Tous les avis sur Finegear The Dust Collector

J'ai pris le DustCollector (multiFX analogique) pour remplacer mon DP-4 (multiFX numérique) qui est une usine à gaz en terme de paramétrage de préset même si les sons obtenus restes énormes. Du coté du Dust Collector, c'est tout l'inverse, un potard = une fonction et peu d'option, c'est ce qui fait selon moi le charme de ce genre de machine : on joue avec le son et avec les contraintes pour sortir des sentiers battus sans se perdre dans les meandres des sous menu du genre numérique.

Le Delay est très typé oldSkool avec des échos très amortis vers le grave en fonction des répétitions, il auto oscille très facilement, l’entrée CV pour le temps de retard est un énorme + pour le contrôler via un LFO.
La réverbe à ressort est bien vintage aussi . Rien que pour le Combo Delay+Reverb, on est déjà bien au dessus des rééditions numériques du type RE 201.
Mais il faut aussi ajouter un Phaser d'une grande qualité, bien moelleux et 2 "TAPES" Saturator avec 5 options de Drive-Compression (du très subtil au subtil, on est pas sur une disto!)
Et pour finir 2 LFO pour contrôler l'ensemble des entrées CV dont dispose la machine. C'est vraiment top les CV quand on le combine avec des synthés semi modulaire genre Erebus.
Pour le prix cette machine est juste incroyable et porte magnifiquement son nom!
Seuls "défauts" pas de Stéréo et pas de Midi.

Bon, j'étais tombé sur la news annonçant le prototype, puis celle du projet en précommande. Dès le début un bloc d'effets dont le cheminement du signal est au bon vouloir de l'usager -avec des commande CV et des propositions analogiques- m'a séduit. Dans l'idée il est question de cinq effets en un, avec la possibilité de modifier certains composants facilement (pour les curieux)... J'ai rongé mon frein de longs mois après la clôture de la campagne jusqu'à la réception de mon modèle pré-commandé, et clairement c'est un instrument dont je suis ravi.

À la base je suis guitariste, avec mon approche aux effets via des pédales dédiées et une curiosité pour les propositions originales, analogiques comme digitales. J'aime être surpris, triturer et me surprendre avec l'instrument ou l'interface que j'ai sous les doigts. Ma curiosité pour le Dust Collector venait aussi de ma récente initiation à la synthèse quelques années auparavant, en grande partie analogique et au monde du modulaire -suite logique et/ou subie des pédales, vous avez 5 heures.
Petite précision, je n'ai jamais été un fervent défenseur de l'analogique (la Danelectro Wasabi Delay est une bêtise numérique que j'adore) mais j'aime pouvoir interagir sans menu et la physicalité d'un instrument. Et si votre approche est similaire, vous allez être servis.

De prime abord, la proposition d'effets et le format fait penser à l'Hypnosis de Dreadbox. Je ne l'ai jamais eut entre les doigts, mais j'ai encore la joie de pouvoir jouer avec quelques synthétiseurs, modules et effets de la marque grecque, et leurs propositions sont excellentes.
J'imagine donc que l'Hypnosis est un excellent produit, cependant j'ai préféré me pencher sur le Dust Collector pour plusieurs raisons, que je vais vous exposer ici car elles me paraissent importantes si vous vous dirigez vers ce genre de multi-effets en hardware boutique à ressorts :
- le chemin du signal n'est pas modifiable sur l'Hypnosis, et réduit donc les possibilités à mon sens.
- le délai est numérique (là où la puce du Dust Collector est hybride, un modèle pour karaoké où l'horloge est controlée numériquement, mais le traitement du signal est analogique, avec les textures qui vont de pair avec cette technologie). La fonction freeze est cependant séduisante sur l'Hypnosis!
- la modulation chorus/flanger faisait doublon avec une pédale que j'ai (la Komorebi des grecques de Dreadbox, ahah!) et c'est un effet atteignable avec le Dust Collector en usant du délai et d'un LFO (spoiler, désolé). La présence d'un phaser m'a paru plus séduisant, donc.
- la stéréo ne m'intéresse pas, et en boucle d'effet dans une Tascam Portastudio utilisé en table de mixage, la stéréo n'est pas si importante... Je peux cependant comprendre que pour certains producteurs la stéréo est un pré-requis.
- l'idée de presets n'est pas dans ma manière d'aborder la musique, j'aime laisser les réglages là où ils sont et pouvoir repartir de cela. Mais dans certains contextes live, je peux concevoir le plus que cela peut représenter... Je préfère transitionner d'un réglage à un autre en jouant des potards en live, et le Dust Collector est une claire invitation à cela... Et les LFO invitent à la bidouille, tout en pouvant finalement servir individuellement de « preset ».
- le look de l'Hypnosis est too much pour moi -malgré mon amour pour Dreadbox- la Retromania 80's me fane un brin... Et lisez Simon Reynolds bordel.

