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Test de Teenage Engineering EP-133 K.O. II - Le sampleur qui rend marteau

5/10

Teenage Engineering, qui fait beaucoup parler en bien et en mal dans l'industrie des instruments de musique, a sorti un nouveau sampleur, le EP-133 K.O. II, qui capitalise sur le savoir-faire de la firme suédoise ainsi que le succès et les fonctionnalités du Pocket Operator 33 K.O.

Test de Teenage Engineering EP-133 K.O. II : Le sampleur qui rend marteau

Ma première expé­rience avec la société Teenage Engi­nee­ring fut l’achat en occa­sion du OP-1 premier du nom. Je trou­vais l’objet cher, mais capti­vant par son esthé­tique, que ce soit au niveau du hard­ware et de tout ce qui s’af­fi­chait sur les écrans et qui avait l’air assez déjanté, en plus d’of­frir un certain nombre de possi­bi­li­tés plus ou moins clas­siques pour une groo­ve­box, sans oublier le côté portable. Depuis, la boite s’est notam­ment illus­trée via ses Pocket Opera­tors, au nombre de 12, avec des prix rela­ti­ve­ment abor­dables et qui semblent avoir conquis le cœur de nombre de musi­ciens pour leur côté fun et immé­diat, tels que le PO-33 (sampling) ou le PO-32 (portage hard­ware du véné­rable synthé­ti­seur de drums micro­to­nic). On retien­dra aussi les décli­nai­sons et évolu­tions du OP-1 que sont le OP-Z et le OP-1 Field, qui apportent des fonc­tion­na­li­tés et des work­flows supplé­men­taires. Et puis… Il y a eu le reste.

Je vais être trans­pa­rent avec vous, je n’ai pas une haute opinion de la boite suédoise et de ses produits. Mais il ne s’agit pas simple­ment de moquer la présence de leur table Casto­rama à 1600 euros sur leur boutique en ligne, de leurs poupées en bois connec­tées à 250 euros pièce spécia­le­ment conçues pour les émis­sions Bad Gear, ou de leur maté­riel de prise de son (TP-7) et de mixage (TX-6) pour doigts lilli­pu­tiens à plus de 1000 euros. Le truc c’est que la marque se targue avant tout d’être une entre­prise dédiée au « design », aux jolis objets souvent de petites tailles, avec un posi­tion­ne­ment n’ayons pas peur des gros mots dans « le luxe », donc dédiés aux fans des produits avec du carac­tère, mais pas forcé­ment avec un rapport qualité/prix imbat­table, en dehors des Pocket Opera­tors qui sont très bien posi­tion­nés là-dessus. Cela parle à certains, et moins à d’autres, c’est le jeu, tant que l’on reste pers­pi­cace sur le place­ment des produits, leurs quali­tés et leurs défauts, et qu’on se contente d’al­ler voir ailleurs si on n’adhère pas à la philo­so­phie. Mais ce qui m’a le plus gêné dans leurs créa­tions en dehors des POs, c’est que le « design produit » dans son ensemble n’est pas toujours à la hauteur des ambi­tions sur la partie esthé­tique, ce qui m’avait poussé à me sépa­rer rapi­de­ment du OP-1 que je ne me voyais pas utili­ser person­nel­le­ment à cause de son ergo­no­mie un peu parti­cu­lière. J’ai aussi vu d’un très mauvais œil la parti­ci­pa­tion de Teenage Engi­nee­ring au projet de scam pur et simple du Rabbit R1, qui ne s’est pas conten­tée de conce­voir l’ap­pa­rence du produit, mais dont le C.E.O. a une parti­ci­pa­tion dans la direc­tion de l’en­tre­pri­se…

Aussi, avant de commen­cer ce test du EP-133 K.O. 2, j’étais partagé entre enthou­siasme pour ce qui avait l’air d’être une version survi­ta­mi­née du PO-33 K.O. !, avec cette appa­rence de calcu­la­trice et cet écran plutôt flat­teurs, les amélio­ra­tions visibles dans les spéci­fi­ca­tions, et diverses inquié­tudes on va dire, dont celle de ne pas réus­sir à être juste avec le produit dans l’écri­ture de ce test :) Ne tergi­ver­sons pas plus, et entrons tout de suite dans le vif du sujet !

