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Test du Dominion 1 de MFB - Voltage Master

9/10

Présenté pour la première fois il y a deux ans à la Musikmesse, le Dominion 1 nous accorde enfin l’opportunité de toucher le bout de ses potentiomètres et le creux de ses rubans  ; voyons pourquoi nous avons pris une claque…

La série Domi­nion a été mise sur le marché il y a quelques années par MFB. Début 2013, nous avions pu attra­per le Domi­nion X-SED, un petit module analo­gique au son énorme, qui nous avait laissé un très bon souve­nir. Quelques mois plus tard à la Musik­messe, nous avions décou­vert le proto­type du Domi­nion 1, posi­tionné comme une version clavier amélio­rée du X-SED. Les condi­tions d’écoute et le niveau de fini­tion nous avaient clai­re­ment lais­sés sur notre faim, au point que nous n’avions pas parti­cu­liè­re­ment cher­ché à obte­nir un modèle de test trop rapi­de­ment, espé­rant que tout cela s’amé­lio­re… Il y a plusieurs mois, les premiers exem­plaires commer­ciaux ont été mis sur le marché. Cette fois, nous avons dû batailler ferme avec le construc­teur pour nous faire envoyer un exem­plaire, la marque étant victime de son succès et assez peu repré­sen­tée en France. Bref, après plus d’un an de trac­ta­tions, un carton compact et lourd a fini par atter­rir dans le studio, en prove­nance de Berlin. Sans hési­ta­tion ni préci­pi­ta­tion, nous l’avons ouvert et installé son contenu sur notre plus beau stand. À peine le contact mis et les premières touches enfon­cées, les murs se sont mis à trem­bler…

Profon­dé­ment étroit

Le Domi­nion 1 est carrossé dans une coque entiè­re­ment métal­lique avec des flancs en véri­table bois d’arbre. Lourde (7,3 kg) et trapue (55 × 39 cm), la machine inspire confiance ; la fini­tion est très bonne, mis à part les perçages du bois frai­sés trop profon­dé­ment et un peu à l’ar­rache ; cela peut se chan­ger faci­le­ment pour qui connait un bon menui­sier. En tout cas, nous sommes très loin des précé­dentes machines MFB, dans le bon sens du terme !

MFB Dominion 1

Autre aspect de satis­fac­tion, les 31 mini-boutons pous­soirs, 18 sélec­teurs rota­tifs et 28 poten­tio­mètres sont de bonne facture : ça ne bronche pas sur l’axe ! C’est moins le cas pour les 10 curseurs d’en­ve­loppes, un peu lâches sur leur axe ; toute­fois, la résis­tance au mouve­ment est bonne. Le clavier 3 octaves Fatar est tout aussi quali­ta­tif, de type semi-lesté, de concep­tion iden­tique à celui du Voya­ger et de l’An­dro­meda ; il répond parfai­te­ment à la vélo­cité et à la pres­sion et pilote sans problème (et en poly­pho­nie !) tout appa­reil MIDI externe. Deux longs rubans verti­caux prennent la place des habi­tuelles molettes, l’un pour le Pitch bend (hélas program­mable globa­le­ment) et l’autre pour la modu­la­tion (idem). Lâcher le premier remet le Pitch à zéro, suivant 3 vitesses de rappel ; en revanche, le second reste sur la dernière posi­tion de modu­la­tion connue, tout comme le ferait une molette, à ceci près qu’on ne peut visua­li­ser ladite posi­tion vu qu’il n’y a pas de LED (contrai­re­ment aux synthés DSI tels que les Prophet-12 et Pro-2). La prise en main de ces rubans est d’ailleurs immé­diate, bien qu’ils se trouvent un peu haut sur le panneau.