Bon, assez parlé d'un produit concurrent, et retour à la collection de poussières!

L'instrument est imposant, ce qui n'est pas étonnant vu ce qu'il renferme. La construction est robuste, propre et jolie. C'est simple et austère, industriel, fonctionnel, j'aime. La seule chose qui pourrait pécher seraient les fiches mini-jack dans le sens où il est préférable dé-patcher ses réglages avant de transporter le Dust Collector. Un câble ferait vite de se casser dans sa fiche, je parle d'expérience avec un autre produit semi modulaire... J'ai eut un temps une house Intelijell qui correspondait, mais je pense passer à une valise dédiée pour son transport.
L'emballage est... boutique! Dans le sens où il n'y a pas de boite à proprement parler, le colis et la mousse entourant le Dust Collector constituent la boite! Tant pis pour les collectionneurs de hardware! Il y a des affiches, stickers en plus de l'objet et de son alimentation (avec plusieurs embouts, si vous souhaitez tourner partout partout).
Le mode d'emploi fourni est riche, et trouvable en ligne. Les possibilités de modifications y sont sommairement expliquées, mais c'est déjà noble de leur part. Ce produit ne s'adresse pas à des néophytes de par sa nature, cependant les explications -en anglais- sont suffisantes pour se lancer. Seul point négatif, pas de câbles de patch jack ou mini-jack de fourni, le constructeur part du principe que l'on est équipé et familier du milieu -ce qui n'est pas faux, vu le loustic.

En contexte je l'ai utilisé directement avec un instrument branché dedans puis amplifié, mais le plus souvent dans un boucle d'effet de table de mixage -souvent un Tascam Portastudio II en configuration non-enregistrement.
Il est important de préciser que selon le cheminement du signal que l'on utilise, le rendu est très différent. Comme dans un pedalboard, ou avec des plugins en cascade... Donc à ce titre, si cela « sonne » mal ce n'est pas tant la faute du Dust Collector que de la personne qui l'utilise -comme pour nombre d'instruments finalement.
Au delà de cela, voici le détail des effets proposés, ainsi que les effets possibles. Enfin je vous partagerai mon « cheminement » préféré.

- les simulations de têtes de lectures sont deux compresseurs/drives similaires, et à ce titre, en les patchant en parallèle il est possible d'obtenir un effet stéréo. Six clippings sont disponibles, avec des niveaux progressifs de compression/saturation. Personnellement je ne les trouve pas diablement extrême -le fait de venir du monde la guitare électrifiée n'aide pas, je pense. C'est propre, chaud et cela « pimp » le signal en entrée, comme en fin de chaine. À noter que les OPAmp -les puces- utilisés sont changeable facilement pour d'autres colorations. C'est une piste que je pense personnellement envisager pour salir plus le son, même si avec la proposition d'origine il est possible de pousser un peu le signal entrant, notamment celui de machines. Par contre l'overdrive est léger avec une guitare ou basse avec des micros passifs simples bobinages.

- la réverbération à ressorts : un classique ici proposé de façon brute. La profondeur se règle avec le mix, la coloration et les fréquences misent en avant avec le tone. Restent le taux de signal entrant et celui sortant, et là on peut jouer... Ces deux paramètres sont contrôlables en CV, et donc en assignant un LFO à l'un ou l'autre, on obtient un trémolo en entrée ou sorti de réverbération. À elle seule cette section du Dust Collector peut émuler un combo Fender... Là est la force du Dust Collector, un effet en cache un autre... À noter que l'on peut changer de « spring tank », mais la taille est conditionnée à des petits formats en interne, mais en ouvrant la bête en en rallongeant les RCA de branchement, il est possible de jouer avec différentes tailles de blocs de ressorts, et pourquoi pas avec les modèles d'AnaSound. Il va sans dire que les ressorts accessibles donnent de nombreuses possibilités interactives, à expérimenter de façon individuelle.