L’heure de sonner la cloche

Le Teenage Engi­nee­ring EP-133 K.O.2 est un sampleur avec un look de calcu­la­trice vintage, proposé au tarif de 339 euros. Il dispose d’un switch on/off, d’un haut-parleur d’ap­point et d’un micro inté­grés, d’une entrée et d’une sortie stéréo minijack, d’en­trées sorties minijack égale­ment pour la synchro­ni­sa­tion externe et pour le MIDI, ainsi que d’une connec­tique USB-C. Celle-ci sert à alimen­ter la machine et à synchro­ni­ser le contenu en samples et en projets, sachant que la machine peut égale­ment être alimen­tée par 4 piles AAA. Le EP-133 K.O. 2 est sensi­ble­ment plus grand que ses prédé­ces­seurs (176 mm x 240 mm x 16 mm contre 100 mm x 175 mm x 10 mm), et possède un écran couleur qui affiche essen­tiel­le­ment des icônes en on/off et occa­sion­nel­le­ment du texte sur un espace et avec un nombre de carac­tères en même temps limité. La machine dispose égale­ment de trois enco­deurs blancs, orange et noirs, qui servent à contrô­ler le volume global et deux para­mètres dépen­dant du contexte, un fader verti­cal, 10 boutons rectan­gu­laires qui servent à navi­guer dans les diffé­rents menus dont un bouton shift, une grille de 3 × 4 boutons carrés numé­ro­tés avec égale­ment un point et la fonc­tion entrée, 4 boutons carrés rangés en colonne A/B/C/D pour navi­guer notam­ment dans les 4 groupes de sons, deux boutons record et play, et encore deux boutons – et +. Chacun de ces contrôles peut dispo­ser de petites LEDs rouges ou d’étiquettes supplé­men­taires.

TE EP133 BoiteLa boite four­nie par Teenage Engi­nee­ring contient donc la machine, avec les capu­chons des faders qu’il faudra posi­tion­ner aux endroits adéquats, un pense-bête des diffé­rentes commandes recto verso assez consé­quent, un petit carton conte­nant des stickers, et c’est tout ! Des packs propo­sant un câble audio splitté, une housse de protec­tion, et des goodies tels qu’un t-shirt et un short à l’ef­fi­gie de la marque, de la bande pour mettre autour des mains, et un sac sont égale­ment propo­sés, mais à des tarifs allant de 440 à 750 euros… Il faudra donc se four­nir soi-même pour les câbles MIDI, jack, USB, l’ali­men­ta­tion, etc. Il existe aussi un manuel en ligne (en anglais seule­ment), et des appli­ca­tions web pour faire la mise à jour du firm­ware, sauve­gar­der tout le contenu de la machine, char­ger de nouveaux sons, ou faire un reset complet avec les réglages et le contenu d’usine.

TE EP133 KO2 3Le EP-133 K.O. 2 se présente donc comme une évolu­tion du concept du PO-33, ainsi que de son édition Street Figh­ter PO-133 d’ailleurs (shoryu­ken !) avec plein de fonc­tion­na­li­tés supplé­men­taires : 6 voix stéréo ou 12 mono contre 4 mono sur l’ori­gi­nal, 999 slots de samples sur 64 méga­oc­tets au lieu des 40 secondes de sons mono­pho­niques dans la mémoire, la présence d’un effet de compres­sion sur le bus master, d’un autre effet parmi 6 pouvant être appliqué à diffé­rents degrés pour chaque groupe de son A à D (délai, réverbe, distor­sion, chorus, filtre, compres­seur) ou sur le signal en entrée, et des 12 effets punch-ins qui sont diffé­rents de ceux de l’ori­gi­nal, etc. La machine propose égale­ment 9 empla­ce­ments pour sauve­gar­der ses projets, et dispose de contenu par défaut classé en diffé­rentes caté­go­ries : kicks, snares, char­leys et cymbales, percus­sions, sons de synthé­ti­seurs de basse et mélo­diques au sens large. Teenage Engi­nee­ring suggère d’ailleurs de stocker la tota­lité de nos samples sur des empla­ce­ments numé­riques spéci­fiques en fonc­tion de leur type (par exemple les boucles entre 600 et 699, les kicks entre 1 et 99, etc.). On notera égale­ment que ce contenu fourni est un peu limité (300 échan­tillons), mais permet déjà de se faire une idée du fonc­tion­ne­ment de la machine, même si on regret­tera surtout l’ab­sence de projets de démons­tra­tion, et que le produit est à l’aise avec les samples one shot, mélo­diques, ou les boucles.