MFB Dominion 1

Côté connec­tique, la façade arrière du Domi­nion 1 est plutôt sobre : trio MIDI, pédale de Sustain, sortie audio mono­pho­nique et connec­teur 3 broches pour alimen­ta­tion interne univer­selle (la classe !). En revanche, pas de prise casque ou port USB. Côté MIDI, le Domi­nion trans­met et reçoit les messages de note, la vélo­cité, la pres­sion, le Pitch bend (7 bits, mais sans palier audible), la molette de modu­la­tion, le Sustain, les chan­ge­ments de programme et… c’est tout ! Pas le moindre envoi de CC MIDI via les commandes et de recon­nais­sance d’autres CC MIDI que les quelques commandes préci­tées ; c’est une grosse décep­tion pour les amateurs d’au­to­ma­tions, surtout que la machine est sous contrôle numé­rique, pour ce qui est des para­mètres de synthèse. Heureu­se­ment, elle émet et reçoit les mémoires programmes via Sysex MIDI, ouf !

Les plus obser­va­teurs auront observé avec obser­vance que le Domi­nion 1 était percé de 2 rangées de 13 trous en partie supé­rieure de la façade : il s’agit de prises mini-jack vissées le trans­for­mant en synthé semi-modu­laire. Et là, nous sommes plutôt gâtés : au programme, des entrées et sorties CV (1 V/octave) / Gate (5 V) : 3 entrées CV + 1 Gate (pour pilo­ter indé­pen­dam­ment les VCO), 3 sorties CV + 1 Gate (pour pilo­ter un synthé modu­laire externe, sachant qu’en mode para­pho­nique, chaque VCO sort son CV), 1 entrée FM (injec­tion d’un signal qui supplante le VCO3 comme source de FM), 1 entrée Sync (injec­tion d’un signal qui supplante le VCO1 comme réfé­rence de synchro), 1 entrée Ext (injec­tion d’un signal audio dans le mixeur avant filtre, désac­ti­vant le géné­ra­teur de bruit interne), 1 entrée CV pour modu­ler le VCF, 1 entrée CV pour modu­ler le VCA, 1 sortie audio VCF (avant VCA), 1 sortie audio Mix (avant VCF), 2 entrées Ring Modu­la­tion X/Y (supplan­tant les VCO1 et 2 dans le modu­la­teur en anneau analo­gique), 2 sorties LFO (émet­tant la forme d’onde de chaque LFO), 1 entrée LFO2 (modu­la­tion de la fréquence du LFO2 par un CV externe), 3 sorties enve­loppes (modu­la­tion de cibles externes avec chaque enve­loppe), 2 sorties rubans (modu­la­tion de cibles externes avec les rubans de Pitch bend et modu­la­tion) et 1 sortie audio Master (iden­tique à celle du panneau arrière). Bref, de quoi bien s’amu­ser en connec­tant le Domi­nion 1 au monde modu­laire ; il lui manque juste une horloge analo­gique… 

Ergo­no­mie spéciale

Niveau ergo­no­mie et prise en main, le verdict est plus mitigé : 90 % des mani­pu­la­tions se faisant avec les commandes directes, on peut penser que tout va bien… presque ! Les rota­tifs sont alignés avec une régu­la­rité presque rigo­riste ; heureu­se­ment, la couleur des capu­chons permet de distin­guer les diffé­rentes sections : 3 nuances de gris (et pas 50) pour les VCO, du bleu pour le filtre, du rouge pour les modu­la­tions, du vert pour les rubans et du noir pour tout le reste… D’autres éléments viennent en revanche nuire à l’er­go­no­mie : pour un VCO donné, on choi­sit une source de modu­la­tion avec un sélec­teur rota­tif, puis on défi­nit la quan­tité de modu­la­tion ; la quan­tité de modu­la­tion est mémo­ri­sée pour chaque source, mais toutes les sources sont exclu­sives sauf les PWM/PW : comment devi­ner ? Comme les poten­tio­mètres ne fonc­tionnent qu’en mode saut, on ne peut réajus­ter fine­ment la modu­la­tion par telle ou telle source qu’en se reta­pant le réglage complet.

