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laurent BERGMAN
« Petit par la taille, mais costaud côté son ! »
Publié le 22/12/20 à 11:41
Rapport qualité/prix :
Correct
Cible :
Les utilisateurs avertis
INTRODUCTION:
Quel plaisir de le déballer, le prendre en mains et le brancher… "Un véritable retour vers le passé".
J’ai eu un révision 2 pendant quelques années au milieu des années 80’s, j’adorais le son qu’il dégageait, pouvant être gras et rugueux pour les lignes de basse ou cristallin pour les leads/arpèges. Il a un grain bien à lui avec une véritable personnalité. Ce qui me plaisait déjà à l’époque, c’était ce caractère un peu "Dark", il avait ce je ne sais quoi dans le son que je ne retrouvais pas avec les machines d’autres fabricants, excepté Moog et d’autres machines plutôt élitistes qui possèdent elles aussi une très forte identité sonore. La nostalgie m’a poussé à me prendre cette ré-édition au format Full-Size aux couleurs de la révision 3, accompagnée du séquenceur Korg SQ-1 estampillé ARP pour l'occasion (je l’ai testé longuement mais ne l’utilise pas, je vais le détailler succinctement à la fin de cet avis). Le tout est livré avec quelques câbles, un mode d’emploi en plusieurs langues ainsi qu'un tirage de la documentation d’origine (en anglais) qui contient des exemples de réglages ainsi que le descriptif complet de chacune des sections sous forme de pas-à-pas extrêmement bien détaillé. C’est dommage que la mallette de transport ne soit pas fournie avec contrairement à la version Mini.
Tout d’abord, ne nous y trompons pas, il s’agît d’un instrument qui à première vue peut sembler facile à appréhender, mais il est quelque peu déroutant une fois qu’on l’a sous les doigts. Avec son architecture semi-modulaire et sa logique particulière (assez similaire au Roland SH-5 qui est plus puissant), c’est vraiment une drôle de machine. Il faut l’expérimenter et bien comprendre la sérigraphie pour tirer parti de toutes les subtilités des sources de modulation et des destinations en tous genres en fonction de la position des sélecteurs et du dosage des curseurs, il y a matière… Ici, pas de presets, mais une fois l’instrument bien pris en main, il est rapide et aisé de retrouver un son qu’on a créé et utilisé quelques jours, voire quelques mois auparavant (et ce à peu de choses près, ou des fois même en mieux). On présentait souvent l’Odyssey comme le concurrent du MiniMoog, mais il n’a rien à voir avec ce dernier sur le plan sonore, ce sont deux machines radicalement différentes.
Les VCO’s se stabilisent rapidement et tiennent bien l’accordage (bien mieux que l’original). Deux formes d’onde sont disponibles (Impulsion a largeur variable et dent-de-scie ascendante). Le VCO1 peut être transformé en LFO pour servir de source de modulation supplémentaire, ce qui permet quelques fantaisies. On dispose d’un ring modulator, d’un générateur de bruit (blanc et rose), d’un Sample&Hold assez avancé (plusieurs sources peuvent être mixées, dosées, puis lissées par le processeur LAG), ainsi que de la FM et une synchronisation de l'oscillateur 2. Korg en a profité pour ajouter un overdrive, sa couleur est agréable et donne plus de mordant au son de la machine (non dosable).
Les 3 modèles de filtre Passe-bas (révision 1 en 2-pôles et révision 2 et 3 en 4-pôles) sont musicaux et efficaces. Le filtre de la révision 1 possède un grain plus brillant et rugueux, à moitié ouvert il donne un côté un peu sale et de la présence aux basses, leads et FX’s, celui de la révision 2 est le plus classique, la résonance du filtre de la révision 3 est plus marquée que celui de la révision 2, ce qui confère au son une texture plus "ACID" sans causer trop d’atténuation. Les 3 filtres sont capables d’entrer en auto-oscillation, avec le sélecteur positionné sur KYBD/CV et en ajustant le curseur qui lui est rattaché, la fréquence de coupure du filtre est contrôlée avec le suivi de clavier (avec de bons réglages, ce suivi est juste), on peut donc jouer des mélodies avec l’onde sinusoïdale générée par l’auto-oscillation (onde inexistante dans les formes d’onde proposées par les VCO’s). Je n’ai pas de préférence pour un type de filtre particulier, l’un sera plus adapté à un type de son, l’autre à un autre son, etc… Après ce n’est qu’une question de goût personnel. À faible ouverture, ces filtres sont redoutables sur les basses, c’est rond et feutré. On dispose également d’un filtre passe-haut (placé en série).
