Loin de se contenter de gérer son avance sur la concurrence, Native revient avec une troisième version de Traktor plus complète que jamais. De quoi séduire les derniers réfractaires au mix numérique ?
De par sa place de favori aux côtés de Final scratch, et son utilisation par les DJ stars tels que Dj Hell (Gigolo), Chris Lebing, Funk D’Void (Soma rec.), P-toïle ou Elen Alien, Traktor DJ est depuis plusieurs versions LE soft de référence du mix DJ.
La version 2.6, performante et stable, avait fortement conquis les novices et professionnels. Et voilà que, 6 mois plus tard, une version 3 sort du chapeau de Native Instrument. Or, si la plupart des personnes pensent que nous finirons par faire le tour de ce type de logiciels, cette nouvelle mouture démontre au contraire que nous n’en sommes qu’aux prémisses…
Installation
Dès l’ouverture de la boite, on s’aperçoit de petits changements par rapport à la version 2. Désormais le numéro d’identification n’est plus collé sur le carton conditionnant le CD mais sur un Flyer décrivant les avantages de l’enregistrement online (en vous rappelant que c’est obligatoire !). C’est une bonne chose car avec la version 2, j’avais personnellement passé 2 jours à retourner le CD et le manuel dans tous les sens…Ensuite, le gadget du DJ à part entière : les stickers. Une jolie planche d’autocollants arborant les divers logos de Traktor est en effet fournie, histoire de décorer son laptop durant l’installation. Une intention qui s’avère très sympa même si elle n’a rien d’essentiel…
Précisons que la configuration minimum requise consiste en un Pentium III / Athlon XP cadencé à 1Ghz et embarquant 512 MB de RAM, ou encore un Mac G4 1Ghz sous OS X 10.3.9, intégrant 512 MB de RAM. Pour une utilisation optimale, sachez toutefois qu’1 Go de RAM ne sera pas du luxe, sans oublier une carte son multi-sorties. Pour ce test, la config utilisée consiste d’ailleurs en un ATHLON 1800 pourvu d’1 Go de Ram, d’une carte son EMU 0404, le tout tournant avec Windows XP.
L’installation ne prend que quelques minutes, nécessite un redémarrage du poste…ok nickel ! Mais trop simple. Avec Native Instrument l’enregistrement des soft se fait en ligne. Une bonne chose, me direz-vous, sauf que si vous n’avez pas un très bon débit sur votre ligne Internet vous pouvez attendre longtemps et passer un certain nombre de page de « fin de session » avant d’achever l’enregistrement et de recevoir votre code d’autorisation par mail…
Cela n’empêche pas d’utiliser le soft (durant 30 jours) mais au moins d’économiser un timbre. Au final, on préférera l’option « enregistrer depuis un autre poste » qui permet de lancer un fichier HTML depuis un ordinateur plus équipé « web » que celui du home-studio. Enfin bon, ce passage sur le site de Native permettra de télécharger la ou les mise à jours disponibles (car il n’y a pas d’auto-update intégré au soft). Dans notre cas, la version 3.0.1 d’un poids de 11 Mo était disponible.
Configuration
La configuration du soft s’effectue via l’onglet « preferences » situé dans le coin supérieur droit de l’interface. On retrouve dans l’ordre :
- L’audio (carte son / routing input-output / liaison avec Final Scratch).
- Le paramétrage des platines, où la partie sécurité est fortement appréciable pour, par exemple, empêcher le chargement d’un fichier audio sur une platine si cette dernière est en court de lecture. La chose est Pratique et évite quelques désagréments ou huées du dancefloor.
- Le paramétrage du navigateur : localisation de dossiers d’enregistrement / Playlist / Itune / Beatport (nouveauté que nous aborderons plus loin). A noter aussi une partie permettant la configuration d’un flux braodcasting via l’encodeur Icecast. Jumelé avec Peercast (www.peercast.net), il vous permettra de monter votre propre webradio…
- Configuration des raccourcis clavier et paramétrage MIDI.