MFB Dominion 1

L’ac­cor­dage du VCO1 est global sur +/- 6 demi-tons, alors que l’ac­cor­dage des VCO2 et 3 se fait par VCO sur +/- 13 demi-tons, il faut le savoir. Bascu­ler en mode arpé­gia­teur ou séquen­ceur se fait tantôt avec la touche [Seq/Arp], tantôt avec la touche [Shift/Trans] : une fausse manip peut stop­per l’ar­pège ou chan­ger de programme ! La course des curseurs d’en­ve­loppe n’est pas linéaire, donc pas toujours facile de les régler avec préci­sion. Les flancs en bois restent hauts au-dessus des Do extrêmes, ce qui oblige à les jouer « Ave les petits doigts ». Nous avons constaté que l’ac­cord des VCO n’est pas bien cali­bré au centre, donc les poten­tio­mètres Tune donnent une indi­ca­tion fausse ; on ne peut se replier vers le minus­cule indi­ca­teur à 3 diodes 7 segments (+ point), puisqu’il n’af­fiche pas la valeur des para­mètres de synthèse ; appa­rem­ment il exis­te­rait une procé­dure de service pour le cali­brage, qui évite­rait d’ôter les capu­chons des poten­tio­mètres pour les recen­trer…

Nous avons vu que dans les modules de synthèse (VCO, VCF, VCA), on sélec­tionne une source puis on règle la quan­tité de modu­la­tion ; mais pour la réponse à la vélo­cité, c’est le contraire : on utilise un sélec­teur de desti­na­tions et la touche [Enter], toutes cumu­lables avec des modu­la­tions indé­pen­dantes ; c’est par le même sélec­teur qu’on atteint le menu MIDI, le passage en mode manuel (+ [Enter]), la courbe de réponse en vélo­cité, le type de porta­mento (temps ou vitesse) et l’as­si­gna­tion de voix (mono­dique ou para­pho­nique). Un même sélec­teur pour des para­mètres programmes et des para­mètres globaux ! Qui plus est, certaines posi­tions (mais pas toutes) ont plusieurs sous-réglages, acces­sibles avec la touche [Enter] et visua­li­sables grâce aux 3 points de l’af­fi­cheur. Au passage, nous n’avons pas trouvé de fonc­tion Compare. La trans­po­si­tion se limite à plus ou moins une octave par demi-ton dans l’OS 1.17 testé (touche [Shift/Trans] + note jouée), mais une version beta circule avec une trans­po­si­tion à 2 octaves vers le haut. Bref, tant qu’on tourne les poten­tio­mètres ou qu’on fait glis­ser les curseurs, le Domi­nion 1 est un bonheur presqu’ab­solu : quand on touche à la ligne de commandes du bas juste au-dessus des touches, on se cris­pe…

Signa­ture vintage

MFB Dominion 1

Le Domi­nion 1 est un synthé analo­gique mono­dique et para­pho­nique dont les para­mètres sont sous contrôle numé­rique, ce qui permet de tous les mémo­ri­ser au sein de 128 patches répar­tis en 16 banques de 8 programmes : on sélec­tionne la banque en appuyant sur [Patch], puis en tour­nant le poten­tio­mètre géné­ral de valeur. Pour le programme, on appuie sur l’un des 8 boutons situés à droite au-dessus du clavier. C’est à ce moment que le chan­ge­ment de programme inter­vient et est trans­mis via MIDI. À l’écoute des premiers sons, on prend une claque immé­diate : le Domi­nion 1 a du grain, avec des basses profondes et grasses, des mediums bien défi­nis et des aigus capables de décou­per un mur en béton. Il est rare d’avoir des synthés analo­giques répon­dant aussi bien sur toute la tessi­ture, avec autant d’équi­libre : le Domi­nion 1 a parfai­te­ment mis à l’épreuve notre nouveau système d’écoute (18 Hz – 22 kHz, pour se la péter un peu…). Nous avons enre­gis­tré 3 dents de scie accor­dées, sans modu­la­tion, filtre ouvert, pour démon­trer cette carac­té­ris­tique. Égale­ment au menu, des basses non filtrées ou réso­nantes, des leads arpé­gés et des percus­sions analo­giques avec bruit ou FM.

