Le choix du créateur. Obligation institutionnelle ou personnelle ?
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amanitsounds

Chacun pourra ici parler un peu de lui, exposer les choix ou les non choix pour son travail (à savoir la musique bien entendu), ce qui les a motivés, comment il les valide (références, vécu...), comment il les assume, le but final étant de dresser une mini carte des préoccupations du musicien (en tout cas de ceux présents sur AF). Il n'est donc absolument pas nécessaire ici de chercher à proférer des règles, bien au contraire, nous ne parlerons que d'exceptions.
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bou.

Selon moi la musique est indispensable dans une vie bien vécue, c'est comme respirer, manger... J'irais jusqu'à dire que c'est un besoin en fait ^^
Et comme dans les autres formes d'art, chaque civilisation et chaque époque apporte différentes formes, styles, techniques.
Qui pourrait dire "moi je n'ai jamais aimé la musique", suffirait de se souvenir des berceuse que sa mère, nourrice ou tante lui chantait quand il/elle était petit(e). On nage dans la musique, et tout est musique pour moi.
Tout pourrait tout représenter sous forme d'ondes, et on a différents sens pour les capter: les oreilles pour les ondes musicales, les yeux pour les couleurs visibles (rayonnement lumineux>ondes)...
Bref je vois la chose comme ça :D
Ce qui me motive, c'est de pouvoir transmettre des émotions à travers ce que je fais, le chant ou l'instrument. Pourquoi la musique plutot qu'une autre forme d'art?... car j'ai découvert ça sur un coup de coeur, en commençant par les berceuses d'Henri Salvador, puis en découvrant la musique classique (Mozart, Beethoven les trucs assez connus du grand publique), puis j'ai finalement atteri dans le rock et toutes ses alternatives (hard-rock, pop-rock, punk-rock, rock, rockabilli etc...).
C'est l'une première chose qu'un nouveau né développe, ne pouvant pas voir avec les yeux, il se contente d'écouter et veut par la même communiquer et développe ainsi ses cordes vocales, alors je vois ça comme un retour en arrière, travail sur soi.
Par ailleur, j'ai jamais été fort pour communiquer avec des mots, ni pour dessiner.
Je communique souvent avec le visage, la musique, et mes patisseries (mais je vire presque au hors-sujet là :p).
Au final la musique pour moi, c'est ni de la science, ni de l'art.
C'est comme 1+1=3, ça créer une nouvelle entité qui bien qu'ayant de nombreux points commun avec les deux autres matières, forme quelque chose de totalement nouveau et différent en beaucoup de points.

Head Minerve

Citation : Le choix du créateur. Obligation institutionnelle ou personnelle ?
Les deux sûrement. J'ai respectivement deux façons de créer : celle pour mon groupe qui est réfléchie, et celle sur ordinateur qui est instinctive.
Je ne m'éterniserai pas sur la façon "groupe", mais plus sur celle "ordinateur".
Cette approche est aussi valable pour la composition qui n'a pas de but d'orchestration a priori ou qui n'est pas voué à plaire à un public particulier.En ce sens, ma musique "ordi" n'a pas de style définissable, elle représente ce que j'ai au fond de moi, en évitant le maximum d'influences récentes.
Je cherche à trouver ma musique : celle qui est influencée génétiquement ou dès la plus tendre enfance(pas qu'au travers du simple son bien sûr). Le sujet de la mémoire génétique est sensible, mais j'y crois en tout cas, comme ce qui va suivre...

Je choisis de créer le soir ou la nuit, le moment où mon cerveau est bien éveillé, j'ai eu le temps de réfléchir toute la journée alors je suis au même titre qu'en musique "chaud", et sensible aux "agressions" extérieures.
Je crois en l'inspiration cosmique

J'exclue au maximum mon humeur et mon état du moment : j'essaie de me poser dans le bien-être pur et simple.
De ce fait , estimant que ma musique sort plus de ce que j'absorbe autour de moi (ou ce qui vient à moi naturellement ou intentionnellement)que de mes influences récentes, mes compositions me semblent parfois étrangères, comme un melting-pot d'inspirations...Mais c'est peut-être que j'arrive à retenir l'essentiel de ce que sont mes influences et mon identité.

