pas trop) et tu peux doser correctement les eq sans soucis parce que la pièce colore très peu le son au niveau fréquentiel, et comme le RT est assez bas et homogène, tu sais ce que tu fais dans le domaine temporel (gestion des transitoires et des reverbs notamment).

C'est aussi vrai pour une salle de concert acoustique, une salle de prise ou autre... C'est juste que ce type de lieux doivent composer avec un niveau de contraintes extraguant qui rend extrêmement difficile d'obtenir des objectifs acoustiques très élevés. Quand tu vois que déjà en studio, il faudrait idéalement mixer sur ipad... et c'est tout, et surtout pas sur une grosse console ou table tu comprends vite que quand il faut loger 800 personnes dans une salle de spectacle qui soit belle, grande, dans lequel l'architecte comme l'élu local puissent voir leur égo magnifié, qui ne soit pas trop chère, confortable, puisse accueillir des fauteuils roulants, répondre aux normes incendie etc... l'acoustique sera évidemment considérée, mais avec des arbitrages très forts entre priorités.

Pour parler d'un lieu que tu cite : Sunset sound, il y a un épisode très drôle de la chaine d'Andrew Huart où il installe des Genelec avec calibration DSP sur le bandeau de la console... Et là on se rend compte qu'il y a des trous et des bosses de l"ordre de 10 db dans la réponse en fréquence, sans même parler du RT... Bref, ce type de mesure montre bien que la plupart des plus grands hits ont été mixés dans des lieux très imparfaits au niveau acoustique. Par contre, c'est assez débile de reproduire les défauts d'une pièce d'écoute dans un casque... Le crossfeed et une petite dose de convolution de pièce full neutre pour retrouver une sensation plus naturelle que l'écoute au casque est probablement plus pertinent... mais moins efficace d'un point de vue marketing.

Bref, déjà des cabines de mastering qui se rapprochent un peu de l'ideal théorique recommandé par l'AES, il y en a peu, alors des studio de mix, encore moins, et pour le reste des salles, on sait qu'on travaille toujours avec du "moins pire". Sans compter, évidemment, qu'on peut souhaiter avoir une pièce colorée. Par exemple, pour capter une batterie, qui sonne rarement parfaitement en champ libre, certaines acoustiques pas du tout neutres peuvent faire des merveilles... Mais tout cela se caractérise et se conçoit si besoin. Du moins, encore une fois, c'est ce que j'en comprend de ma fenêtre d'amateur passionné par le sujet qui sait que s'il devait désigner un studio pro... il se ferait aider par quelqu'un dont c'est le métier parce que le sujet est TRES complexe.

[ Dernière édition du message le 18/12/2023 à 22:40:41 ]