01 Full Tessi­ture
00:0000:43
  • 01 Full Tessi­ture 00:43
  • 02 Bass Reso 00:32
  • 03 Bass Open 00:18
  • 04 Bass Techy 00:18
  • 05 Bass TB 00:26
  • 06 Filter Rises 00:21
  • 07 Sync 1&2 00:40
  • 08 FM Perc 00:29
  • 09 Band Pass 00:25
  • 10 Para­pho­nic Acti­vity 00:13
  • 11 Arpeg Action 00:41
  • 12 Analog Drums 00:23

En commençant à tritu­rer les boutons (puisque c’est là le propre d’un synthé avec autant de commandes directes) et une fois le fonc­tion­ne­ment des modu­la­tions assi­milé, c’est un véri­table bonheur : modu­ler chaque VCO indé­pen­dam­ment, chan­ger le contenu harmo­nique des formes d’onde en temps réel, les faire inter­agir de nombreuses manières (double synchro, triples modu­la­tions en anneau, FM… c’est entrée + plat + dessert chez MFB !), les satu­rer dans le mixeur, leur appor­ter du grain avec l’un des 12 filtres SED super­be­ment réus­sis, faire claquer les enve­loppes et vrom­bir les LFO, mettre un petit coup de vélo­cité et de pres­sion, glis­ser ses doigts sur les rubans… le pied total ! Et pour les plus coura­geux, lancer l’ar­pé­gia­teur ou le séquen­ceur, en compre­nant même ce qui se passe pour les plus intel­li­gents… les exemples audio parlent d’eux-mêmes : le Domi­nion 1 sonne comme un synthé vintage : gros, gras, lourd, tran­chant tout en étant stable comme il se doit. Chapeau !

Oscil­la­teurs inter­ac­tifs

Le Domi­nion 1 fait partie du club très fermé de synthés offrant 3 VCO analo­giques. MFB recom­mande d’ailleurs de lais­ser 5 à 10 minutes de chauffe pour stabi­li­ser les circuits. Chaque VCO offre 3 posi­tions de forme d’onde (triangle, dent de scie, impul­sion) et une posi­tion modu­la­tion en anneau. La modu­la­tion en anneau est analo­gique sur le VCO1 et numé­rique sur les deux autres VCO (XOR), produi­sant un son plus agres­sif. On peut régler la hauteur des VCO de 1 à 32 pieds (très confor­table), puis les désac­cor­der de +/- 6 ou +/-13 demi-tons (le VCO1 donnant le Pitch de réfé­rence pour les VCO2 et VCO3). La partie modu­la­tion des VCO comprend son lot d’as­tuces : pour chaque VCO, on assigne une source à une desti­na­tion, à savoir LFO1 sur le niveau, LFO1 sur le Pitch, LFO2 sur le Pitch, enve­loppes ADSR ou AD sur le Pitch (selon le VCO choisi), PWM par le LFO1 ou PW manuelle. Ces deux dernières posi­tions modulent la symé­trie de la forme d’onde, ce qui auto­rise un réglage ou une modu­la­tion conti­nue de chaque onde : triangle à sinus, dent de scie à triangle, impul­sion à largeur variable (50 à 95 %). Toutes les modu­la­tions sont exclu­sives, sauf les PWM / PW qui ont leurs propres réglages supplé­men­taires, ce qui permet de modu­ler indé­pen­dam­ment une largeur d’im­pul­sion et une hauteur (ou un niveau) de VCO, bien vu !

MFB Dominion 1

En plus des modu­la­tions en anneau, les 3 VCO peuvent inter­agir. À commen­cer par la synchro de cycle (Hard Sync), où le VCO1 impose son cycle au VCO2 et/ou au VCO3 (2 synchro indé­pen­dantes). Grâce aux routages de modu­la­tions propres à chaque VCO, on obtient une large pano­plie sonore avant même d’avoir attaqué le filtre. On pour­suit par la FM, où c’est main­te­nant le VCO3 qui impose ses modu­la­tions à la fréquence du VCO1, du VCO2 ou aux deux. Le contrôle de modu­la­tion peut se faire à la main, par l’un des 2 premiers LFO ou l’une des 3 enve­loppes. Cela démarque consi­dé­ra­ble­ment le Domi­nion 1 de ses concur­rents analo­giques qui n’ont pas de telles capa­ci­tés d’in­ter­mo­du­la­tions. Évidem­ment, on peut pilo­ter le Pitch par le clavier (After­touch global ou vélo­cité, cette dernière pouvant attaquer les VCO indé­pen­dam­ment). Le Domi­nion 1 est égale­ment capable de produire ses VCO en mode mono ou para­pho­nique : dans ce dernier cas, jouer une deuxième ou troi­sième note en même temps décroche le Pitch des VCO2 et VCO3 de celui du VCO1, chacun sonnant alors à sa propre hauteur (et avec ses propres autres réglages). Les signaux des VCO sont ensuite dosés et mélan­gés dans un mixeur, où ils rejoignent le niveau de modu­la­tion en anneau et un géné­ra­teur de bruit blanc (parfai­te­ment maîtrisé, sans boucle audible). Pous­ser les niveaux crée une satu­ra­tion natu­relle qui ajoute du bon gras au son. 

