Sujet ? Projet d'apéro AF Bordeaux ? [dpt33]

Citation : ca serait cool si Plastic machine jouait en 1ere partie

Citation : Bonjour à tous,
Revenons en à nos moutons. Non, je n’ai pas dit que B.R.A.A.H.S. et Bobbi sont deux ovidés.

Ils sont le fruit des Maximes de Recyclor et David, soit : « Enjoy experimental” et “L'action seule libère”. Car contrairement à ce qu’a dit Jean Luc Delarue lors des « Victoires de la Musique », Émilie et moi détestons les modes d’emploi. Ils ne sont faits que pour te confirmer que ce que tu veux vraiment faire n’est pas réalisable… “L'action seule libère” !
Ici l’action se traduit par la réalisation de ses propres instruments et de ses propres logiciels. Ne cherchez pas en vain quels sont les logiciels utilisés durant les concerts d’Émilie car ce logiciel est unique et s’appelle VoixEv0.98. Il s’agit comme l’avait deviné Mastaya, d’une application faite avec le logiciel Max/MSP/Jitter.

Il y a différentes façon d’écrire un logiciel :

Soit vous l’écrivez à l’aide d’un logiciel de programmation non-temps réel tel que « Code Warrior » par exemple. Vous y écrivez vos lignes de codes en C++ puis vous devez compiler le code afin qu’il devienne une application exécutable. Vous ne pouvez donc pas vous rendre compte durant votre programmation des résultats directs… votre logiciel de programmation n’est donc pas Temps Réel et n’est pas approprié à la maxime de Recyclor.

Soit vous utilisez un logiciel de programmation dit Temps réel. Ils y en a très peu et viennent tous du monde de la musique (Max/MSP/Jitter, PureData, SuperCollider, Csound). Ils ont l’avantage de créer des applications qui peuvent-être modifiées à tout moment et très rapidement (pour une personne maîtrisant ce type de programmation bien sûr). Dix minutes avant un concert, vous avez la possibilité de modifier le logiciel car celui-ci n’exige pas de compilation. Et c’est le type de logiciel qui ne ferait jamais atterrir Recyclor … durant votre programmation, vous modifiez un peu de code et vous écoutez directement le résultat : « Enjoy experimental ».

La logique appliquée au concert est une logique d’ « instruments étendus ». Il s’agit d’offrir à l’interprète la possibilité de s’exprimer non seulement par le biais de son instrument acoustique mais y compris par les traitements que son instrument est capable de supporter. L’instrumentiste à ainsi à apprendre une nouvelle façon de jouer et doit s’ouvrir à une nouvelle palette sonore. C’est ainsi Émilie qui choisit lorsqu’elle le désire sur quelle syllable elle applique tels ou tels traitements sans être dépendante de mon « bon vouloir ».

VoixEv0.98 est donc divisé en deux parties principales. La première est entièrement contrôlée par Émilie via B.R.A.A.H.S. et la seconde par moi-même via ce que je veux et ceci en fonction du moment durant le concert (Bobbi, CADRE, Gtare, etc) pour traiter l’instrument de mon choix.

Ouvrons une petite parenthèse sur les types d’effets employés.

La première difficulté était de s’approcher des effets de l’album dont la plupart ne sont pas encore réalisables en temps réel (peut-être avec un « CRAY 2 » mais je n’ai pas les moyens de faire ce test).
Par exemple certaines « synthèses croisées » sont simulées par des filtres en peigne ayant un mode aléatoire appliqué à leurs fréquences porteuses, ce qui permet à la voix d’Emilie de se transformer en eau.
Un autre traitement permet à Émilie de « geler » sa voix dans une sorte de reverb infinie.
Beaucoup d’effets ont pour base ce que l’on appelle la « Synthèse Granulaire » : Émilie enregistre son chant pendant le concert dans une mémoire tampon de l’ordinateur et peut le rappeler avec la hauteur et l’étirement temporel qu’elle veut.
Il y a tout plein de traitements différents et je ne peux les lister ici car la plupart s’écoutent et se décrivent difficilement. Il faut venir nous voir en concert car il est vrai qu’à la télé les subtilités disparaissent (quel que soit le programme d’ailleurs. J’achèterais une télé si ce n’était pas le cas !). Émilie a aussi le contrôle d’un delay synchronisé au morceau joué. Mais ce serait réducteur de ne rien entendre d’autre.


