Chanter primal
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Eljei
Citation de boulaxos :
C'est ça!
Comment faire un son primal? Dépourvu de toute modification, aussi légères soient-elles? Sans les habitudes du parler, les influences du gout, un son pur, quoi'! Je rêverai de faire ça et ensuite de commencer à rajouter tout et n'importe quoi dessus.
Comment s'y prendre pour faire une chanson, avec un son naturel? Parce que rechercher a faire un son naturel, comme tenir une note médium sur une voyelle comme A, on peut déjà le faire de dix manières différentes avec la même note et la même voyelle. Cela devient donc très difficile pour l'autodidacte de comprendre quelle part du son est due au timbre et quelle part de ce même son est due a des effets de modification de couleur inconsciente (ajout du twang/la langue/ouverture de la bouche/larynx, etc.)?
Question très intéressante ! Je crée un nouveau sujet !
L'idée de chant "naturel", "primal", etc... est déjà très répandu dans l'enseignement vocal, c'est souvent la base de l'enseignement des professeurs modernes, qu'ils s'appuient ou non sur la physiologie.
Ce que je reprocherais à certains professeurs, c'est de dire qu'il n'y a qu'une seule "voix naturelle"... cette idée de trouver sa "vraie" voix fait facilement perdre de vue qu'il existe toutes sortes de sons "naturels" et que chanter naturellement n'équivaut pas forcément à chanter comme on parle, par exemple.
Sur une même note medium, tu obtiendras un résultat très différent si par exemple tu la chantes en "parlant", en "pleurant" ou en "appelant". Pourtant ces trois types de son peuvent être 100% naturels et il y en bien d'autres. Il n'existe donc pas qu'une seule "vraie" voix, il en existe plein.
Par rapport à ce que tu dis, je suis bien d'accord qu'il peut être très perturbant d'essayer de faire le tri entre timbre, filtre, etc... mais l'étude d'une méthode physiologique peut être très éclairante à ce niveau. Quand c'est bien expliqué, ce n'est finalement pas aussi compliqué/mystérieux qu'on veut nous le faire croire.
Mais il ne faut pas confondre primal et "sans effet de filtre". Certains effets tels que le twang sont utilisés instinctivement quand par exemple tu appelles haut et fort. Les effets peuvent faire partie intégrante du chant primal.
Tout cela étant dit, comment faire un son primal ? J'ai déjà entendu de nombreuses stratégies pour y parvenir... les professeurs peuvent avoir recours à des outils très variés.
Si on parle tout le temps de "pleur", "soupir", "appel" et "parole" sur ce forum, c'est parce que ce sont les quatre "sons primaux" utilisés par Allan Wright dans la TCM. Ce sont des expressions orales non-langagières que tout le monde peut assez facilement retrouver n'importe quand et qui correspondent chacune à des configurations laryngées spécifiques. En maîtrisant ces quatre types de sons et plus tard en les mélangeant, on peut à peu près "tout faire".
Dans un premier temps il est préférable de ne pas mélanger le primal avec des paroles, ni même avec des notes volontaires. Il faut rire, pleurer, gémir, soupirer, s'exclamer, appeler, etc... à répétition. L'essentiel est de se connecter au maximum avec l'émotion qui correspond au type de son que tu fais. Il ne s'agit pas d'essayer de bien faire un son précis, il faut trouver l'émotion qui déclenche ce son et laisser le son se faire tout seul, sans le contrôler.
Une fois qu'on a pris l'habitude de trouver ces sons facilement et de "lâcher prise", on peut commencer à les utiliser sur des notes, puis avec des paroles.
Je trouve cette approche passionnante et il y aurait plein d'autres choses à dire là-dessus. Cela dit j'ai également testé d'autres approches qui donnaient à peu près le même résultat.
Comment ça se passe pour vous ? A quoi pensez-vous quand vous chantez ?
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nathaliemo
j'ai connu une prof de chant qui jouait les hommes des cavernes avec sa voix.
incroyable comme elle montait dans les graves. c'était marrant
myaguy01
Cette histoire de chant primal est très intéressante. Je regrette fort de ne pas en avoir entendu parler lorsque j'ai commencé le chant.
Faute de connaissance et d'aide, je me suis directement attaqué à un chant très typé (Korn, Mano solo,...) sans même faire attention aux éventuelles tensions. Résultat: l'accumulation d'une tonne de mauvaises habitude qui au fil du temps sont devenues quasi indisociables de mon chant (saturation, aigus forcé, vibrato bon marcher, crispation...)
Du coup, je me lance à peine dans un chant "naturel/primal" et j'ai l'impression que ce travail consiste en ce qui me conerne à éliminer toutes les habitudes accumulées. Au final, si je chante probablement mieux, le son obtenu par contre n'est plus aussi convaicant ( j'avais tout de même réussi à obtenir un chant audible voir agréable via une multitude d'effet pour cacher mes lacunes).