- Apparence (mais c’est déjà très beau d’origine, voyons !).
- Synchronisation externe.
Traktor pour tous !
Comment intégrer Traktor dans son salon, dans son home-studio ou pour une prestation Live?Il y a plusieurs façon d’utiliser le logiciel de Native Instruments : soit directement mixer sur son ordinateur (portable ou non), soit le diriger via un mixeur externe, soit utiliser Final Scratch 2 ou un contrôleur MIDI…. Autant dire que la polyvalence est une des forces du soft.
1. Utilisation de base comme lecteur Mp3
Brancher directement votre casque sur votre ordinateur. Si ce dernier possède plusieurs sorties audio, configurez les sorties Monitor de Traktor vers les sorties 1/2 et les sorties Master vers les autres (3/4). La pré-écoute est alors activée sur votre casque, tandis que le son du master sort sur vos enceintes principales. De quoi faire danser un wagon de seconde classe SNCF…
2. Configuration DJ / Club
Pour des prestations live (concert ou club), vous avez besoin d’un ordinateur (portable ou non), d’une carte son multi-sorties (exemple Presonus Firebox) et, si possible, d’une table de mixage compatible MIDI (comme l’Ecler Nuo4, par exemple).
Avec cette configuration, vous contrôlez : les 4 lecteurs sur des pistes Ligne séparées (après un passage par le panneau « preferences »), les faders, cross fader, EQ et la pré-écoute par l’intermédiaire de la table de mixage. Le restant des fonctionnalités (sélection des morceaux, Cue, effets etc.) étant directement effectué dans le logiciel.
Bien entendu, vous pouvez n’utiliser que 2 lecteurs et réserver les autres pistes à vos chaleureuses et tendres platines vinyle ou CD.
3. Configuration avec des platines vinyle et Final Scratch 2
Très pratiques en club, la chose nécessite tourfois une pré-installation de l’interface Final Scratch dans la régie (pas possible de se pointer 5 minutes avant son set !)
Cette configuration nécessite un ordinateur (portable ou non), Final Scratch 2 (Interface et vinyle time codé), une table de mixage DJ, et surtout des platines vinyles ou CD.
La solution comblera les nostalgiques des platines qui pourront contrôler les fichiers numériques avec leur doigté personnel et non par l’intermédiaire de la souris.
4. Configuration avec un contrôleur MIDI avec des touches de raccourci
C’est là l’un des aspects particulièrement réussis de Traktor. Via un contrôleur MIDI (clavier ou surface de contrôle diverse), vous dirigez le start-stop, les boucles, le Cue, les volumes, filtres et EQ. Mais le fin du fin consiste à utiliser la console Allen & Heath Xone:3D intégrant audio, pistes et touches de contrôle : une solution simple à mettre en œuvre et hyper complète mais relativement coûteuse…
Supermarketor ?
A n’en pas douter, l’intégration d’un disquaire en ligne dans le soft même est un indéniable plus par rapport aux logiciels concurrents, d’autant qu’on dispose d’un moteur de recherche, d’une pré-écoute et de la possibilité d’acheter en ligne et donc de télécharger les tous derniers hits…Notez toutefois qu’on est encore loin du téléchargement en plein set (problématique du débit) ou de la gestion distante de son bac à disques…
Quant aux tarifs, ils vont de 1,49 $ pour un single à 7,98 $ pour 3 titres d’un grand label et même 19,90 $ pour un album. Autant dire que tout cela est plutôt cher en vis-à-vis des prix pratiqués par iTunes et consors. Pour 20 €, on aura mieux fait d’acheter le CD et de le numériser.