Round one, fight !

Les sessions de jeu sur le EP-133 K.O. 2 sont orga­ni­sées autour de groupes, de patterns, et de scènes, sauve­gar­dés dans un projet. Les groupes sont indexés par les lettres A, B, C et D, acces­sibles avec les 4 boutons asso­ciés, et contiennent 12 sons que l’on asso­cie manuel­le­ment aux touches 0–9, point et ENTER, ainsi que 99 patterns de taille réglable (en nombre de mesures entières) qui jouent ces sons. Chaque groupe possède aussi des réglages tels que le volume, la quan­tité d’ef­fet, ou un panning global, qui peuvent être auto­ma­ti­sés sur un pattern. Quant aux scènes, il s’agit vous l’au­rez compris d’en­re­gis­tre­ments des patterns en cours de jeu sur chaque groupe. Un projet peut en possé­der 99, et dispose enfin de para­mètres globaux tels que le tempo, le swing, la signa­ture ryth­mique qui déter­mine le nombre de pas par mesure, la confi­gu­ra­tion sur les effets, etc. Notons d’ailleurs que la machine sauve­garde auto­ma­tique­ment tout ce que vous faites en continu, et qu’il est possible de reve­nir en arrière sur votre dernière mani­pu­la­tion grâce à la présence de la fonc­tion Undo.

TE EP133 KO2 1L’usage de la machine se fait en navi­guant dans des onglets ou modes spéci­fiques qui donnent accès à des sets de fonc­tion­na­li­tés : navi­ga­tion sur les scènes et les patterns sur le mode « Main », choix des sons par pad sur le mode « Sound », édition des proprié­tés d’un son spéci­fique avec le mode « Sound Edit », mani­pu­la­tion des effets dispo­nibles avec les onglets FX, Master FX et Punch-In FX, onglets « Tempo », etc. Ces modes sont acces­sibles soit en appuyant sur le bouton rectan­gu­laire asso­cié, soit en restant appuyé sur shift avant l’ap­pui, soit en restant appuyé sur le bouton lui-même par exemple pour les Punch-in FXs.

Le jeu se fait donc en appuyant sur les pads qui peuvent soit déclen­cher un son diffé­rent sur chaque pad, soit jouer le même son sur diffé­rentes notes (mode « Keys »). Les boutons repré­sentent alors par défaut une gamme chro­ma­tique, dont la tonique peut être modi­fiée ainsi que l’oc­tave, voire rempla­cée par une gamme « avec moins de notes » en rentrant dans le mode « système » un peu caché avec Shift+E­rase, qui permet aussi de gérer plusieurs modes de vélo­cité sur les pads (sensibles à la vélo­cité donc) ou de synchro­ni­sa­tion avec l’ex­té­rieur. Au passage, ces boutons ou pseu­do­pads font plus penser à des touches de vieux clavier d’or­di­na­teur plutôt qu’à des pads corrects, si on veut vrai­ment jouer avec la vélo­cité on préfé­rera l’usage d’un contrô­leur externe connecté en MIDI, d’au­tant que le mode « Keys » ne permet d’uti­li­ser que 12 « pads » en même temps ce qui peut être vite limité, contre 16 d’ailleurs sur le PO-33.