- l'écho/délai est analogique avec un suivi de l'horloge digital. C'est une puce des 80's facilement trouvable dans des engins pour karaoké, ou encore dans la STREGA de Make Noise. La chose auto-oscille facilement, sans parler du bouton pour activer ce seuil directement. Les réglages sont simples, avec un accès CV à l'horloge du délai. C'est avec ce paramètre, en le modulant avec un LFO et le taux de répétitions que l'on peut atteindre le territoire du chorus/flanger. Ces effets de délai modulé à une vitesse très rapide ne sont pas si compliqués, et le Dust Collector avec son réglage de mix et de feedback offre le terrain de jeu pour cela et plus encore... D'où mon point par rapport à l'Hypnosis, ici l'effet chrosu/flanger est atteignable avec le délai, mais monopolise cet effet tout en offrant finalement plus de contrôles et des possibilités accrues.

- le module de phase, ce n'était pas la partie la plus bandante pour moi... Cependant les possibilités m'ont convaincu, malgré le peu de contrôles apparents. En utilisant la profondeur et la fréquence-rate- interne au module, c'est un phaser classique, inspiré de la MuTron. Là où les choses deviennent intéressantes, c'est en ajoutant un LFO en CV contrôlant la fréquence, et mieux deux LFO en cascade l'un dans l'autre. Des patterns rythmiques sont aussi possibles de cette façon, ou avec un séquenceur CV externe -au hasard le SQ1 de Korg ? La phase peut-être discrète ou abyssale, et c'est un réel bonheur à entendre. Le contrôle par source lumineuse est anecdotique selon moi, surtout en studio... Mais en live pourquoi pas.

Ce qui est la force de cet instrument – car oui cela en est un!- c'est sa modularité, autant dans le cheminement du son que des possibilités en CV. Les deux LFO le rendent autonome, l'ajout d'autre sources CV augmente fortement les possibilités. À titre d'exemple, j'utilise une Kinematic de Dreadbox en guise d'envellop-folower pour envoyer l'intensité de mon jeu de guitare contrôler le rate d'un LFO qui contrôle ensuite un paramètre d'effet. Ce genre d’interactions sont déclinables sur tout les entrées CV et pas besoin d'un système modulaire pour exploiter le Dust Collector contrairement aux apparences. En solitaire cela reste une belle machine à musique dub/industriel, selon ce qu'on lui injecte. Avec une fuzz, j'en fais un set-up mobile polyvalent pour ma guitare. Sa simplicité est sa force et j'ai vraiment hâte de voir ce que Finegear prépare pour la suite de cette collection d'effets !

Mon usage principal du Dust Collector est dans environnement d'improvisation/live-recording en auxiliaire d'effet d'un Tascam Portastudio. Le signal passe d'abord dans l'écho, puis la réverbération/trémolo, puis le phaser et ensuite les deux drives en cascade. C'est très personnel, mais j'aime salir les textures et avoir l'écho en début de chaine. Je traite guitare, machines et K7 avec, c'est vraiment chouette. On en vient vite à avoir une mémoire musculaire des paramètres, la chose n'étant pas si complexe une fois domptée. Les deux LFO sont précieux, et je complète les modulations CV avec des pédales de chez Dreadbox... J'ai créer mon petit écosystème organique de bruit avec le Dust Collector, et clairement pour le prix c'est une belle proposition, inspirante et radicale.
J'ai récemment inclus dans la seconde boucle d'effet de mon Tascam un écho à bande T-Rex Replicator, et les deux instruments se complètent parfaitement. Cela me permet d'utiliser le Dust Collector et son écho entant que modulation chorus/flanger/pitch-shiffting et d'avoir deux paysages sonores en parallèle.

Pour conclure, j'ai hâte de mettre les doigts sur les prochaines créations de Finegear. J'ai conscience d'être clairement le client pour ce genre de propositions... J'aime vraiment cette idée de restriction/composition et démerdez-vous, c'est trop rare. Le tout analogique permet quelque chose de spontané, sans menu, et le créneau est assez libre selon moi.
Après presque deux ans d'usage -j'ai eut le mien de la première fournée de précommande- aucun soucis à déplorer. L'amour est toujours là, et lorsque je ne sais pas quoi faire je branche directement un instrument dedans et je bidouille... Le résultat est toujours inspirant, aucune raison de faire le ménage de mon Dust Collector.