L’avantage de cette ré-édition, c’est que le changement de filtre s’opère à la volée via le sélecteur (contrairement au MS-20 kit sur lequel il faut utiliser une combinaison de touches à l’allumage pour en changer le modèle).
Les deux enveloppes disponibles sont assez rapides, l’une est de type ADSR et l’autre de type AR, elles sont assignables aux destinations via les sélecteurs et leur intensité est réglable via les curseurs, on a donc de quoi bien moduler. Il peut aussi être utile de connecter le Gate/Out vers le Trig/In pour que l’enveloppe ne se re-déclenche pas à chaque note jouée (pour un jeu legato). L’enveloppe ADSR peut aussi être déclenchée par le LFO (avec un mode de répétition automatique). Pour rendre le son moins statique, j’utilise l'ADSR pour le VCA et un soupçon de LFO sur le LPF, ce qui permet d'obtenir des basses plus "claquantes". Le LFO redémarre son cycle à chaque note jouée, c'est dommage qu’on ne puisse pas le débrayer pour le passer en mode "Free" (sauf modification interne en coupant une piste du circuit).
UTILISATION:
Comme mentionné dans l’introduction, il est truffé de sources/destinations de modulation qu’il faut connaître un minimum pour en tirer ce qu’on veut. Il faut bricoler un peu pour l’accorder avec les autres synthés (dû aux réglages du pitch des oscillateurs en continu en lieu et place d’un réglage cranté pour l’accordage grossier par pas de 1/2 ton), en plus on ne dispose pas d’un réglage d’accordage général. Les curseurs manquent un peu de précision et se montrent sensibles au moindre mouvement, il faut s’y habituer. J’ai très vite retrouvé mes repères mais un petit temps d’adaptation m’a été nécessaire pour l’utilisation des PPC’s, ces fameux pads de contrôle du pitch-bend et de la modulation (en lieu et place des molettes/leviers traditionnels), en plus il faut appuyer dessus assez fort et c’est difficilement utilisable. Leur emplacement n’est pas non plus des plus ergonomiques mais cela fait partie de la philosophie, du charme et de l’originalité de la machine (même si le pitch-bend de mon Revision 2 était contrôlé par un potentiomètre rotatif un peu capricieux, je le préférais à celui de la révision 3 que l’on retrouve sur cette ré-édition). Le portamento est fluide, un petit bouton appelé "Mode" permet de conserver le portamento lors du changement d’octave via le sélecteur. Il n’est pas trop pratique a activer puisqu’il ne dépasse pas de la carrosserie, pour ce faire il faut utiliser un petit objet pointu (un cure-dents fait l'affaire), mais ce n’est pas une fonction qu’on change souvent et le mien est activé en permanence.
Je ne le pilote que depuis peu en CV/Gate (avec le convertisseur Kenton Pro Solo MKIII) pour bénéficier du contrôle du vibrato via MIDI, d’une plage de pitch-bend beaucoup plus étendue, du contrôle de l’ouverture du filtre Passe-bas, d’un LFO supplémentaire avec d’autres formes d’onde et autres goodies... Dommage que l’on perde la duophonie (mais cela fait partie des limitations du CV/Gate).
Je ne m’étendrais ni sur le son (aspect que je juge trop subjectif et les "Oh my GOD, it's Amazing, etc…", ce n’est pas ma tasse de thé) ni sur les nombreuses fonctions, les démos sur le net sont plus parlantes (dommage que dans la plupart de ces vidéos, l’Odyssey soit cantonné aux sempiternels grooves funky américains, il est capable de beaucoup d’autres choses et dans bien des registres). Tout ce que je peux en dire c’est que pour les basses il décoiffe vraiment, on arrive a le faire sonner facilement, il possède un son gras avec beaucoup de caractère.
