A propos de l'oreille absolue
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alanalborn
J'ouvre ce topic sur l'oreille absolue car je sens que je suis en train de l'acquérir (ou alors que je l'ai de naissance et que je suis en train de developper ce don).
Tout d'abord, je note que cela n'aide en rien à chanter plus juste pour le moment car pendant le chant, nous sommes toujours référés à la tonique (rattrapez-moi si je dis une bêtise, moi je dis juste ça parce que je le sens ainsi). Je pose donc cette question par pure curiosité sur le phénomène.
De plus j'espère que mon expérience aidera chanteurmoderne, qui comme il l'avait dit dans un sujet précédent, essaye de prouver que l'on pouvait acquérir l'oreille absolue (eh oui, chacun aide comme il peut).
Ma question se porte sur la manière d'acquérir l'oreille absolue. Pour ma part, cela a commencé par le re, puis par le si que je pouvais reconnaître sans hésiter, tel un réflexe, et ce grâce au fait que ce sont les premières notes de morceaux que j'écoute souvent.
Mais là où je me pose des questions est pour la suite, car je sais maintenant reconnaître le sol, mais pas de manière directe comme le re et le si, mais plutôt dès que je l'entends, je me dis "c'est la quarte juste ascendante du re, c'est donc le sol". Je peux donc le reconnaître sans repères, mais peut-on pour autant qualifier ce phénomène d'oreille absolue ?
Est-ce la voie que tout le monde a suivie avant d'acquérir l'oreille absolue ?
Aussi je voulais savoir par rapport à des retours d'expériences ou même à vos propres expériences comment cela peut être interprété.
Merci et bonne soirée
Philippe
alanalborn
Il n'y aucun rapport entre le fait de regarder un chanteur de variété à la télé et le solfège, je n'ai pas été précis mais je pensais que ça coulait de source.
Le rapport que je fais est le fait que de se dire "je ne comprends pas pourquoi le chanteur a besoin qu'on lui donne une note avant son interprétation a capelle" montre que déjà tu savais que chanter était une histoire de notes différentes, et qu'il existe une certaine tonalité dans laquelle il faut chanter.
Idem pour la chorale, ce que tu as dit prouve que tu savais que quand on chante, il faut chanter dans une tonalité donnée. Lorsque j'ai commencé à chanter, c'était dans un chorale, et pour moi, il n'existait pas de tonalité à respecter, on me donnait les paroles et l'air, et je "chantais" (si on pouvait appeler ça chanter).
Les chefs de la chorale essayant d'identifier mon problème, me demandaient de faire comme eux: "fais aaaaaah"
Et moi je faisais "aaaaaaah" mais pas du tout sur la même note. Ils me disaient que c'était pas bon, mais pour moi, ils ont fait le son "A", j'ai fait le son "A", c'était donc pour moi la même chose: je n'avais donc pas de notion de hauteur de note.
Voilà ce que j'appelle ne RIEN connaître en musique.
alanalborn
mais comme tu dis si bien, quelle importance ?
Phil_75
Citation : Phil, ton "cas" est vraiment exemplaire et fascinant, tu n'es pas la première personne que j'entends raconter quelque chose de ce genre, et c'est étonnant pour nous autres !
Bof il y a des millions de personnes à travers le monde qui sont concernés tu sais, autant de gens qui ne font pas parler d'eux et qui ne font pas non plus forcément de musique : des plombiers, des boulangers, des cadres marketing, ou des mécaniciens, de très jeunes enfants...
Et très concrètement il n'y a que peu de cas où l'oreille absolue accorde un vrai avantage, vu qu'il existe plein de moyens de faire sans.
Ça te permet surtout d'avoir une appréhension instinctive de la musique sans avoir besoin de formation préalable.
C'est un peu pareil pour la mémoire photographique : c'était sans doute irremplaçable il y a 100 ans, mais maintenant qu'on la possibilité de stocker plusieurs giga d'informations sur des clés USB minuscules et de se balader avec...
L'oreille absolue au moment où je te parle, ça me permet juste de rentrer plus vite dans un morceau par rapport à mes collègues de chorale (une vraie cette fois ;) ) : je sers à la rigueur de diapason lors des répétitions de pupitres pour donner les notes de départ, et alerter le groupe quand leur chant se met à baisser ou à monter par rapport à la partition.