Ce qui expliquerait que le résultat ne resemble pas à ce que je fais en groupe. Mais à défaut de certitude, l'inspiration cosmique me paraît être un choix ouvert et intéressant(faut-il avoir une certaine foi en ce concept



amanitsounds

Hors sujet : Euh bou c'est sympa de participer, et même si j'ai précisé que ce thread pouvait laisser place à des épanchements égotiques, faut rester dans le sujet un minimum, c'est à dire parler de ses choix en tant que créateur, pas de ses goûts musicaux merci d'avance...
Ok je comprends bien ton point de vue Minerve... Le cosmique ça inclut les pétards ?



Head Minerve


J'ai l'impression que choisir de sentir la musique essentiellement à l'instinct est dû au manque de connaissances théoriques. Par là, je veux dire qu'on choisit la façon de faire qu'on maitrise le mieux; moi par exemple n'ayant pas été dans une école de musique (si si ça joue énormément

Bien que mon expérience et la théorie pourrait sembler être inévitable dans la création, je constate que l'ultime but est de composer en effaçant toutes les influences, pour ne garder :
- que son essence même, le soi artistique qui conclut à une composition vraiment pure(c'est pas le mot);
- ou n'être que le créateur de toute cette masse d'information cosmique qui m'arrive sur la tronche, qui conclut à une composition impersonnelle, un ensemble "universel" dont je ne serais(vive le conditionnel)que le messager/médiateur/assembleur.


hectoskp

j'ai la meme facon de creer le soir dans un etat d'intuition qui fait abstraction de quasiment toute theorie, bien que la connaisant a coté.et se liberer des influences demnade du calme, de l'obscurité et un gros travail sur soi meme que l'on doit effectuer seul.

amanitsounds


a.k.a

Fac bloquée, étudiant sur AF...
Pour ma part quand je joue sur ce que j'aime appeler du "palpable" (basse, sampler hardware, flûtes, percus faits avec des pots de moutarde, bref, tout ce avec quoi j'entretient un rapport physique direct), je ne prévois jamais rien et les 90% de ma prodution totale relève de l'improvisation.
En revanche, quand j'utilise des softs (notamment Reason 2.5 dont j'entrevois un peu plus chaque jour les failles), je me donne une ligne de conduite. Ces lignes peuvent prendre diverses formes :
- J'utilise des dés pour faire de l'aléatoire : je forme des suites de paramètres en tout genres (hauteurs, durée, intensité, timbres, tessitures, etc.), et les dés décident du cours de la composition.
- Je trouve une ligne de n'importe quoi qui me plaît, que je répèterai à outrance ou que je développerai
- Je trouve un ou des sons qui me plaisent (en bidouillant sur les synthés) et je vois comment je peux les combiner entre eux pour que le résultat me donne satisfaction.
- Je cherche à recréer des procédés qui me plaisent (dodécaphonisme sériel à la viennoise, nappes d'accords à la Ligeti, rythme à la Messiaen, etc.) et j'en éprouvent les limites et les mérites. Parfois, je ne m'inspirent de rien en particulier, ou plutôt de tout en général.
Voici le petit machin que j'ai achevé (ou pas, je n'ai pas encore décidé) il y a deux ou trois jours : c'est un modeste Quatuor à cordes. Cet échantillon est là juste pour donner une idée, et je ne cherche aucunement à polluer le thread. Je prends évidemment tout commentaire concernant ce quatuor (fait avec reason 2.5) en hors sujet, ou mieux, par mail...

swoonboy



a.k.a


a.k.a



Head Minerve

Up de circonstance, j'ai hâte de voir comment ce sujet peut évoluer.


yodan

Bou. c'est quoi le parcours?...
Vous faites quoi? (tous les jours)
Quel age? (je sais ca fait chier, surtout moi, mais koi, on est bien obligé de demander sinon, on se fait donner des directives par des jeunots alors bon...)

