Présenté pour la première fois il y a deux ans à la Musikmesse, le Dominion 1 nous accorde enfin l’opportunité de toucher le bout de ses potentiomètres et le creux de ses rubans ; voyons pourquoi nous avons pris une claque…
La série Dominion a été mise sur le marché il y a quelques années par MFB. Début 2013, nous avions pu attraper le Dominion X-SED, un petit module analogique au son énorme, qui nous avait laissé un très bon souvenir. Quelques mois plus tard à la Musikmesse, nous avions découvert le prototype du Dominion 1, positionné comme une version clavier améliorée du X-SED. Les conditions d’écoute et le niveau de finition nous avaient clairement laissés sur notre faim, au point que nous n’avions pas particulièrement cherché à obtenir un modèle de test trop rapidement, espérant que tout cela s’améliore… Il y a plusieurs mois, les premiers exemplaires commerciaux ont été mis sur le marché. Cette fois, nous avons dû batailler ferme avec le constructeur pour nous faire envoyer un exemplaire, la marque étant victime de son succès et assez peu représentée en France. Bref, après plus d’un an de tractations, un carton compact et lourd a fini par atterrir dans le studio, en provenance de Berlin. Sans hésitation ni précipitation, nous l’avons ouvert et installé son contenu sur notre plus beau stand. À peine le contact mis et les premières touches enfoncées, les murs se sont mis à trembler…
Profondément étroit
Le Dominion 1 est carrossé dans une coque entièrement métallique avec des flancs en véritable bois d’arbre. Lourde (7,3 kg) et trapue (55 × 39 cm), la machine inspire confiance ; la finition est très bonne, mis à part les perçages du bois fraisés trop profondément et un peu à l’arrache ; cela peut se changer facilement pour qui connait un bon menuisier. En tout cas, nous sommes très loin des précédentes machines MFB, dans le bon sens du terme !
Autre aspect de satisfaction, les 31 mini-boutons poussoirs, 18 sélecteurs rotatifs et 28 potentiomètres sont de bonne facture : ça ne bronche pas sur l’axe ! C’est moins le cas pour les 10 curseurs d’enveloppes, un peu lâches sur leur axe ; toutefois, la résistance au mouvement est bonne. Le clavier 3 octaves Fatar est tout aussi qualitatif, de type semi-lesté, de conception identique à celui du Voyager et de l’Andromeda ; il répond parfaitement à la vélocité et à la pression et pilote sans problème (et en polyphonie !) tout appareil MIDI externe. Deux longs rubans verticaux prennent la place des habituelles molettes, l’un pour le Pitch bend (hélas programmable globalement) et l’autre pour la modulation (idem). Lâcher le premier remet le Pitch à zéro, suivant 3 vitesses de rappel ; en revanche, le second reste sur la dernière position de modulation connue, tout comme le ferait une molette, à ceci près qu’on ne peut visualiser ladite position vu qu’il n’y a pas de LED (contrairement aux synthés DSI tels que les Prophet-12 et Pro-2). La prise en main de ces rubans est d’ailleurs immédiate, bien qu’ils se trouvent un peu haut sur le panneau.
Côté connectique, la façade arrière du Dominion 1 est plutôt sobre : trio MIDI, pédale de Sustain, sortie audio monophonique et connecteur 3 broches pour alimentation interne universelle (la classe !). En revanche, pas de prise casque ou port USB. Côté MIDI, le Dominion transmet et reçoit les messages de note, la vélocité, la pression, le Pitch bend (7 bits, mais sans palier audible), la molette de modulation, le Sustain, les changements de programme et… c’est tout ! Pas le moindre envoi de CC MIDI via les commandes et de reconnaissance d’autres CC MIDI que les quelques commandes précitées ; c’est une grosse déception pour les amateurs d’automations, surtout que la machine est sous contrôle numérique, pour ce qui est des paramètres de synthèse. Heureusement, elle émet et reçoit les mémoires programmes via Sysex MIDI, ouf !