CONNEXIONS:
La présence des entrées/sorties CV/Gate/Trig est bienvenue pour la communication tant avec l’ancien monde qu’avec les outils d’aujourd’hui. À noter à leur sujet que leurs embases sont en mini-jack 3,5. Une sortie double -20dB (Jack 6,35 asymétrique) et +4dB (XLR symétrique), je préfère cette dernière pour son niveau de sortie élevé afin de ne pas devoir trop monter le gain de la console (ce qui évite un léger souffle résiduel). Une entrée Audio IN permet de traiter une source externe, je me sers de cette entrée essentiellement pour gonfler artificiellement le nombre d’oscillateurs (on peut aussi diriger la sortie casque dans cette entrée pour augmenter le gain du signal pour produire une douce saturation du VCA, un câble est fourni à cet effet). On a également une entrée "PEDAL" qui peut recevoir un contrôle CV (pour contrôler le Sample&Hold ou la fréquence de coupure du filtre passe-bas) et une entrée "FOOTSWITCH" pour le contrôle du portamento (toutes deux en jack 6,35). Niveau MIDI, il n’y a qu’une entrée au format DIN et une entrée/sortie en USB, si on désire enregistrer les notes que l’on joue sur le clavier de l’Odyssey, il faut le brancher en USB sur la station de travail. Le réglage du canal de réception s’effectue en appuyant sur des touches lors de l’allumage. A noter également que seuls les messages de note ON, note OFF et Pitch-Bend sont reçus. Petite particularité, lorsque le pitch-Bend est contrôlé via MIDi, sa plage est limitée à +/- 2 demi-tons alors qu’avec les PPC’s la plage couvre environ +/- 2 octaves, je ne me l’explique pas, ça relève de la bizarrerie…
QUALITÉ DE FABRICATION:
L’ensemble est bien construit et semble solide, les curseurs et switches ont l’air d’être fiables, sans jeu (les curseurs de l’original deviennent une tannée avec le temps). La finition est très soignée et la sérigraphie est bien lisible. Le clavier est un peu léger, sans toutefois être cheap et je le trouve un peu bruyant. L’alimentation est externe (identique à celle du MS-20 Kit), mais une fois en place dans le studio ce n’est plus vraiment un problème, il faut juste penser a coller une petite étiquette sous le boitier pour savoir à quel appareil elle correspond (en cas de panne, déplacement, etc..). Un mode d’économie d’énergie est disponible (activé par défaut), le synthé s’éteint de lui-même s’il n’est plus utilisé depuis un certain temps, pratique si on tombe d’épuisement au studio.
Les modes d'emploi sont également de qualité, aussi bien rédigés qu'illustrés... TOP !
EN RÉSUMÉ:
Quel plaisir de retrouver ce grain, c’est un drôle de synthé. En plus d’être original il est inspirant et attachant. Je dois dire qu’il me manquait depuis quelques années le bougre !
Il ne fait pas tout mais ce qu’il fait, il le fait bien. Il arrive encore a me surprendre et je n’en suis pas déçu, le son est là et quel son !
Les ingénieurs de chez Korg (et David Friend) semblent avoir réussi le pari de reproduire celui-ci fidèlement, on retrouve vraiment l’ADN "ARP", je ne peux malheureusement plus comparer en profondeur le comportement de cette ré-édition avec le modèle original que j‘avais, mais si différence il y a, elle ne doit pas être énorme (il n’est peut-être pas aussi "rugueux" que son ancêtre mais comme je l’ai écrit, le son est là). Ce ‘’Full Size’’ est un superbe instrument, décliné sous les coloris des 3 différentes révisions, un modèle destiné en particulier aux nostalgiques (dont j’avoue faire partie), mais pas que.
Beaucoup lui trouveront des défauts: Un peu fastidieux a accorder, pas de presets, pas de MIDI CC, aucun effet intégré (excepté l'overdrive), pas de séquenceur (hormis celui qui est fourni exclusivement avec le bundle FSQ) et un prix quelque peu élevé pour un synthé monodique (duophonique).
C’est une machine a acheter en toute connaissance de cause, à prendre pour ce qu’elle fait et ce qu’elle est, autrement c’est la frustration/déception garantie (c’est valable tant pour l’original que pour cette ré-édition de chez Korg ou encore pour le clone de chez Behringer).
Les +:
+: Le son ARP.
+: L’ergonomie fidèle au modèle original.
+: La stabilité des oscillateurs.
+: Le MIDI.
+: Les trois modèles de filtre.
+: Très bon niveau de sortie en XLR.
+: Les entrées et sorties CV/Gate/Trig (avec un peu d’ingéniosité on peut en étendre encore les possibilités).
+: L’entrée PEDAL pour contrôler la fréquence de coupure du filtre passe-bas avec un signal CV.
+: Look superbe et vintage.
+: Excellente qualité de fabrication.
Les -:
-: Absence d’une prise MIDI OUT/THRU au format DIN.
-: Plage du pitch-bend limitée à +/- 2 demi-tons via MIDI.
-: Accordage des oscillateurs fastidieux.
-: Pads du pitch-bend et de la modulation difficiles a utiliser avec précision.
-: Alimentation externe.
-: Pas de valise de rangement fournie.
-: Prix élevé pour un mono sans mémoires.
.
LE SÉQUENCEUR SQ-1
Je vais être assez bref sur le sujet, il y a suffisamment d’avis sur la page produit du SQ-1.
