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La rencontre a eu lieu, dimanche matin. Il était près de 11h en forêt sur le territoire communal de Selaincourt jouxtant avec celui de Favières séparé à cet endroit par l’ancienne voie ferrée. C’est Michel Moginot qui témoigne, 45 ans de permis de chasse et correspondant de notre journal à Houdemont à Ludres. Pas du genre à confondre un loup avec un berger allemand. « Depuis plus d’une heure, les traqueurs et leurs chiens arpentaient un secteur assez pentu. Les sangliers et chevreuils semblaient avoir déserté la parcelle pourtant habituellement giboyeuse. La traque remontait en direction des fusils postés. J’étais sur la gauche, assis sur mon trépied », explique Michel Moginot.

« J’ai vu les chiens refuser de partir le chasser, comme si d’instinct ils avaient compris »
Souvent, dans ce genre de chasse au bois, le gibier se dérobe et prend de l’avance sur les traqueurs. « Là, j’entends dans mon casque amplificateur de sons, un frôlement. Quelque chose vient dans ma direction, c’est là, devant, à peine quelques mètres, caché par un arbre tombé lors de la tempête de 99, caché par un amas de bois mort ». Alors que Michel Moginot épaule et place l’animal dans sa lunette, il éprouve un choc : « Un loup ! Aucun doute, un regard perçant, une masse musculaire importante, plus trapu qu’un chien et une fourrure particulière. Nos regards se sont croisés. Une seconde qui a duré une éternité. J’étais stupéfait ».

Trois minutes à peine après la scène, les camarades de chasse, parmi lesquels Fabrice, coureur des bois, sortent sur la ligne et rassemblent leurs chiens. Michel leur dit de les rattacher. « Fabrice m’a dit : « tu es tout pâle. Lorsqu’on croise le regard du loup on est marqué à jamais. Jamais je ne l’oublierais ». Au-delà de l’odeur du loup « forte, âcre, j’ai vu les chiens refuser de partir le chasser, comme si d’instinct ils avaient compris », explique Michel Moginot, qui se souviendra longtemps de la forêt de Selaincourt.