a.k.a

Mon âge : je vais sur mes 20 ans. Je ne prétends pas donner de directives à qui que ce soit, car je pense que la démarche de chacun est différente.


amanitsounds

Hors sujet : Salut à tous !
Désolé pour cette absence prolongée, les dernières semaines furent copieusement remplies. Je me dois d'animer ce sujet un minimum et répondre un peu quoi et relancer aussi quoooiii.....
Merci d'avoir upé pour moi les gars !
Bien...
Citation : Et bien je ne fume pas, donc je ne peux trop savoir si l'ouverture qu'ont les fumeurs est la même que celle dont je parle...
Je déconnais vieux, et pour ce qui concerne "l'ouverture" des fumeurs, je reste encore perplexe sur l'efficacité de ce genre de psychotropes en ce qui concerne la pratique directe (bonjour le sens du tempo, du groove ou du swing...) Pour ce qui est de la création, je ne dis pas, mais comme n'importe quel truc qui te mets dans un état de concentration, de reflexion, d'imagination profond. Du yoga, du pinard, 1 heure de course à pied, un spliff, 500 g de beuf cru avec câpres et patates frites, la mer, la marche...
Lebat.
Si j'en crois ton post, et pour ce que je te connais un peu quand même, on peut dire qu'en quelque sorte tu as choisi d'organiser ton travail en fonction de concepts variés mais qui définissent ta perception du monde (hasard, matérialité : chaos ?) et de le dévelloper à travers ton égo (tes plaisirs, tes fantasmes). Je me retrouve un peu là dedans, dans le sens où j'oscille en deux pôles, mais bien plus écartés que cela (je m'expliquerai plus loin).
Ton lien pour ton Quator est mort, ou ça déconne chez moi j'sais pas.
Hors sujet :
Désolé pas l'temps d'être plus locasse, encore des imprévus... Semaine prochaine, plus de temps, bon ça...

Head Minerve


Citation : J'utilise des dés pour faire de l'aléatoire
Ca c'est énorme !
Ton lien a expiré en effet.
Je ne comprends pas le sériel machin et tout, mais ce n'est pas le plus important (quoique ça m'intéresse).
Citation : hasard, matérialité : chaos ?
J'ai l'impression que le chaos est une forme d'organisation, comprenant ses règles donc son ordre (au même titre que l'anarchie).
Ma vision de la composition me fait interpréter le hasard comme quelquechose de voulu (rapport au cosmique ou au divin chez d'autres), et je laisse une part de mon travail au hasard.
Le système des dés est intéressant car on lance les dés, donc on a une influence minimisée sur nos choix, mais une influence quand même. Définir la part de hasard qui est hors de notre pouvoir (ici dextérité) et la part qui est en notre pouvoir est difficile à jauger. Je m'attarde peut-être sur un détail qui ne mérite pas tant de réflexions, désolé dans ce cas...


a.k.a

Dommage qu'il n'y ait pas eu plus de posts...
Je ne sais pas si la démarche que j'explique a quelque chose à voir avec ma conception du monde...
Pourles dés, tu n'as pas tut à fait tort, Head. Décider du moyen d'introduire le hasard est déjà un hasard tronqué (je renvois à la merveilleuse correspondance Cage/Boulez pour ces question d'aléatoire contrôlé...)
je remets le lien sous peu...

hectoskp

tes idées sur l'utilisation du hasard en musique sont interessantes.
perso j'aime bien aussi utiliser des objets et en particulier des etre vivants(plantes arbres, qui de par leur ramification te donne des plans de mouvements de hauteurs, il suffit juste de fixer quel donnée de l'objet du vas assigner a quel parametre musical...

Head Minerve

Mais vos travaux s'apparentent du coup à la musique expérimentale, du coup très personnelle, mais pour un public averti je suppose...

amanitsounds

Histoire d'éclaircir un peu ma question, pensez vous être libéré de vos influences ? Répondez vous à une norme établie (l'expérimental en est une, ainsi que l'underground) ?
Vos limites sont elles fixées par vous même ou par votre public ?
Hors sujet : Faudra ptêt que je pense à parler de ma position la dessus, dès que j'ai le temps promis...

