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kosmix
« Sirius Vs JD-Xi »
Publié le 13/11/22 à 19:24
Rapport qualité/prix :
Mauvais
Cible :
Tout public
Le Quasimidi Sirius (1998) et le Roland JD-Xi (2015) sont deux synthés-grooveboxes très similaires dans l'approche et les caractéristiques. Ces deux machines sont simples, efficaces, rapides d'accès, mais souffrent de certaines limitations et d'ergonomies perfectibles. J'ai possédé le JD-Xi, finalement revendu car il ne correspondait pas à mes attentes. J'ai acquis un Sirius récemment à un prix qui, disons-le, est exagéré (c'est pourtant sa cote officielle actuellement sur AF) d'autant qu'une machine de cet âge nécessite parfois plus qu'un coup de chiffon (ce qui a été le cas de mon exemplaire que j'ai entièrement démonté et rénové). Pour le moment je suis très content de mon achat car je pense avoir fait le bon choix : cette machine me correspond et j'arrive à en tirer quelque chose de très satisfaisant, ce qui n'avait pas été le cas avec le JD-Xi (pourtant je suis fan de la marque depuis très longtemps).
Je possède également Rm1x, MC-808 et ElecTribe ESX-1.
Voyons mainteant ça de plus près en comparant les deux bécanes, sachant que 17 années les séparent et qu'un JD-Xi neuf coûte bien moins cher qu'un Sirius d'occasion...
Pour quels styles de musique et dans quel contexte (studio, concert, etc.) utilisez-vous ce synthétiseur ?
Styles "techno" comme on disait dans les années 90 : dance, transe, acid etc. Bref on va dire electro d'une manière plus simple et plus générale.
Utilisation à la maison avec l'idée que la machine pouvait se suffire à elle-même pour produire des morceaux certes minimalistes mais quasiment finalisés.
Pour le JD-Xi on portera à son crédit le côté portable de la machine. Mini-touches et petit gabarit, très léger (que du plastique) et pouvant fonctionner branché sur une power bank USB pour peu que l'on se bricole un câble USB > jack DC, ce que j'avais fait. Ça fonctionne nickel avec une autonomie qui ne m'a jamais posé de problème.
Le Sirius quant à lui est plus mastoc. 49 "vraies" touches, carcasse en métal, il est plus lourd et encombrant. À la différence du JD-Xi on ne va pas l'utiliser posé sur les genoux dans le canap
Vous semble-t-il solide et bien fini ?
Le Sirius est un tank. Je le sais pour l'avoir démonté intégralement, c'est du costaud. Seul reproche : les potards ne sont pas boulonnés au panneau mais simplement soudés sur le PCB. Ça peut paraître fragile mais après un nettoyage en profondeur la machine est entièrement fonctionnelle, seuls quelques boutons poussoirs sont un peu recalcitrants mais dans l'ensemble c'est nickel.
Le Roland comme je l'ai dit précédemment est tout en plastique, très léger, mais connaisant Roland en général c'est bien construit (de là à savoir si ça fonctionnera encore après 15 années d'utilisation intensive comme ça a dû être le cas du Sirius dont j'ai hérité c'est une autre histoire...)
Les connaisseurs du JD-Xi et JD-XA savent que le panneau de commandes style "miroir" est très salissant et propice au rayures. Mais le look rouge et noir j'aime bien (affaire de goûts). Le panneau du Sirius est bien plus conventionnel et bien plus lisible aussi malgré le nombre plus important de potards et boutons (mais il est bien plus vaste). Les boutons bleus s'allument en rose, sur une façade grise avec un LCD jaune. Pas vraiment harmonieux comme design mais bon il a quand même de la gueule. D'ailleurs au passage je préfère largement les boutons en plastique qui font "clic" sur le Sirius que les boutons en caoutchouc mou du Roland qui me rappellent les touches du MO5 (pour les jeunes qui me lisent : c'était un ordinateur 8-bit de Thomson dans les années 80).
Sa prise en main et son ergonomie sont-elles simples ?