Ce petit séquenceur, initialement sorti pour le MS-20 Mini, fourni en bundle avec la version FSQ est estampillé ARP aux couleurs de l’Odyssey Rev.3. Je ne l’utilise pas, préférant travailler en MIDI et MIDI-to-CV via des Kenton Pro-Solo MKIII.
Il transmet en données MIDI ou en signaux CV/Gate (idéal pour une utilisation conjointe avec l’ARP Odyssey, mais aussi avec d’autres machines ne disposant pas du MiDI ou pour contrôler diverses destinations sur des modulaires ou semi-modulaires). A noter que le CV est au standard Hz/Volt (1v, 2v, 5v) et V/Oct (8v), donc utilisable avec pratiquement tous les modèles et toutes les marques, un bon point.
Le signal d’entrée MIDI se fait par le port USB et la sortie MIDI nécessite un adaptateur jack 3,5/DIN (fourni). Les entrées et sorties CV, Gate et Sync sont en jack 3,5. L’alimentation se fait par 2 piles AA (fournies) ou via USB (câble non fourni). J’ai trouvé un chargeur USB à 2,60 € sur Ebay pour l’alimenter car le SQ-1 est assez consommateur en piles, à long terme en plus d’être couteux c’est très mauvais pour la planète !
Petit bonus, on peut s’en servir en tant que convertisseur MIDI-to-CV, très basique (pas de pitch-bend) mais ça peut toujours dépanner.
UTILISATION:
C’est un séquenceur assez limité, sa prise en main est extrêmement simple et il a l’avantage d’être autonome. Il y a 8 modes de séquences et celles-ci peuvent comporter jusqu’à 2 x 8 pas (canaux A et B) ou 1 x 16 pas (un canal).
Le réglage de hauteur de note est facilité par les gammes majeures, mineures et chromatique. Au niveau de la justesse ça se corse lorsque l’on passe en linéaire, surtout avec une plage en 5v et la faible course des potentiomètres, mais l’avantage que représente ce mode c’est qu’on peut faire de l’expérimental car ici on est dans le domaine micro-tonal (qui n'est permis qu'en utilisation en CV/Gate évidemment).
La sérigraphie bien lisible, les touches lumineuses, le fait que les principaux paramètres soient accessibles directement en façade et son excellente ergonomie permettent de faire très facilement toutes les modifications des pas "On the fly", ce qui rend l’improvisation plus ludique.
Seules quelques fonctions sont accessibles via les boutons avec fonctions secondaires, celles-ci sont détaillées dans un mode d’emploi qui laisse à désirer, j’en parlerai un peu plus loin.
L’utilisation en MIDI ou USB a pas mal de limitations, pour vraiment en exploiter tout le potentiel rien ne vaut le CV/GATE. Quelques lacunes sont a déplorer: Lors du changement de mode de lecture la séquence repart au premier pas sans finir le cycle en cours, il ne dispose pas d’une fonction Groove/Shuffle et dommage que l'on ne puisse pas sauvegarder les séquences sous forme de presets.
QUALITÉ DE FABRICATION:
Le boitier est en métal, lourd en regard de sa taille et semble assez solide. Plutôt élégant avec une sérigraphie bien lisible, c’est vraiment soigné. Les pads sont agréables, les connecteurs jack bien ancrés, le sélecteur de mode de séquence ferme et précis. Petit bémol pour les potentiomètres, ils semblent d’une part être assez fragiles et d’autre part sont de petite taille, heureusement que le plastique est cannelé pour la manipulation mais, comme je l’ai mentionné précédemment, ça reste un peu laborieux pour les réglages en micro-tonal surtout en 5v… Un boitier un peu plus grand avec des commandes plus espacées aurait été bienvenu.
Un effort aurait aussi pu être fait en ce qui concerne le mode d’emploi, il s’agit d’une grande feuille dépliante (qui me rappelle les joies des anciennes cartes routières) avec le descriptif en plusieurs langues recto/verso, il est encombrant et mal agencé, en deux mots : Peu pratique.
Les +:
+: L’ergonomie.
+: La facilité d’utilisation.
+: La qualité de fabrication.
+: Standards Hz/Volt et V/Oct.
+: Possibilité d'utilisation en interface MIDI-to-CV (basique mais peut dépanner).
Les -:
-: Le MIDI/USB limité.
-: Pas de DIN MIDI IN (ordinateur indispensable en USB).
-: Pas de fonction groove/shuffle.
-: Pas de mémoires pour les séquences.
-: Retourne au 1er pas de la séquence lors du changement de mode de lecture sans terminer le cycle en cours.