Accessoirement c'est aussi moi qu'on colle comme écran de séparation entre nous et les filles du pupitre d'à côté pour éviter les "perturbations" ^^
Citation : Les chefs de la chorale essayant d'identifier mon problème, me demandaient de faire comme eux: "fais aaaaaah"
Et moi je faisais "aaaaaaah" mais pas du tout sur la même note. Ils me disaient que c'était pas bon, mais pour moi, ils ont fait le son "A", j'ai fait le son "A", c'était donc pour moi la même chose: je n'avais donc pas de notion de hauteur de note.
Ah oui effectivement
chanteurmoderne
Il est peu probable que ce soit quelque chose d'inné, mais plutôt lié à un apprentissage approfondi de la musique très jeune (quoique certains l'ont sans jamais avoir étudié formellement la musique) - tout simplement parce que ceux qui l'ont dans les pays où les notes ne suivent pas la gamme diatonique reconnaissent d'autres couleurs et notes (quarts de ton etc), alors qu'en Europe on ressent plutôt la gamme européenne - si on voulait prétendre que l'on est né avec, il faudrait aussi prétendre que la gamme diatonique contient les 'vraies' notes de la musique, et ce n'est pas le cas - c'est juste une convention utilisé dans la musique classique.
Plusieurs de mes élèves l'ont acquis, mais certains non - ils ont fini par savoir reconnaître un là et - étant donné qu'on travaille beaucoup l'oreille relative - peuvent entendre une note et savoir ce que c'est tout de suite ou chanter n'importe quelle note sans aucun support. Du coup, pour l'instant mes recherches continuent et se montrent peu conclusives dans ce domaine... je vous tiendrai au courant et serai intéressé d'entendre plus sur ton développement Phil.
Juste pour corriger un petit malentendu qu'ont beaucoup de musiciens - avoir l'oreille absolue n'aide pas forcément à chanter plus juste. Quelques exemples :
1) le musicien voit un la sur la page et donc chante un la - mais est-ce le bon la dans le contexte de la tonalité donné ? Il sera plus juste s'il chante la note en fonction de son rôle harmonique (un la qui joue le role de quinte ou de tierce ne sera pas à la même hauteur qu'un la tonique) - pour moi un chanteur chante juste lorsqu'il chante en justesse relative à la tonalité - la bonne nuance de couleur. J'ai connu plusieurs chanteurs avec l'oreille absolue qui chantaient 'juste' mais faux - le tout sonnait un peu 'pas centré' - comme s'il n'y avait pas de centre tonal. Tous les la ne sont pas égaux !
2) les choristes qui l'ont peuvent parfois être plus haut ou bas que les autres et - si le reste de la chorale baisse ou monte un peu (ce qui arrive souvent) les personnes avec cette merveilleuse oreille absolue s'obstinent à chanter ce qu'ils voient sur la partition. Cela n'arrive que très rarement dans les pays ou le do n'est pas fixe et l'on voit plus un système de justesse relative - car les gens pensent en fonction de rôle harmonique, interval etc. et le tout reste juste. Les choeurs des pays qui mettent l'accent sur l'oreille absolue ou qui utilisent le do fixe sonnent parfois très bien, mais il y a toujours un petit quelque chose qui sonne plat pour moi (à moins qu'ils aient vraiment travaillé l'oreille relative) - alors que l'année dernière j'ai entendu un group de six chanteur hongrois et la justesse était sublime - on aurait dit qu'ils étaient trente ou quarante.
3) il y beaucoup de gens avec l'oreille absolue qui ratent les notes lorsqu'ils chantent - faute de technique vocale.
Du coup, AMHA l'oreille absolue ne sert pas à grand chose dans le chant si on n'a pas une sacrée oreille relative aussi - et même à ce moment là ça ne sert que de diapason intérieur. Il y a beaucoup d'excellents chanteurs qui ne l'ont pas (et qui portent un diapason dans la poche, par exemple) et beaucoup de piètres chanteurs qui l'ont.
Allan
(je continue mes recherches là-dedans !)
Phil_75
Citation : Du coup, AMHA l'oreille absolue ne sert pas à grand chose dans le chant si on n'a pas une sacrée oreille relative aussi - et même à ce moment là ça ne sert que de diapason intérieur.
Entièrement d'accord, j'en ai même parlé un peu plus haut.