Alors pour les deux : oui et non. C'est simple pour les choses basiques et la performance, plus compliqué pour l'édition et les fonctions qui passent par les menus. Sur le Sirius la sélction des sons se fait par raccourcis de catégories puis accès direct via les 16 boutons qui servent aussi de pas pour le sequencer. Sachant que chaque catégorie dispose de 3 banques de presets + la banque user. Même chose pour les patterns et les songs, on y accède directement via la rangée de 16 boutons, ici appelés "pads" qui peuvent appeler directement 8 patterns de notre choix, 4 breaks (qui s'insèrent à la volée dans le pattern en cours avant d'y revenir à la fin du break) et 4 motifs de remplacement en temps-réel (tant qu'on appuie sur le bouton le ou les motifs sélectionnés remplacent ceux d'origine). Ces "pads" sont sauvegardés dans une song, ce qui n'empêche pas de les utiliser en mode pattern, d'ailleurs on attribue n'importe-quels patterns à une song et/ou aux pad, aucune restriction de ce côté. Donc pour le Sirius on est vraiment dans une ergonomie taillée pour le live. Pour le JD-Xi on est plus dans une logique classique de sélection des patches et des patterns directement depuis le menu/affichage. Sur le Sirius pour accéder directement aux banques de sons/patterns on est obligé de passer par le menu Edit, c'est une logique particulière. Ce menu sert à l'édition des sons/kits/patterns mais aussi à l'enregistrement et la gestion des motifs, aux réglages des FX, du vocodeur et autres paramètres systèmes. En fait on peut contrôler l'ensemble du Sirius depuis le menu Edit.
L'édition des sons est très rapide sur le Sirius car pratiquement tous les paramètres de sytnhèse sont accessibles en façade avec leurs boutons/potards dédiés, là ou le Roland se fait plus spartiate puisque pour la synthèse poussée (3 partiels par son pour les 2 synthés SuperNatural) on passe obligatoirement par des menus à n'en plus finir sur un affichage aussi petit que celui du Sirius (2x 16 lignes).
Pour ce qui est de l'enregistrement/programmation des patterns les deux se valent avec le temps-réel (avec ou sans overdub), step (façon TR) et drumgrid pour les percusions. À noter que le JD-Xi peut enregistrer à la volée pendant la lecture, ce que ne fait pas le Sirius. Ce dernier par-contre fonctionne par motifs (comme les phrases d'une Rm1x) que l'on intègre ensuite dans les patterns/pistes que l'on souhaite et que l'on peut copier. Le Roland est beaucoup moins souple puisque tout est sauvegardé dans un programme (sorte de performance) : sons, séquences, FX. Pour le Sirius attention à bien sauvegarder les sons et kits de percus car ils ne sont pas sauvegardés dans les patterns.
Sur le Sirius j'aime beaucoup les macros sur les potards d'ondes, de modulations et surtout d'enveloppes, c'est vraiment pratique et efficace notamment pour changer une enveloppe rapidement avec un seul potard.
Qu’en est-il de la qualité de son clavier et de son toucher ?
Le clavier du Sirius est très agréable, c'est un Fatar (je ne vous dirai pas quel modèle précis), il n'a pas l'aftertouch, un peu dommage mais bon cette machine ne s'adresse pas particulièrement aux vrais claviéristes/pianistes/organistes. Il n'y a pas de réglage de la courbe de dynamique mais elle me semble très bonne. Le JD-Xi lui est très limité par ses mini-touches (perso je n'aime pas du tout) et ses 3 octaves. Idem pour les molettes de pitchbend et modulation vous ne serez pas étonnez d'apprendre que les manipuler est bien plus agréable sur le Sirius que sur le JD-Xi.
Quel est votre avis sur le son de manière globale ?
Le son du Sirius est vraiment puissant. Le moteur de synthèse est simple, il fait peu mais ce qu'il fait il le fait bien. Les synthés peuvent avoir une papate énorme à décoller le papier peint. C'est un gros son avec un certain côté sale qui peu être aussi très agressif. Le JD-Xi est bien plus sage en comparaison (une habitude chez Roland qui sonne en général assez feutré et maîtrisé). Le son est bien plus propre, clinique et surtout... sage. Le Sirius va direct à l'essentiel, c'est brut de décoffrage là où le Roland se montrera plus civilisé et sophistiqué. C'est du moins mon ressenti sur le "grain" général de ces deux machines. Un bon sounddesigner saura probablement faire hurler un synthé SuperNatural et lisser l'aspect sauvage et rugueux du Sirius mais dans l'ensemble je dirais qu'on a ici deux conceptions du son relativement opposées : d'un côté un rouleau compresseur, au risque de tomber dans le cliché et la caricature (ce synthé est vraiment très typé EDM des 90's il faut bien en avoir conscience) et de l'autre un outil plus complexe, sophistiqué, mais aussi plus civilisé, avec le vernis d'une machine beaucoup plus récente et également plus polyvalente.