Les plus observateurs auront observé avec observance que le Dominion 1 était percé de 2 rangées de 13 trous en partie supérieure de la façade : il s’agit de prises mini-jack vissées le transformant en synthé semi-modulaire. Et là, nous sommes plutôt gâtés : au programme, des entrées et sorties CV (1 V/octave) / Gate (5 V) : 3 entrées CV + 1 Gate (pour piloter indépendamment les VCO), 3 sorties CV + 1 Gate (pour piloter un synthé modulaire externe, sachant qu’en mode paraphonique, chaque VCO sort son CV), 1 entrée FM (injection d’un signal qui supplante le VCO3 comme source de FM), 1 entrée Sync (injection d’un signal qui supplante le VCO1 comme référence de synchro), 1 entrée Ext (injection d’un signal audio dans le mixeur avant filtre, désactivant le générateur de bruit interne), 1 entrée CV pour moduler le VCF, 1 entrée CV pour moduler le VCA, 1 sortie audio VCF (avant VCA), 1 sortie audio Mix (avant VCF), 2 entrées Ring Modulation X/Y (supplantant les VCO1 et 2 dans le modulateur en anneau analogique), 2 sorties LFO (émettant la forme d’onde de chaque LFO), 1 entrée LFO2 (modulation de la fréquence du LFO2 par un CV externe), 3 sorties enveloppes (modulation de cibles externes avec chaque enveloppe), 2 sorties rubans (modulation de cibles externes avec les rubans de Pitch bend et modulation) et 1 sortie audio Master (identique à celle du panneau arrière). Bref, de quoi bien s’amuser en connectant le Dominion 1 au monde modulaire ; il lui manque juste une horloge analogique…
Ergonomie spéciale
Niveau ergonomie et prise en main, le verdict est plus mitigé : 90 % des manipulations se faisant avec les commandes directes, on peut penser que tout va bien… presque ! Les rotatifs sont alignés avec une régularité presque rigoriste ; heureusement, la couleur des capuchons permet de distinguer les différentes sections : 3 nuances de gris (et pas 50) pour les VCO, du bleu pour le filtre, du rouge pour les modulations, du vert pour les rubans et du noir pour tout le reste… D’autres éléments viennent en revanche nuire à l’ergonomie : pour un VCO donné, on choisit une source de modulation avec un sélecteur rotatif, puis on définit la quantité de modulation ; la quantité de modulation est mémorisée pour chaque source, mais toutes les sources sont exclusives sauf les PWM/PW : comment deviner ? Comme les potentiomètres ne fonctionnent qu’en mode saut, on ne peut réajuster finement la modulation par telle ou telle source qu’en se retapant le réglage complet.
L’accordage du VCO1 est global sur +/- 6 demi-tons, alors que l’accordage des VCO2 et 3 se fait par VCO sur +/- 13 demi-tons, il faut le savoir. Basculer en mode arpégiateur ou séquenceur se fait tantôt avec la touche [Seq/Arp], tantôt avec la touche [Shift/Trans] : une fausse manip peut stopper l’arpège ou changer de programme ! La course des curseurs d’enveloppe n’est pas linéaire, donc pas toujours facile de les régler avec précision. Les flancs en bois restent hauts au-dessus des Do extrêmes, ce qui oblige à les jouer « Ave les petits doigts ». Nous avons constaté que l’accord des VCO n’est pas bien calibré au centre, donc les potentiomètres Tune donnent une indication fausse ; on ne peut se replier vers le minuscule indicateur à 3 diodes 7 segments (+ point), puisqu’il n’affiche pas la valeur des paramètres de synthèse ; apparemment il existerait une procédure de service pour le calibrage, qui éviterait d’ôter les capuchons des potentiomètres pour les recentrer…
