Le choix du créateur. Obligation institutionnelle ou personnelle ?
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amanitsounds
443

Posteur·euse AFfamé·e
Membre depuis 21 ans
Sujet de la discussion Posté le 17/03/2006 à 09:50:41Le choix du créateur. Obligation institutionnelle ou personnelle ?
Ce thread sera une sorte de suite à ceux sur les rapports entre l'art, la philosophie, la science et la musique.
Chacun pourra ici parler un peu de lui, exposer les choix ou les non choix pour son travail (à savoir la musique bien entendu), ce qui les a motivés, comment il les valide (références, vécu...), comment il les assume, le but final étant de dresser une mini carte des préoccupations du musicien (en tout cas de ceux présents sur AF). Il n'est donc absolument pas nécessaire ici de chercher à proférer des règles, bien au contraire, nous ne parlerons que d'exceptions.
Chacun pourra ici parler un peu de lui, exposer les choix ou les non choix pour son travail (à savoir la musique bien entendu), ce qui les a motivés, comment il les valide (références, vécu...), comment il les assume, le but final étant de dresser une mini carte des préoccupations du musicien (en tout cas de ceux présents sur AF). Il n'est donc absolument pas nécessaire ici de chercher à proférer des règles, bien au contraire, nous ne parlerons que d'exceptions.

Anonyme
521397

21 Posté le 27/04/2006 à 10:54:01
Quand j'étais plus jeune, j'avais eu l'idée, après m'être livré (comme beaucoup j'imagine) à des expériences "occultes" de tables tournantes et autres verres à pieds sur lesquels une bande d'allumés posent leurs doigts et interrogent les esprits des défunts. Le verre est placé au milieu d'un cercle avec des lettres de l'alphabet. On posait des questions et le verre se déplaçait vers les lettres pour donner les réponses
. Mon idée, donc, était de remplacer les lettres par des plaques métalliques ou autres susceptibles, dès qu'elle sont touchées (par le verre), d'émettre un son. On peut imaginer, au minimum 12 plaques de la gamme chromatique mais rien n'empêche d'élaborer des 1/4 de tons ou plusieurs gammes sur des registres différents. Ca se jouerait à plusieurs. La question à poser à l'esprit du défunt serait : Quelle est la musique de l'au-delà ? Bonjour le trip 