Plongeons donc dans le sujet : Émilie contrôle donc sa partie du logiciel via B.R.A.A.H.S. (Brissot Radio Acquisition for A cappella Hand Selector). Donc « B » parce que c’est moi qui l’ai fait. « R et A » pour Radio Acquisition parce qu’en effet, il transmet ses ordres en HF (sans fil). « A » pour A cappella car sa destination en tant qu’instrument étendu est d’étendre un des plus beaux instruments que je connaisse : la voix d’Émilie. « H et S » pour Hand Selector, décrivant son mode de contrôle. Il s’agit d’un contrôleur qui envoie des infos à VoixEv0.98. Les traitement ne se font pas dans B.R.A.A.H.S. mais dans VoixEv0.98.
B.R.A.A.H.S. est assez bien fourni :
3 faders permettant l’envoi de 3 contrôleurs
1 joystick sans retour d’effort permettant l’envoi de 2 contrôleurs
1 joystick avec retour d’effort permettant l’envoi de 4 contrôleurs
1 capteur de pression permettant l’envoi d’un contrôleur.

Ces six capteurs sont alimentés en 5volts puis échantillonnés non pas en 7bits (ce n’est pas du simple MIDI qui nous limitait à 128 valeurs 2puissance7) mais en 10bits nous permettant une course de 1024 valeurs (2puissance10) sur chaque contrôleur. C’est donc une sorte de SuperMIDI que l’on peut restreindre au MIDI si les besoins s’en font sentir (contrôle de synthés ou processeur d’effets). Une fois échantillonnées, les valeurs sont transmisent en HF à un boitier branché sur l’ordinateur ce qui permet de communiquer avec VoixEv0.98.


Bobbi à un rôle différent car actuellemnt il n’est pas l’extension directe d’un instrumentiste. Il permet l’envoi d’informations de traitements de certaines programations ou instruments. Il est manipulé soit par Émilie soit par moi et a un rôle qui diffère selon les concerts. Je vous donne un petit secret qui ne doit pas lui revenir : il est actuellement amoureux (non plus de Pamela) mais de « Poupé » que certains d’entre vous ont du apercevoir sur scène (j’essaierai de vous envoyer des photos compromettantes).

Si je vous dis ce que veut dire Bobbi, vous devinerez les modifications qu’il devait y avoir initialement (je dois absolument trouver du temps pour lui donner toute sa « lumière ») … Brissot Object Bright Bubble Illuminate.
Techniquement, il envoie des informations tout comme B.R.A.A.H.S. en « Super-MIDI » (10bits) mais n’est pas en HF. Il doit être branché physiquement à l’ordinateur.

Les 4 capteurs de distance de Bobbi sont d’une technologie proche de celle employée par Alesis pour leur AirFX et leur AirSynth ou des D-Beam mis sur les GrooveBox Roland. Il s’agit de couple émetteur/récepteur infra-rouge. Une onde infra-rouge est émise et lorsque vous disposez vos mains ou un objet en face vous renvoyez l’onde émise vers le récepteur. Le déphasage de l’onde permet de connaître la distance d’envoi de l’onde retour… donc la distance de la main. Ce type de contrôleurs envoie constamment des données à l’ordinateur. S’il n’y a rien pour contrer le faisceau alors le contrôleur envoie la valeur 0. Ce type de faisceau est sensible entre 80 cm et 10 cm (80 correspond ici à une valeur de 0 et 10 cm à une valeur de 1024).

