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Sujet Editorial du 13 juin 2015 : commentaires

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Sujet de la discussion Editorial du 13 juin 2015 : commentaires

Le vinyle a tué la cire, la cassette a tué le vinyle, le CD a tué la cassette, le MP3 a tué le CD et… le streaming a tué le MP3! L’acte de décès a été officiellement prononcé ce mardi, de la bouche même de celui qui possède la plus grosse plateforme de vente de musique dématérialisée au monde : Apple.

Bien sûr, l’annonce n’avait rien d’une surprise, vu que Tim Cook préparait depuis de longs mois sa réponse aux Spotify, Pandora, Deezer et Youtube dont le succès grandissait à mesure que les ventes d’iTunes s’affaissaient. Elle l’était d’autant moins que depuis quelques années, nous basculons d’une économie du produit à une économie du service où il ne s’agit plus de posséder mais de s’abonner. Mais au-delà des tarifs attractifs (15 dollars par mois pour 6 personnes d’une même famille), de la taille du catalogue et au-delà de la solution globale vidéo/réseau social/streaming dispo sous iOS comme sous Android et Windows, ce qui demeure le plus étonnant dans cette conférence, c’est la volonté d’Apple de mettre de l’humain au sein de sa plateforme et de proposer une station de radio mondiale : 24 h/24 et 7 j/7 nous dit-on, Beats 1 entend bien proposer des infos sur l’actualité musicale et culturelle, des interviews ainsi que des playlistes réalisés par de vrais programmateurs et non par des algorithmes. Un détail? Pas tant que ça, si l’on considère qu’Apple, après avoir été constructeur de matériel informatique et téléphonique, revendeur de logiciel, de musique et de livres, éditeur même, semble vouloir se poser comme média prescripteur de vente. Sachant que la société annonçait en janvier dernier avoir vendu 1 milliard d’appareils sous iOS, et à présent que tous ces appareils diffuseront Beats 1, qui sera selon vous celui qui pèsera le plus sur la notoriété des artistes et sur leurs revenus : TF1? France Inter? Telerama? Le Monde? Ou bien le média si bien intégré à nos téléphones ou nos ordinateurs et qui, chose pratique, est aussi une plateforme de vente?

Évidemment, rien ne dit que Tim Cook va gagner son pari, vu que la firme de Cupertino s’est plus d’une fois plantée sur ses projets web et que la culture n’est pas forcément quelque chose qui se pense à l’échelle mondiale. Rien ne dit non plus que les artistes qui touchaient correctement leurs droits sur iTunes souhaiteront rester sur une plateforme qui s’est entendue, comme tous ses concurrents, avec les maisons de disques mais n’a ouvert aucun dialogue avec les auteurs, compositeurs ou interprètes. Rien ne dit enfin que la justice américaine ou européenne laissera à Apple le soin d’être et vendeur, et prescripteur. La seule chose sûre, c’est que lorsque dans dix ans vous expliquerez à un ado qu’autrefois on achetait des albums et qu’Apple ne fabriquait que des ordinateurs, il vous regardera avec ce même air incrédule que vous aviez lorsque votre grand-mère vous parlait de l’orange qu’elle avait pour seul cadeau à Noël. Une page se tourne donc…

La seule chose qui ne change pas dans tout cela, c’est qu’avant d’être diffusée, marketée et vendue en 36 mensualités sans frais, la musique ne va pas se faire toute seule. Et ça, c’est votre boulot à vous, le nôtre étant de vous présenter des outils qui pourront vous simplifier la tâche. Pas forcément cette Gibson J-29 que nous avons trouvée un brin décevante, mais plus sûrement cette interface MOTU 1248 et ses fonctionnalités réseau, ou encore Realivox The Ladies 2, une banque de voix féminines d’autant plus intéressante qu’elle fait figure d’OVNI sur le marché : une bonne occasion de vous retrouver, en tout cas, dans un nouveau numéro de notre émission vidéo ‘On Refait Le Patch’ (à l'abonnement de laquelle, je le rappelle, les trois premiers siècles sont gratuits).

