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coyote14
« Un synthé désarmant avec un son prodigieux »
Publié le 30/12/19 à 20:41
Rapport qualité/prix :
Excellent
Cible :
Les utilisateurs avertis
Jusqu'à la sortie du Dominion 1 en 2013, MFB était une petite firme berlinoise fabriquant des synthés analogiques assez minimalistes, qui ne passait pas pour un ténor du secteur. On peut même dire que ce fut la première marque à diffuser des synthés analogiques peu onéreux, mais dont le prix fleurait bon le compromis à tous les étages, en particulier sur le look et les matériaux employés. Toutefois, le Kraftzwerg avait surpris sonorement parlant et avait commencé à infléchir l'image de la marque, malgré un look encore douteux et un prix situé autour de 500 euros en 2008. Bref : une marque dont on attendait à peine un énième monophonique sans mémoire dans un boitier plastique.
A l'annonce du Dominion 1, on perçoit un signal faible indiquant que la marque a décidé de franchir un cap, au moins sur les caractéristiques nettement revues à la hausse, avec un filtre multimode, des mémoires et un clavier. Toutefois, l'image de la marque encore peu prisée du grand public et le look pas très engageant du synthé ont eu pour effet une relative indifférence pour celui-ci, sorti dans une sorte d'anonymat. Surtout, les personnes souhaitant le commander devait attendre de longs mois, la machine étant disponible au compte goutte, comme le sont les productions artisanales auxquelles il n'était pas censé appartenir.
Au fil des années, le Dominion 1 étant désormais disponible auprès des grands distributeurs allemands pour un prix qui s'est stabilisé autour de 1400€, on a vu fleurir les témoignages, les démos, vidéos et tests (dont celui de notre SynthWalkichou national) mettant en œuvre la machine, avec à chaque fois la même conclusion : « mais...cette machine sonne superbement ! ». Il aura fallu plusieurs années de bouche à oreille pour qu'enfin justice soit rendue au Dominion 1, qui jouit désormais d'une excellente réputation sonore.
Ayant suivi de loin en loin l'évolution des mentalités (dont la mienne!) sur le Dominion 1, j'ai saisi une bonne affaire pour m'en procurer un, avec la meilleure décision qu'on puisse prendre, dès lors qu'on en a la possibilité : se faire mon opinion par soi-même !
Le voici arrivé à la maison : l'unboxing révèle un instrument très costaud, compact, qui respire la santé. La solide coque en acier peint/sérigraphié (le poids s'en ressent) les encodeurs très qualitatifs et solidement ancrés, un clavier de très bonne qualité ! (très au-delà de celui de mon Karp Full Size, pas photo)... Les nombreux points de patchs au format mini-jack sont fixés avec des écrous métal. Quelques bémols : pas de molettes de modulation, remplacées par des rubans (je ne suis pas fan : ça marche, mais c'est bien moins précis que l'action sur une molette physique), des flancs en bois costauds, mais pas très jolis avec des trous de vis un peu usinés à la hache, et des sliders un peu branlants sur leur axe. Rien de rédhibitoire, donc, car l'ensemble de la machine dégage une impression de sérieux! Elle ne fait pas pâle figure à côté du mon Pro One et mon OSCar, loin s'en faut.
Avant d'entrer dans les détails (si, si, vous me connaissez), je ne vais pas vous faire languir : et si on allumait le Dominion 1 pour jouer quelques sons ? La documentation préconise 5 à 10 minutes de chauffe, mais je n'en perçois guère l'utilité, la machine se révélant stable dès l'allumage : encore un bon point.
A l'écoute, on prend une claque sonore ! Cette machine sonne, damn ! Indéniablement analogique, la dynamique surprend, avec un son qui claque, la faute à un niveau de sortie impressionnant et des enveloppes qui crépitent, parmi les meilleures qu'il m'ait été données d'entendre. Le second point qui frappe, c'est l'étendue spectrale et la variété sonore : le filtre multimode sonne superbement bien, les grosses basses vrombissantes succèdes aux arpèges ciselés et scintillants d'aigus superbes, les leads ont un son plein et expressif...Mais que se passe-t-il ? Rien d'autre que: ce monophonique est une réussite sonore indiscutable. L'essentiel est là : le son, le gros son, le beau son, la saveur de VCO, du full path analogique, la patate. Bravo ! Il y a de la FM, du Ring Mod, de la synchro, un bruit blanc puissant...ça vrombit.
On commence alors à tweaker les sons : le nombre de commandes en façade est très important, la machine n'est pas simple, et je suis réservé comme choix de première machine. Certes, il y a plus compliqué, et sa polyvalence fait envie (on peut n'avoir que lui, comme monophonique analogique), mais tout de même : il va falloir s'employer.
Cela s'explique en particulier par un choix de conception qui est l'absence d'écran (hormis l'affichage à 3 digits). MFB a retenu une solution ergonomique médiocre (la même que le Vermona 14) : un encodeur cranté fait office de mode « global » où l'on peut paramétrer beaucoup de réglages : le MIDI, la paraphonie, la réponse à la vélocité de beaucoup de paramètres...Très bien, mais quel est le problème ? Eh bien bon nombre de ces menus sont à plusieurs niveaux, on bascule entre eux en sélectionnant la touche « enter », qui fait défiler des valeurs pas du tout intuitives (t-C ou I-C pour le glide ? ). Le choix de la courbe de réponse logarithmiques, linéaires ou exponentielles reproduites à l'aide de segments de droites des digits, c'est un peu chaud pour comprendre (c'est un exemple, il y en a PLEIN d'autres tout aussi discutables).
Continuons en faisant défiler les programmes. Il y a 128 presets (16 banques de 8 presets), ce qui est assez peu. Après avoir sélectionné le mode Patch, on sélectionne la banque avec l'encodeur Value (la banque affiche 01n pour la banque numéro 1), et le programme est sélectionné via les 8 boutons poussoirs adjacents (3 actions pour choisir un son...). Là encore, l'absence d'écran a pour conséquence l'absence de nom pour chaque programme évidemment, et un système de sélection des programmes un peu archaïque, comme sur mon MKS80. Les 8 boutons poussoirs servent aussi pour des fonctions secondaires (en combinaison avec la touche Shift), afin de sélectionner l'arpégiateur ou le séquenceur, mais aussi pour choisir parmi 2 plages de vitesses disponibles pour les enveloppes et les LFO (autrement dit : une des nombreuses fonctions très cool servies par une ergonomie perfectible).
Bref, vous l'avez compris : l'ergonomie est entravée par cette absence d'écran digne de ce nom. Sur un synthé simple, ça ne pose aucun problème. Sur un Dominion 1, ça le fait beaucoup moins, et clairement je n'achète pas cette partie de la machine qui oblige à avoir le manuel perpétuellement à portée de main pour savoir ce qu'on fait. Ça n'en fait pas une machine inutilisable, et renoncer à un Dominion 1 pour cette raison serait à mon sens une erreur, mais on ne peut pas s'empêcher d'y voir une forme de gâchis. Un éditeur aurait pu pallier partiellement à cela, mais hélas il n'en est rien au moment où j'écris ces lignes. Vous observerez d'ailleurs que le nouveau Synth-Pro que s'apprête à commercialiser MFB dispose, lui, d'un petit écran, preuve que la leçon semble avoir été retenue.
Eh bien réfugions-nous dans la synthèse, excellente façon de retrouver le moral avec ce synthé.