Par contre, il est intéressant de fouiner dans les tréfonds de la base de données car on y retrouve des petits labels comme Diaspora, ou encore le catalogue complet d’écuries comme Crosstown Rebels, Bedrock, B-pitch, dont certains EP écoulés ne seront jamais réédités. Du coup, le téléchargement devient l’unique moyen de posséder ces tubes…
Tous les styles sont disponibles, du Hip-hop au Lounge, en passant par la House ou la Techno. Cerise sur le gâteau, une section Dj Tools propose nombre d’a capella et de bootlegs : essentiel ! De fait, on regrettera juste qu’avec l’achat du soft, il n’y ait pas un crédit offert sur Beatport ou des réductions, et qu’on doive se contenter des 20 morceaux de démo livrés (bien produits, mais techno uniquement). Qu’importe, il est l’heure de partir à la découverte des nouvelles fonctionnalités de la partie mixage…
Puissance 4
Première évolution et non des moindres, la possibilité d’utiliser 4 platines offre une dimension supplémentaire au DJing : outre le mixe de 2 morceaux, les platines supplémentaires permettre l’ajout de nappes, de boucles, d’a capella ou même d’autres morceaux (attention à ne pas trop charger tout de même), le tout étant, bien sûr, parfaitement synchronisé…Parfait pour créer des bootleg ou des remix en tous genres !
Côté traitements, 5 effets synchronisés au tempo sont disponibles : Delay, Réverb, Flanger, Beatmasher et LFO, lesquels pourront être assignés sur chacune des pistes ou sur le master. Il est même possible d’apposer ses effets sur les entrées de la carte son.
Si je ne m’étendrais pas sur les classiques Delay, Flanger et Réverb, notons que le Beatmasher s’avère extrêmement efficace pour martyriser les boucles, en combinant une sorte de Gate et de Delay : difficile à maîtriser dans un premier temps, il fera à coup sûr crier le dancefloor!
Notons que l’effet Reverse (qui n’en est pas un !) a disparu dans cette version 3. C’est bien dommage car on n’aura plus désormais la possibilité d’écouter Mireille Mathieu en « verlan ». Au chapitre des regrets, précisons enfin que le logiciel n’accepte toujours pas, hélas, les plug-ins VST ou Direct-X, qui lui auraient pourtant ouvert bien des horizons en terme de créativité…
Pour se rattraper, l’éditeur allemand nous propose une émulation de la célèbre console Allen&Heath Xone:92, très bien intégrée au soft. Chaque piste est ainsi assignable au cross fader dont la sensibilité est paramétrable, cependant que la pré-écoute des EQ et des effets est aussi disponible.
Les effets intégrés à cette console, puisqu’on en parle, sont plus que convaincants sur cette version soft. Il est même possible de changer la série d’EQ de la Xone :92 par ceux de l’Ecler Nuo4…Quoi ? Pas d’EQ Freevox, Gemini, Numark, Rodec, Rane ou BST en catalogue ? Non, rien d’aussi exhaustif mais de toutes façons, les EQ logiciels sont loin d’être aussi convaincants que leurs homologue hardware : voyons donc plus cette fonctionnalité comme un sympathique bonus que comme un pan essentiel de cette mise à jour.
Nice to see…
En terme d’ergonomie, Traktor a fait de notables progrès avec, notamment, un affichage des formes d’ondes revu et corrigé, lequel permet à l’utilisateur de retrouver la vision d’ensemble disponible sur un vinyle. On adresse en général deux reproches à ce type de représentation : soit d’être trop précise (par manque de visibilité, on rate alors le break où l’on doit lancer l’autre track), soit d’être au contraire trop imprécise (on ne visualise pas les subtilités du morceau comme un passage en ternaire, une coupure de pied, etc.). Or, Native semble avoir trouver ici le bon compromis, grâce à quelques astuces ergonomiques : la roulette de la souris sert ainsi à zoomer/dézommer sur la vue de précision (en jaune), une fonction extrêmement utile pour les recherches de passage précis dans le morceau, ou encore la dépose de points Cue (points de repère).