Afin d’avoir un mode de jeux intelligent, à chaque contrôleur de distance est assigné un simple bouton permettant d’actionner une « porte ». Ceci permet de bloquer la valeur envoyée à l’ordinateur.
Afin d’être plus clair, prenons un cas concret.
Nommons les 4 contrôleurs A, B, C et D. À un moment précis, Bobbi doit contrôler un type de synthèse : A contrôle le volume de sortie/ B contrôle la note jouée / C contrôle le timbre du son émis / D contrôle un vibrato. L’unique moyen de contrôler les 4 paramètres est de le faire deux par deux, le musicien n’a que deux mains…
Alors maintenant imaginez, vous avez trouvé le timbre et le volume idéal pour votre prestation et si vous déplacez votre main le capteur ne sera plus coupé et enverra la valeur 0 à l’ordinateur...
Mais voilà, la valeur 0 ne correspond pas à votre timbre choisi et non plus à votre subtil dosage de volume… d’où la nécessité de bloquer les valeurs choisies avec les boutons « portes » afin de libérer vos mains effectuant un magnifique solo.

J’espère que cet exemple permet d’éclairer certaines des possibilités de Bobbi.
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Vous êtes vous basé sur des travaux anciens ?

Je ne me suis pas basé sur de tels travaux, comme expliqué plus haut. La programmation avec un logiciel du type Max/MSP/Jitter permet la réalisation d’applications spécifiques aux besoins. Certains traitements (sous-programmes) viennent tout de même d’inspirations anciennes.

Est ce que ce que vous faites se rapproche des exemples cités précédement par les membres actifs de ce Forum et si non en quoi est ce différent (il me semble avoir lu des trucs sur Björk, Jean-Michel Jarre et j'en oublie sûrement...) ?

Parmis ces exemples, certains sont flatteurs, d’autres le sont beaucoup moins. Mais aucun ne se rapproche de la réalité. C’est juste le fruit d’un besoin très français de tout catégoriser. Même les artistes.

Combien de temps cela vous a pris ?

Je ne travaille pas à plein temps avec Émilie ce qui fait que je n’ai aucune idée de la réponse à fournir. Je risquerai de me tromper du simple au double. Mais j’aimerais y passer plus de temps car Émilie n’est pas frileuse en projets.

L'avez vous fait pour d'autres artistes ?

Je l’ai fait pour de nombreux artistes d’univers complètement différents, notamment « institutionnels » (encore cette manie de catégorisation). « Poussière d’Étoile » l’Opéra Cosmique de la Cité des Sciences de la Villette en est un bon exemple. Il y a aussi les concerts « Proto-Type », qui sont en fait des concerts très particuliers qui n’ont lieu qu’une seule fois. Après avoir choisi certains instrumentistes, j’écris environ une heure de musique pour leurs instruments et durant un concert unique, je joue avec eux en traitant leurs jeux constamment. Le prochain concert Proto-Type aura lieu durant la « Nuit Blanche » parisienne en octobre, sur une superbe scène : La cour du Louvre et sa Pyramide. Il y aura peut-être une surprise pour les fans d’’Émilie.

Est ce que d'autres personnes que vous font le même genre de travail ?

Le travail effectué pour Émilie est très particulier car il demande des compétences très différentes. Dans le cadre de la musique contemporaine, il existe un métier très particulier qui se nomme (faute de mieux) « assistant musical ». L’assistant musical doit concevoir le logiciel qui sera utilisé pour la pièce musicale (il s’agit dans notre jargon d’un « Maxeur », une personne maîtrisant Max/MSP/Jitter). Par contre, si cette pièce exige la construction d’instruments spécifiques, alors la production fera appel à des luthiers et des électroniciens. J’ai la chance à l’Ircam de pouvoir bénéficier de leurs conseils et de leurs outils.

CB.

Citation : Enlève ta perruque, Meka, on t'a reconnu...