Filtres à la douzaine

MFB Dominion 1

Les Domi­nion X et X-SED nous avaient déjà embal­lés avec leurs 6 modes de filtrage respec­tifs, le Domi­nion 1 remet le couvert avec 12 modes : 4 passe-bas (1, 2, 3, 4 pôles), 2 passe-haut (1 et 2 pôles), 4 passe-bande (3+1, 2+2, 1+1 et 1+2 pôles) et 2 Notch (1+1 et 2+1 pôles). Le filtre est basé sur un circuit baptisé SED, pour Single Ended & Discrete. Sous cette déno­mi­na­tion marke­ting se cache un filtre de toute beauté. Chaque mode a de l’in­té­rêt, que ce soit aux plans de la colo­ra­tion, de la réponse en fréquence ou de la réso­nance (auto-oscil­lante dans tous les modes). Tour­ner le bouton de fréquence de coupure ne crée aucun effet de palier audible, même à réso­nance élevée, que du bonheur. Les modu­la­tions sont parfai­te­ment fluides, comme on peut le consta­ter sur nos exemples audio. Le filtre est en très grande partie respon­sable du carac­tère sonore vintage évoqué précé­dem­ment.

La fréquence de coupure est modu­lable par plusieurs sources simul­ta­nées : une enve­loppe ADSR dédiée (avec inver­seur de pola­rité), le suivi de clavier (0–50–100%), la vélo­cité et un bus addi­tion­nel de modu­la­tion. Ce dernier permet d’as­si­gner, de manière exclu­sive, le LFO1, le LFO2, le VCO2 ou le VCO3 à la fréquence de coupure, avec quan­tité de modu­la­tion para­mé­trable. La réso­nance est elle-même modu­lable par un LFO, une enve­loppe AD et la vélo­cité, ce qui est plutôt rare sur un synthé analo­gique compact. Qualité, variété, souplesse, on ne peut pas repro­cher grand-chose à cette magni­fique section filtre. En bout de course, l’étage final est consti­tué par le VCA, modu­lable par une enve­loppe ADSR et un LFO (avec inver­seur), et équipé d’un réglage de volume global.

Modu­la­tions géné­reuses

Nous avons déjà eu l’oc­ca­sion de détailler certaines possi­bi­li­tés de modu­la­tion, prenons le temps de faire la synthèse des modules travaillant à basse fréquence. Commençons par les 3 enve­loppes : la première, de type ADSR, est routée vers le filtre (suivant le para­mètre Contour), mais peut aussi cibler le VCO1, le VCO2 et la FM par le VCO3. La deuxième enve­loppe, de type ADSR égale­ment, est routée vers l’am­pli et la FM par le VCO3. La troi­sième enve­loppe enfin, de type AD, cible le VCO3 et la réso­nance. Ces enve­loppes peuvent claquer ou au contraire être ralen­ties d’un facteur 4. Pour­sui­vons par les 3 LFO : les 2 premiers sont iden­tiques, avec une fréquence de 0,1 à 100 Hz en mode normal ou de 0,025 à 25 Hz en mode lent. Ils proposent 6 formes d’onde : sinus, triangle, dent de scie, rampe, carrée et S&H. Un mode Reset permet de forcer le cycle du LFO à recom­men­cer à chaque nouvelle note, plutôt que de le lais­ser libre d’os­cil­ler. On trouve aussi un mode One Shot dans lequel le LFO ne parcourt qu’un cycle, comme une enve­loppe. Mieux, un suivi de clavier (0–50–100%) permet de faire varier la vitesse du LFO en fonc­tion de la note jouée, idéal pour les sons à base de PWM. Par contre, pas de fondu ou de synchro à une quel­conque horloge.