-: La petite taille (surtout les potentiomètres).
-: Le mode d'emploi bâclé.
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Quel plaisir de le déballer, le prendre en mains et le brancher… "Un véritable retour vers le passé".
J’ai eu un révision 2 pendant quelques années au milieu des années 80’s, j’adorais le son qu’il dégageait, pouvant être gras et rugueux pour les lignes de basse ou cristallin pour les leads/arpèges. Il a un grain bien à lui avec une véritable personnalité. Ce qui me plaisait déjà à l’époque, c’était ce caractère un peu "Dark", il avait ce je ne sais quoi dans le son que je ne retrouvais pas avec les machines d’autres fabricants, excepté Moog et d’autres machines plutôt élitistes qui possèdent elles aussi une très forte identité sonore. La nostalgie m’a poussé à me prendre cette ré-édition au format Full-Size aux couleurs de la révision 3, accompagnée du séquenceur Korg SQ-1 estampillé ARP pour l'occasion (je l’ai testé longuement mais ne l’utilise pas, je vais le détailler succinctement à la fin de cet avis). Le tout est livré avec quelques câbles, un mode d’emploi en plusieurs langues ainsi qu'un tirage de la documentation d’origine (en anglais) qui contient des exemples de réglages ainsi que le descriptif complet de chacune des sections sous forme de pas-à-pas extrêmement bien détaillé. C’est dommage que la mallette de transport ne soit pas fournie avec contrairement à la version Mini.
Tout d’abord, ne nous y trompons pas, il s’agît d’un instrument qui à première vue peut sembler facile à appréhender, mais il est quelque peu déroutant une fois qu’on l’a sous les doigts. Avec son architecture semi-modulaire et sa logique particulière (assez similaire au Roland SH-5 qui est plus puissant), c’est vraiment une drôle de machine. Il faut l’expérimenter et bien comprendre la sérigraphie pour tirer parti de toutes les subtilités des sources de modulation et des destinations en tous genres en fonction de la position des sélecteurs et du dosage des curseurs, il y a matière… Ici, pas de presets, mais une fois l’instrument bien pris en main, il est rapide et aisé de retrouver un son qu’on a créé et utilisé quelques jours, voire quelques mois auparavant (et ce à peu de choses près, ou des fois même en mieux). On présentait souvent l’Odyssey comme le concurrent du MiniMoog, mais il n’a rien à voir avec ce dernier sur le plan sonore, ce sont deux machines radicalement différentes.
Les VCO’s se stabilisent rapidement et tiennent bien l’accordage (bien mieux que l’original). Deux formes d’onde sont disponibles (Impulsion a largeur variable et dent-de-scie ascendante). Le VCO1 peut être transformé en LFO pour servir de source de modulation supplémentaire, ce qui permet quelques fantaisies. On dispose d’un ring modulator, d’un générateur de bruit (blanc et rose), d’un Sample&Hold assez avancé (plusieurs sources peuvent être mixées, dosées, puis lissées par le processeur LAG), ainsi que de la FM et une synchronisation de l'oscillateur 2. Korg en a profité pour ajouter un overdrive, sa couleur est agréable et donne plus de mordant au son de la machine (non dosable).
Les 3 modèles de filtre Passe-bas (révision 1 en 2-pôles et révision 2 et 3 en 4-pôles) sont musicaux et efficaces. Le filtre de la révision 1 possède un grain plus brillant et rugueux, à moitié ouvert il donne un côté un peu sale et de la présence aux basses, leads et FX’s, celui de la révision 2 est le plus classique, la résonance du filtre de la révision 3 est plus marquée que celui de la révision 2, ce qui confère au son une texture plus "ACID" sans causer trop d’atténuation. Les 3 filtres sont capables d’entrer en auto-oscillation, avec le sélecteur positionné sur KYBD/CV et en ajustant le curseur qui lui est rattaché, la fréquence de coupure du filtre est contrôlée avec le suivi de clavier (avec de bons réglages, ce suivi est juste), on peut donc jouer des mélodies avec l’onde sinusoïdale générée par l’auto-oscillation (onde inexistante dans les formes d’onde proposées par les VCO’s). Je n’ai pas de préférence pour un type de filtre particulier, l’un sera plus adapté à un type de son, l’autre à un autre son, etc… Après ce n’est qu’une question de goût personnel. À faible ouverture, ces filtres sont redoutables sur les basses, c’est rond et feutré. On dispose également d’un filtre passe-haut (placé en série).