Que pensez-vous des sons d’usine ?
Très typés et orientés techno 90's. On n'y trouve pas de sons acoustiques "réalistes" au contraire du JD-Xi qui propose quelques PCM de pianos/orgues/cordes etc. (d'une qualité qu'il faut cependant relativiser, ça fait le job pour de l'eletro mais pas pour un concerto classique). Comme toujours pour les deux machines il y a du bon et du moins bon, chacun fera le tri et surtout fera sa propre tambouille. À noter que parmi les nombreux sons de percussions du Sirius (384 "ondes") on trouve des sons issus de célèbres boîtes à rythmes de nombreuses marques avec bien plus de diversité que le JD-Xi où Roland ne propose que ses propres machines CR et TR en grande majorité.
Que pensez-vous des possibilités d’édition et de traitement ?
Le Sirius propose une synthèse VA à base de "Spectral Waveforms" (288 au total, je suppose que ce sont simplement des PCM). L'oscillateur unique est double (comme sur un Promas) et peut être détuné avec une grande largeur et une grande précision. Il y a un filtre multimodes : 2 filtres LPF (12 et 24 dB) et un HPF, le tout doté d'un overdrive pour salir (légèrement) le son. La résonance peut hurler et même si la modélisation des filtres n'est pas exceptionnelle comparé à ce qui se fait aujourd'hui ça fait largement l'affaire. Côté modulations on a un LFO assignable à différentes modulations et 3 enveloppes dont deux ADSR dédiées au pitch, filtre et VCA. C'est simple et on va directement à l'essentiel. Certes le Sirius n'est pas une machine dédiée au sounddesign, mais dans son registre et pour les styles auxquels elle se destine c'est largement suffisant pour se faire soi-même ses basses, leads, pads, plucks, seqs, FX etc.
Côté FX d'ailleurs on a 2 blocs d'effets : le premier est dédié aux réverbes (6) et delays (2), le deuxième aux chorus/flangers (6) et delays (2). C'est très sommaire (de même que les réglages réduits à l'essentiel) : pas de saturations, pas de phaser, pas d'EQ, pas de traitement dynamique. Cependant là aussi ils sont efficaces et ça sonne plutôt bien, notamment les réverbes qui s'en sortent de manière très honorable (j'ai entendu des réverbes bien moins bonnes sur des racks d'effets Boss de la même époque). Un potard nommé "overblast" permet de grossir les sorties audio en accentuant les basses et le haut du spectre. C'est assez efficace mais à utiliser avec modération et surtout selon le contexte. En outre je regrette fortement que les delays ne soient pas synchronisables au tempo/horloge MIDI et pire encore que les valeurs temporelles soient exprimées de 0-127 à la place des millisecondes. Il faut donc régler les delay à l'oreille, c'est un inconvénient parfois pénible.
Chaque piste du Sirius dispose d'envois dosables vers les deux blocs d'effets et le bloc 1 peut s'injecter dans le bloc 2. Tout cela est très pratique et efficace, sauf pour la piste de percussions (cette piste dispose d'un kit de 12 samples) où l'édition se fait via le menu Edit pour chaque son. À noter que le mixage (level, pan et envois FX 1 et 2) se fait de manière très simple à l'aide de 7 potards correpondant aux 7 pistes du Sirius (BS, SD, HH, Perc, synthé 1, 2 et 3) + le vocoder.
Le JD-Xi propose un synthé analogique (DCO) monophonique assez simple et deux moteurs VA SuperNatural d'une polyphonie de 128 voix (partagée avec la piste de percussions). L'édition depuis le panneau se limite au strict minimum : filtre, enveloppe, amp et FX. Pour tout le reste on passe par le menu composé d'innombrables pages, sachant qu'un son peut être composé de trois partiels donc trois fois plus de paramètres. Ici l'ergonomie marque le pas, il faut de la volonté et de la patience. En revanche inutile de préciser que le moteur VA du JD-Xi offre bien plus de possibilités que celui du Sirius, d'autant qu'il intègre des PCM (200 pour les synthés SuperNatural et 453 pour les percussions) en plus des ondes modélisées. La puissance de la machine est indéniable.