MFB Dominion 1

Le LFO3 est piloté par le ruban de modu­la­tion ou un signal entrant MIDI (CC#1). Il utilise une unique onde triangle ; il peut cibler non seule­ment le Pitch des 3 VCO, du VCO2, du VCO3 ou des VCO2 + VCO3, mais aussi le VCF et le VCA, à une vitesse program­mable. Le ruban de Pitch bend cible les mêmes desti­na­tions que le LFO3 de modu­la­tion. L’Af­ter­touch peut modu­ler diffé­rentes desti­na­tions exclu­sives ; le choix de la desti­na­tion se fait en appuyant sur le pous­soir [AT Select], puis en réglant le poten­tio­mètre [Value], puis [Enter] : on trouve le Pitch des 3 VCO, le Pitch de chaque VCO, la modu­la­tion des 3 VCO, la modu­la­tion de chaque VCO et le VCF. Pour chaque desti­na­tion, on peut régler la quan­tité de modu­la­tion de façon bipo­laire. C’est très souple mais très pénible à régler. Un bouton Trig­ger permet de forcer le redé­clen­che­ment des enve­loppes en cas de jeu legato. L’ac­tion du LFO3, du Pitch bend et de l’Af­ter­touch est commune à tous les programmes. Pour agré­men­ter le jeu, on trouve un Glide à temps ou inter­valle constant (au choix), avec courbes loga­rith­mique, linéaire ou expo­nen­tielle, déclen­ché à chaque note ou unique­ment pour les notes liées. Termi­nons ce rayon modu­la­tions par l’ac­tion de la vélo­cité. Elle peut être assi­gnée à plusieurs desti­na­tions simul­ta­nées, avec des valeurs bipo­laires indé­pen­dantes : VCA, VCF, réso­nance, contour d’ADSR sur le filtre, vitesse de chaque LFO, symé­trie d’onde de chaque VCO et temps de chaque enve­loppe. C’est aussi complet que pénible à program­mer avec la touche [Select], la touche [Enter] et la touche [Value], surtout que c’est tota­le­ment diffé­rent de l’édi­tion de l’Af­ter­touch. 

Séquence fris­son

MFB Dominion 1

Le Domi­nion 1 possède un arpé­gia­teur et un séquen­ceur à pas. Leur utili­sa­tion est mutuel­le­ment exclu­sive. Comme déjà dit, ce ne sont pas les modules les plus ergo­no­miques de la machine, déjà rien que pour les sélec­tion­ner ; alors pour les program­mer ! On passe en mode arpé­gia­teur en appuyant [Seq/Arp], puis [Shift] + [1]. Une fois dans ce mode, on lance l’ar­pé­gia­teur avec la touche [Start/Stop]. On peut main­te­nir l’ar­pège en cours (touche [Hold]) et ajou­ter des notes [Shift] + [Unlatch]. Les modes de jeu dispo­nibles sont vers le haut, vers le bas, alterné, alterné avec répé­ti­tion des notes extrêmes ; des modes addi­tion­nels permettent de répé­ter les notes 2, 3 ou 4 fois : l’ac­cès à ces modes est d’une rare complexi­té… On peut aussi régler la divi­sion tempo­relle (2 à 32 th), la tessi­ture (0 à 4 octaves plus haut que l’ori­gine), le Shuffle, la longueur de note (Gate) et le tempo (avec possi­bi­lité de synchro MIDI). Les notes arpé­gées sont trans­mises via MIDI, excel­lente nouvelle. Le Domi­nion 1 offre 8 mémoires globales pour les arpèges, indé­pen­dantes des programmes. Atten­tion quand on change de mémoire d’ar­pège, le motif est coupé ; réci­proque­ment, quand on change de programme, il se pour­suit ; va comprendre !