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
From Ze AudioTeam

__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

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21
Citation :
Je crois toujours à ce Graal audio qu'un jour nous disposerons de technologies nous permettant de restituer la musique comme si elle se jouait réellement devant nous


pas mal de personnes doivent rechercher ce graal, mais ce n'est pas forcément dans le support que la réponse se trouve.
parmi le grand public, qui possède une bonne installation audiophile à domicile ? (ampli, enceinte, placement, etc...)
finalement le support s'adapte aussi au moyen de diffusion : pour écouter au casque dans le métro... le mp3 s'en sort, idem pour écouter sur une chaine hi-fi de supermarché.
quand on fait une écoute dans un auditorium audiophile, on se rend compte que le système de diff n'est pas un élément négligeable dans la chaine :)
(d'ailleurs, dans ce cadre, on a bien cette sensation que la musique se joue réellement devant nous. Certes, cette sensation coûte un rein, mais ça prouve que ce n'est pas du côté de la source qu'il y a les plus gros efforts à faire pour démocratiser la chose).

je ne suis pas non plus d'accord avec ça :
Citation :
Un véritable amateur de VRAIE musique n'écoutera pas son groupe préféré ou sa symphonie chérie en MP3 et encore moins en streaming.


en quoi le streaming est-il une limitation ?
il l'est si le format envoyé est mauvais, sinon c'est plus un problème de source que de streaming en lui-même.
le streaming n'a jamais été incompatible avec la haute qualité.
les usages changent, le streaming a encore un peu mauvaise réputation, donc ce n'est pas un réflexe quand on cherche une bonne écoute, mais techniquement rien de l'empêche (et tout converge dans ce sens).
les technos ont bien évolué depuis les débuts de la numérisation : les formats compressés ne sont plus forcément pourris, le streaming n'a plus nécessairement la qualité audio de youtube, etc...

je pense être un amateur de vraie musique (c'est quoi la vraie musique ? ), et j'écoute une bonne partie de mes groupes préférés en streaming depuis le PC ou le smartphone vers mon système hifi. J'apprécie la qualité audio, et surtout l'ergonomie de l'ensemble.
Pour moi ce type de système est assurément ce qui va se généraliser (c'est d'ailleurs la tendance majoritaire : ampli/DAC, ampli connectés, radios internet, streaming qui monte en qualité, etc...)

il faudra bien s'y faire, mais l'écoute de la musique deviendra probablement du clic sur des fichiers dématérialisés (que ce soit stockés en local ou via internet).

le principal danger que j'y vois est la dépendance au tuyau internet : plus de net, plus de musique.
d'où l'intérêt tout de même de maintenir un système qui puisse tourner sans la sacro-sainte box, qui a la drôle de tendance de devenir le point central pour pas mal de services à domicile.



[ Dernière édition du message le 15/06/2015 à 13:55:38 ]

22
Citation :
A mon avis, la musique en tant qu'art, c'est fini


Il ne faut pas confondre création et "diffusion-vente". Le constat pourrait être le même pour la peinture et autres formes d'expression....
Tant que des gens seront au service de la musique, il y aura création.
Tant que des gens se serviront de la musique, on aura des gens comme le patron d'Universal.

[ Dernière édition du message le 17/06/2015 à 14:59:05 ]

23
Citation :
Il ne faut pas confondre création et "diffusion-vente". Tant que des gens seront au service de la musique, il y aura création.

Je pense que l'effondrement des ventes, les problèmes de diffusion, la copie gratuite massive, créent un "écosystème" malsain qui n'est pas propice à l'émulation créative qu'on a pu observer par exemple dans la Londres des 60-70 : les 45 tours sortaient, les beatles et les stones allaient voir les premiers concerts du floyd et en repartaient avec des idées psychédéliques. Il y avait un système bouillonnant d'émulation, de disques vendus, diffusion radio, concerts, trips, popularité, qui je pense est à réinventer pour contourner la dictature de la musique industrielle. Un peu comme l'arrivée de géants comme Ikéa fait disparaitre les artisans menuisiers ébénistes
24
Pour ma part c'est : streaming/youtube/soundcloud pour découverte et le côté très pratique.

Si j'ai un coup de coeur, j'achete le CD/Vinyle ou MP3/FLAC (quand j'ai pas le choix), si et seulement si c'est distribué et produit par un label indépendant, ou carrément autoprod (Bandcamp notamment). J'achète en boutique ou chez le label directement.

