Voir les autres avis sur ce produit :
SoFar-SoGood
« Un bel objet design pour votre étagère »
Publié le 07/05/24 à 19:20
Rapport qualité/prix :
Mauvais
Cible :
Les débutants
Vaste sujet que les sorties hardware aujourd'hui quand il ne se passe pas une semaine sans qu'un nouvel outil de création musicale voit le jour !
Sujet d'autant plus sensible que lorsqu'on porte un regard attentif et objectif - pour ne pas dire scientifique - sur les avancées techniques et technologiques dans la production d'outils dédiés à la musique depuis plus de 50 ans, la seule chose qui ai véritablement changé en ce qui concerne le hardware se résume essentiellement à la taille des composants réduite au minimum, la capacité de stockage qui ne cesse d'augmenter tout comme la vitesse et la capacité de traitement des appareils.
C'est donc l'ensemble de ces facteurs réunis qui aujourd'hui permet d'obtenir à "moindre coût" des outils de création musicale toujours plus puissants et réduits dans leurs dimensions.
Pour le reste, c'est le marketing et les influenceurs qui font le travail.
Étant un grand fan de samplers, machines et instruments en tout genre, possesseur d'un PO KO! 33 depuis de nombreuses années et également amateur de design (dans le sens anglophone du terme, cad autant dans la conception, l'ergonomie que l'aspect esthétique) de manière générale, c'est avec curiosité que je me suis tourné vers l'EP-133 de Teenage Engineering et ce malgré un lancement en demi-teinte suite aux nombreux problèmes rencontrés par les utilisateurs avec le fader.
Pour autant, il est important de commencer par là.
Teenage Engineering c'est une petite société qui bien qu'elle s'efforce de proposer des objets hybrides entre instruments de musique, esthétique de bornes d’arcade 80’s et objets design minimalistes n'en demeure pas moins - et comme son nom l'indique - une petite équipe d'ingénieurs.
C'est déjà là que le bât blesse car passée la dimension esthétique que je trouve toujours particulièrement réussie et qui ne manque jamais de toucher son public, le EP-133 n'est pas le 1er produit de l'enseigne à souffrir de sérieux défauts de construction et ce sur des appareils souvent vendus au prix fort (le chassis de l'OP-Z qui se tord, les touches de l'OP-1 qui se bloquent…).
Nous avons donc à faire à une petite entreprise d'ingénieurs et designers qui semble sacrifier la qualité de fabrication de ses appareils au profit de la communication, du marketing et de l'aspect esthétique de ces derniers en plus de souffrir de surcroit d'un service SAV largement critiqué.
Il ne faut pas perdre de vue qu'aujourd'hui la fabrication des composants nécessaires à la production de ces appareils est peu coûteuse et que ce n'est clairement pas ce que l'on paye lorsque l'on en fait l'acquisition.
Tout ça pour en venir à la question : Que propose réellement l'EP-133 et pourquoi acheter un EP-133 en 2024 ?
Vendu pour la somme de 339€, l'EP-133 c'est un sampler et séquenceur 4 pistes au format "compacte" doté d'un micro et d'un haut-parleur intégré et qui propose jusqu'à 12 voix de polyphonie en mono et 6 en stéréo avec une mémoire totale de 64Mo et un maximum de 20 secondes de sampling.
Bien que l'on puisse saluer les possibilités qu'offre son séquenceur concernant la polyrythmie, chaque piste ("groupe" selon la nomenclature Teenage Engineering) pouvant comporter un nombre de pas différents, il s'agit bien là de la seule chose qui soit un véritable "plus" pour peu que l'on souhaite en faire l'usage. Usage qui plus est limité dans la mesure où si l'on souhaite faire de la polyrythmie sur différents sons de batterie (kick, hi-hat, snare et cymbale), on se retrouve déjà avec les 4 pistes/groupes utilisés.
L'appareil ne propose qu'un effet applicable pour chaque groupe et ne propose pas de bouclage ni de reverse des samples.
Pas de fonction re-sampling non plus qui aurait pu palier aux limites de l'application d'effets et de traitements sur les sons/samples.
On peut ajouter à ça une navigation laborieuse pour trouver ses samples qui apparaissent en 1er lieu sous forme de numéros (le nom apparait partiellement et défile au bout de quelques secondes sur l'écran) à travers une liste interminable heureusement découpée en sous-groupes accessibles via la touche "shift".