Pour la section d'effets celle du JD-Xi est bien plus complete que celle du Sirius. À l'image de la marque on est ici dans le classieux : 4 blocs d'effets chaînés les uns aux autres et incluant disto/fuzz/comp/bit crusher + chorus-flanger/phaser/ringmod/slicer + delay + réverbe. J'aime beaucoup les effets du JD-Xi, ils sont d'excellente qualité et témoignent du savoir-faire de Roland en la matière. Le routage/dosage de chaque part est très souple et ergonomique. Et bien-sûr les delays sont synchronisables au tempo/horloge MIDI...
En ce qui concerne les fonctions "avancées" (un bien grand mot) du sequencer, le Sirius propose une fonction groove (réglée à 25% par défaut) qui permet de déplacer légèrement les notes sur la grille de quantification (séléctionnable à l'energistrement y compris en temps-réel) afin de donner un peu plus de vie aux séquences. Cela fonctionne plutôt bien en créant des décalages subtils. Le JD-Xi n'a pas cette option. Du côté des motifs, ils peuvent être effacés et copiés. Pas d'édition macro (édition précise des événements d'une séquence) comme l'un comme pour l'autre. En outre le Sirius permet d'utiliser des motifs de longueurs et signatures rythmiques différentes au sein d'un même pattern (je ne souviens pas si le JD-Xi le permet, à vérifier). Enfin, dernière chose, toutes les commandes du Sirius émettent des CC et ceux-ci peuvent être enregistrés dans le sequenceur, un très bon point (le JD-Xi le permet également).
Un petit mot sur l'arpégiateur : il propose 16 motifs de base mais leur édition est très complète, Hold, resolution, gate, chord, dynamique, il peut être programmé et enregistré directement dans le sequencer avec fonction transpose en temps-réel (cette fonction existe aussi pour l'ensemble d'un pattern et peut se programmer dans le mode song). On peut ainsi arpéger toutes les pistes du Sirius avec des paramètres différents. L'aprégiateur du Roland me semble plus basique et exclusif à une seule piste.
Pour terminer je vais parler du vocoder : celui du JD-Xi est indéniablement meilleur, plus précis, plus intelligible (meilleure résolution, plus de bandes) en outre il fait également autopitch alors que le Sirius propose quant à lui un mode filter-bank. Le Sirius à l'avantage de permettre de choisir toutes les pistes que l'on désire comme signaux porteurs (precus y compris) là où le JD-Xi ne permet que de sélectionner une des deux pistes de synthés numériques. Le Roland propose donc un vocodeur propre de bonne qualité alors que celui du Sirius, plus sale, rend la voix peu intelligible mais permet de beaux et originaux effets sonores. Dans les deux cas je trouve la fonction un peu gadget et je ne m'y suis pas plus intéressé que ça car ce n'est pas une fonction que j'utilise énormément de manière générale, d'autant qu'à chaque fois il faut sacrifier des pistes à moins d'utiliser les entrées externes et avec nécessité de matériel additionnel.
Quelles sont les choses que vous appréciez le plus et le moins ?
En résumé vous l'aurez compris je préfère le Sirius au JD-Xi, malgré ses défauts et limitations que je juge moins rédhibitoires que celles du JD-Xi. Déjà le fait que le sequencer permette jusqu'à 8 mesures par pattern fut un élément décisif. Les 4 mesures max du JD-Xi ne me permettent pas de faire la musique que je compose notamment pour les longs pads qui s'étirent précisément sur 8 mesures (16 auraient été du luxe mais je n'aurais pas craché dessus, on est loin des patterns de 256 mesures que permettent la Rm1x ou la MC-808 par-exemple). Et puis il y a le son, le Roland sonne bien, il a un bon grain et permet plus de possibilités dans le domaine de la synthèse, même s'il reste malgré tout limité, on n'est pas dans le synthé de sounddesigner non plus, c'est juste un peu mieux que le Sirius avec notamment 3 partiels, un monophonique analo cependant limité et les sons acoustiques PCM (mais perso je peux m'en passer) et une excellente section d'effets, il n'en demeure pas moins que le Sirius sonne grave, il est plus typé et plus agressif, donc au final plus efficace, du moins pour moi.
J'ai appris à utiliser ses fonctions (certes pas encore toutes) notamment l'excellent mode song et le système de breaks et de motifs "Special Loop". Au final ça reste minimaliste (seulement 3 pistes de synthé) mais pour le style auquel il se destinait à l'époque (1998 je le rappelle) c'est un outil remarquablement efficace. Je n'ai pas réussi à faire quelque chose de satisfaisant avec le JD-Xi, avec le Sirius, si (lien audio à écouter).