MFB Dominion 1

On bascule en mode séquen­ceur en appuyant sur [Shift] + [5]. On peut créer des séquences jusqu’à 128 pas. On retrouve les commandes Start/Stop et Tempo, ainsi que les fonc­tions globales de divi­sion tempo­relle et Shuffle présentes dans l’ar­pé­gia­teur. Pour program­mer une séquence, on appuie sur [Record] et on joue les notes au clavier ; chaque note jouée est entrée et fait avan­cer la séquence d’un pas, à concur­rence des 128. Avant d’en­trer une note, on aura pris le soin de régler au préa­lable sa longueur, l’Af­ter­touch, le Glide et la posi­tion du ruban de modu­la­tion. La vélo­cité est mémo­ri­sée au moment de l’ap­pui sur la touche. On peut même entrer des accords à 2 ou 3 notes, qui seront repro­duits sur les programmes para­pho­niques. Avec le bouton [Hold/Pause], on allonge la durée des notes ou on insère des silences. Une fois l’en­re­gis­tre­ment terminé, on peut lancer la séquence et la trans­po­ser en temps réel au clavier tout en main­te­nant la touche [Shift/Trans]. On peut aussi enchaî­ner à la main les 128 séquences mémo­ri­sables (mémoires indé­pen­dantes des programmes), le Domi­nion 1 faisant une tran­si­tion parfaite à la fin de chaque cycle. Pour éditer une séquence, après une énième combi­nai­son de touches digne d’un coffre-fort suisse, on navigue dans les pas avec les touches [Down] / [Up], puis on modi­fie direc­te­ment le pas en entrant la nouvelle note et les modu­la­tions souhai­tées. Tout comme l’ar­pé­gia­teur, le séquen­ceur trans­met les notes via MIDI, nickel…

Domi­na­tion fatale

Au final, le Domi­nion 1 est une excel­lente surprise. La qualité sonore est superbe, avec ce grain un poil vintage qui nous plait telle­ment et que l’on doit en grande partie aux fabu­leux filtres. La patate et le gros son bien gras ne doivent pas occul­ter une vraie subti­lité, due notam­ment aux modu­la­tions nombreuses et bien choi­sies, comme les Ring Mod, les synchro, la FM… Le clavier dyna­mique avec After­touch rend la machine très expres­sive, d’au­tant qu’il est de qualité, tout comme la construc­tion géné­rale : cette fois, c’est du lourd ! Les nombreuses commandes directes invitent à mani­pu­ler, de sorte que le Domi­nion 1 s’avère aussi agréable à jouer (sauf peut-être aux extré­mi­tés du clavier) qu’à program­mer… tant qu’on reste au niveau des commandes directes ! En effet, l’er­go­no­mie de la partie numé­rique (comprendre par-là « dès qu’on entre dans les menus ou les éditions multiples ») est indi­geste : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? On sent bien que ce n’est pas encore une spécia­lité maison, d’au­tant que les CC MIDI sont igno­rés. Sans cela, le Domi­nion 1 méri­te­rait large­ment un Award et la note d’ex­cel­len­ce… Rappe­lons égale­ment la connec­tique géné­reuse qui fait de lui un synthé semi-modu­laire prêt à s’in­ter­con­nec­ter. Incon­tes­ta­ble­ment, lorsqu’on addi­tionne les fonc­tion­na­li­tés pour le prix et qu’on ouvre grand ses oreilles, le Domi­nion 1 surpasse bon nombre de ses congé­nères pour notre plus grande satis­fac­tion…

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Notre avis : 9/10

  • La grande et belle polyvalence sonore
  • La qualité du grain, proche du vintage
  • Les oscillateurs à ondes continues
  • Les interactions d’oscillateurs
  • Les filtres nombreux et qualitatifs
  • Les modulations astucieuses
  • Les enveloppes qui claquent
  • Les LFO assez riches
  • L’arpégiateur intégré
  • Le séquenceur à pas
  • Les dumps MIDI des programmes
  • La connectique analogique modulaire
  • L’entrée audio pour signaux externes
  • Les commandes directes généreuses
  • La qualité de construction
  • L’alimentation interne
  • Le clavier dynamique avec Aftertouch
  • La conception indigeste de la partie numérique
  • Certaines modulations exclusives dans les VCO
  • L’impossibilité de synchroniser les LFO via MIDI
  • L’émission / réception des CC MIDI passée aux oubliettes
  • L’absence d’affichage de la valeur des commandes directes
  • La hauteur des flancs gênant le jeu aux extrémités du clavier

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