Sujet Editorial du 13 mars 2021 : commentaires

Après le disque vinyle et avant le CD, il y eut la cassette audio : une bande magnétique enroulée sur deux bobines dans une biscotte en plastique, et surtout le premier support audio portable accessible au grand public.

Et c'est là que les emmerdes ont vraiment commencé : enregistrement de la radio, copie de vinyle à cassette, de cassette à cassette, best of officieux par genre, artiste ou année, best of de best of, enregistrements pirates de concerts... Un peu comme la libération sexuelle des 70's en somme, mais dans une version phonographique hardcore. Et en corollaire de tout ça, les petits tracas du quotidien : c'est la bande qui se tord et se déroule au fond du radiocassette et qu'il faut ré-enrouler patiemment au moyen d'un bic ou d'un crayon à papier en guise de manivelle, c'est la bande qui fond dans la boite à gants de la Renaud 12 garée en plein soleil et dont le son sera irrémédiablement tordu, accélérant et décélérant de façon chaotique. C'est le boîtier cristal qui résiste à l'ouverture de la cassette neuve puis qui se fend sur le dessus, se casse à la charnière. Et la cassette nue, orpheline, que l'on retrouve au fond du sac US, pleine de sable ou de copeaux de crayons, parce que le réservoir du taille-crayon s'est cassé, lui-aussi. C'est encore la cassette qu'il faut rembobiner quand on s'est fait plaquer et qu'on veut réécouter pour la douzième fois Say you, Say me de Lionel Richie, parce que cette chanson, on croirait que Lionel l'a écrite pour soi précisément. C'est enfin la cassette qu'il faut rembobiner par petit bout lorsqu'on essaye de transcrire les paroles d'une chanson de Léonard Cohen mais que, même lui, il chante trop vite pour qu'on ait le temps de tout écrire.

Mais c'est surtout l'apparition du baladeur, ou comment écouter la musique de quelqu'un dans le métro alors qu'il s'imagine être le seul à l'entendre, et celle d'un des plus grands fléaux de la fin du XXème siècle : le répondeur. Désormais, plus personne ne pourrait dire à un banquier, un employeur ou un huissier qu'il n'avait pas eu son coup de fil, cependant qu'au niveau des relations sociales, on pouvait désormais filtrer les appels de tel ou tel ami qui est gentil mais bon, il est gentil, tout comme rompre par répondeur interposé, grande classe, laissant un message qui, si dur soit- il, sera toujours ce bout de voix que l'autre pourra écouter et réécouter en boucle, en mangeant de la glace vanille à même le pot et en pleurant comme une vache sur le bonheur qui s'enfuit toujours. Le progrès en marche, quoi.

Et un progrès que l'on doit à Lou Ottens, qui vient de nous quitter : merci à lui pour tout ça et pour avoir permis à TASCAM d'inventer le Portastudio, signant par ce biais l'acte de naissance du home studio.

C’est encore vers le passé que se tourne le programme de la semaine, puisqu’outre le retrotest du Juno-60 sorti en 82, vous avez droit au banc d’essai de la réédition de l’Epiphone Casino tandis que vos vidéos habituelles vous attendent : 2 MIN POUR, la Matinale et Passe Passe Le Beat.

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
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