Note : le synthé acquis a coûté 800€ (hors port) et vient de Hongrie. Il a nécessité un peu de maintenance et surtout un gros décrassage intégral de tout l’électronique + tôlerie + achat d'une alimentation externe adaptée + pile bouton au lithium + pâte thermique + EPROM du dernier microlociciel (correction des bugs, pas de nouvelles fonctionnalités).
Pour conclure : voici le tableau comparatif des deux machines en guise de vote + / - (notez que ces annotations sont un avis personnel donc totalement subjectif et qu'elles ne concernent pas uniquement l'aspect technique sur surtout mon goût et mon ressenti) :
Je possède également Rm1x, MC-808 et ElecTribe ESX-1.
Voyons mainteant ça de plus près en comparant les deux bécanes, sachant que 17 années les séparent et qu'un JD-Xi neuf coûte bien moins cher qu'un Sirius d'occasion...
Pour quels styles de musique et dans quel contexte (studio, concert, etc.) utilisez-vous ce synthétiseur ?
Styles "techno" comme on disait dans les années 90 : dance, transe, acid etc. Bref on va dire electro d'une manière plus simple et plus générale.
Utilisation à la maison avec l'idée que la machine pouvait se suffire à elle-même pour produire des morceaux certes minimalistes mais quasiment finalisés.
Pour le JD-Xi on portera à son crédit le côté portable de la machine. Mini-touches et petit gabarit, très léger (que du plastique) et pouvant fonctionner branché sur une power bank USB pour peu que l'on se bricole un câble USB > jack DC, ce que j'avais fait. Ça fonctionne nickel avec une autonomie qui ne m'a jamais posé de problème.
Le Sirius quant à lui est plus mastoc. 49 "vraies" touches, carcasse en métal, il est plus lourd et encombrant. À la différence du JD-Xi on ne va pas l'utiliser posé sur les genoux dans le canap
Vous semble-t-il solide et bien fini ?
Le Sirius est un tank. Je le sais pour l'avoir démonté intégralement, c'est du costaud. Seul reproche : les potards ne sont pas boulonnés au panneau mais simplement soudés sur le PCB. Ça peut paraître fragile mais après un nettoyage en profondeur la machine est entièrement fonctionnelle, seuls quelques boutons poussoirs sont un peu recalcitrants mais dans l'ensemble c'est nickel.
Le Roland comme je l'ai dit précédemment est tout en plastique, très léger, mais connaisant Roland en général c'est bien construit (de là à savoir si ça fonctionnera encore après 15 années d'utilisation intensive comme ça a dû être le cas du Sirius dont j'ai hérité c'est une autre histoire...)
Les connaisseurs du JD-Xi et JD-XA savent que le panneau de commandes style "miroir" est très salissant et propice au rayures. Mais le look rouge et noir j'aime bien (affaire de goûts). Le panneau du Sirius est bien plus conventionnel et bien plus lisible aussi malgré le nombre plus important de potards et boutons (mais il est bien plus vaste). Les boutons bleus s'allument en rose, sur une façade grise avec un LCD jaune. Pas vraiment harmonieux comme design mais bon il a quand même de la gueule. D'ailleurs au passage je préfère largement les boutons en plastique qui font "clic" sur le Sirius que les boutons en caoutchouc mou du Roland qui me rappellent les touches du MO5 (pour les jeunes qui me lisent : c'était un ordinateur 8-bit de Thomson dans les années 80).
Sa prise en main et son ergonomie sont-elles simples ?
Alors pour les deux : oui et non. C'est simple pour les choses basiques et la performance, plus compliqué pour l'édition et les fonctions qui passent par les menus. Sur le Sirius la sélction des sons se fait par raccourcis de catégories puis accès direct via les 16 boutons qui servent aussi de pas pour le sequencer. Sachant que chaque catégorie dispose de 3 banques de presets + la banque user. Même chose pour les patterns et les songs, on y accède directement via la rangée de 16 boutons, ici appelés "pads" qui peuvent appeler directement 8 patterns de notre choix, 4 breaks (qui s'insèrent à la volée dans le pattern en cours avant d'y revenir à la fin du break) et 4 motifs de remplacement en temps-réel (tant qu'on appuie sur le bouton le ou les motifs sélectionnés remplacent ceux d'origine). Ces "pads" sont sauvegardés dans une song, ce qui n'empêche pas de les utiliser en mode pattern, d'ailleurs on attribue n'importe-quels patterns à une song et/ou aux pad, aucune restriction de ce côté. Donc pour le Sirius on est vraiment dans une ergonomie taillée pour le live. Pour le JD-Xi on est plus dans une logique classique de sélection des patches et des patterns directement depuis le menu/affichage. Sur le Sirius pour accéder directement aux banques de sons/patterns on est obligé de passer par le menu Edit, c'est une logique particulière. Ce menu sert à l'édition des sons/kits/patterns mais aussi à l'enregistrement et la gestion des motifs, aux réglages des FX, du vocodeur et autres paramètres systèmes. En fait on peut contrôler l'ensemble du Sirius depuis le menu Edit.