Le Dominion 1 a 3 VCO presque identiques : triangle, saw et square complétés d'un fonction Ring Mod pour l'oscillateur 1 et Xor pour les oscillos 2&3 (un ring mod numérique, selon MFB, qui utilise traditionnellement une combinaison d'ondes carrés). Très large amplitude sur le choix de l'octave (entre 1' et 32' !), et fine tune pour chaque oscillateur (mais pas de Tune Global). Les oscillateurs 2 et 3 sont synchronisables. On a ensuite un sélecteur de sources de modulation pour chacun des oscillateurs : tremolo et vibrato par le LFO1, vibrato par le LFO2, pitch par l'ADSR1 (sur l'oscillateur 3, c'est l'enveloppe AD), PWM par le LFO1, et PW statique. Un premier point très intéressant et singulier, c'est que les PWM et PW ne sont pas réservées à l'onde Square : le triangle et la dent de scie se voient aussi déformés, ce qui est nommé « assymetry » dans le manuel: la nuance est discrète sur le triangle, plus marquante sur le saw. Une première richesse tonale dès la section oscillateurs. Comme la PWM est lié au LFO1 et que celui-ci peut se mettre en mode One Shot (il fait un cycle et s'arrête), on peut instantanément avoir une forme d'onde qui opère un morphing progressif entre 2 formes d'onde. Le triangle est très doux (il ressemble à une Sine). Le Saw est très bon, plein d'harmonique. Le Square est sympa, mais ne semble pas tout à fait « carré », il manque un poil de coffre, mais dès qu'on utilise la PWM, il retrouve de la vie et de l'épaisseur.
Ces modulations offrent toutefois plusieurs compromis :
elles ne sont pas cumulables. On ne peut pas avoir simultanément une enveloppe de pitch et une PWM. Quel dommage...mais le patch panel comblera en partie ces lacunes, comme nous le verrons à la fin.
L'ergonomie est spéciale : on s'attend, en changeant de source de modulation, à ce que la modification soit prise en compte instantanément par le son. Perdu : il faut actionner l'encodeur « Modulation » (qui aurait mieux fait de s'appeler « amount ») pour que ça soit pris en compte. J'ai vraiment cru à une panne au premier test...
Un mot sur les Ring Mod : celui de l'oscillateur 1 est un vrai Ring Mod analogique, entre oscillateurs 1 et 2. Le résultat du Ring Mod s'entend en montant l'encodeur « RM Y In », le Y In indiquant qu'on peut subtituer aux oscillateurs un signal externe : bravo, et surtout, quel résultat ! Il faut que je creuse dans ma mémoire pour trouver un Ring Mod aussi musical et puissant, plein de finesse et de détail, et ça devait être sur mon CS60 ! Bravo MFB sur ce point majeur de la machine, qui nous permettra des FX, des sons de percus analogiques de toute beauté. On regrettera seulement que le changement de forme d'onde sur le VCO2 soit sans effet sur le résultat produit. Les fonctions XOR des oscillateurs 2 et 3 sont aussi très intéressantes, plus radicale encore, mais offrant moins de subtilités. Le XOR du VCO 2 combine les actions des VCO 2&3, celui du VCO3 combine VCO3 et VCO1. Là encore, un changement de forme d'onde sur les sources ne produit aucun effet.
La Synchro entre oscillateur est très réussie : le son est déchirant, et combiné aux fonctions XOR devient carrément violent. Les amateurs de techno et de son très percutant/violent seront aux anges. Contrairement aux Ring Mod/XOR, je vous invite à modifier les formes d'onde, car là, l'effet sur le son est drastique !
Vient enfin la FM, qui est très complète. À la manœuvre, le VCO3 qui est le modulateur, et agit sur, au choix : le VCO1, le VCO2, ou les 2. Le dosage de la FM peut être modulé par les 2 LFO ou les 3 enveloppes, au choix. Un réglage de FM sur une enveloppe courte donnera un son avec une attaque de pitch mordante, excellent sur les leads. A noter qu'une des entrées de la matrice de patch permet de substituer au VCO3 une source externe, tout comme les 2 entrées Ring Mod peuvent se substituer aux VCO1 et VCO2.
Il n'y a qu'un bruit blanc, mais qui est de bonne qualité, avec du gain et du coffre. Sur les sons FX/Beatbox, il fonctionne très bien. Il faudra tout de même choisir entre l'entrée audio externe et ce noise qui sont exclusifs, comme sur beaucoup de synthés.
La section mixer dose toutes les sources à l'entrée du filtre, et comme sur la plupart des synthés analogique, le dosage des VCO va venir driver l'entrée du filtre, mais d'une façon assez discrète : ne pas trop compter là-dessus pour changer énormément le caractère du son.
Pas de Sub-oscillateur ! Son absence n'est pas un manque flagrant, mais en avoir un aurait étendu encore un peu plus les possibilités.
La section filtre est très fournie. Nous avons un seul filtre, mais c'est un multimode de luxe !
4 LPF sur 6, 12, 18 et 24 dB.
2 HPF sur 6 et 12 dB
4 BPF, combinaison de LPF et HPF à différentes pentes.
2 notch avec 1 ou 2 filtres passe bas 6dB.
Le compte est bon : 12 filtres, tous résonants ! Et ils sont tous très efficaces. On sent que cette partie de la machine a bénéficié d'un soin particulier, et semble-t-il, d'un développement spécifique pour la sortie du Dominion 1. La résonance est efficace sur tous les profils, et ça auto-oscille dès qu'on passe la moité du réglage de résonance, qui reste musicale en toutes circonstances. Ce n'est pas une résonance type Moog, je lui trouve plutôt une couleur Roland. Le fait qu'elle ne drive pas à outrance permet de faire des sweeps très profonds sans crénalage excessif, de ZAP ou des kick très bons aussi. En réglage bas, elle rajoute une jolie sine dans les subs. Bref : ça fonctionne bien. Comme sur un Minimoog on peut enclencher le tracking du filtre complètement ou à moitié. L'enveloppe du cutoff est l'ADSR1, qui est inversable (chic alors). Beaucoup moins commun : la résonance peut être modulé par la 3ème enveloppe AD ou le LFO2.
Last but not least, le filtre peut être modulé par, au choix, le LFO1, le LFO2, le VCO2 ou le VCO3. Comme les LFO peuvent aller sans problème jusqu'aux fréquences audio et que leur vitesse peut être asservie au suivi du clavier, voilà comment on peut rajouter de la FM de filtre pour un son granuleux du plus bel effet.
Les enveloppes sont au nombre de 3 et sont très réussies. Il y a 2 ADSR et une enveloppe AD. Comme déjà dit, elles peuvent bénéficier de 2 plages de vitesse. En appuyant sur Shift + le bouton poussoir dédié, on sélectionne la plage de vitesse de chacun d'entre elles (la documentation indique que la durée est multipliée par 4) : la bonne nouvelle est que ce réglage est sauvegardé par programme. Par contre, les enveloppes ne sont pas bouclables, ni re-déclenchables avec un LFO comme sur les SH1/2/09 de Roland (mais avec le patch panel...si!). Réglées sur la plage rapide, elles sont très efficaces ! Non seulement elles sont rapides, mais leur réponse (de type RC?) produit des attaques très efficaces : un modèle du genre. La documentation n'indique toutefois pas si elles sont hardware ou logicielles. Sur la plage de vitesse la plus lente, elles sont donc rallongées, pour autant, leur durée n'est pas très longue (pas d'enveloppe de 30 secondes à attendre...). Rappelons que l'ADSR1 est affectée par défaut au filtre (c'est la seule qui soit inversable) l'ADSR2 au VCA et l'AD est une enveloppe de modulation utilisable pour plusieurs choses. Un réglage définit si l'enveloppe se redéclenche à chaque note liée (retrigger) ou pas, il est commun à toutes les enveloppes.
Nous avons 3 LFO, qui sont très réussis !
ils peuvent aller dans les fréquences audio, et bénéficient d'une plage de réglage lente ou rapide, comme les enveloppes.
Leur vitesse peut varier en fonction de la note jouée ! Ça, c'est vraiment une chouette trouvaille.
En allant dans le menu, on peut aussi moduler leur vitesse par la vélocité.
Les 6 mêmes formes d'onde les équipent : sine, triangle, carré, 2 dents de scie inversées, un S&H. Ce nombre assez fourni est utile notamment quand on les utilise dans les fréquences audio, cela permet d'obtenir des modulations bien distinctes.
Ils bénéficient de plusieurs mode de déclenchement, c'est vraiment très complet : free run, reset à la réception d'une note, mode one shot, et enfin synchro du début de cycle à l'horloge MIDI interne ou externe (donc pas synchronisable en MIDI à proprement parler : seul le début du cycle est recalé, pas sa durée).
Chacun des 2 LFO principaux peut être sélectionné comme source pour le Pitch des VCO, pour doser la FM comme la FM de Filtre. Le LFO2 peut, lui, moduler en plus le VCA et la résonance. Ouf !