L’avantage de cette ré-édition, c’est que le changement de filtre s’opère à la volée via le sélecteur (contrairement au MS-20 kit sur lequel il faut utiliser une combinaison de touches à l’allumage pour en changer le modèle).
Les deux enveloppes disponibles sont assez rapides, l’une est de type ADSR et l’autre de type AR, elles sont assignables aux destinations via les sélecteurs et leur intensité est réglable via les curseurs, on a donc de quoi bien moduler. Il peut aussi être utile de connecter le Gate/Out vers le Trig/In pour que l’enveloppe ne se re-déclenche pas à chaque note jouée (pour un jeu legato). L’enveloppe ADSR peut aussi être déclenchée par le LFO (avec un mode de répétition automatique). Pour rendre le son moins statique, j’utilise l'ADSR pour le VCA et un soupçon de LFO sur le LPF, ce qui permet d'obtenir des basses plus "claquantes". Le LFO redémarre son cycle à chaque note jouée, c'est dommage qu’on ne puisse pas le débrayer pour le passer en mode "Free" (sauf modification interne en coupant une piste du circuit).
UTILISATION:
Comme mentionné dans l’introduction, il est truffé de sources/destinations de modulation qu’il faut connaître un minimum pour en tirer ce qu’on veut. Il faut bricoler un peu pour l’accorder avec les autres synthés (dû aux réglages du pitch des oscillateurs en continu en lieu et place d’un réglage cranté pour l’accordage grossier par pas de 1/2 ton), en plus on ne dispose pas d’un réglage d’accordage général. Les curseurs manquent un peu de précision et se montrent sensibles au moindre mouvement, il faut s’y habituer. J’ai très vite retrouvé mes repères mais un petit temps d’adaptation m’a été nécessaire pour l’utilisation des PPC’s, ces fameux pads de contrôle du pitch-bend et de la modulation (en lieu et place des molettes/leviers traditionnels), en plus il faut appuyer dessus assez fort et c’est difficilement utilisable. Leur emplacement n’est pas non plus des plus ergonomiques mais cela fait partie de la philosophie, du charme et de l’originalité de la machine (même si le pitch-bend de mon Revision 2 était contrôlé par un potentiomètre rotatif un peu capricieux, je le préférais à celui de la révision 3 que l’on retrouve sur cette ré-édition). Le portamento est fluide, un petit bouton appelé "Mode" permet de conserver le portamento lors du changement d’octave via le sélecteur. Il n’est pas trop pratique a activer puisqu’il ne dépasse pas de la carrosserie, pour ce faire il faut utiliser un petit objet pointu (un cure-dents fait l'affaire), mais ce n’est pas une fonction qu’on change souvent et le mien est activé en permanence.
Je ne le pilote que depuis peu en CV/Gate (avec le convertisseur Kenton Pro Solo MKIII) pour bénéficier du contrôle du vibrato via MIDI, d’une plage de pitch-bend beaucoup plus étendue, du contrôle de l’ouverture du filtre Passe-bas, d’un LFO supplémentaire avec d’autres formes d’onde et autres goodies... Dommage que l’on perde la duophonie (mais cela fait partie des limitations du CV/Gate).
Je ne m’étendrais ni sur le son (aspect que je juge trop subjectif et les "Oh my GOD, it's Amazing, etc…", ce n’est pas ma tasse de thé) ni sur les nombreuses fonctions, les démos sur le net sont plus parlantes (dommage que dans la plupart de ces vidéos, l’Odyssey soit cantonné aux sempiternels grooves funky américains, il est capable de beaucoup d’autres choses et dans bien des registres). Tout ce que je peux en dire c’est que pour les basses il décoiffe vraiment, on arrive a le faire sonner facilement, il possède un son gras avec beaucoup de caractère.