L'édition des sons est très rapide sur le Sirius car pratiquement tous les paramètres de sytnhèse sont accessibles en façade avec leurs boutons/potards dédiés, là ou le Roland se fait plus spartiate puisque pour la synthèse poussée (3 partiels par son pour les 2 synthés SuperNatural) on passe obligatoirement par des menus à n'en plus finir sur un affichage aussi petit que celui du Sirius (2x 16 lignes).
Pour ce qui est de l'enregistrement/programmation des patterns les deux se valent avec le temps-réel (avec ou sans overdub), step (façon TR) et drumgrid pour les percusions. À noter que le JD-Xi peut enregistrer à la volée pendant la lecture, ce que ne fait pas le Sirius. Ce dernier par-contre fonctionne par motifs (comme les phrases d'une Rm1x) que l'on intègre ensuite dans les patterns/pistes que l'on souhaite et que l'on peut copier. Le Roland est beaucoup moins souple puisque tout est sauvegardé dans un programme (sorte de performance) : sons, séquences, FX. Pour le Sirius attention à bien sauvegarder les sons et kits de percus car ils ne sont pas sauvegardés dans les patterns.
Sur le Sirius j'aime beaucoup les macros sur les potards d'ondes, de modulations et surtout d'enveloppes, c'est vraiment pratique et efficace notamment pour changer une enveloppe rapidement avec un seul potard.
Qu’en est-il de la qualité de son clavier et de son toucher ?
Le clavier du Sirius est très agréable, c'est un Fatar (je ne vous dirai pas quel modèle précis), il n'a pas l'aftertouch, un peu dommage mais bon cette machine ne s'adresse pas particulièrement aux vrais claviéristes/pianistes/organistes. Il n'y a pas de réglage de la courbe de dynamique mais elle me semble très bonne. Le JD-Xi lui est très limité par ses mini-touches (perso je n'aime pas du tout) et ses 3 octaves. Idem pour les molettes de pitchbend et modulation vous ne serez pas étonnez d'apprendre que les manipuler est bien plus agréable sur le Sirius que sur le JD-Xi.
Quel est votre avis sur le son de manière globale ?
Le son du Sirius est vraiment puissant. Le moteur de synthèse est simple, il fait peu mais ce qu'il fait il le fait bien. Les synthés peuvent avoir une papate énorme à décoller le papier peint. C'est un gros son avec un certain côté sale qui peu être aussi très agressif. Le JD-Xi est bien plus sage en comparaison (une habitude chez Roland qui sonne en général assez feutré et maîtrisé). Le son est bien plus propre, clinique et surtout... sage. Le Sirius va direct à l'essentiel, c'est brut de décoffrage là où le Roland se montrera plus civilisé et sophistiqué. C'est du moins mon ressenti sur le "grain" général de ces deux machines. Un bon sounddesigner saura probablement faire hurler un synthé SuperNatural et lisser l'aspect sauvage et rugueux du Sirius mais dans l'ensemble je dirais qu'on a ici deux conceptions du son relativement opposées : d'un côté un rouleau compresseur, au risque de tomber dans le cliché et la caricature (ce synthé est vraiment très typé EDM des 90's il faut bien en avoir conscience) et de l'autre un outil plus complexe, sophistiqué, mais aussi plus civilisé, avec le vernis d'une machine beaucoup plus récente et également plus polyvalente.
Que pensez-vous des sons d’usine ?
Très typés et orientés techno 90's. On n'y trouve pas de sons acoustiques "réalistes" au contraire du JD-Xi qui propose quelques PCM de pianos/orgues/cordes etc. (d'une qualité qu'il faut cependant relativiser, ça fait le job pour de l'eletro mais pas pour un concerto classique). Comme toujours pour les deux machines il y a du bon et du moins bon, chacun fera le tri et surtout fera sa propre tambouille. À noter que parmi les nombreux sons de percussions du Sirius (384 "ondes") on trouve des sons issus de célèbres boîtes à rythmes de nombreuses marques avec bien plus de diversité que le JD-Xi où Roland ne propose que ses propres machines CR et TR en grande majorité.