Un 3ème LFO est destiné uniquement à l'utilisation du Ruban de modulation. C'est bien un LFO indépendant, avec une unique onde triangle, qui peut moduler, avec l'action progressive du ruban, les VCO, le VCO2 seul, le VCO3 seul ou VCO2+3 pour créer un vibrato. Il peut aussi moduler le VCF (effet Wha-wha) ou encore le VCA (effet tremolo).
L'excellent (j'insiste) clavier répond à la vélocité et à l'aftertouch. Commençons par ce dernier, dont l'action est paramétrée ainsi : après avoir sélectionné la pousoir « AT select », on dose l'action avec le potentiomètre dédié, et ensuite, ça se passe dans les menus de l'écran LCD, pour moduler le pitch de tous les oscillos en bloc, ou un par un, la modulation de tous les oscillos en bloc, ou un par un. On rappelle que la modulation peut activer la PWM, la modulation du pitch par les LFO ou les enveloppes. Ici encore, une fois la valeur modifiée (on peut « doser » l'effet, bien vu), il ne se passe rien : il est nécessaire d'appuyer sur enter pour que ça soit pris en compte. Déroutant...un peu désespérant, même. Ça offre néanmoins énormément de possibilités (modifier la PW avec l'aftertouch, ou le vibrato d'un seul des LFO...).
Pour la vélocité, direction la molette crantée, qui peut agir sur 7 modulations bipolaires (cool!) qui peuvent donc augmenter ou diminuer selon la force de frappe: le VCA, l'intensité de chacune des enveloppes, la durée de tous les segments d'enveloppe, le cutoff, la résonance, la symétrie des oscillos (la PWM de chacune des formes d'onde), la vitesse de chaque LFO. Ouf ! Et ici, contrairement à la modulation des oscillateurs, on peut tout cumuler et tout enregistrer par programme. Puissantissime !!! Le Dominion 1 est donc, de fait, un monstre d'expressivité, dès lors qu'on le programme finement. L'action sur les enveloppes et la vitesse des LFO en particulier donne de très bons résultats !
Il y a un mode paraphonique sur le Dominion 1. Accessible depuis le mode Voice (molette crantée), le réglage .1 indique que le pitch des oscillos sera le même, et .3 alloue un oscillo à chaque touche enfoncée. Ne jouer qu'une seule note aura pour effet de rassembler les 3 VCO sur la même note, la seconde note jouée pilotant le VCO2 et la troisième le VCO3. Une quatrième note jouée subtilise le VCO1 pour le jouer sur ce nouveau pitch. Bref, c'est logique. Le résultat ? Mauvais ! Et pourquoi donc ? Eh bien pour une raison simple : à l'enfoncement de 3 touches, tout va bien, chaque VCO prend sa place. Et au relâchement, catastrophe : tous les oscillateurs rappliquent sur la dernière touche relâchée (et il y en a toujours une, même quand on relâche tout vite et en même temps). Donc une modification du pitch de 2 des 3 oscillateurs se produit, très fugitivement, mais de façon audible. On ne peut pas appeler cela un bug, mais juste une mauvaise gestion numérique du pitch des oscillos qui, au lieu de maintenir chaque oscillateur sur le pitch de l'instruction « note on », le place lors du release sur le pitch de la dernière note off. Sur les enveloppes avec beaucoup de release, l'accord tant qu'il est maintenu joue un accord, mais au relâchement joue une seule note en unison des 3 oscillateurs. Stupide, n'est-ce pas ?
Tant qu'on est dans ce menu, on y paramètrera l'action du glide (constant en temps ou en intervalle, legato seulement ou permanent), le dosage principal ayant lieu en façade.
La courbe de vélocité (il y en 4, entre « rien » et « exponentiel »). Attention, sur 0, pas de vélocité, donc aucun des réglages de vélocité réglés par ailleurs n'aura d'action sur le son. Voilà, c'est tout le dominion 1 : pour régler l'action de la vélocité sur un cutoff, il faut d'abord « allumer » la vélocité, puis doser son action dans un autre menu accessible depuis la molette.
Les autres réglages sont classiques (local on/off, choix du canal MIDI, MIDI Dump...). Un bon point, c'est le mode « MAN » qui, en appuyant sur Enter, envoie les réglages du panneau dans le buffer d'édition. Bien vu, surtout sur ce synthé avec des commandes innombrables, je m'en sers tout le temps. Enfin, l'action combinée sur 2 poussoirs effectue un reset tous les réglages de vélocité d'un seul coup. Très pratique pour repartir de zéro sur l'ensemble des modulations.
L'arpégiateur ou le séquenceur peuvent animer tout ce beau monde. On commence par l'arpégiateur, qui est sensible à la vélocité et prend en compte l'action du glide. Il a un réglage de gate (durée de note, appelée « length » sur la sérigraphie), et même un shuffle. Au niveau des motifs d'arpèges, c'est assez fourni : Up, Down, Up&Down, Up&Down avec première/dernière note répétée, random et order (l'ordre dans lequel on a joué les notes). Ensuite, on peut peaufiner chacun de ces motif, en répétant chacune des notes 2, 3 ou 4 fois ! J'entends les fans d' « I Feel Love » trépigner, ils ont raison. L'étendue chromatique de cet arpégiateur peut aller jusqu'à 5 octaves, c'est beaucoup et c'est très bien. « Scale » le mal nommé fixe la résolution de l'arpège (2 à 32ème de noire). Il y a un mode latch accessible depuis la façade, et une fois enclenché, on peut rajouter des notes deci-delà qui s'intercale dans l'arpège en cours d’exécution, à la vélocité à laquelle on l'a saisie : juste parfait. Un bémol, mais de taille : le réglage de l'arpégiateur n'est pas sauvegardé avec le programme. C'est donc un fonctionnalité à actionner en live uniquement, et le Dominion 1 n'en fait pas une composante d'un programme : quel dommage...Egalement, le motif d'arpégiateur se poursuit, même quand on change de son. Voilà qui peut être sympa, si on souhaite envoyer des program changes à la volée, ça peut être utile pour faire des séquences complexes.
Le tempo se règle depuis la façade, mais la réception d'une horloge MIDI externe dans le MIDI In aura pour effet d'activer automatiquement la synchro MIDI, et de permettre la réception de message MIDI Start/Stop. Bravo, un sans faute sur cet aspect !
Le séquenceur est le cousin germain de l'arpégiateur avec lequel il partage pas mal de réglages (Scale, Gate, Shuffle...). On saisit les notes en pas à pas, mais pas que les notes ! Les glides, le Length de chaque note, le modulation ribbon et même l'aftertouch sont partie intégrante des résultats de chaque pas. La commande transposition « Shift + note sur le clavier » fonctionne en mode séquenceur (et aussi en mode « normal » de jeu au clavier), et comme pour l'arpégiateur, le déroulement du motif de séquence n'est nullement troublé par les changement de programme à la volée (c'est super fun depuis la façade du Dominion sur les poussoirs, mais ça exige un peu de dextérité pour être synchro avec le motif). En mode paraphonique, le séquenceur est capable d'enregistrer des accords, avec pour résultat d'obenir la même charpie qu'en mode de jeu paraphonique au clavier (comme quoi, même quand c'est le séquenceur qui relâche les notes, c'est quand même un beau bordel). Les silences et les notes tenues sont saisies par le bouton Hold/Pause (appui court pour prolonger la note, appui long pour un silence, on aurait préféré des commandes bien distinctes...). Jusqu'à 128 pas peuvent ainsi être saisis, c'est pas mal ! Il est possible d'éditer ses séquences en rejouant chaque pas individuellement et en corrigeant les fautifs.
Comme on ne peut pas sauvegarder chaque séquence / motif d'arpège dans chaque programme, il est néanmoins possible de sauvergarder 8 d'entre eux dans la machine. Un pis aller, qui ne nous consolera pas de la possibilité de les lier à un programme. Cela permet néanmoins de changer de séquence en cours de jeu, en ayant à l'esprit que la séquence suivante ne démarre que lorsque la séquence en cours de jeu s'est achevée.