Citation : les choristes qui l'ont peuvent parfois être plus haut ou bas que les autres et - si le reste de la chorale baisse ou monte un peu (ce qui arrive souvent) les personnes avec cette merveilleuse oreille absolue s'obstinent à chanter ce qu'ils voient sur la partition.
Ça m'arrive assez souvent, et c'est clairement l'oreille relative qui permet de se transposer à la même tonalité que les autres.
Ça ne sert à rien de persister sur la partition initiale dans ce genre de cas, on est rapidement seul contre tous les autres, donc autant se caler sur ce que le groupe fait, quitte à dire ensuite "faites gaffe on est méchamment descendu"
Citation : Du coup, pour l'instant mes recherches continuent et se montrent peu conclusives dans ce domaine... je vous tiendrai au courant et serai intéressé d'entendre plus sur ton développement Phil.
Ben malheureusement je n'ai pas vraiment de donnée qui puisse alimenter tes recherches
Mes premiers souvenirs musicaux remontent à mes 7-8 ans, à l'époque où j'étais en internat et que je chantais les génériques des dessins animés de l'époque pour le reste du dortoir (vocation précoce ? )
Mes parents ne roulant pas sur l'or, je n'ai jamais eu de walkman étant gosse, ni de lecteur CD portable pourtant tellement à ma mode quand j'étais ado : la musique que j'écoutais provenait essentiellement de la radio ou des émissions TV musicales, ou à la rigueur des morceaux que je fredonnais.
Je n'ai acheté mon premier lecteur mp3 qu'à 25 balais, ayant toujours été plus intéressé par les bouquins que par la musique.
Demander à mes parents de prendre des cours ? Pas les moyens et ça ne m'aurait pas vraiment branché à l'époque : j'étais plutôt rat de bibliothèque que mélomane, et pour moi les cours de musique c'était des petites gamines bourgeoises qui jouaient la "Lettre à Elise" au piano en se mangeant des coups de règle à chaque erreur
A côté de ça, j'ai des amis qui ont passé leur adolescence avec des écouteurs sur les oreilles et continuent à écouter énormément de zique aujourd'hui.
Ils ont donc sans doute écouté des milliers d'heures de musique de plus que moi - ce qui ne les empêche pas d'avoir au final une oreille de chèvre et de chanter comme des casseroles ^^
Anonyme
Voir cet essai (pas simple !), notamment "Le mythe de la descente du diapason" plus bas sur la page du "Chapitre premier":
https://virga.org/zarlino/
Phil_75
Phil_75
Citation : C'est marrant cette mise en regard de la note juste absolue avec la justesse relative.
Ben en fait l'oreille relative quasi obligatoire, tu ne peux pas compter sur l'oreille absolue seule notamment lorsqu'il peut y avoir des changements ou de l'impro...
L'oreille absolue va te permettre de faire une "photographie musicale" de la mélodie et de son déroulé, note par note. Si tu travailles sur une partition, tu auras donc le déroulé exact de cette partition dans le crâne.
Le problème, c'est que si je décide de transposer la tonalité de quelques tons vers le haut, où si à l'inverse je suis dans un choeur où tout le monde vient de partir trop bas et que j'entre en scène, la photo de la mélodie telle que je l'ai répétée n'est plus bonne du tout.
La chanter telle quelle me mettrait carrément faux, il faut donc que je fasse l'exercice de transposer mentalement note par note tout le morceau.
D'où la nécessité de l'oreille relative, qui va permettre au chanteur de partir d'une nouvelle note plus haute ou plus basse, puis de refaire le nouveau déroulé de la mélodie tout en respectant les mêmes écarts de notes que dans la 1ère version.
Là où ça coince, c'est que beaucoup de personnes ayant l'oreille absolue ont pris l'habitude de se reposer dessus et n'ont pas l'habitude de raisonner en terme d'écarts entre les notes, vu qu'il ont habituellement tout le truc directement à disposition dans leur tête.
Si rien ne bouge et que tout correspond à ce qui a été entendu la permière fois c'est parfait, par contre si un petit paramètre change c'est rapidement le drame...
Citation : Cela ne serait pas toujours dû à un simple problème purement vocal - en tout cas pour les bons - mais il y aurait un problème intrinsèque au tempérament.
Dans les pupitres exigeants et où il faut chanter bieeen aigu pendant de loooongs passages, c'est surtout une histoire de flemme je dirais
Anonyme
(analogie assez foireuse, j'en conviens)
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