CONNEXIONS:
La présence des entrées/sorties CV/Gate/Trig est bienvenue pour la communication tant avec l’ancien monde qu’avec les outils d’aujourd’hui. À noter à leur sujet que leurs embases sont en mini-jack 3,5. Une sortie double -20dB (Jack 6,35 asymétrique) et +4dB (XLR symétrique), je préfère cette dernière pour son niveau de sortie élevé afin de ne pas devoir trop monter le gain de la console (ce qui évite un léger souffle résiduel). Une entrée Audio IN permet de traiter une source externe, je me sers de cette entrée essentiellement pour gonfler artificiellement le nombre d’oscillateurs (on peut aussi diriger la sortie casque dans cette entrée pour augmenter le gain du signal pour produire une douce saturation du VCA, un câble est fourni à cet effet). On a également une entrée "PEDAL" qui peut recevoir un contrôle CV (pour contrôler le Sample&Hold ou la fréquence de coupure du filtre passe-bas) et une entrée "FOOTSWITCH" pour le contrôle du portamento (toutes deux en jack 6,35). Niveau MIDI, il n’y a qu’une entrée au format DIN et une entrée/sortie en USB, si on désire enregistrer les notes que l’on joue sur le clavier de l’Odyssey, il faut le brancher en USB sur la station de travail. Le réglage du canal de réception s’effectue en appuyant sur des touches lors de l’allumage. A noter également que seuls les messages de note ON, note OFF et Pitch-Bend sont reçus. Petite particularité, lorsque le pitch-Bend est contrôlé via MIDi, sa plage est limitée à +/- 2 demi-tons alors qu’avec les PPC’s la plage couvre environ +/- 2 octaves, je ne me l’explique pas, ça relève de la bizarrerie…
QUALITÉ DE FABRICATION:
L’ensemble est bien construit et semble solide, les curseurs et switches ont l’air d’être fiables, sans jeu (les curseurs de l’original deviennent une tannée avec le temps). La finition est très soignée et la sérigraphie est bien lisible. Le clavier est un peu léger, sans toutefois être cheap et je le trouve un peu bruyant. L’alimentation est externe (identique à celle du MS-20 Kit), mais une fois en place dans le studio ce n’est plus vraiment un problème, il faut juste penser a coller une petite étiquette sous le boitier pour savoir à quel appareil elle correspond (en cas de panne, déplacement, etc..). Un mode d’économie d’énergie est disponible (activé par défaut), le synthé s’éteint de lui-même s’il n’est plus utilisé depuis un certain temps, pratique si on tombe d’épuisement au studio.
Les modes d'emploi sont également de qualité, aussi bien rédigés qu'illustrés... TOP !
EN RÉSUMÉ:
Quel plaisir de retrouver ce grain, c’est un drôle de synthé. En plus d’être original il est inspirant et attachant. Je dois dire qu’il me manquait depuis quelques années le bougre !
Il ne fait pas tout mais ce qu’il fait, il le fait bien. Il arrive encore a me surprendre et je n’en suis pas déçu, le son est là et quel son !
Les ingénieurs de chez Korg (et David Friend) semblent avoir réussi le pari de reproduire celui-ci fidèlement, on retrouve vraiment l’ADN "ARP", je ne peux malheureusement plus comparer en profondeur le comportement de cette ré-édition avec le modèle original que j‘avais, mais si différence il y a, elle ne doit pas être énorme (il n’est peut-être pas aussi "rugueux" que son ancêtre mais comme je l’ai écrit, le son est là). Ce ‘’Full Size’’ est un superbe instrument, décliné sous les coloris des 3 différentes révisions, un modèle destiné en particulier aux nostalgiques (dont j’avoue faire partie), mais pas que.
Beaucoup lui trouveront des défauts: Un peu fastidieux a accorder, pas de presets, pas de MIDI CC, aucun effet intégré (excepté l'overdrive), pas de séquenceur (hormis celui qui est fourni exclusivement avec le bundle FSQ) et un prix quelque peu élevé pour un synthé monodique (duophonique).
C’est une machine a acheter en toute connaissance de cause, à prendre pour ce qu’elle fait et ce qu’elle est, autrement c’est la frustration/déception garantie (c’est valable tant pour l’original que pour cette ré-édition de chez Korg ou encore pour le clone de chez Behringer).
Les +:
+: Le son ARP.
+: L’ergonomie fidèle au modèle original.
+: La stabilité des oscillateurs.
+: Le MIDI.
+: Les trois modèles de filtre.
+: Très bon niveau de sortie en XLR.
+: Les entrées et sorties CV/Gate/Trig (avec un peu d’ingéniosité on peut en étendre encore les possibilités).
+: L’entrée PEDAL pour contrôler la fréquence de coupure du filtre passe-bas avec un signal CV.
+: Look superbe et vintage.
+: Excellente qualité de fabrication.
Les -:
-: Absence d’une prise MIDI OUT/THRU au format DIN.
-: Plage du pitch-bend limitée à +/- 2 demi-tons via MIDI.
-: Accordage des oscillateurs fastidieux.
-: Pads du pitch-bend et de la modulation difficiles a utiliser avec précision.
-: Alimentation externe.
-: Pas de valise de rangement fournie.
-: Prix élevé pour un mono sans mémoires.
.
LE SÉQUENCEUR SQ-1
Je vais être assez bref sur le sujet, il y a suffisamment d’avis sur la page produit du SQ-1.