Nous avons vu que dans les modules de synthèse (VCO, VCF, VCA), on sélectionne une source puis on règle la quantité de modulation ; mais pour la réponse à la vélocité, c’est le contraire : on utilise un sélecteur de destinations et la touche [Enter], toutes cumulables avec des modulations indépendantes ; c’est par le même sélecteur qu’on atteint le menu MIDI, le passage en mode manuel (+ [Enter]), la courbe de réponse en vélocité, le type de portamento (temps ou vitesse) et l’assignation de voix (monodique ou paraphonique). Un même sélecteur pour des paramètres programmes et des paramètres globaux ! Qui plus est, certaines positions (mais pas toutes) ont plusieurs sous-réglages, accessibles avec la touche [Enter] et visualisables grâce aux 3 points de l’afficheur. Au passage, nous n’avons pas trouvé de fonction Compare. La transposition se limite à plus ou moins une octave par demi-ton dans l’OS 1.17 testé (touche [Shift/Trans] + note jouée), mais une version beta circule avec une transposition à 2 octaves vers le haut. Bref, tant qu’on tourne les potentiomètres ou qu’on fait glisser les curseurs, le Dominion 1 est un bonheur presqu’absolu : quand on touche à la ligne de commandes du bas juste au-dessus des touches, on se crispe…
Signature vintage
Le Dominion 1 est un synthé analogique monodique et paraphonique dont les paramètres sont sous contrôle numérique, ce qui permet de tous les mémoriser au sein de 128 patches répartis en 16 banques de 8 programmes : on sélectionne la banque en appuyant sur [Patch], puis en tournant le potentiomètre général de valeur. Pour le programme, on appuie sur l’un des 8 boutons situés à droite au-dessus du clavier. C’est à ce moment que le changement de programme intervient et est transmis via MIDI. À l’écoute des premiers sons, on prend une claque immédiate : le Dominion 1 a du grain, avec des basses profondes et grasses, des mediums bien définis et des aigus capables de découper un mur en béton. Il est rare d’avoir des synthés analogiques répondant aussi bien sur toute la tessiture, avec autant d’équilibre : le Dominion 1 a parfaitement mis à l’épreuve notre nouveau système d’écoute (18 Hz – 22 kHz, pour se la péter un peu…). Nous avons enregistré 3 dents de scie accordées, sans modulation, filtre ouvert, pour démontrer cette caractéristique. Également au menu, des basses non filtrées ou résonantes, des leads arpégés et des percussions analogiques avec bruit ou FM.
- 01 Full Tessiture 00:43
- 02 Bass Reso 00:32
- 03 Bass Open 00:18
- 04 Bass Techy 00:18
- 05 Bass TB 00:26
- 06 Filter Rises 00:21
- 07 Sync 1&2 00:40
- 08 FM Perc 00:29
- 09 Band Pass 00:25
- 10 Paraphonic Activity 00:13
- 11 Arpeg Action 00:41
- 12 Analog Drums 00:23
En commençant à triturer les boutons (puisque c’est là le propre d’un synthé avec autant de commandes directes) et une fois le fonctionnement des modulations assimilé, c’est un véritable bonheur : moduler chaque VCO indépendamment, changer le contenu harmonique des formes d’onde en temps réel, les faire interagir de nombreuses manières (double synchro, triples modulations en anneau, FM… c’est entrée + plat + dessert chez MFB !), les saturer dans le mixeur, leur apporter du grain avec l’un des 12 filtres SED superbement réussis, faire claquer les enveloppes et vrombir les LFO, mettre un petit coup de vélocité et de pression, glisser ses doigts sur les rubans… le pied total ! Et pour les plus courageux, lancer l’arpégiateur ou le séquenceur, en comprenant même ce qui se passe pour les plus intelligents… les exemples audio parlent d’eux-mêmes : le Dominion 1 sonne comme un synthé vintage : gros, gras, lourd, tranchant tout en étant stable comme il se doit. Chapeau !