Le Patch panel ouvre le Dominion sur le monde extérieur, mais aussi débride ses propres possibilités. On se félicitera du fait qu'il fut l'un des premiers claviers autonomes à démocratiser la chose. Les possibilités sont correctes :
on peut piloter le pitch de chaque oscillateur indépendamment. Peut être un moyen de contourner le mode paraphonique calamiteux du Dominion. L'inverse est aussi possible : envoyer le pitch de chaque oscillo en mode paraphonique vers l'extérieur. Vous me croyez si je vous dis que j'ai préféré ne pas tenter la chose ?
Un gate in et un gate out.
FM In permet à un signal externe de remplacer le VCO3 pour l'utilisation de la FM.
Idem pour Sync In qui se substitue au VCO1 pour le réglage de la synchro entre oscillateurs.
Ext In injecte un signal audio externe comme source audio, ce qui a pour effet de désactiver le bruit blanc.
Une entrée CV pour le VCA et une pour le VCF.
3 sorties audio : l'une prélève le signal à la sortie des oscillos, l'autre à la sortie des filtres et la dernière est un miroir de la sortie master. La réinjection de ce signal dans l'audio In (le vieux trick du Minimoog) ne produit malheureusement pas le même effet de son saturé/boursoufflé qu'affectionnent tant certains.
Des entrées de Ring Mod pour se substituer aux VCO1 et/ou 2 (RM X et RM Y).
La sortie des 2 LFO. Injectés dans l'entrée Gate, c'est le seul moyen de redéclencher les enveloppes.
Le contrôle de la vitesse du LFO2 uniquement (et non : rien pour le LFO1). Et voilà comment on peut, au sein même du Dominion 1, moduler le LFO2 avec un des rubans, une enveloppe,...En pratique, ça fonctionne bien, mais l'action est drastique et nécessiterait un atténuateur pour que l'action soit plus progressive.
Les sorties de toutes les enveloppes
Les sorties des 2 rubans.
Du fait de ce patch panel, le panneau arrière ne comporte que la prise pour l'alim (interne, merci), un trio de prises MIDI, une entrée pédale (à la polarité non paramétrable, zut), et une sortie audio Mono Out qui est très puissante. Tiens, mais...Où est la prise casque ? J'ai essayé de ruser en branchant mon K702 sur la sortie main, peine perdue : l'impédance est inadaptée, le son est mou et perd tout son jus. Mauvais point !
Et comme il a déjà été noté par beaucoup de possesseurs, le panneau de commande de la machine n'émet pas en MIDI Out. Seul le clavier, les contrôleurs à ruban et l'arpégiateur/séquenceur le font. C'est surprenant, car ce type de limitation est généralement l'apanage des synthés sans mémoire et donc sans gestion numérique des paramètres. Le patch panel ne compensera que très partiellement ce manque, en permettant le contrôle de paramètres essentiels en CV.
Voilà, on est arrivé au bout du voyage. Je crains de confirmer ce que beaucoup avant moi avaient décelé : le Dominion 1 est un synthé au son prodigieux, racé, polyvalent, qui sonne pleinement analogique avec un grand « A », mais motorisé par une partie numérique qui met à notre disposition le meilleur (synchro du start des LFO, mémoires, arp/seq, nombreuses modulations, en particulier celles liés à la vélocité), le moins bon (les commandes redondantes, à action différées, les affichages abscons à l'écran, certaines limitations incompréhensibles) dont on s'accommode avec un peu d'habitude et un manuel pas trop loin, et les stupidités (le mode paraphonique qui est une blague). Cet aspect-là des choses n'a pas été maîtrisé lors du développement (malgré plusieurs mises à jour d'OS, jusqu'à la 1.8 qui est la dernière en date au moment où j'écris ceci), et elle apparaît comme le parent pauvre de l'affaire. J'ai ainsi eu droit à des presets pourtant enregistrés qui sonnent autrement une fois rappelés (le dosage du Ring Mod par exemple n'est pas toujours pris en compte dans la sauvegarde). L'encodeur modulation dans la section oscillateur reste aussi parfois actif, malgré une remise à zéro sur le panel. Cela laisse un goût amer quant à la maîtrise du sujet par MFB.
Heureusement, le son est là. Totalement là. Vivant, chaud, tantôt percutant, tantôt expressif, le Dominion navigue allègrement entre les grands classiques des sons analogiques, jusqu'aux sons les plus inattendus, les FX, les kicks, les zap et autres bruitages interstellaires les plus fous. C'est le plus complet de tous mes monophoniques, peut être le plus polyvalent aussi. Il doit cela à plusieurs points tout à fait remarquables : un Ring Mod de toute beauté, des filtres redoutables et musicaux, des enveloppes avec une vraie signature sonore, et une section LFO souple et musclée.
Je note toutefois qu'il est sensible aux interférences écrans LCD, Smartphones, boitiers CPL...A savoir, il lui faudra un environnement bien maîtrisé. L'arpégiateur et le séquenceur sont bourrés de qualités, pas trop difficiles à utiliser, mais quel dommage que ne pouvoir stocker leur motifs avec les programmes. Si vous aimez le son analogique de haute volée, ne vous crispez pas sur la gestion numérique, car ses limitations ne vous priveront pas du plaisir offert par la signature sonore du Dominion 1. C'est un achat que je ne regrette pas, car il rivalise sans peine avec mes monophoniques (il fait pas mal d'ombre au Pro One beaucoup plus limité, qui conserve pour lui un bas encore plus présent, et même à mon Odyssey). Sa connectivité est un vrai plus qui se fondra dans un environnement modulaire et permettra même de compléter certaines fonctionnalités indisponibles depuis la façade, sans pour autant en faire un semi-modulaire façon MS20.
Nous verrons si MFB transforme le coup d'essai en coup de maître avec le Synth Pro, un polyphonique 8 voix qui prendra son envol en 2020. Lui aura un écran, et sans doute une gestion numérique plus aboutie. Aura-t-il un son de la même trempe ? Nous le saurons bientôt...
J'aime beaucoup :
- Le son, le son, le son. Ah, j'oubliais : le SON.
- Un monophonique polyvalent, la largeur du spectre sonore (aurait mérité un poil plus de bas)
- Les interactions entre oscillos : Sync (super), Ring Mod (géant), FM pilotable (chic!), XOR (bien, ne fait pas dans la dentelle), et les nombreuses modulations possibles.
- L'assymétrie, qui ne se limite pas à l'onde carrée.
- La section filtre multimode archi-complète, efficace et musicale.
- L'enveloppe 1 inversable, beaucoup de modulation bipolaires.
- 3 enveloppes, pas si courant sur un monophonique
- Les 2 plages de vitesse des enveloppes et des LFO, mémorisables par programme.
- Des LFO rapides et souples (one shot, synchro MIDI du start, asservissement au Keytracking...)
- La réponse particulière des enveloppes, particulièrement pêchues
- La vélocité peut moduler énormément de destinations, toutes cumulables (avec des destinations rare comme la vitesse de LFO et la longueur des enveloppes...) et sauvegardées avec les programmes. La possibilité de tout reseter d'un coup.
- La détection automatique de la synchro MIDI externe, la reconnaissance des messages start/stop
- Arpégiateur malin, complet et plaisant à utiliser, qui émet en MIDI et avec un mode latch parfait et une interprétation des données de vélocité.
- Séquenceur jusqu'à 128 pas, polyphonique, transposable et éditable
- Le patch panel qui ouvre l’instrument sur l'extérieur, mais en augmente aussi les possibilités internes.
- La fabrication, au niveau de synthés beaucoup plus onéreux. Un objet costaud, massif, doté d'un toucher léger parmi les meilleurs et d'une alimentation interne.
on peut ne pas aimer :
- Absence d'écran explicite qui complique beaucoup les opérations, surtout quand il y a plusieurs paramètres par menu.
- Absence de molettes de modulation, mal remplacées par des rubans trop peu sensibles.
- Gestion numérique mal fichue (prise en compte de modification pas instantanées, plusieurs paramètres pour aboutir à un seul résultat)
- Nombre d'emplacements mémoire (128) trop juste.