Il y a bien les effets Punch-In qui ont fait le succès de la marque et notamment de la série des Pocket Operators. Ça peut être rigolo, voir fun, en particulier dans une configuration live, mais il n'est malheureusement pas possible de les enregistrer ni de les séquencer.
Enfin, niveau connectique "moderne", on retrouve un port USB qui permet seulement de sortir un mix audio stéréo dans votre DAW et de transférer des données MIDI, ce qui est évidemment mieux que rien mais qui n’apporte rien de plus que la sortie ligne analogique et les I/O MIDI en mini-jack trs.
Bref, nous sommes en 2024 et à l'heure où l'application Koala Sampler (20€ avec toutes options sur iOS et Android) propose au moins le double de fonctionnalités en plus d’une ergonomie redoutable compte tenu du support, que pour 100€ de plus on peut se tourner vers un Roland SP404 MKII au combien plus complet et polyvalent voir même encore une MPC1000 sur le marché de l'occasion, comment justifier de vendre 339€ un appareil comme le EP-133 ?
On parle bien ici de vendre plus de 300€ un outil de création musicale qui fait beaucoup moins bien que ce que ses prédécesseurs proposaient déjà il y a plus de 20 ans avec une qualité de fabrication moindre, une capacité de stockage digne des disquettes des 1er samplers, le tout sous un format dit "compacte" qui couvre tout de même la surface d'une feuille A4 une fois posé sur un bureau.
On peut toujours se rabattre sur l'argument marketing du "less is more" mais si l'on propose moins, ce qui effectivement peut stimuler davantage la créativité, pourquoi alors vendre les produits plus chères ?
Parceque c'est bien de cela qu'il s'agit, faire payer plus cher les bénéfices du moins, cad, l'absence de fonctions et de possibilités et jouer sur l'esthétique et la nostalgie des amateurs de musique.
On aurait pu au moins espérer un argumentaire marketing dans l'air du temps à base d'utilisation de plastique recyclé dans la fabrication ce qui aurait été un moindre mal…
Bref, à recommander pour qui veut améliorer sa déco et disposer un bel objet design et son packaging (fort réussi soit dit en passant) sur son étagère ou dépenser de l'argent dont il ne sait pas quoi faire.
Pour les autres, les musiciens, producteurs, beat makers, passez votre chemin et faites plutôt de la musique.
Sujet d'autant plus sensible que lorsqu'on porte un regard attentif et objectif - pour ne pas dire scientifique - sur les avancées techniques et technologiques dans la production d'outils dédiés à la musique depuis plus de 50 ans, la seule chose qui ai véritablement changé en ce qui concerne le hardware se résume essentiellement à la taille des composants réduite au minimum, la capacité de stockage qui ne cesse d'augmenter tout comme la vitesse et la capacité de traitement des appareils.
C'est donc l'ensemble de ces facteurs réunis qui aujourd'hui permet d'obtenir à "moindre coût" des outils de création musicale toujours plus puissants et réduits dans leurs dimensions.
Pour le reste, c'est le marketing et les influenceurs qui font le travail.
Étant un grand fan de samplers, machines et instruments en tout genre, possesseur d'un PO KO! 33 depuis de nombreuses années et également amateur de design (dans le sens anglophone du terme, cad autant dans la conception, l'ergonomie que l'aspect esthétique) de manière générale, c'est avec curiosité que je me suis tourné vers l'EP-133 de Teenage Engineering et ce malgré un lancement en demi-teinte suite aux nombreux problèmes rencontrés par les utilisateurs avec le fader.
Pour autant, il est important de commencer par là.
Teenage Engineering c'est une petite société qui bien qu'elle s'efforce de proposer des objets hybrides entre instruments de musique, esthétique de bornes d’arcade 80’s et objets design minimalistes n'en demeure pas moins - et comme son nom l'indique - une petite équipe d'ingénieurs.
C'est déjà là que le bât blesse car passée la dimension esthétique que je trouve toujours particulièrement réussie et qui ne manque jamais de toucher son public, le EP-133 n'est pas le 1er produit de l'enseigne à souffrir de sérieux défauts de construction et ce sur des appareils souvent vendus au prix fort (le chassis de l'OP-Z qui se tord, les touches de l'OP-1 qui se bloquent…).