Enfin, voici ma petite expérience sur la chose en éspèrant qu'elle alliment le débat.
fabamarie
je pense que dans le chant comme dans tout art, lorsqu'on commence, on copie, on est plein de mauvaises habitudes, de caricatures de ce qu'on aime
petit à petit, avec la pratique et la maturité, on gomme ces défauts de jeunesse pour arriver à ce qui nous ressemble, cela va avec la personalité, l'assurance.
on ne peut pas tous chanter de la même façon, ce qui est intéressant c'est justement toutes ces facettes, certains aimeront crier, d'autres chanter doucement, il y a autant de voix chantées que de personalités, nous sommes tous des individualités.
le but d'un prof de chant et d'une école est d'apprendre une technique, c'est très bien pour commencer, pour ne pas se blesser et avoir un regard extérieur sur sa voix, pour cultiver son oreille et s'entrainer tel un sportif qui ne connaîtrait pas encore son corps et ses possibilités, heureusement nous n'avons pas tous les mêmes techniques.
cela dépend ensuite du style musical, est-ce qu'on veut tout chanter ou juste un style qu'on aime
écoutez-vous les uns les autres
Eljei
Tout à fait !
Cela dit, personne n'a répondu... à quoi pensez-vous quand vous chantez ?
Mister_X
A quoi je penses quand je chantes? Niveaux émotions, ce n'est pas encore ça (aka "pleure plus, souris plus, etc..."), j'ai tendance à trop penser à des choses du style "détends ton grand droit! Ne pousse pas! Fait attention avec ton larynx! Ouvres-la gorge! La langue en haut, avec le palais qui monte! Tout doux avec le pleur, et ne passe pas en soupir! Mais fais attention!...", et du coup, ben...C'est un peu comme un funambule qui réfléchis un peu trop : il tombe du haut de l'immeuble.
fabamarie
il faut justement beaucoup entraîner la technique pour ne plus avoir à penser " technique " comme un guitariste qui connaît son manche par coeur et ne se demande plus quelle note il joue
maintenant je ne pense plus qu'au son et comment je l'entends intérieurement , ensuite avec l'habitude, le son sort comme on l'imagine , si tu l'imagine rond à tel endroit, il le sera, fort, doux , un peu plus fort, large
ainsi moi je n'ai plus qu'à penser qu'au texte à ce que je dis ( enfin je crois ) et puis suivant l'évènement et le trac, parfois mes pensées partent dans tous les sens, je pense à ma guitare, à la tête des gens, au couplet suivant et là c'est pas bon .............. surtout quand on a des mauvais retour scène et qu'on s'entend mal
écoutez-vous les uns les autres
boulaxos
C'est un peu le danger, je dirais. Beaucoup de ceux qui ont une certaine fibre expressive/animale, peuvent être complètement repoussés par ce côté très technique.
Personnellement si je n'avais pas eu ce coup de foudre pour le chant, j'aurais très tôt arrêté, dégoûté de ce que la connaissance du chant impliquait pour quelqu'un chez qui ce n'était déjà que peu naturel.
Les premiers mois, c'était marrant. On se dit "Tiens, j'adore écouter ces gens chanter, 'faut que j'essaie!" Alors, on essaie.. On fait tout à l'instinct, on connait pas la technique, et on aime peu sa voix. Mais au moins, on fait à l'instinct et on prend beaucoup le plaisir' du chant direct et ce avec toute l'émotion qui nous submerge. Dès qu'on se rend compte qu'on aime vraiment le plaisir que procure le chant, on s'intéresse plus à la technique...
Mon cas: je suis un chanteur catastrophique à la base, c'est vraiment pas naturel pour moi. Alors imaginez mon choc quand j'ai commencé à faire des recherches sur le chant, à vouloir l'Apprendre réellement. Motivé, j'ai commencé à appliquer. Maintenant, j'imagine avoir fait des progrès depuis le début mais j'ai un peu la sensation d'avoir perdu le naturel des premiers jours. Les premiers jours qui me guidaient vers quelque chose d'au final très personnel. Ca fait partie des objectifs de beaucoup en chant se reconnaître dans sa voix, dont moi.
Bref, tout ça pour dire que quand je chante, maintenant je pense à tout, sans forcément réussir. Au début je pensais à rien, sans réussir non plus mais sans la conscience d'un idéal vocal, d'une production vocale saine. Et je veux retrouver le "penser à rien" en chantant, juste à chanter. Comme Mister Xss, donc. Le problème étant, que dès le moment où on s'est intéressé à la question d'une production vocale saine, on peut plus vraiment revenir en arrière, parce qu'on aime chanter et on veut que ça dure.