- Pas de prise casque et sortie main incompatible avec l'impédance d'un casque
- Pas de Tuning global, pas de signal témoin pour accorder les oscillos.
- Un Sub-oscillateur n'aurait pas été de refus
- Une certaine sensibilité aux perturbations électriques et rayonnements
- Le mixer ne fait pas beaucoup driver le filtre
- Le mode paraphonique complètement raté
- Les réglages d'arpégiateur et de séquenceur non sauvegardés avec les programmes
A l'annonce du Dominion 1, on perçoit un signal faible indiquant que la marque a décidé de franchir un cap, au moins sur les caractéristiques nettement revues à la hausse, avec un filtre multimode, des mémoires et un clavier. Toutefois, l'image de la marque encore peu prisée du grand public et le look pas très engageant du synthé ont eu pour effet une relative indifférence pour celui-ci, sorti dans une sorte d'anonymat. Surtout, les personnes souhaitant le commander devait attendre de longs mois, la machine étant disponible au compte goutte, comme le sont les productions artisanales auxquelles il n'était pas censé appartenir.
Au fil des années, le Dominion 1 étant désormais disponible auprès des grands distributeurs allemands pour un prix qui s'est stabilisé autour de 1400€, on a vu fleurir les témoignages, les démos, vidéos et tests (dont celui de notre SynthWalkichou national) mettant en œuvre la machine, avec à chaque fois la même conclusion : « mais...cette machine sonne superbement ! ». Il aura fallu plusieurs années de bouche à oreille pour qu'enfin justice soit rendue au Dominion 1, qui jouit désormais d'une excellente réputation sonore.
Ayant suivi de loin en loin l'évolution des mentalités (dont la mienne!) sur le Dominion 1, j'ai saisi une bonne affaire pour m'en procurer un, avec la meilleure décision qu'on puisse prendre, dès lors qu'on en a la possibilité : se faire mon opinion par soi-même !
Le voici arrivé à la maison : l'unboxing révèle un instrument très costaud, compact, qui respire la santé. La solide coque en acier peint/sérigraphié (le poids s'en ressent) les encodeurs très qualitatifs et solidement ancrés, un clavier de très bonne qualité ! (très au-delà de celui de mon Karp Full Size, pas photo)... Les nombreux points de patchs au format mini-jack sont fixés avec des écrous métal. Quelques bémols : pas de molettes de modulation, remplacées par des rubans (je ne suis pas fan : ça marche, mais c'est bien moins précis que l'action sur une molette physique), des flancs en bois costauds, mais pas très jolis avec des trous de vis un peu usinés à la hache, et des sliders un peu branlants sur leur axe. Rien de rédhibitoire, donc, car l'ensemble de la machine dégage une impression de sérieux! Elle ne fait pas pâle figure à côté du mon Pro One et mon OSCar, loin s'en faut.
Avant d'entrer dans les détails (si, si, vous me connaissez), je ne vais pas vous faire languir : et si on allumait le Dominion 1 pour jouer quelques sons ? La documentation préconise 5 à 10 minutes de chauffe, mais je n'en perçois guère l'utilité, la machine se révélant stable dès l'allumage : encore un bon point.
A l'écoute, on prend une claque sonore ! Cette machine sonne, damn ! Indéniablement analogique, la dynamique surprend, avec un son qui claque, la faute à un niveau de sortie impressionnant et des enveloppes qui crépitent, parmi les meilleures qu'il m'ait été données d'entendre. Le second point qui frappe, c'est l'étendue spectrale et la variété sonore : le filtre multimode sonne superbement bien, les grosses basses vrombissantes succèdes aux arpèges ciselés et scintillants d'aigus superbes, les leads ont un son plein et expressif...Mais que se passe-t-il ? Rien d'autre que: ce monophonique est une réussite sonore indiscutable. L'essentiel est là : le son, le gros son, le beau son, la saveur de VCO, du full path analogique, la patate. Bravo ! Il y a de la FM, du Ring Mod, de la synchro, un bruit blanc puissant...ça vrombit.
On commence alors à tweaker les sons : le nombre de commandes en façade est très important, la machine n'est pas simple, et je suis réservé comme choix de première machine. Certes, il y a plus compliqué, et sa polyvalence fait envie (on peut n'avoir que lui, comme monophonique analogique), mais tout de même : il va falloir s'employer.
Cela s'explique en particulier par un choix de conception qui est l'absence d'écran (hormis l'affichage à 3 digits). MFB a retenu une solution ergonomique médiocre (la même que le Vermona 14) : un encodeur cranté fait office de mode « global » où l'on peut paramétrer beaucoup de réglages : le MIDI, la paraphonie, la réponse à la vélocité de beaucoup de paramètres...Très bien, mais quel est le problème ? Eh bien bon nombre de ces menus sont à plusieurs niveaux, on bascule entre eux en sélectionnant la touche « enter », qui fait défiler des valeurs pas du tout intuitives (t-C ou I-C pour le glide ? ). Le choix de la courbe de réponse logarithmiques, linéaires ou exponentielles reproduites à l'aide de segments de droites des digits, c'est un peu chaud pour comprendre (c'est un exemple, il y en a PLEIN d'autres tout aussi discutables).
Continuons en faisant défiler les programmes. Il y a 128 presets (16 banques de 8 presets), ce qui est assez peu. Après avoir sélectionné le mode Patch, on sélectionne la banque avec l'encodeur Value (la banque affiche 01n pour la banque numéro 1), et le programme est sélectionné via les 8 boutons poussoirs adjacents (3 actions pour choisir un son...). Là encore, l'absence d'écran a pour conséquence l'absence de nom pour chaque programme évidemment, et un système de sélection des programmes un peu archaïque, comme sur mon MKS80. Les 8 boutons poussoirs servent aussi pour des fonctions secondaires (en combinaison avec la touche Shift), afin de sélectionner l'arpégiateur ou le séquenceur, mais aussi pour choisir parmi 2 plages de vitesses disponibles pour les enveloppes et les LFO (autrement dit : une des nombreuses fonctions très cool servies par une ergonomie perfectible).
Bref, vous l'avez compris : l'ergonomie est entravée par cette absence d'écran digne de ce nom. Sur un synthé simple, ça ne pose aucun problème. Sur un Dominion 1, ça le fait beaucoup moins, et clairement je n'achète pas cette partie de la machine qui oblige à avoir le manuel perpétuellement à portée de main pour savoir ce qu'on fait. Ça n'en fait pas une machine inutilisable, et renoncer à un Dominion 1 pour cette raison serait à mon sens une erreur, mais on ne peut pas s'empêcher d'y voir une forme de gâchis. Un éditeur aurait pu pallier partiellement à cela, mais hélas il n'en est rien au moment où j'écris ces lignes. Vous observerez d'ailleurs que le nouveau Synth-Pro que s'apprête à commercialiser MFB dispose, lui, d'un petit écran, preuve que la leçon semble avoir été retenue.
Eh bien réfugions-nous dans la synthèse, excellente façon de retrouver le moral avec ce synthé.
Le Dominion 1 a 3 VCO presque identiques : triangle, saw et square complétés d'un fonction Ring Mod pour l'oscillateur 1 et Xor pour les oscillos 2&3 (un ring mod numérique, selon MFB, qui utilise traditionnellement une combinaison d'ondes carrés). Très large amplitude sur le choix de l'octave (entre 1' et 32' !), et fine tune pour chaque oscillateur (mais pas de Tune Global). Les oscillateurs 2 et 3 sont synchronisables. On a ensuite un sélecteur de sources de modulation pour chacun des oscillateurs : tremolo et vibrato par le LFO1, vibrato par le LFO2, pitch par l'ADSR1 (sur l'oscillateur 3, c'est l'enveloppe AD), PWM par le LFO1, et PW statique. Un premier point très intéressant et singulier, c'est que les PWM et PW ne sont pas réservées à l'onde Square : le triangle et la dent de scie se voient aussi déformés, ce qui est nommé « assymetry » dans le manuel: la nuance est discrète sur le triangle, plus marquante sur le saw. Une première richesse tonale dès la section oscillateurs. Comme la PWM est lié au LFO1 et que celui-ci peut se mettre en mode One Shot (il fait un cycle et s'arrête), on peut instantanément avoir une forme d'onde qui opère un morphing progressif entre 2 formes d'onde. Le triangle est très doux (il ressemble à une Sine). Le Saw est très bon, plein d'harmonique. Le Square est sympa, mais ne semble pas tout à fait « carré », il manque un poil de coffre, mais dès qu'on utilise la PWM, il retrouve de la vie et de l'épaisseur.