Du côté de l’interface proprement dite, la gestion par pages permet d’accroître la visibilité des diverses fonctions lors de leur utilisation. Pour laisser place à l’essentiel, on affiche ou non les effets, le mixeur (pratique lorsqu’on utilise un mixeur externe), etc. De plus, le menu d’aide, évoquant grandement celui d’Ableton Live, permet une prise en main on ne peut plus facile… Dommage tout de même que seul le manuel soit en français dans la version française et que le soft n’ait pas été localisé ! Il est possible de mémoriser 10 types d’interface au total et de les activer/désactiver via les touches du clavier. Petit plus de cette interface : la barre indiquant les actions actives en tâche de fond (en bas à droite).
Easy to Use
L’usage du logiciel est quant à lui un jeu d’enfant : vous déposez les fichiers audio sur la ou les platines de votre choix en effectuant un simple drag & drop. Précisons qu’il est possible d’avoir le même morceau tournant sur les platines A et B, ce qui ravira les DJ Hip-Hop désireux d’effectuer des « passe-passes » ou des « mises en contre ». Un vrai plus en faveur du soft quand on songe que pour faire la même chose sur des platines vinyle, il faut avoir acheté les disques en double ! Votre porte-monnaie ne s’en portera que mieux…
Le bouton « Sync » permet un calage extrêmement efficace, un peut trop même, et on passera le temps gagné à déposer des points de repère pour raccourcir et/ou dynamiser le morceau. Ces derniers peuvent être au nombre maximum de 10 et sont gardés en mémoire, ce qui s’avère extrêmement intéressant pour bricoler ses maquettes. Soulignons aussi que la grille des BPM est paramétrable (les repères de crêtes), du double à la moitié et, cerise sur le gâteau, la configuration effectuée pour un morceau sera conservée par la suite.
Par un simple clic, vous pouvez aussi définir une boucle dans le morceau (10 maximum là aussi), de 1/8 de temps à 32 temps. Ces dernières sont bien entendu sauvegardées et il convient de noter que ces fonctionnalités s’utilisent aussi avec Final Scratch 2 : de quoi donner une nouvelle dimension aux vinyles time codé.
Finissons en précisant que cette version 3 permet désormais de recharger un set complet, de l’éditer et de le remixer. On peut même réintégrer des sons via les autres platines. Les « 2 many Dj’s » n’ont qu’à bien se tenir : la réalisation de la mixe-tape parfaite n’est pas très loin ! Rien que pour cela, le logiciel vaut son pesant de cacahuètes.
Conclusion
Les améliorations apportées à Traktor 3 ne sont pas virtuelles, elles ont une vraie valeur ajoutée, aussi bien pour le DJ que son Dancefloor. La polyvalence du produit permet une application quasi-obligatoire dans les clubs, studio et home-studio, et sa cohabitation parfaite avec Final Scratch est à son (grand) avantage.
L’intégration du partenaire Beatport aurait certes pu être moins business (échantillon gratuit, abonnement, réduction, whichlist…) mais nous n’en sommes qu’au début d’une idée prometteuse et qui, à elle seule, propose une démarcation certaine face à la concurrence.
De même, l’émulation des table de Mixage Allen&Health et Ecler est sympathique sur le fond (les effets sont excellents), mais moins probante aux niveaux des EQ.
Reste qu’en terme de rapport qualité/fonctionnalité/prix, le bébé de Native se pose là. En effet, les 299 € réclamés par Native Instruments équivalent soit à une platine vinyle à entraînement direct (mais pas de grande marque…), soit à 30 vinyles, soit à une table de mixage 2 voies milieu de gamme.
Or, en investissant dans Traktor 3, vous avez tout cela, sans compter l’évolution du produit possible avec les contrôleurs, etc. De fait, si nos veilles Mk2 ne sont pas mortes pour autant, elles devront désormais compter avec ce comparse taillé pour le club !