Dites 133

Rappe­lons que l’EP-133 K.O. 2 est un sampleur, il est donc possible d’en­re­gis­trer des sons venant de l’ex­té­rieur pour les utili­ser sur la machine ! Cela se passe en utili­sant le micro­phone inté­gré ou l’en­trée audio stéréo minijack, en stéréo ou en mono, en tenant compte des limi­ta­tions de place sur la bécane, qu’on atteint vite si on utilise des boucles en plus des sons en one shot, ou de la poly­pho­nie. Cela se passe dans le mode « Sample », acces­sible via le bouton du même nom, en restant appuyé sur un pad donné dans un groupe donné pendant la lecture de l’au­dio externe à enre­gis­trer. Dans ce mode, les deux poten­tio­mètres permettent de régler le volume d’en­trée et aussi un seuil de déclen­che­ment de l’en­re­gis­tre­ment. Rester appuyé sur le pad pendant l’en­re­gis­tre­ment n’est pas toujours très pratique pour sampler quelque chose en fonc­tion du contex­te… Préci­sons égale­ment que l’ap­pli­ca­tion web permet­tant le trans­fert des fichiers audio vers la machine en USB est de très bonne facture, on recom­man­dera de l’uti­li­ser sous Chrome et d’ac­ti­ver si néces­saire les exten­sions utiles telles que le Windows Runtime API sous Windows, utiles aussi pour les mises à jour du firm­ware.

Une fois le son enre­gis­tré, il est possible d’édi­ter ce son ainsi que tous les autres stockés sur le EP-133 K.O. 2 dans le mode « Sound Edit », en plus de leur volume et pitch via le mode « Sound » clas­sique. Les touches -/+ permettent alors de modi­fier les para­mètres assi­gnés aux poten­tio­mètres orange et noir, qui donnent accès au choix au mode de lecture du son (one shot, poly, legato), au panning indi­vi­duel, au début et à la fin de la zone de lecture du sample, aux para­mètres d’en­ve­loppe attaque et relâ­che­ment, et à une fonc­tion­na­lité de time stret­ching basique, mais utile qui permet d’en­trer le BPM ou la longueur en nombre de mesures asso­ciés au sample pour ensuite coller au BPM avec la taille de la mesure en cours. À noter qu’un outil proposé via l’ap­pui enfoncé des boutons « Sample » et « Tempo » permet d’es­ti­mer les BPM de l’au­dio prove­nant des entrées, et qu’un mode supplé­men­taire permet d’as­si­gner des sections d’une boucle à plusieurs pads (chop) soit de manière auto­ma­tique, soit en manuel en restant appuyé sur un pad pendant la durée de la section, avec des ajus­te­ments possibles aux poten­tio­mètres pour affi­ner le résul­tat.

TE EP133 PhotoParlons à présent d’un point essen­tiel sur ces machines, le séquen­ceur ! Pour chaque groupe, nous avons accès à des patterns sur lesquels il est possible donc de jouer des sons asso­ciés à des pads (jusqu’à 12 par groupe), soit en « one shot », soit avec plusieurs valeurs de notes enre­gis­trées via MIDI ou sur le mode « Keys », avec poly­pho­nie si l’op­tion est sélec­tion­née et qu’on respecte le nombre de voix maxi­mum auto­ri­sées. L’en­re­gis­tre­ment peut se faire à la volée pendant la lecture des autres patterns, ou en sélec­tion­nant un empla­ce­ment dans la mesure dans le mode « Main » que l’on peut faire défi­ler avec les touches -/+, en restant appuyé sur Record et sur le pad du son et de sa notes, sachant qu’il est possible d’ac­ti­ver ou pas la quan­ti­fi­ca­tion et de rajou­ter de l’off­set manuel­le­ment sur le moment de déclen­che­ment. Les patterns ont une longueur variable, elles peuvent être diffé­rentes d’un groupe à l’autre, mais seule­ment expri­mées en nombre de mesures entières. Impos­sible donc malheu­reu­se­ment d’avoir des nombres de pas tordus qui permet­traient de rajou­ter un peu d’aléa­toire. Il est possible d’en­re­gis­trer aussi des dépla­ce­ments du fader, qu’on peut assi­gner à diffé­rents para­mètres en restant appuyé sur le bouton idoine, mais ce n’est pas souvent une infor­ma­tion pratique à mani­pu­ler comme pour la vélo­cité. On regret­tera égale­ment l’ab­sence de para­mètres ouver­te­ment aléa­toire sur le déclen­che­ment des notes ou le sens de lecture des pas dans le pattern…