Ces modulations offrent toutefois plusieurs compromis :
elles ne sont pas cumulables. On ne peut pas avoir simultanément une enveloppe de pitch et une PWM. Quel dommage...mais le patch panel comblera en partie ces lacunes, comme nous le verrons à la fin.
L'ergonomie est spéciale : on s'attend, en changeant de source de modulation, à ce que la modification soit prise en compte instantanément par le son. Perdu : il faut actionner l'encodeur « Modulation » (qui aurait mieux fait de s'appeler « amount ») pour que ça soit pris en compte. J'ai vraiment cru à une panne au premier test...
Un mot sur les Ring Mod : celui de l'oscillateur 1 est un vrai Ring Mod analogique, entre oscillateurs 1 et 2. Le résultat du Ring Mod s'entend en montant l'encodeur « RM Y In », le Y In indiquant qu'on peut subtituer aux oscillateurs un signal externe : bravo, et surtout, quel résultat ! Il faut que je creuse dans ma mémoire pour trouver un Ring Mod aussi musical et puissant, plein de finesse et de détail, et ça devait être sur mon CS60 ! Bravo MFB sur ce point majeur de la machine, qui nous permettra des FX, des sons de percus analogiques de toute beauté. On regrettera seulement que le changement de forme d'onde sur le VCO2 soit sans effet sur le résultat produit. Les fonctions XOR des oscillateurs 2 et 3 sont aussi très intéressantes, plus radicale encore, mais offrant moins de subtilités. Le XOR du VCO 2 combine les actions des VCO 2&3, celui du VCO3 combine VCO3 et VCO1. Là encore, un changement de forme d'onde sur les sources ne produit aucun effet.
La Synchro entre oscillateur est très réussie : le son est déchirant, et combiné aux fonctions XOR devient carrément violent. Les amateurs de techno et de son très percutant/violent seront aux anges. Contrairement aux Ring Mod/XOR, je vous invite à modifier les formes d'onde, car là, l'effet sur le son est drastique !
Vient enfin la FM, qui est très complète. À la manœuvre, le VCO3 qui est le modulateur, et agit sur, au choix : le VCO1, le VCO2, ou les 2. Le dosage de la FM peut être modulé par les 2 LFO ou les 3 enveloppes, au choix. Un réglage de FM sur une enveloppe courte donnera un son avec une attaque de pitch mordante, excellent sur les leads. A noter qu'une des entrées de la matrice de patch permet de substituer au VCO3 une source externe, tout comme les 2 entrées Ring Mod peuvent se substituer aux VCO1 et VCO2.
Il n'y a qu'un bruit blanc, mais qui est de bonne qualité, avec du gain et du coffre. Sur les sons FX/Beatbox, il fonctionne très bien. Il faudra tout de même choisir entre l'entrée audio externe et ce noise qui sont exclusifs, comme sur beaucoup de synthés.
La section mixer dose toutes les sources à l'entrée du filtre, et comme sur la plupart des synthés analogique, le dosage des VCO va venir driver l'entrée du filtre, mais d'une façon assez discrète : ne pas trop compter là-dessus pour changer énormément le caractère du son.
Pas de Sub-oscillateur ! Son absence n'est pas un manque flagrant, mais en avoir un aurait étendu encore un peu plus les possibilités.
La section filtre est très fournie. Nous avons un seul filtre, mais c'est un multimode de luxe !
4 LPF sur 6, 12, 18 et 24 dB.
2 HPF sur 6 et 12 dB
4 BPF, combinaison de LPF et HPF à différentes pentes.
2 notch avec 1 ou 2 filtres passe bas 6dB.
Le compte est bon : 12 filtres, tous résonants ! Et ils sont tous très efficaces. On sent que cette partie de la machine a bénéficié d'un soin particulier, et semble-t-il, d'un développement spécifique pour la sortie du Dominion 1. La résonance est efficace sur tous les profils, et ça auto-oscille dès qu'on passe la moité du réglage de résonance, qui reste musicale en toutes circonstances. Ce n'est pas une résonance type Moog, je lui trouve plutôt une couleur Roland. Le fait qu'elle ne drive pas à outrance permet de faire des sweeps très profonds sans crénalage excessif, de ZAP ou des kick très bons aussi. En réglage bas, elle rajoute une jolie sine dans les subs. Bref : ça fonctionne bien. Comme sur un Minimoog on peut enclencher le tracking du filtre complètement ou à moitié. L'enveloppe du cutoff est l'ADSR1, qui est inversable (chic alors). Beaucoup moins commun : la résonance peut être modulé par la 3ème enveloppe AD ou le LFO2.
Last but not least, le filtre peut être modulé par, au choix, le LFO1, le LFO2, le VCO2 ou le VCO3. Comme les LFO peuvent aller sans problème jusqu'aux fréquences audio et que leur vitesse peut être asservie au suivi du clavier, voilà comment on peut rajouter de la FM de filtre pour un son granuleux du plus bel effet.
Les enveloppes sont au nombre de 3 et sont très réussies. Il y a 2 ADSR et une enveloppe AD. Comme déjà dit, elles peuvent bénéficier de 2 plages de vitesse. En appuyant sur Shift + le bouton poussoir dédié, on sélectionne la plage de vitesse de chacun d'entre elles (la documentation indique que la durée est multipliée par 4) : la bonne nouvelle est que ce réglage est sauvegardé par programme. Par contre, les enveloppes ne sont pas bouclables, ni re-déclenchables avec un LFO comme sur les SH1/2/09 de Roland (mais avec le patch panel...si!). Réglées sur la plage rapide, elles sont très efficaces ! Non seulement elles sont rapides, mais leur réponse (de type RC?) produit des attaques très efficaces : un modèle du genre. La documentation n'indique toutefois pas si elles sont hardware ou logicielles. Sur la plage de vitesse la plus lente, elles sont donc rallongées, pour autant, leur durée n'est pas très longue (pas d'enveloppe de 30 secondes à attendre...). Rappelons que l'ADSR1 est affectée par défaut au filtre (c'est la seule qui soit inversable) l'ADSR2 au VCA et l'AD est une enveloppe de modulation utilisable pour plusieurs choses. Un réglage définit si l'enveloppe se redéclenche à chaque note liée (retrigger) ou pas, il est commun à toutes les enveloppes.
Nous avons 3 LFO, qui sont très réussis !
ils peuvent aller dans les fréquences audio, et bénéficient d'une plage de réglage lente ou rapide, comme les enveloppes.
Leur vitesse peut varier en fonction de la note jouée ! Ça, c'est vraiment une chouette trouvaille.
En allant dans le menu, on peut aussi moduler leur vitesse par la vélocité.
Les 6 mêmes formes d'onde les équipent : sine, triangle, carré, 2 dents de scie inversées, un S&H. Ce nombre assez fourni est utile notamment quand on les utilise dans les fréquences audio, cela permet d'obtenir des modulations bien distinctes.
Ils bénéficient de plusieurs mode de déclenchement, c'est vraiment très complet : free run, reset à la réception d'une note, mode one shot, et enfin synchro du début de cycle à l'horloge MIDI interne ou externe (donc pas synchronisable en MIDI à proprement parler : seul le début du cycle est recalé, pas sa durée).
Chacun des 2 LFO principaux peut être sélectionné comme source pour le Pitch des VCO, pour doser la FM comme la FM de Filtre. Le LFO2 peut, lui, moduler en plus le VCA et la résonance. Ouf !
Un 3ème LFO est destiné uniquement à l'utilisation du Ruban de modulation. C'est bien un LFO indépendant, avec une unique onde triangle, qui peut moduler, avec l'action progressive du ruban, les VCO, le VCO2 seul, le VCO3 seul ou VCO2+3 pour créer un vibrato. Il peut aussi moduler le VCF (effet Wha-wha) ou encore le VCA (effet tremolo).