Nous avons donc à faire à une petite entreprise d'ingénieurs et designers qui semble sacrifier la qualité de fabrication de ses appareils au profit de la communication, du marketing et de l'aspect esthétique de ces derniers en plus de souffrir de surcroit d'un service SAV largement critiqué.
Il ne faut pas perdre de vue qu'aujourd'hui la fabrication des composants nécessaires à la production de ces appareils est peu coûteuse et que ce n'est clairement pas ce que l'on paye lorsque l'on en fait l'acquisition.
Tout ça pour en venir à la question : Que propose réellement l'EP-133 et pourquoi acheter un EP-133 en 2024 ?
Vendu pour la somme de 339€, l'EP-133 c'est un sampler et séquenceur 4 pistes au format "compacte" doté d'un micro et d'un haut-parleur intégré et qui propose jusqu'à 12 voix de polyphonie en mono et 6 en stéréo avec une mémoire totale de 64Mo et un maximum de 20 secondes de sampling.
Bien que l'on puisse saluer les possibilités qu'offre son séquenceur concernant la polyrythmie, chaque piste ("groupe" selon la nomenclature Teenage Engineering) pouvant comporter un nombre de pas différents, il s'agit bien là de la seule chose qui soit un véritable "plus" pour peu que l'on souhaite en faire l'usage. Usage qui plus est limité dans la mesure où si l'on souhaite faire de la polyrythmie sur différents sons de batterie (kick, hi-hat, snare et cymbale), on se retrouve déjà avec les 4 pistes/groupes utilisés.
L'appareil ne propose qu'un effet applicable pour chaque groupe et ne propose pas de bouclage ni de reverse des samples.
Pas de fonction re-sampling non plus qui aurait pu palier aux limites de l'application d'effets et de traitements sur les sons/samples.
On peut ajouter à ça une navigation laborieuse pour trouver ses samples qui apparaissent en 1er lieu sous forme de numéros (le nom apparait partiellement et défile au bout de quelques secondes sur l'écran) à travers une liste interminable heureusement découpée en sous-groupes accessibles via la touche "shift".
Il y a bien les effets Punch-In qui ont fait le succès de la marque et notamment de la série des Pocket Operators. Ça peut être rigolo, voir fun, en particulier dans une configuration live, mais il n'est malheureusement pas possible de les enregistrer ni de les séquencer.
Enfin, niveau connectique "moderne", on retrouve un port USB qui permet seulement de sortir un mix audio stéréo dans votre DAW et de transférer des données MIDI, ce qui est évidemment mieux que rien mais qui n’apporte rien de plus que la sortie ligne analogique et les I/O MIDI en mini-jack trs.
Bref, nous sommes en 2024 et à l'heure où l'application Koala Sampler (20€ avec toutes options sur iOS et Android) propose au moins le double de fonctionnalités en plus d’une ergonomie redoutable compte tenu du support, que pour 100€ de plus on peut se tourner vers un Roland SP404 MKII au combien plus complet et polyvalent voir même encore une MPC1000 sur le marché de l'occasion, comment justifier de vendre 339€ un appareil comme le EP-133 ?
On parle bien ici de vendre plus de 300€ un outil de création musicale qui fait beaucoup moins bien que ce que ses prédécesseurs proposaient déjà il y a plus de 20 ans avec une qualité de fabrication moindre, une capacité de stockage digne des disquettes des 1er samplers, le tout sous un format dit "compacte" qui couvre tout de même la surface d'une feuille A4 une fois posé sur un bureau.
On peut toujours se rabattre sur l'argument marketing du "less is more" mais si l'on propose moins, ce qui effectivement peut stimuler davantage la créativité, pourquoi alors vendre les produits plus chères ?
Parceque c'est bien de cela qu'il s'agit, faire payer plus cher les bénéfices du moins, cad, l'absence de fonctions et de possibilités et jouer sur l'esthétique et la nostalgie des amateurs de musique.
On aurait pu au moins espérer un argumentaire marketing dans l'air du temps à base d'utilisation de plastique recyclé dans la fabrication ce qui aurait été un moindre mal…
Bref, à recommander pour qui veut améliorer sa déco et disposer un bel objet design et son packaging (fort réussi soit dit en passant) sur son étagère ou dépenser de l'argent dont il ne sait pas quoi faire.
Pour les autres, les musiciens, producteurs, beat makers, passez votre chemin et faites plutôt de la musique.