Que pensez-vous des possibilités d’édition et de traitement ?
Le Sirius propose une synthèse VA à base de "Spectral Waveforms" (288 au total, je suppose que ce sont simplement des PCM). L'oscillateur unique est double (comme sur un Promas) et peut être détuné avec une grande largeur et une grande précision. Il y a un filtre multimodes : 2 filtres LPF (12 et 24 dB) et un HPF, le tout doté d'un overdrive pour salir (légèrement) le son. La résonance peut hurler et même si la modélisation des filtres n'est pas exceptionnelle comparé à ce qui se fait aujourd'hui ça fait largement l'affaire. Côté modulations on a un LFO assignable à différentes modulations et 3 enveloppes dont deux ADSR dédiées au pitch, filtre et VCA. C'est simple et on va directement à l'essentiel. Certes le Sirius n'est pas une machine dédiée au sounddesign, mais dans son registre et pour les styles auxquels elle se destine c'est largement suffisant pour se faire soi-même ses basses, leads, pads, plucks, seqs, FX etc.
Côté FX d'ailleurs on a 2 blocs d'effets : le premier est dédié aux réverbes (6) et delays (2), le deuxième aux chorus/flangers (6) et delays (2). C'est très sommaire (de même que les réglages réduits à l'essentiel) : pas de saturations, pas de phaser, pas d'EQ, pas de traitement dynamique. Cependant là aussi ils sont efficaces et ça sonne plutôt bien, notamment les réverbes qui s'en sortent de manière très honorable (j'ai entendu des réverbes bien moins bonnes sur des racks d'effets Boss de la même époque). Un potard nommé "overblast" permet de grossir les sorties audio en accentuant les basses et le haut du spectre. C'est assez efficace mais à utiliser avec modération et surtout selon le contexte. En outre je regrette fortement que les delays ne soient pas synchronisables au tempo/horloge MIDI et pire encore que les valeurs temporelles soient exprimées de 0-127 à la place des millisecondes. Il faut donc régler les delay à l'oreille, c'est un inconvénient parfois pénible.
Chaque piste du Sirius dispose d'envois dosables vers les deux blocs d'effets et le bloc 1 peut s'injecter dans le bloc 2. Tout cela est très pratique et efficace, sauf pour la piste de percussions (cette piste dispose d'un kit de 12 samples) où l'édition se fait via le menu Edit pour chaque son. À noter que le mixage (level, pan et envois FX 1 et 2) se fait de manière très simple à l'aide de 7 potards correpondant aux 7 pistes du Sirius (BS, SD, HH, Perc, synthé 1, 2 et 3) + le vocoder.
Le JD-Xi propose un synthé analogique (DCO) monophonique assez simple et deux moteurs VA SuperNatural d'une polyphonie de 128 voix (partagée avec la piste de percussions). L'édition depuis le panneau se limite au strict minimum : filtre, enveloppe, amp et FX. Pour tout le reste on passe par le menu composé d'innombrables pages, sachant qu'un son peut être composé de trois partiels donc trois fois plus de paramètres. Ici l'ergonomie marque le pas, il faut de la volonté et de la patience. En revanche inutile de préciser que le moteur VA du JD-Xi offre bien plus de possibilités que celui du Sirius, d'autant qu'il intègre des PCM (200 pour les synthés SuperNatural et 453 pour les percussions) en plus des ondes modélisées. La puissance de la machine est indéniable.
Pour la section d'effets celle du JD-Xi est bien plus complete que celle du Sirius. À l'image de la marque on est ici dans le classieux : 4 blocs d'effets chaînés les uns aux autres et incluant disto/fuzz/comp/bit crusher + chorus-flanger/phaser/ringmod/slicer + delay + réverbe. J'aime beaucoup les effets du JD-Xi, ils sont d'excellente qualité et témoignent du savoir-faire de Roland en la matière. Le routage/dosage de chaque part est très souple et ergonomique. Et bien-sûr les delays sont synchronisables au tempo/horloge MIDI...