L’EP-133 K.O.2 possède égale­ment un « song mode » puisqu’il est possible en cours de lecture de chan­ger de pattern (instan­ta­né­ment) et surtout de scène. Une fonc­tion assez inté­res­sante appe­lée « commit » permet d’ailleurs de créer une nouvelle scène et de copier le contenu de la scène en cours/précé­dente en même temps, ce qui permet de ne travailler que sur les varia­tions d’une scène à l’autre en cours de compo­si­tion. Par contre, le dépla­ce­ment d’une scène à l’autre se faisant avec Main enfoncé et -/+, on essaiera de mettre dans l’ordre les sections qui sont censées s’en­chai­ner, sinon il faudra appuyer plusieurs fois très vite sur les boutons en ques­tion pour obte­nir le résul­tat escompté.

Mettre des gants à des adoles­cents

Enfin, termi­nons ce tour d’ho­ri­zon de la machine en parlant des effets. Nous avons donc sur le EP-133 K.O. 2 la possi­bi­lité de choi­sir un effet parmi 6 en insert/send, dont on peut régler un jeu de deux para­mètres globaux, puis le niveau d’af­fec­ta­tion des groupes A-D à l’ef­fet via le fader en mode « FX ». Cela signi­fie donc qu’on ne peut utili­ser qu’un seul de ces effets en même temps ! Impos­sible donc d’avoir une distor­sion sur A et une réverbe sur C par exemple, ou d’uti­li­ser à la fois un délai et une réverbe, ce qui limite beau­coup l’in­té­rêt de cette fonc­tion­na­lité. On dispose ici d’un délai, d’une réverbe, d’un compres­seur, d’un filtre, et d’une distor­sion, qui sont globa­le­ment de bonne facture mais sans plus, avec seule­ment deux para­mètres acces­sibles à chaque fois en plus de la quan­tité d’ef­fet par groupe. Il est diffi­cile en pratique de faire son choix autre­ment que par rapport à ce qui est « utili­taire », à moins d’avoir des effets sur une autre machine, mais sans possi­bi­lité d’en­voyer un niveau d’ef­fet diffé­rent pour chaque groupe vu que la sortie de la machine est stric­te­ment stéréo… On notera égale­ment l’ab­sence d’un compres­seur de type side­chain qui est bien utile sur les musiques élec­tro­niques.

À noter qu’il est possible d’uti­li­ser une fonc­tion supplé­men­taire qui permet de répé­ter plusieurs fois avec un timing spéci­fique un des sons acces­sibles, ou encore la présence d’un looper permet­tant de mani­pu­ler une matière sonore enre­gis­trée auto­ma­tique­ment à partir de la scène en cours, dans un mode spéci­fique, en jouant sur la posi­tion de la tête de lecture ou la taille de l’en­re­gis­tre­ment, mais qui ne permet pas malheu­reu­se­ment d’en­re­gis­trer le résul­tat sur un slot de sample ce qui aurait été un gros plus.