Oscillateurs interactifs
Le Dominion 1 fait partie du club très fermé de synthés offrant 3 VCO analogiques. MFB recommande d’ailleurs de laisser 5 à 10 minutes de chauffe pour stabiliser les circuits. Chaque VCO offre 3 positions de forme d’onde (triangle, dent de scie, impulsion) et une position modulation en anneau. La modulation en anneau est analogique sur le VCO1 et numérique sur les deux autres VCO (XOR), produisant un son plus agressif. On peut régler la hauteur des VCO de 1 à 32 pieds (très confortable), puis les désaccorder de +/- 6 ou +/-13 demi-tons (le VCO1 donnant le Pitch de référence pour les VCO2 et VCO3). La partie modulation des VCO comprend son lot d’astuces : pour chaque VCO, on assigne une source à une destination, à savoir LFO1 sur le niveau, LFO1 sur le Pitch, LFO2 sur le Pitch, enveloppes ADSR ou AD sur le Pitch (selon le VCO choisi), PWM par le LFO1 ou PW manuelle. Ces deux dernières positions modulent la symétrie de la forme d’onde, ce qui autorise un réglage ou une modulation continue de chaque onde : triangle à sinus, dent de scie à triangle, impulsion à largeur variable (50 à 95 %). Toutes les modulations sont exclusives, sauf les PWM / PW qui ont leurs propres réglages supplémentaires, ce qui permet de moduler indépendamment une largeur d’impulsion et une hauteur (ou un niveau) de VCO, bien vu !
En plus des modulations en anneau, les 3 VCO peuvent interagir. À commencer par la synchro de cycle (Hard Sync), où le VCO1 impose son cycle au VCO2 et/ou au VCO3 (2 synchro indépendantes). Grâce aux routages de modulations propres à chaque VCO, on obtient une large panoplie sonore avant même d’avoir attaqué le filtre. On poursuit par la FM, où c’est maintenant le VCO3 qui impose ses modulations à la fréquence du VCO1, du VCO2 ou aux deux. Le contrôle de modulation peut se faire à la main, par l’un des 2 premiers LFO ou l’une des 3 enveloppes. Cela démarque considérablement le Dominion 1 de ses concurrents analogiques qui n’ont pas de telles capacités d’intermodulations. Évidemment, on peut piloter le Pitch par le clavier (Aftertouch global ou vélocité, cette dernière pouvant attaquer les VCO indépendamment). Le Dominion 1 est également capable de produire ses VCO en mode mono ou paraphonique : dans ce dernier cas, jouer une deuxième ou troisième note en même temps décroche le Pitch des VCO2 et VCO3 de celui du VCO1, chacun sonnant alors à sa propre hauteur (et avec ses propres autres réglages). Les signaux des VCO sont ensuite dosés et mélangés dans un mixeur, où ils rejoignent le niveau de modulation en anneau et un générateur de bruit blanc (parfaitement maîtrisé, sans boucle audible). Pousser les niveaux crée une saturation naturelle qui ajoute du bon gras au son.
Filtres à la douzaine
Les Dominion X et X-SED nous avaient déjà emballés avec leurs 6 modes de filtrage respectifs, le Dominion 1 remet le couvert avec 12 modes : 4 passe-bas (1, 2, 3, 4 pôles), 2 passe-haut (1 et 2 pôles), 4 passe-bande (3+1, 2+2, 1+1 et 1+2 pôles) et 2 Notch (1+1 et 2+1 pôles). Le filtre est basé sur un circuit baptisé SED, pour Single Ended & Discrete. Sous cette dénomination marketing se cache un filtre de toute beauté. Chaque mode a de l’intérêt, que ce soit aux plans de la coloration, de la réponse en fréquence ou de la résonance (auto-oscillante dans tous les modes). Tourner le bouton de fréquence de coupure ne crée aucun effet de palier audible, même à résonance élevée, que du bonheur. Les modulations sont parfaitement fluides, comme on peut le constater sur nos exemples audio. Le filtre est en très grande partie responsable du caractère sonore vintage évoqué précédemment.
