En situation de mastering, l’égalisation est un outil de choix dont la puissance n’a d’égal que sa dangerosité… Le maître mot est ici plus que jamais subtilité !
À quoi ça sert ?
Au stade du mastering, l’égalisation sert à donner une couleur et un équilibre tonal. Cela concerne bien évidemment le titre sur lequel vous êtes en train de travailler. Cependant, il faut garder à l’esprit une vision d’ensemble afin que chaque morceau trouve naturellement sa place au sein de votre album et que le passage d’une musique à une autre ne choque pas l’auditeur. Le titre que vous masterisez fait partie d’un tout et l’égalisation va être le principal artisan de cette cohésion sonore.
Une question de choix
Avant de commencer, deux choses sont à prendre en compte : quel type d’EQ utiliser et où le placer dans la chaîne de traitement ? En ce qui concerne le premier point, nous distinguerons deux familles d’EQ, les « transparents » et les « colorés », qu’ils soient hardwares ou softwares. Votre choix se portera sur l’un ou sur l’autre suivant la tâche à accomplir.
En règle générale, un égaliseur transparent sera de mise pour creuser certaines fréquences alors qu’un EQ plus typé servira plutôt à booster de-ci de-là. Pour ce qui est du placement avant ou après les traitements de la dynamique : même constat, cela dépend du but à atteindre. Il est préférable de mettre un égaliseur avant un compresseur lorsque vous coupez des fréquences et après lorsque vous en augmentez certaines. Ceci n’est cependant pas une règle immuable et d’ailleurs vous vous retrouverez bien souvent à utiliser deux égaliseurs, pré et post-compresseur. Notez cependant que le fait de booster une partie du spectre avant compression fera que le compresseur travaillera plus sur ces mêmes fréquences, ce qui peut être contreproductif.
Méthode
Nous ne détaillerons pas ici les principes de fonctionnement d’un égaliseur. Pour cela, nous vous renvoyons à un précédent article. Nous nous concentrerons plutôt sur les bons réflexes à avoir qui vous permettront de mettre en valeur votre musique de façon naturelle.
Le meilleur moyen de ne pas détériorer un mix à grand coup d’EQ est de privilégier dans un premier temps une approche soustractive, à savoir qu’il vaut mieux commencer par creuser certaines fréquences avant d’en augmenter. Ainsi, face à un titre manquant « d’air », il vaudra mieux dégraisser en premier lieu le bas-médium plutôt que de booster comme un âne le haut du spectre. Une fois le ménage fait, si le résultat n’est toujours pas à la hauteur de vos attentes, il sera toujours possible de gentiment relever certaines fréquences.
Afin que l’égalisation soit la plus musicale et naturelle possible, il convient d’utiliser une largeur de bande étroite (facteur Q élevé) lorsque l’on retire quelques dB et inversement, une largeur de bande importante (facteur Q petit) lorsque l’on en ajoute. À propos du gain, + ou – 3 dB sur une bande de fréquence en situation de mastering, c’est déjà énorme ! Si vous ressentez le besoin de dépasser cette valeur, c’est qu’il y a sûrement un souci avec le mix ; autant retourner régler le problème à la source.
Notez au passage que plus la largeur de bande est grande, moins il y a besoin de gain. À moins que vous ne travailliez sur un titre unique, gardez toujours à l’esprit le reste de l’album. La vision globale que vous vous faites de celui-ci et la place qu’y tiendra le titre en cours de masterisation doivent vous servir de guide quant à la couleur sonore vers laquelle tendre.
Enfin, lors du mastering, il est utile de considérer l’égalisation comme vous pourriez le faire pour une réverbération que vous souhaiteriez la plus naturelle possible. En gros, il faut que votre EQ ne s’entende pas mais qu’elle vous manque dès que vous l’enlevez. Cette façon de voir les choses est un excellent moyen de vous prémunir contre tout usage abusif de votre égaliseur.
La prochaine fois, nous aborderons quelques situations concrètes d’utilisation d’un égaliseur dans le cadre du Home Mastering.