Et si on retrouve un chant primal/naturel! L'objectif inconscient sera de Reconstruire sur ce chant primal sa voix. Ceci faisant, malgré le fait qu'on reconstruise sur la base du plaisir- (le plaisir qui est un élément qu'on s'accordera tous comme un élément qui définit un trait de personnalité)- les effets, les styles, etc, il restera sûrement moins "vrai" que ce qu'il aurait pu être sans la réelle technique, sans erreur, sans question posée. Non? Si on extrapole la personnalité à la voix, on se rendra compte que c'est quand même ses défauts autant que ses qualités, ses erreurs autant que sa justesse, qui vont le définir?
Le chant aurait sûrement évolué plus "vrai" pour beaucoup sans l'influence de la technique vocale. Pour beaucoup plus faux et dangereux, mais pour certains plus vrai et plus beau!
Je dis ça, je dis rien. :) Gros pavé, mais 'chuis curieux de vous lire là-dessus :p
Au passage, merci Eljei d'en avoir fait un post!
fabamarie
oui, la technique est essentielle
ne serai-ce que pour ne pas abîmer sa voix et la maîtriser, ne pas louper un tour de chant à cause de la timidité ou le trac, savoir toujours où elle doit être placée et comment on doit la sortir, comme un sportif qui ne doit pas retenir son coup droit et qui s'entraîne tous les jours pour savoir se lâcher
écoutez-vous les uns les autres
Eljei
hmmmm... tout ça est très intéressant, mais je vais être encore une fois obligé d'exposer mon idée de "division du travail en deux axes"... désolé pour ceux qui l'ont déjà entendue !
Je suis bien d'accord avec Marie (et les autres) sur le fait qu'il faille entraîner la technique afin de ne plus avoir à y penser.
Le problème que je rencontre très souvent est celui décrit par Xss et Boulaxos : les gens découvrent la technique vocale, travaillent à fond et perdent le plaisir et/ou le lâcher-prise de vue pendant ce temps. A mon humble avis, c'est une erreur stratégique. L'apprentissage de la technique peut prendre de nombreuses années, voire ne jamais se terminer pour les plus curieux. D'une part, quel dommage de se priver pendant ces années du "primal" qui nous procurait tant de plaisir avant de commencer la technique ! D'autre part, arrivera-t-on aussi facilement qu'on peut le croire à oublier tout ça et à retrouver notre instinct premier quand on aura atteint le niveau technique voulu ? Pourra-t-on gommer des années d'habitude neurologique sans repasser par un long réapprentissage du lâcher-prise ?
D'où le principe de base de mon approche (placer un "pour moi" avant chaque phrase ) : il y a un temps pour travailler et un temps pour chanter. Ces deux axes doivent coexister dans notre pratique quotidienne sans que l'un prenne le pas sur l'autre.
La phase de travail consiste à répéter des exercices (si possible des exercices adaptés à nos besoins, prescrits par un bon prof) dans le but de corriger des défauts ou bien d'assimiler de nouveaux éléments techniques. Il est souvent nécessaire de s'appliquer (surtout au début) pour "bien faire" l'exercice pendant plusieurs semaines/mois jusqu'à ce que notre corps ait intégré l'objet de l'exercice dans son système de "réflexe". J'ai souvent besoin d'insister sur le fait que cette phase de travail n'a aucun but artistique ou esthétique.
La phase de chant est tout aussi importante que la phase de travail, pour éviter justement qu'on associe "chant" et "contrôle technique" et qu'on perde l'habitude de chanter spontanément. Comme on le disait précédemment, il y a toutes sortes d'approches pour chanter spontanément... peu importe l'approche tant que le résultat est là : réussir à se laisser chanter, sans exercer un contrôle volontaire sur ce qui se passe. Il ne faut pas croire que toute la technique qu'on a travaillé au préalable va disparaître d'un coup dès qu'on cesse d'y penser... au contraire, si un élément technique a été suffisamment répété et donc complètement assimilé, il va se manifester naturellement quand on se laisse chanter.
Voilà, il y aurait d'autres choses à ajouter, mais en gros c'est ça. En ce qui me concerne, quand je chante (deuxième phase donc), soit je ne pense à rien du tout, soit je pense aux paroles (là aussi, attention à ne pas essayer d'anticiper et contrôler l'intention derrière les mots, cela fait partie de la première phase durant le travail de "remplissage" du texte), soit j'observe passivement les émotions et les sensations que j'éprouve... soit je me focalise sur mon bas-ventre (centre émotionnel selon de nombreuses pratiques) quand mon mental est trop actif... soit je n'y arrive pas et suis en lutte perpétuelle entre le contrôle de mon son et le "arrête d'y penser, idiot !"...
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