Anonyme




Head Minerve


a.k.a

Dommage que ça ne prenne pas plus d'ampleur tout ça...
>Hecto (si tu permets...) : l'utilisation du hasard n'est pas la mienne et elle remonte aux années 50, quand le glas du sérialisme intégral commençait à gronder au loin. John Cage a énormément utilisé ce procédé : un jour, il a retrouvé une feuille de papier à musique vierge toute froissé. Il a simplement écrit des notes aux endroits des pliures. Pendant un moment, il pratiquait le I-Ching, une méthode de divination chinoise, pour composer.
Pour les dés, je ne sais pas.
Récemment, j'ai écrit ce que j'ai appelé des "Figures". Elles sont au nombre de 20, ne tiennent pas plus d'une ligne chacune. Elles sont destinées à un flûtiste (ou plutôt à un ami très proche qui est flûtiste). Certains paramètres (nuances, types d'attaques à la flûte comme le flatterzung, altérations) sont laissés au choix de l'exécutant. Mais l'ordre dans lequel ces figures sont jouées dépend d'un lanceur de dé à 20 faces. Un jet de dé indique la figure à jouer. La pièce se termine quand une figure est jouée trois fois de suite, quand un certain nombre de figures paires se succèdent ou si elles ont toutes été jouées au moins une fois. C'est ainsi dans la gestion des contraintes, de l'arbitraire et de la liberté que cette pièce s'épanouit.
Ceci me permet de transiter vers la question d'Amanit : Je ne pense absolument pas m'être affranchi d'une influence. Mais en vérité, elles sont multiples. Je ne vais pas faire un catalogue exhaustif de tout ce que j'écoute, mais en vrac : musique du monde, classique (du grégorien au contemporain des années 2000), jazz, eléctro expérimental...
Par conséquent, j'ai plus l'impression de synthétiser mes influences, ce qui, en un sens, est un affranchissement, car chaque style est plus ou moins clos. Mais je pense rester fondamentalement tributaire de ce que j'écoute et de ce qui me plaît. D'ailleurs, en gééral, les gens qui n'écoutent que du jazz en jouent, et pareil pour le métal, etc.

Head Minerve

Elles sont musicales, humaines (rapports sociaux), politiques (qui amènent à l'écriture de textes engagés), religieuses et j'en passe.
Tout est influence dans ce monde, l'être humain évolue dès qu'il entend, voit, sent autre chose , nouvelle ou non.
Le souvenir qui intervient n'importe quand (au hasard) modifie à l'instant T de la création notre vision du travail, donc le travail en soi.
Dans ce sens, on peut sentir des influences autres que musicales dans tout ce qu'on entend. Par les textes explicitement, et par la musicalité implicitement.
Plus que de me défaire de mes influences, qui pour moi est une absurdité, car nos influences font ce que nous sommes, de la naissance (gènes) à l'enfance (éducation) jusqu'à l'âge adulte (le reste), je désire surtout traduire à travers la musique ce que je suis. Là est le plus dur je trouve.
Car si on arrive à faire ressentir quelquechose de nous chez l'auditeur, il ne verra en fait qu'une partie de nous, et ça le touchera. Ca s'appelle l'émotion.
Je me rend compte que j'évolue aussi grâce aux femmes, qui captent bien ce principe.
Le premier cas que je constate, c'est la chanteuse : en général (exit les nouvelles stars et star ac') elle cherche à faire passer une émotion, parfois le technique vocale la rebute, trop conventionnelle et emprisonnante. Emprisonnante mentalement alors que libératrice physiquement, mais là est un autre débat.
2e cas, l'instrumentiste (femme donc) qui s'exclut souvent du parcours technique pur, plus à la recherche d'une identité personnelle à retranscrire avec l'instru.
Je ne m'étale pas plus pour l'instant, déjà beaucoup à lire.


a.k.a


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