Ce petit séquenceur, initialement sorti pour le MS-20 Mini, fourni en bundle avec la version FSQ est estampillé ARP aux couleurs de l’Odyssey Rev.3. Je ne l’utilise pas, préférant travailler en MIDI et MIDI-to-CV via des Kenton Pro-Solo MKIII.
Il transmet en données MIDI ou en signaux CV/Gate (idéal pour une utilisation conjointe avec l’ARP Odyssey, mais aussi avec d’autres machines ne disposant pas du MiDI ou pour contrôler diverses destinations sur des modulaires ou semi-modulaires). A noter que le CV est au standard Hz/Volt (1v, 2v, 5v) et V/Oct (8v), donc utilisable avec pratiquement tous les modèles et toutes les marques, un bon point.
Le signal d’entrée MIDI se fait par le port USB et la sortie MIDI nécessite un adaptateur jack 3,5/DIN (fourni). Les entrées et sorties CV, Gate et Sync sont en jack 3,5. L’alimentation se fait par 2 piles AA (fournies) ou via USB (câble non fourni). J’ai trouvé un chargeur USB à 2,60 € sur Ebay pour l’alimenter car le SQ-1 est assez consommateur en piles, à long terme en plus d’être couteux c’est très mauvais pour la planète !
Petit bonus, on peut s’en servir en tant que convertisseur MIDI-to-CV, très basique (pas de pitch-bend) mais ça peut toujours dépanner.
UTILISATION:
C’est un séquenceur assez limité, sa prise en main est extrêmement simple et il a l’avantage d’être autonome. Il y a 8 modes de séquences et celles-ci peuvent comporter jusqu’à 2 x 8 pas (canaux A et B) ou 1 x 16 pas (un canal).
Le réglage de hauteur de note est facilité par les gammes majeures, mineures et chromatique. Au niveau de la justesse ça se corse lorsque l’on passe en linéaire, surtout avec une plage en 5v et la faible course des potentiomètres, mais l’avantage que représente ce mode c’est qu’on peut faire de l’expérimental car ici on est dans le domaine micro-tonal (qui n'est permis qu'en utilisation en CV/Gate évidemment).
La sérigraphie bien lisible, les touches lumineuses, le fait que les principaux paramètres soient accessibles directement en façade et son excellente ergonomie permettent de faire très facilement toutes les modifications des pas "On the fly", ce qui rend l’improvisation plus ludique.
Seules quelques fonctions sont accessibles via les boutons avec fonctions secondaires, celles-ci sont détaillées dans un mode d’emploi qui laisse à désirer, j’en parlerai un peu plus loin.
L’utilisation en MIDI ou USB a pas mal de limitations, pour vraiment en exploiter tout le potentiel rien ne vaut le CV/GATE. Quelques lacunes sont a déplorer: Lors du changement de mode de lecture la séquence repart au premier pas sans finir le cycle en cours, il ne dispose pas d’une fonction Groove/Shuffle et dommage que l'on ne puisse pas sauvegarder les séquences sous forme de presets.
QUALITÉ DE FABRICATION:
Le boitier est en métal, lourd en regard de sa taille et semble assez solide. Plutôt élégant avec une sérigraphie bien lisible, c’est vraiment soigné. Les pads sont agréables, les connecteurs jack bien ancrés, le sélecteur de mode de séquence ferme et précis. Petit bémol pour les potentiomètres, ils semblent d’une part être assez fragiles et d’autre part sont de petite taille, heureusement que le plastique est cannelé pour la manipulation mais, comme je l’ai mentionné précédemment, ça reste un peu laborieux pour les réglages en micro-tonal surtout en 5v… Un boitier un peu plus grand avec des commandes plus espacées aurait été bienvenu.
Un effort aurait aussi pu être fait en ce qui concerne le mode d’emploi, il s’agit d’une grande feuille dépliante (qui me rappelle les joies des anciennes cartes routières) avec le descriptif en plusieurs langues recto/verso, il est encombrant et mal agencé, en deux mots : Peu pratique.
Les +:
+: L’ergonomie.
+: La facilité d’utilisation.
+: La qualité de fabrication.
+: Standards Hz/Volt et V/Oct.
+: Possibilité d'utilisation en interface MIDI-to-CV (basique mais peut dépanner).
Les -:
-: Le MIDI/USB limité.
-: Pas de DIN MIDI IN (ordinateur indispensable en USB).
-: Pas de fonction groove/shuffle.
-: Pas de mémoires pour les séquences.
-: Retourne au 1er pas de la séquence lors du changement de mode de lecture sans terminer le cycle en cours.
-: La petite taille (surtout les potentiomètres).
-: Le mode d'emploi bâclé.
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