Plus inté­res­sant, la machine dispose heureu­se­ment d’un deuxième effet, le compres­seur appliqué sur le master bus, avec deux réglages sur le niveau de compres­sion et sur la vitesse du compres­seur, qui permet de rajou­ter « de la glue » sur le mix final ou de maxi­mi­ser le volume et de réduire la dyna­mique comme le ferait un limi­teur. Mais surtout, l’EP-133 K.O.2 possède des punch-in FXs comme sur le PO-33, au nombre de 12 (bitcru­sher, filtres passe-bas et passe-haut, octa­veur, tape-stop, répé­ti­tions, etc.), qui s’ap­pliquent sur tout le mix, et que l’on peut déclen­cher en restant appuyé sur le bouton FX et sur un des 12 pads. De plus, une fois l’ef­fet déclen­ché, sachant qu’on peut en lancer plusieurs en même temps, il est possible de jouer sur la quan­tité d’ef­fet ou sur un de ses para­mètres en enfonçant plus ou moins le pad… Si l’idée est bonne sur le papier, dans la pratique elle s’avère catas­tro­phique à cause de la qualité des pads : on a peur d’ap­puyer trop fort sur la machine, les pads n’étant pas de qualité premium, et il est très diffi­cile de doser comme on le souhaite la quan­tité d’ef­fet à cause de la gestion de la vélo­cité sur ces machins. On peut réus­sir plus ou moins à déclen­cher des tran­si­tions par exemple avec les filtres en jonglant avec les diffé­rentes fonc­tion­na­li­tés en plus des punch-in FXs, mais il est diffi­cile d’être précis et on a l’im­pres­sion de réduire la durée de vie de la machine se faisant.

Drums Punch-In FXs
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Et de manière géné­rale, l’usage de la machine « en live » pose un certain nombre de problèmes en plus de celui-ci. Pour effec­tuer en live des chan­ge­ments de volume ou jouer avec certains para­mètres qui influent sur le son, faire des tran­si­tions au punch-in FX puis chan­ger de scène, modi­fier les para­mètres de l’unique FX ou de la quan­tité d’ef­fets par groupe, on se retrouve obli­gés de faire beau­coup de menu diving, et de faire très atten­tion à ce qui est attri­bué en para­mètre au fader sur chaque groupe avant de le mani­pu­ler. Celui-ci a d’ailleurs un fonc­tion­ne­ment un peu problé­ma­tique, qui consiste à ne pas chan­ger la valeur en cours du para­mètre tant qu’on ne déplace pas celui-ci à la posi­tion corres­pon­dante à la valeur en cours. Et ensuite il arrive si on veut lui donner une valeur sur un extrême qu’on doive s’y prendre plusieurs fois, parce que j’ai eu le cas du fader qui reste par exemple sur 16 alors que je l’avais placé tout en bas. Je n’ai pas eu de souci parti­cu­lier de type « dead fader » comme on a pu le voir sur les forums avec les premières séries, mais il y a peut-être encore des amélio­ra­tions à faire sur ce sujet, avec de prochaines mises à jour du firm­ware, à moins que ce soit un souci spéci­fique à mon exem­plaire de la machi­ne…

Je ne suis pas très fan non plus de la qualité des « pads », en nombre un peu léger pour vrai­ment jouer sans clavier externe, souci qu’on peut miti­ger en allant cher­cher l’op­tion qui trans­forme la gamme chro­ma­tique par défaut en autre chose. De plus, certaines fonc­tion­na­li­tés ne sont acces­sibles qu’avec des combi­nai­sons de touches qu’il convien­dra de rete­nir ou de repé­rer sur le pense-bête, en obli­geant parfois à rester appuyé sur une touche, avec un manque de feed­back visuel sur l’écran qui donne fina­le­ment assez peu d’in­for­ma­tion utile malgré sa taille et son côté un peu sapin de Noël avec toutes les icônes et les couleurs :) Le parti pris esthé­tique ici a clai­re­ment un impact sur l’usa­bi­li­té… Cela n’em­pêche pas toute­fois d’uti­li­ser la machine et d’ap­pré­cier d’en faire un certain nombre de choses, mais le concept parfois mini­ma­liste impose un certain nombre de limites frus­trantes à l’usage, encore plus pour un sampleur proposé au-dessus de 300 euros.