L'excellent (j'insiste) clavier répond à la vélocité et à l'aftertouch. Commençons par ce dernier, dont l'action est paramétrée ainsi : après avoir sélectionné la pousoir « AT select », on dose l'action avec le potentiomètre dédié, et ensuite, ça se passe dans les menus de l'écran LCD, pour moduler le pitch de tous les oscillos en bloc, ou un par un, la modulation de tous les oscillos en bloc, ou un par un. On rappelle que la modulation peut activer la PWM, la modulation du pitch par les LFO ou les enveloppes. Ici encore, une fois la valeur modifiée (on peut « doser » l'effet, bien vu), il ne se passe rien : il est nécessaire d'appuyer sur enter pour que ça soit pris en compte. Déroutant...un peu désespérant, même. Ça offre néanmoins énormément de possibilités (modifier la PW avec l'aftertouch, ou le vibrato d'un seul des LFO...).
Pour la vélocité, direction la molette crantée, qui peut agir sur 7 modulations bipolaires (cool!) qui peuvent donc augmenter ou diminuer selon la force de frappe: le VCA, l'intensité de chacune des enveloppes, la durée de tous les segments d'enveloppe, le cutoff, la résonance, la symétrie des oscillos (la PWM de chacune des formes d'onde), la vitesse de chaque LFO. Ouf ! Et ici, contrairement à la modulation des oscillateurs, on peut tout cumuler et tout enregistrer par programme. Puissantissime !!! Le Dominion 1 est donc, de fait, un monstre d'expressivité, dès lors qu'on le programme finement. L'action sur les enveloppes et la vitesse des LFO en particulier donne de très bons résultats !
Il y a un mode paraphonique sur le Dominion 1. Accessible depuis le mode Voice (molette crantée), le réglage .1 indique que le pitch des oscillos sera le même, et .3 alloue un oscillo à chaque touche enfoncée. Ne jouer qu'une seule note aura pour effet de rassembler les 3 VCO sur la même note, la seconde note jouée pilotant le VCO2 et la troisième le VCO3. Une quatrième note jouée subtilise le VCO1 pour le jouer sur ce nouveau pitch. Bref, c'est logique. Le résultat ? Mauvais ! Et pourquoi donc ? Eh bien pour une raison simple : à l'enfoncement de 3 touches, tout va bien, chaque VCO prend sa place. Et au relâchement, catastrophe : tous les oscillateurs rappliquent sur la dernière touche relâchée (et il y en a toujours une, même quand on relâche tout vite et en même temps). Donc une modification du pitch de 2 des 3 oscillateurs se produit, très fugitivement, mais de façon audible. On ne peut pas appeler cela un bug, mais juste une mauvaise gestion numérique du pitch des oscillos qui, au lieu de maintenir chaque oscillateur sur le pitch de l'instruction « note on », le place lors du release sur le pitch de la dernière note off. Sur les enveloppes avec beaucoup de release, l'accord tant qu'il est maintenu joue un accord, mais au relâchement joue une seule note en unison des 3 oscillateurs. Stupide, n'est-ce pas ?
Tant qu'on est dans ce menu, on y paramètrera l'action du glide (constant en temps ou en intervalle, legato seulement ou permanent), le dosage principal ayant lieu en façade.
La courbe de vélocité (il y en 4, entre « rien » et « exponentiel »). Attention, sur 0, pas de vélocité, donc aucun des réglages de vélocité réglés par ailleurs n'aura d'action sur le son. Voilà, c'est tout le dominion 1 : pour régler l'action de la vélocité sur un cutoff, il faut d'abord « allumer » la vélocité, puis doser son action dans un autre menu accessible depuis la molette.
Les autres réglages sont classiques (local on/off, choix du canal MIDI, MIDI Dump...). Un bon point, c'est le mode « MAN » qui, en appuyant sur Enter, envoie les réglages du panneau dans le buffer d'édition. Bien vu, surtout sur ce synthé avec des commandes innombrables, je m'en sers tout le temps. Enfin, l'action combinée sur 2 poussoirs effectue un reset tous les réglages de vélocité d'un seul coup. Très pratique pour repartir de zéro sur l'ensemble des modulations.
L'arpégiateur ou le séquenceur peuvent animer tout ce beau monde. On commence par l'arpégiateur, qui est sensible à la vélocité et prend en compte l'action du glide. Il a un réglage de gate (durée de note, appelée « length » sur la sérigraphie), et même un shuffle. Au niveau des motifs d'arpèges, c'est assez fourni : Up, Down, Up&Down, Up&Down avec première/dernière note répétée, random et order (l'ordre dans lequel on a joué les notes). Ensuite, on peut peaufiner chacun de ces motif, en répétant chacune des notes 2, 3 ou 4 fois ! J'entends les fans d' « I Feel Love » trépigner, ils ont raison. L'étendue chromatique de cet arpégiateur peut aller jusqu'à 5 octaves, c'est beaucoup et c'est très bien. « Scale » le mal nommé fixe la résolution de l'arpège (2 à 32ème de noire). Il y a un mode latch accessible depuis la façade, et une fois enclenché, on peut rajouter des notes deci-delà qui s'intercale dans l'arpège en cours d’exécution, à la vélocité à laquelle on l'a saisie : juste parfait. Un bémol, mais de taille : le réglage de l'arpégiateur n'est pas sauvegardé avec le programme. C'est donc un fonctionnalité à actionner en live uniquement, et le Dominion 1 n'en fait pas une composante d'un programme : quel dommage...Egalement, le motif d'arpégiateur se poursuit, même quand on change de son. Voilà qui peut être sympa, si on souhaite envoyer des program changes à la volée, ça peut être utile pour faire des séquences complexes.
Le tempo se règle depuis la façade, mais la réception d'une horloge MIDI externe dans le MIDI In aura pour effet d'activer automatiquement la synchro MIDI, et de permettre la réception de message MIDI Start/Stop. Bravo, un sans faute sur cet aspect !
Le séquenceur est le cousin germain de l'arpégiateur avec lequel il partage pas mal de réglages (Scale, Gate, Shuffle...). On saisit les notes en pas à pas, mais pas que les notes ! Les glides, le Length de chaque note, le modulation ribbon et même l'aftertouch sont partie intégrante des résultats de chaque pas. La commande transposition « Shift + note sur le clavier » fonctionne en mode séquenceur (et aussi en mode « normal » de jeu au clavier), et comme pour l'arpégiateur, le déroulement du motif de séquence n'est nullement troublé par les changement de programme à la volée (c'est super fun depuis la façade du Dominion sur les poussoirs, mais ça exige un peu de dextérité pour être synchro avec le motif). En mode paraphonique, le séquenceur est capable d'enregistrer des accords, avec pour résultat d'obenir la même charpie qu'en mode de jeu paraphonique au clavier (comme quoi, même quand c'est le séquenceur qui relâche les notes, c'est quand même un beau bordel). Les silences et les notes tenues sont saisies par le bouton Hold/Pause (appui court pour prolonger la note, appui long pour un silence, on aurait préféré des commandes bien distinctes...). Jusqu'à 128 pas peuvent ainsi être saisis, c'est pas mal ! Il est possible d'éditer ses séquences en rejouant chaque pas individuellement et en corrigeant les fautifs.
Comme on ne peut pas sauvegarder chaque séquence / motif d'arpège dans chaque programme, il est néanmoins possible de sauvergarder 8 d'entre eux dans la machine. Un pis aller, qui ne nous consolera pas de la possibilité de les lier à un programme. Cela permet néanmoins de changer de séquence en cours de jeu, en ayant à l'esprit que la séquence suivante ne démarre que lorsque la séquence en cours de jeu s'est achevée.
Le Patch panel ouvre le Dominion sur le monde extérieur, mais aussi débride ses propres possibilités. On se félicitera du fait qu'il fut l'un des premiers claviers autonomes à démocratiser la chose. Les possibilités sont correctes :
on peut piloter le pitch de chaque oscillateur indépendamment. Peut être un moyen de contourner le mode paraphonique calamiteux du Dominion. L'inverse est aussi possible : envoyer le pitch de chaque oscillo en mode paraphonique vers l'extérieur. Vous me croyez si je vous dis que j'ai préféré ne pas tenter la chose ?