En ce qui concerne les fonctions "avancées" (un bien grand mot) du sequencer, le Sirius propose une fonction groove (réglée à 25% par défaut) qui permet de déplacer légèrement les notes sur la grille de quantification (séléctionnable à l'energistrement y compris en temps-réel) afin de donner un peu plus de vie aux séquences. Cela fonctionne plutôt bien en créant des décalages subtils. Le JD-Xi n'a pas cette option. Du côté des motifs, ils peuvent être effacés et copiés. Pas d'édition macro (édition précise des événements d'une séquence) comme l'un comme pour l'autre. En outre le Sirius permet d'utiliser des motifs de longueurs et signatures rythmiques différentes au sein d'un même pattern (je ne souviens pas si le JD-Xi le permet, à vérifier). Enfin, dernière chose, toutes les commandes du Sirius émettent des CC et ceux-ci peuvent être enregistrés dans le sequenceur, un très bon point (le JD-Xi le permet également).
Un petit mot sur l'arpégiateur : il propose 16 motifs de base mais leur édition est très complète, Hold, resolution, gate, chord, dynamique, il peut être programmé et enregistré directement dans le sequencer avec fonction transpose en temps-réel (cette fonction existe aussi pour l'ensemble d'un pattern et peut se programmer dans le mode song). On peut ainsi arpéger toutes les pistes du Sirius avec des paramètres différents. L'aprégiateur du Roland me semble plus basique et exclusif à une seule piste.
Pour terminer je vais parler du vocoder : celui du JD-Xi est indéniablement meilleur, plus précis, plus intelligible (meilleure résolution, plus de bandes) en outre il fait également autopitch alors que le Sirius propose quant à lui un mode filter-bank. Le Sirius à l'avantage de permettre de choisir toutes les pistes que l'on désire comme signaux porteurs (precus y compris) là où le JD-Xi ne permet que de sélectionner une des deux pistes de synthés numériques. Le Roland propose donc un vocodeur propre de bonne qualité alors que celui du Sirius, plus sale, rend la voix peu intelligible mais permet de beaux et originaux effets sonores. Dans les deux cas je trouve la fonction un peu gadget et je ne m'y suis pas plus intéressé que ça car ce n'est pas une fonction que j'utilise énormément de manière générale, d'autant qu'à chaque fois il faut sacrifier des pistes à moins d'utiliser les entrées externes et avec nécessité de matériel additionnel.
Quelles sont les choses que vous appréciez le plus et le moins ?
En résumé vous l'aurez compris je préfère le Sirius au JD-Xi, malgré ses défauts et limitations que je juge moins rédhibitoires que celles du JD-Xi. Déjà le fait que le sequencer permette jusqu'à 8 mesures par pattern fut un élément décisif. Les 4 mesures max du JD-Xi ne me permettent pas de faire la musique que je compose notamment pour les longs pads qui s'étirent précisément sur 8 mesures (16 auraient été du luxe mais je n'aurais pas craché dessus, on est loin des patterns de 256 mesures que permettent la Rm1x ou la MC-808 par-exemple). Et puis il y a le son, le Roland sonne bien, il a un bon grain et permet plus de possibilités dans le domaine de la synthèse, même s'il reste malgré tout limité, on n'est pas dans le synthé de sounddesigner non plus, c'est juste un peu mieux que le Sirius avec notamment 3 partiels, un monophonique analo cependant limité et les sons acoustiques PCM (mais perso je peux m'en passer) et une excellente section d'effets, il n'en demeure pas moins que le Sirius sonne grave, il est plus typé et plus agressif, donc au final plus efficace, du moins pour moi.
J'ai appris à utiliser ses fonctions (certes pas encore toutes) notamment l'excellent mode song et le système de breaks et de motifs "Special Loop". Au final ça reste minimaliste (seulement 3 pistes de synthé) mais pour le style auquel il se destinait à l'époque (1998 je le rappelle) c'est un outil remarquablement efficace. Je n'ai pas réussi à faire quelque chose de satisfaisant avec le JD-Xi, avec le Sirius, si (lien audio à écouter).
Note : le synthé acquis a coûté 800€ (hors port) et vient de Hongrie. Il a nécessité un peu de maintenance et surtout un gros décrassage intégral de tout l’électronique + tôlerie + achat d'une alimentation externe adaptée + pile bouton au lithium + pâte thermique + EPROM du dernier microlociciel (correction des bugs, pas de nouvelles fonctionnalités).
Pour conclure : voici le tableau comparatif des deux machines en guise de vote + / - (notez que ces annotations sont un avis personnel donc totalement subjectif et qu'elles ne concernent pas uniquement l'aspect technique sur surtout mon goût et mon ressenti) :
Fichiers audio liés à cet avis
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