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Head Minerve
9832

Je poste, donc je suis
Membre depuis 19 ans
22 Posté le 27/04/2006 à 11:49:23

a.k.a
18740

Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 20 ans
23 Posté le 27/04/2006 à 19:25:48
Salut !
Dommage que ça ne prenne pas plus d'ampleur tout ça...
>Hecto (si tu permets...) : l'utilisation du hasard n'est pas la mienne et elle remonte aux années 50, quand le glas du sérialisme intégral commençait à gronder au loin. John Cage a énormément utilisé ce procédé : un jour, il a retrouvé une feuille de papier à musique vierge toute froissé. Il a simplement écrit des notes aux endroits des pliures. Pendant un moment, il pratiquait le I-Ching, une méthode de divination chinoise, pour composer.
Pour les dés, je ne sais pas.
Récemment, j'ai écrit ce que j'ai appelé des "Figures". Elles sont au nombre de 20, ne tiennent pas plus d'une ligne chacune. Elles sont destinées à un flûtiste (ou plutôt à un ami très proche qui est flûtiste). Certains paramètres (nuances, types d'attaques à la flûte comme le flatterzung, altérations) sont laissés au choix de l'exécutant. Mais l'ordre dans lequel ces figures sont jouées dépend d'un lanceur de dé à 20 faces. Un jet de dé indique la figure à jouer. La pièce se termine quand une figure est jouée trois fois de suite, quand un certain nombre de figures paires se succèdent ou si elles ont toutes été jouées au moins une fois. C'est ainsi dans la gestion des contraintes, de l'arbitraire et de la liberté que cette pièce s'épanouit.
Ceci me permet de transiter vers la question d'Amanit : Je ne pense absolument pas m'être affranchi d'une influence. Mais en vérité, elles sont multiples. Je ne vais pas faire un catalogue exhaustif de tout ce que j'écoute, mais en vrac : musique du monde, classique (du grégorien au contemporain des années 2000), jazz, eléctro expérimental...
Par conséquent, j'ai plus l'impression de synthétiser mes influences, ce qui, en un sens, est un affranchissement, car chaque style est plus ou moins clos. Mais je pense rester fondamentalement tributaire de ce que j'écoute et de ce qui me plaît. D'ailleurs, en gééral, les gens qui n'écoutent que du jazz en jouent, et pareil pour le métal, etc.
Dommage que ça ne prenne pas plus d'ampleur tout ça...
>Hecto (si tu permets...) : l'utilisation du hasard n'est pas la mienne et elle remonte aux années 50, quand le glas du sérialisme intégral commençait à gronder au loin. John Cage a énormément utilisé ce procédé : un jour, il a retrouvé une feuille de papier à musique vierge toute froissé. Il a simplement écrit des notes aux endroits des pliures. Pendant un moment, il pratiquait le I-Ching, une méthode de divination chinoise, pour composer.
Pour les dés, je ne sais pas.
Récemment, j'ai écrit ce que j'ai appelé des "Figures". Elles sont au nombre de 20, ne tiennent pas plus d'une ligne chacune. Elles sont destinées à un flûtiste (ou plutôt à un ami très proche qui est flûtiste). Certains paramètres (nuances, types d'attaques à la flûte comme le flatterzung, altérations) sont laissés au choix de l'exécutant. Mais l'ordre dans lequel ces figures sont jouées dépend d'un lanceur de dé à 20 faces. Un jet de dé indique la figure à jouer. La pièce se termine quand une figure est jouée trois fois de suite, quand un certain nombre de figures paires se succèdent ou si elles ont toutes été jouées au moins une fois. C'est ainsi dans la gestion des contraintes, de l'arbitraire et de la liberté que cette pièce s'épanouit.
Ceci me permet de transiter vers la question d'Amanit : Je ne pense absolument pas m'être affranchi d'une influence. Mais en vérité, elles sont multiples. Je ne vais pas faire un catalogue exhaustif de tout ce que j'écoute, mais en vrac : musique du monde, classique (du grégorien au contemporain des années 2000), jazz, eléctro expérimental...
Par conséquent, j'ai plus l'impression de synthétiser mes influences, ce qui, en un sens, est un affranchissement, car chaque style est plus ou moins clos. Mais je pense rester fondamentalement tributaire de ce que j'écoute et de ce qui me plaît. D'ailleurs, en gééral, les gens qui n'écoutent que du jazz en jouent, et pareil pour le métal, etc.
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Head Minerve
9832

Je poste, donc je suis
Membre depuis 19 ans
24 Posté le 27/04/2006 à 21:22:42
Amanit, comment se défaire de ses influences ?
Elles sont musicales, humaines (rapports sociaux), politiques (qui amènent à l'écriture de textes engagés), religieuses et j'en passe.
Tout est influence dans ce monde, l'être humain évolue dès qu'il entend, voit, sent autre chose , nouvelle ou non.
Le souvenir qui intervient n'importe quand (au hasard) modifie à l'instant T de la création notre vision du travail, donc le travail en soi.
Dans ce sens, on peut sentir des influences autres que musicales dans tout ce qu'on entend. Par les textes explicitement, et par la musicalité implicitement.
Plus que de me défaire de mes influences, qui pour moi est une absurdité, car nos influences font ce que nous sommes, de la naissance (gènes) à l'enfance (éducation) jusqu'à l'âge adulte (le reste), je désire surtout traduire à travers la musique ce que je suis. Là est le plus dur je trouve.
Car si on arrive à faire ressentir quelquechose de nous chez l'auditeur, il ne verra en fait qu'une partie de nous, et ça le touchera. Ca s'appelle l'émotion.
Je me rend compte que j'évolue aussi grâce aux femmes, qui captent bien ce principe.
Le premier cas que je constate, c'est la chanteuse : en général (exit les nouvelles stars et star ac') elle cherche à faire passer une émotion, parfois le technique vocale la rebute, trop conventionnelle et emprisonnante. Emprisonnante mentalement alors que libératrice physiquement, mais là est un autre débat.
2e cas, l'instrumentiste (femme donc) qui s'exclut souvent du parcours technique pur, plus à la recherche d'une identité personnelle à retranscrire avec l'instru.
Je ne m'étale pas plus pour l'instant, déjà beaucoup à lire.
Elles sont musicales, humaines (rapports sociaux), politiques (qui amènent à l'écriture de textes engagés), religieuses et j'en passe.
Tout est influence dans ce monde, l'être humain évolue dès qu'il entend, voit, sent autre chose , nouvelle ou non.
Le souvenir qui intervient n'importe quand (au hasard) modifie à l'instant T de la création notre vision du travail, donc le travail en soi.
Dans ce sens, on peut sentir des influences autres que musicales dans tout ce qu'on entend. Par les textes explicitement, et par la musicalité implicitement.
Plus que de me défaire de mes influences, qui pour moi est une absurdité, car nos influences font ce que nous sommes, de la naissance (gènes) à l'enfance (éducation) jusqu'à l'âge adulte (le reste), je désire surtout traduire à travers la musique ce que je suis. Là est le plus dur je trouve.
Car si on arrive à faire ressentir quelquechose de nous chez l'auditeur, il ne verra en fait qu'une partie de nous, et ça le touchera. Ca s'appelle l'émotion.
Je me rend compte que j'évolue aussi grâce aux femmes, qui captent bien ce principe.
Le premier cas que je constate, c'est la chanteuse : en général (exit les nouvelles stars et star ac') elle cherche à faire passer une émotion, parfois le technique vocale la rebute, trop conventionnelle et emprisonnante. Emprisonnante mentalement alors que libératrice physiquement, mais là est un autre débat.
2e cas, l'instrumentiste (femme donc) qui s'exclut souvent du parcours technique pur, plus à la recherche d'une identité personnelle à retranscrire avec l'instru.
Je ne m'étale pas plus pour l'instant, déjà beaucoup à lire.