La fréquence de coupure est modulable par plusieurs sources simultanées : une enveloppe ADSR dédiée (avec inverseur de polarité), le suivi de clavier (0–50–100%), la vélocité et un bus additionnel de modulation. Ce dernier permet d’assigner, de manière exclusive, le LFO1, le LFO2, le VCO2 ou le VCO3 à la fréquence de coupure, avec quantité de modulation paramétrable. La résonance est elle-même modulable par un LFO, une enveloppe AD et la vélocité, ce qui est plutôt rare sur un synthé analogique compact. Qualité, variété, souplesse, on ne peut pas reprocher grand-chose à cette magnifique section filtre. En bout de course, l’étage final est constitué par le VCA, modulable par une enveloppe ADSR et un LFO (avec inverseur), et équipé d’un réglage de volume global.
Modulations généreuses
Nous avons déjà eu l’occasion de détailler certaines possibilités de modulation, prenons le temps de faire la synthèse des modules travaillant à basse fréquence. Commençons par les 3 enveloppes : la première, de type ADSR, est routée vers le filtre (suivant le paramètre Contour), mais peut aussi cibler le VCO1, le VCO2 et la FM par le VCO3. La deuxième enveloppe, de type ADSR également, est routée vers l’ampli et la FM par le VCO3. La troisième enveloppe enfin, de type AD, cible le VCO3 et la résonance. Ces enveloppes peuvent claquer ou au contraire être ralenties d’un facteur 4. Poursuivons par les 3 LFO : les 2 premiers sont identiques, avec une fréquence de 0,1 à 100 Hz en mode normal ou de 0,025 à 25 Hz en mode lent. Ils proposent 6 formes d’onde : sinus, triangle, dent de scie, rampe, carrée et S&H. Un mode Reset permet de forcer le cycle du LFO à recommencer à chaque nouvelle note, plutôt que de le laisser libre d’osciller. On trouve aussi un mode One Shot dans lequel le LFO ne parcourt qu’un cycle, comme une enveloppe. Mieux, un suivi de clavier (0–50–100%) permet de faire varier la vitesse du LFO en fonction de la note jouée, idéal pour les sons à base de PWM. Par contre, pas de fondu ou de synchro à une quelconque horloge.
Le LFO3 est piloté par le ruban de modulation ou un signal entrant MIDI (CC#1). Il utilise une unique onde triangle ; il peut cibler non seulement le Pitch des 3 VCO, du VCO2, du VCO3 ou des VCO2 + VCO3, mais aussi le VCF et le VCA, à une vitesse programmable. Le ruban de Pitch bend cible les mêmes destinations que le LFO3 de modulation. L’Aftertouch peut moduler différentes destinations exclusives ; le choix de la destination se fait en appuyant sur le poussoir [AT Select], puis en réglant le potentiomètre [Value], puis [Enter] : on trouve le Pitch des 3 VCO, le Pitch de chaque VCO, la modulation des 3 VCO, la modulation de chaque VCO et le VCF. Pour chaque destination, on peut régler la quantité de modulation de façon bipolaire. C’est très souple mais très pénible à régler. Un bouton Trigger permet de forcer le redéclenchement des enveloppes en cas de jeu legato. L’action du LFO3, du Pitch bend et de l’Aftertouch est commune à tous les programmes. Pour agrémenter le jeu, on trouve un Glide à temps ou intervalle constant (au choix), avec courbes logarithmique, linéaire ou exponentielle, déclenché à chaque note ou uniquement pour les notes liées. Terminons ce rayon modulations par l’action de la vélocité. Elle peut être assignée à plusieurs destinations simultanées, avec des valeurs bipolaires indépendantes : VCA, VCF, résonance, contour d’ADSR sur le filtre, vitesse de chaque LFO, symétrie d’onde de chaque VCO et temps de chaque enveloppe. C’est aussi complet que pénible à programmer avec la touche [Select], la touche [Enter] et la touche [Value], surtout que c’est totalement différent de l’édition de l’Aftertouch.