Teenage in da House
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  • Teenage in da House01:51
  • Timmy Acid04:22

Notre avis : 5/10

Pour conclure ce test, disons que la machine nous a laissés un peu sur notre faim. Une fois qu'on a noté quelque part ou mémorisé les accès aux commandes importants, il est aisé de produire des sons en samplant des sources extérieures, en utilisant le séquenceur, en enchainant les scènes, en jouant avec les punch-in FXs, la fonction timing / fills, et les valeurs associées aux faders sur chaque groupe de son. Mais il manque toujours quelques fonctionnalités clés ou un peu d'espace mémoire qui permettraient de justifier le saut tarifaire par rapport à l'itération précédente du concept, et on a souvent l'impression de se battre avec l'ergonomie de la machine ou avec ses limitations.

L'absence de possibilité de cumuler deux effets sends ou inserts par exemple ou de compresseur sidechain, la connectique mini, la solidité de l'ensemble quand on veut jouer avec la quantité d'effet sur les punch-in FXs ou la vélocité, certaines fonctionnalités qui sont peu ou pas décrites dans la documentation, le nombre de pas qui reste toujours dans les multiples de la mesure, le manque de touches pour jouer des notes, les problèmes posés dans le contexte d'une performance live, tout cela fait qu'on reste sur un concept de sampleur qui se contente d'un peu plus que le minimum de ce qu'on pourrait en attendre, et qui joue surtout sur son esthétique et la nostalgie avec son écran, son aspect calculatrice ou le bruit des touches.

Car ce qui pouvait être compréhensible sur un positionnement produit à 99 euros à faible encombrement est plus difficile à comprendre dès qu'on jette un œil à la concurrence dans cette gamme (Roland SP404 mk2 un peu plus chère, Novation Circuit Rhythm, Yamaha Seqtrak, produits Sonicware en général), ou en tant qu'évolution du PO-33 original qui faisait déjà une grosse partie de tout ce que le EP-133 proposait.

Cela ne nous empêche pas d'avoir trouvé ce produit fun à utiliser, mais nous pensons qu'il aurait été plus pertinent avec quelques fonctionnalités supplémentaires, avec du hardware plus solide, un écran plus utile, ou sur un tarif moindre, d'autant plus quand on regarde le set de fonctionnalités proposées par le véritable sampleur du moment, l'application Android / iOS Koala Sampler, au tarif et à l'ergonomie imbattables pour ceux qui possèdent déjà un smartphone compatible.

  • C'est joli
  • La polyphonie 6 voix stéréo et 12 voix mono
  • Les punch-in FXs en plus des FXs classiques
  • La portabilité avec les piles et le format
  • Le séquenceur
  • Le bouton Undo
  • La fonction pour jouer un sample en boucle sur un rythme donné pour faire des fills
  • Le sampling assez facile avec les options de jeu des sons
  • L'auto chop
  • Quelques fonctions supplémentaires comme le looper ou le time stretching
  • Assez fun à utiliser
  • Simpliste en termes de fonctionnalités pour ce tarif
  • Les commandes en Hold et double Hold sans feedback visuel
  • Il faut rester appuyé sur une touche pour sampler
  • 64 mégaoctets seulement pour stocker tous les samples
  • Un seul FX partagé par les 4 groupes
  • Contenu fourni assez limité et sans projets de démonstration
  • La connectique en minijack
  • Pas de probabilités dans le séquenceur
  • Pas de resampling du master bus vers un sample
  • Pas de compresseur sidechain
  • Solidité des touches questionnable quand on joue avec la vélocité ou la quantité de punch-in FXs
  • Le fader vertical qui a un fonctionnement problématique
  • Pas d'automation sur les punch in FXs
  • Pas mal de menu diving pour les interactions en live
  • Peu de touches pour le clavier
  • Manuel en anglais seulement, succinct sur certains éléments
  • Patterns qui ont toujours une longueur en nombre de mesures
Intêret de la mise à jour :
Pays de fabrication : Suède

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