Dans l’épisode de cette semaine, nous allons nous pencher sur le cas d’une utilisation de la compression un peu particulière dont vous avez déjà certainement entendu parler, ne serait-ce que dans notre série d’articles consacrée au mastering. Il s’agit bien sûr de la compression parallèle, que l’on rencontre parfois sous le nom de "NY compression" ou compression new-yorkaise. Cette astuce est extrêmement prisée par les ingénieurs du son, notamment pour les prises de batterie, mais pas uniquement, comme nous allons le voir…
Principe
Le concept au cœur de cette technique est, somme toute, relativement simple. Plutôt que de placer un compresseur en insert de la piste à traiter, vous allez envoyer le signal vers un bus auxiliaire sur lequel vous aurez glissé un compresseur réglé au-delà de la cruauté. De fait, il est d’usage de paramétrer le compresseur comme suit : ratio aussi élevé qu’à l’envi, attaque ultra rapide pour annihiler jusqu’au moindre souvenir d’une quelconque transitoire, relâchement tout aussi véloce afin de provoquer l’effet de pompage, knee le plus abrupt qui soit et seuil au ras des pâquerettes. Avec de tels réglages, le son obtenu sera forcément hideux, ça pompe, ça sature à tous les étages, bref, cela semble inutilisable, et pourtant… Si vous abaissez complètement le fader de ce bus auxiliaire, puis que vous le remontez petit à petit afin de mélanger progressivement ce son ultra compressé avec le son original, un joli sourire devrait apparaître sur votre visage ! En effet, vous pouvez désormais doser finement — ou non — l’assise de l’instrument ainsi traité tout en lui conférant un volume de cheval sans pour autant détériorer ses crêtes, ce qui est garant d’une belle vivacité. De plus, si le compresseur que vous avez utilisé est une version virtuelle sérieuse d’un modèle analogique vintage, vous devriez également obtenir une jolie couleur « old school ».
Pour quoi faire ?
Comme je vous le disais en introduction, la compression parallèle est très souvent utilisée sur les bus de batterie. La raison est bien sûr évidente, cela permet de gonfler le son sans détruire pour autant la sensation dynamique naturelle. Mais limiter cette astuce à ce seul usage serait vraiment dommage ! Appliquée sur une voix, une telle compression peut aider les syllabes les plus faibles à passer au-dessus du mix, ce qui rendra les paroles beaucoup plus intelligibles. Sur une basse, cela permet de gagner en sustain sans sacrifier le groove du bassiste. Sur des guitares « Hi Gain », cela renforcera la sensation de puissance. Bref, virtuellement cela peut servir sur n’importe quel type d’instrument. Attention cependant, comme d’habitude, n’en faites pas trop. Utiliser la compression parallèle pour chacune de vos pistes ne donnera forcément rien de bon.
Deux remarques avant de finir. La première, c’est qu’il existe des compresseurs disposant directement d’un potentiomètre de mixage entre le signal source (dry) et le signal traité (wet). Bien que cela soit plus pratique à utiliser, puisqu’il suffit alors de glisser le compresseur directement en insert de la piste à traiter et de jouer avec ce potard sans avoir à se soucier d’un quelconque bus auxiliaire supplémentaire, je préfère tout de même utiliser la façon de faire décrite ci-dessus. En effet, l’emploi d’un bus auxiliaire offre beaucoup plus de possibilités de raffinement puisqu’on peut alors égaliser avec un autre plug-in le signal ultra compressé, ou bien encore, l’envoyer vers une réverbération indépendamment du signal source, etc. Sans parler du fait que la plupart des gens ont une fâcheuse tendance à surdoser le mixage dry/wet lorsque cela se fait directement dans le compresseur.
D’autre part, je tiens tout de même à vous signaler que malheureusement certains plug-ins et/ou DAW ne permettent pas d’appliquer la technique du bus auxiliaire correctement à cause d’un problème de compensation de latence qui engendre de gros soucis de phase. Si vous constatez lors du mélange entre le bus auxiliaire et la piste source une sorte de « flou » dans le son, c’est probablement dû à un problème tel que celui-ci. Dans ce cas, rabattez-vous alors vers un plug-in disposant directement du réglage dry/wet.