Les majors, je les écoute en streaming ou youtube. Pour les classiques, j'essai de trouver en occaz (vinyle/CD). Perso, j'évite d'acheter les re-press pour les raisons énoncées plus haut notamment par Los Teignos. Mieux un CD qu'un repress

Sinon, je vais en concert, pour moi, c'est la meilleure façon de supporter un artiste, et de kiffer bien sur :D

[ Dernière édition du message le 18/06/2015 à 16:04:24 ]

25
D'accord avec Ivanoff. Traintrain il n'y aurait pas un peu de contradiction dans tes propos ?
Citation :
A mon avis, la musique en tant qu'art, c'est fini : industrialisation + surproduction + piratage = comment accrocher un public qui a déjà 10.000 mp3 sur son PC et dont les oreilles et l'attention sont très abimées par la musique de masse?

pour vendre des disques artistiques, il ne reste plus que des marchés de niche qu'il appartient à chaque musicien de trouver

Tu nous parles d'art et tu embrayes sur le business.

L'art, c'est un processus créatif gratuit. L'artiste crée pour créer, pas pour vendre. Après, il arrive que le produit de l'art puisse rencontrer un marché. On a hélas trop tendu vers ça. Voyez l'art contemporain (qui, en plus de se résumer en partie à un marché, est surtout devenu un produit financier de défiscalisation).

Pour moi, c'est tout ce processus commercial poussé à l'extrême qui tue l'art. Heureusement, la vraie création, la vraie démarche artistique continue d'exister, qu'elle rencontre ensuite un public ou pas, qu'elle rapporte ou pas de l'argent.
26
C'est le sophisme qu'on nous a bien trop servi depuis bientôt 20 ans: Le piratage tue la création. Bah non en fait ça n'a rien a voir.
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En même temps, ceux qui ont tenu ce discours sont surtout les businessmen, pas tellement les artistes.

Même si quelques uns, sans doute à la tête lavée par leur producteurs, ont pu eux aussi bien dire de la merde, comme HFT qui avait juré ses grands dieux qu'il ne sortirait plus d'album tant que durerait le piratage. Ce qui ne l'a finalement pas empêché d'en sortir plusieurs depuis. Ce qui me laisse penser que chez les vrais artistes, la nécessité de créer est bien plus forte que n'importe quelle notion économique.
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Henry Ford Traumax?
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Mon message parlait d'écosystème complet artistes + ventes car je ne crois pas trop à l'artiste créatif seul dans sa tour d'ivoire s'il n'a pas de retour d'un public et des autres musiciens pour le faire progresser dans son art par l'émulation.

Les grands musiciens des années 60-70-80 sont à mon avis inséparables du pognon qui coulait à flot de leur musique. Ne serait-ce que pour pouvoir se payer des moog modulaires, des studios, des light shows, des clips ou casser une stratocaster par soirée :8O: La différence par rapport à aujourd'hui, c'était le côté flamboyant et arty : le pognon était nécessaire mais c'était un moyen, pas un but absolu comme aujourd'hui

Un des problèmes pour la création amateur et "artistique" d'aujourd'hui, c'est que la barre a été placée très haut par les artistes millionnaires des 60-70-80. Vous me dites que la création continue, mais un Mozart paumé dans sa chambre avec cubase n'est pas vraiment un Mozart s'il végète. Et inversement, la musique qui atteint le grand public en 2015 n'est pas forcément renversante
30
Ce qui caracterise les années 60 c'est l'eldorado du marché des teenagers, les ados sont devenus une puissance phénoménal de cosommation, d'où l'explosion de la production d'album, de 45 tours, de magazine, de concert et la musique en était le suupport. Aujourd'hui, c'est les contenants qui sont devenus le support du marché, la musique est moins importante que l'appareil qui la stocke. C'est marrant de voir que l'un des premiers essais d'autoproduction était l Apple des Beatles; Et voir ce que représente aujourd'hui l'autre Apple.
Une chose qui ne faut pas non plus oublier, c'est que les Beatles, les Stones, Bowie ont bien vécu de leur Art le jour où ils ont créé leurs propres boites de prod. Les Stones n'ont presque rien gagné pendant les années soixante. Lennon s'était plaint de l'argent qu'on leur avait "voler". Les artistes des années 70 ont peut-être mieux négocier leur contrats...et encore....l'inexpérience....!!

[ Dernière édition du message le 21/06/2015 à 11:45:05 ]