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a.k.a
18740

Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 20 ans
25 Posté le 29/04/2006 à 14:37:59

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amanitsounds
443

Posteur·euse AFfamé·e
Membre depuis 21 ans
26 Posté le 02/05/2006 à 01:02:42
Insomnie...
C'est un travail colossal, presque une quête, mais c'est tout à fait possible. C'est même à mon sens une condition indispensable pour être un artiste. (ce que je ne prétend pas être, surtout pas).
"Je crache sur les impressionistes comme je crache sur les cubistes, comme je cracherai sur les suprématistes." K.Malevitch (un suprématiste)
Je ferai la distinction entre les influents (propre à la discipline que l'on pratique), et les référents (autres). Dans le cas de la musique, on peut trés bien avoir des références politiques, littéraires, plastiques, et pour autant être totalement dégagé de ses influences, c'est à dire n'utiliser en aucun cas des codes ou des systèmes préexistants. C'est chercher à inventer sa propre sémiologie, à mon sens.
Et je crois que ce que nous sommes, ce n'est pas ce que nous avons assimilé, mais ce que nous en faisons, ou mieux ce que nous en défaisons. Se défaire de l'éducation que l'on a reçu, c'est devenir libre au sens de libre arbitre, ne plus raisonner comme on nous a appris à le faire. Se défaire de ce que l'on a appris en tant que compositeur, c'est s'ouvrir la voie à ce qui nous est le plus personnel, c'est parler avec ses propres mots.
Mais tout ceci est bien entendu extrèmement dur, c'est même je pense le sacrifice d'une vie entière.
Citation : Amanit, comment se défaire de ses influences ?
C'est un travail colossal, presque une quête, mais c'est tout à fait possible. C'est même à mon sens une condition indispensable pour être un artiste. (ce que je ne prétend pas être, surtout pas).
"Je crache sur les impressionistes comme je crache sur les cubistes, comme je cracherai sur les suprématistes." K.Malevitch (un suprématiste)
Je ferai la distinction entre les influents (propre à la discipline que l'on pratique), et les référents (autres). Dans le cas de la musique, on peut trés bien avoir des références politiques, littéraires, plastiques, et pour autant être totalement dégagé de ses influences, c'est à dire n'utiliser en aucun cas des codes ou des systèmes préexistants. C'est chercher à inventer sa propre sémiologie, à mon sens.
Et je crois que ce que nous sommes, ce n'est pas ce que nous avons assimilé, mais ce que nous en faisons, ou mieux ce que nous en défaisons. Se défaire de l'éducation que l'on a reçu, c'est devenir libre au sens de libre arbitre, ne plus raisonner comme on nous a appris à le faire. Se défaire de ce que l'on a appris en tant que compositeur, c'est s'ouvrir la voie à ce qui nous est le plus personnel, c'est parler avec ses propres mots.
Mais tout ceci est bien entendu extrèmement dur, c'est même je pense le sacrifice d'une vie entière.
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