Séquence frisson
Le Dominion 1 possède un arpégiateur et un séquenceur à pas. Leur utilisation est mutuellement exclusive. Comme déjà dit, ce ne sont pas les modules les plus ergonomiques de la machine, déjà rien que pour les sélectionner ; alors pour les programmer ! On passe en mode arpégiateur en appuyant [Seq/Arp], puis [Shift] + [1]. Une fois dans ce mode, on lance l’arpégiateur avec la touche [Start/Stop]. On peut maintenir l’arpège en cours (touche [Hold]) et ajouter des notes [Shift] + [Unlatch]. Les modes de jeu disponibles sont vers le haut, vers le bas, alterné, alterné avec répétition des notes extrêmes ; des modes additionnels permettent de répéter les notes 2, 3 ou 4 fois : l’accès à ces modes est d’une rare complexité… On peut aussi régler la division temporelle (2 à 32 th), la tessiture (0 à 4 octaves plus haut que l’origine), le Shuffle, la longueur de note (Gate) et le tempo (avec possibilité de synchro MIDI). Les notes arpégées sont transmises via MIDI, excellente nouvelle. Le Dominion 1 offre 8 mémoires globales pour les arpèges, indépendantes des programmes. Attention quand on change de mémoire d’arpège, le motif est coupé ; réciproquement, quand on change de programme, il se poursuit ; va comprendre !
On bascule en mode séquenceur en appuyant sur [Shift] + [5]. On peut créer des séquences jusqu’à 128 pas. On retrouve les commandes Start/Stop et Tempo, ainsi que les fonctions globales de division temporelle et Shuffle présentes dans l’arpégiateur. Pour programmer une séquence, on appuie sur [Record] et on joue les notes au clavier ; chaque note jouée est entrée et fait avancer la séquence d’un pas, à concurrence des 128. Avant d’entrer une note, on aura pris le soin de régler au préalable sa longueur, l’Aftertouch, le Glide et la position du ruban de modulation. La vélocité est mémorisée au moment de l’appui sur la touche. On peut même entrer des accords à 2 ou 3 notes, qui seront reproduits sur les programmes paraphoniques. Avec le bouton [Hold/Pause], on allonge la durée des notes ou on insère des silences. Une fois l’enregistrement terminé, on peut lancer la séquence et la transposer en temps réel au clavier tout en maintenant la touche [Shift/Trans]. On peut aussi enchaîner à la main les 128 séquences mémorisables (mémoires indépendantes des programmes), le Dominion 1 faisant une transition parfaite à la fin de chaque cycle. Pour éditer une séquence, après une énième combinaison de touches digne d’un coffre-fort suisse, on navigue dans les pas avec les touches [Down] / [Up], puis on modifie directement le pas en entrant la nouvelle note et les modulations souhaitées. Tout comme l’arpégiateur, le séquenceur transmet les notes via MIDI, nickel…
Domination fatale
Au final, le Dominion 1 est une excellente surprise. La qualité sonore est superbe, avec ce grain un poil vintage qui nous plait tellement et que l’on doit en grande partie aux fabuleux filtres. La patate et le gros son bien gras ne doivent pas occulter une vraie subtilité, due notamment aux modulations nombreuses et bien choisies, comme les Ring Mod, les synchro, la FM… Le clavier dynamique avec Aftertouch rend la machine très expressive, d’autant qu’il est de qualité, tout comme la construction générale : cette fois, c’est du lourd ! Les nombreuses commandes directes invitent à manipuler, de sorte que le Dominion 1 s’avère aussi agréable à jouer (sauf peut-être aux extrémités du clavier) qu’à programmer… tant qu’on reste au niveau des commandes directes ! En effet, l’ergonomie de la partie numérique (comprendre par-là « dès qu’on entre dans les menus ou les éditions multiples ») est indigeste : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? On sent bien que ce n’est pas encore une spécialité maison, d’autant que les CC MIDI sont ignorés. Sans cela, le Dominion 1 mériterait largement un Award et la note d’excellence… Rappelons également la connectique généreuse qui fait de lui un synthé semi-modulaire prêt à s’interconnecter. Incontestablement, lorsqu’on additionne les fonctionnalités pour le prix et qu’on ouvre grand ses oreilles, le Dominion 1 surpasse bon nombre de ses congénères pour notre plus grande satisfaction…
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