Un gate in et un gate out.
FM In permet à un signal externe de remplacer le VCO3 pour l'utilisation de la FM.
Idem pour Sync In qui se substitue au VCO1 pour le réglage de la synchro entre oscillateurs.
Ext In injecte un signal audio externe comme source audio, ce qui a pour effet de désactiver le bruit blanc.
Une entrée CV pour le VCA et une pour le VCF.
3 sorties audio : l'une prélève le signal à la sortie des oscillos, l'autre à la sortie des filtres et la dernière est un miroir de la sortie master. La réinjection de ce signal dans l'audio In (le vieux trick du Minimoog) ne produit malheureusement pas le même effet de son saturé/boursoufflé qu'affectionnent tant certains.
Des entrées de Ring Mod pour se substituer aux VCO1 et/ou 2 (RM X et RM Y).
La sortie des 2 LFO. Injectés dans l'entrée Gate, c'est le seul moyen de redéclencher les enveloppes.
Le contrôle de la vitesse du LFO2 uniquement (et non : rien pour le LFO1). Et voilà comment on peut, au sein même du Dominion 1, moduler le LFO2 avec un des rubans, une enveloppe,...En pratique, ça fonctionne bien, mais l'action est drastique et nécessiterait un atténuateur pour que l'action soit plus progressive.
Les sorties de toutes les enveloppes
Les sorties des 2 rubans.
Du fait de ce patch panel, le panneau arrière ne comporte que la prise pour l'alim (interne, merci), un trio de prises MIDI, une entrée pédale (à la polarité non paramétrable, zut), et une sortie audio Mono Out qui est très puissante. Tiens, mais...Où est la prise casque ? J'ai essayé de ruser en branchant mon K702 sur la sortie main, peine perdue : l'impédance est inadaptée, le son est mou et perd tout son jus. Mauvais point !
Et comme il a déjà été noté par beaucoup de possesseurs, le panneau de commande de la machine n'émet pas en MIDI Out. Seul le clavier, les contrôleurs à ruban et l'arpégiateur/séquenceur le font. C'est surprenant, car ce type de limitation est généralement l'apanage des synthés sans mémoire et donc sans gestion numérique des paramètres. Le patch panel ne compensera que très partiellement ce manque, en permettant le contrôle de paramètres essentiels en CV.
Voilà, on est arrivé au bout du voyage. Je crains de confirmer ce que beaucoup avant moi avaient décelé : le Dominion 1 est un synthé au son prodigieux, racé, polyvalent, qui sonne pleinement analogique avec un grand « A », mais motorisé par une partie numérique qui met à notre disposition le meilleur (synchro du start des LFO, mémoires, arp/seq, nombreuses modulations, en particulier celles liés à la vélocité), le moins bon (les commandes redondantes, à action différées, les affichages abscons à l'écran, certaines limitations incompréhensibles) dont on s'accommode avec un peu d'habitude et un manuel pas trop loin, et les stupidités (le mode paraphonique qui est une blague). Cet aspect-là des choses n'a pas été maîtrisé lors du développement (malgré plusieurs mises à jour d'OS, jusqu'à la 1.8 qui est la dernière en date au moment où j'écris ceci), et elle apparaît comme le parent pauvre de l'affaire. J'ai ainsi eu droit à des presets pourtant enregistrés qui sonnent autrement une fois rappelés (le dosage du Ring Mod par exemple n'est pas toujours pris en compte dans la sauvegarde). L'encodeur modulation dans la section oscillateur reste aussi parfois actif, malgré une remise à zéro sur le panel. Cela laisse un goût amer quant à la maîtrise du sujet par MFB.
Heureusement, le son est là. Totalement là. Vivant, chaud, tantôt percutant, tantôt expressif, le Dominion navigue allègrement entre les grands classiques des sons analogiques, jusqu'aux sons les plus inattendus, les FX, les kicks, les zap et autres bruitages interstellaires les plus fous. C'est le plus complet de tous mes monophoniques, peut être le plus polyvalent aussi. Il doit cela à plusieurs points tout à fait remarquables : un Ring Mod de toute beauté, des filtres redoutables et musicaux, des enveloppes avec une vraie signature sonore, et une section LFO souple et musclée.
Je note toutefois qu'il est sensible aux interférences écrans LCD, Smartphones, boitiers CPL...A savoir, il lui faudra un environnement bien maîtrisé. L'arpégiateur et le séquenceur sont bourrés de qualités, pas trop difficiles à utiliser, mais quel dommage que ne pouvoir stocker leur motifs avec les programmes. Si vous aimez le son analogique de haute volée, ne vous crispez pas sur la gestion numérique, car ses limitations ne vous priveront pas du plaisir offert par la signature sonore du Dominion 1. C'est un achat que je ne regrette pas, car il rivalise sans peine avec mes monophoniques (il fait pas mal d'ombre au Pro One beaucoup plus limité, qui conserve pour lui un bas encore plus présent, et même à mon Odyssey). Sa connectivité est un vrai plus qui se fondra dans un environnement modulaire et permettra même de compléter certaines fonctionnalités indisponibles depuis la façade, sans pour autant en faire un semi-modulaire façon MS20.
Nous verrons si MFB transforme le coup d'essai en coup de maître avec le Synth Pro, un polyphonique 8 voix qui prendra son envol en 2020. Lui aura un écran, et sans doute une gestion numérique plus aboutie. Aura-t-il un son de la même trempe ? Nous le saurons bientôt...
J'aime beaucoup :
- Le son, le son, le son. Ah, j'oubliais : le SON.
- Un monophonique polyvalent, la largeur du spectre sonore (aurait mérité un poil plus de bas)
- Les interactions entre oscillos : Sync (super), Ring Mod (géant), FM pilotable (chic!), XOR (bien, ne fait pas dans la dentelle), et les nombreuses modulations possibles.
- L'assymétrie, qui ne se limite pas à l'onde carrée.
- La section filtre multimode archi-complète, efficace et musicale.
- L'enveloppe 1 inversable, beaucoup de modulation bipolaires.
- 3 enveloppes, pas si courant sur un monophonique
- Les 2 plages de vitesse des enveloppes et des LFO, mémorisables par programme.
- Des LFO rapides et souples (one shot, synchro MIDI du start, asservissement au Keytracking...)
- La réponse particulière des enveloppes, particulièrement pêchues
- La vélocité peut moduler énormément de destinations, toutes cumulables (avec des destinations rare comme la vitesse de LFO et la longueur des enveloppes...) et sauvegardées avec les programmes. La possibilité de tout reseter d'un coup.
- La détection automatique de la synchro MIDI externe, la reconnaissance des messages start/stop
- Arpégiateur malin, complet et plaisant à utiliser, qui émet en MIDI et avec un mode latch parfait et une interprétation des données de vélocité.
- Séquenceur jusqu'à 128 pas, polyphonique, transposable et éditable
- Le patch panel qui ouvre l’instrument sur l'extérieur, mais en augmente aussi les possibilités internes.
- La fabrication, au niveau de synthés beaucoup plus onéreux. Un objet costaud, massif, doté d'un toucher léger parmi les meilleurs et d'une alimentation interne.
on peut ne pas aimer :
- Absence d'écran explicite qui complique beaucoup les opérations, surtout quand il y a plusieurs paramètres par menu.
- Absence de molettes de modulation, mal remplacées par des rubans trop peu sensibles.
- Gestion numérique mal fichue (prise en compte de modification pas instantanées, plusieurs paramètres pour aboutir à un seul résultat)
- Nombre d'emplacements mémoire (128) trop juste.
- Pas de prise casque et sortie main incompatible avec l'impédance d'un casque
- Pas de Tuning global, pas de signal témoin pour accorder les oscillos.
- Un Sub-oscillateur n'aurait pas été de refus
- Une certaine sensibilité aux perturbations électriques et rayonnements
- Le mixer ne fait pas beaucoup driver le filtre
- Le mode paraphonique complètement raté
- Les réglages d'arpégiateur et de séquenceur non sauvegardés avec les programmes