Edition / sample: les conseils de Boom Bass (Cassius)!
- 20 réponses
- 10 participants
- 5 184 vues
- 8 followers
ratafiole
2049
AFicionado·a
Membre depuis 20 ans
Sujet de la discussion Posté le 07/03/2005 à 23:46:30Edition / sample: les conseils de Boom Bass (Cassius)!
Je suis tombé là-dessus par hasard, interessant.
interview de boom bass, 1/2 cassius:
(...) Ça, c’est un point très important, un conseil plutôt business : quand on fait de la musique professionnellement en indépendant, au niveau des sociétés, il faut absolument séparer le côté “production” du côté “édition”. On me l’avait dit à l’époque où ça a commencé à devenir sérieux pour moi, mais j’avais reculé : c’est déjà assez galère et compliqué comme ça de monter une boîte, alors deux... Pourquoi cette séparation ? Parce que l’éditeur reçoit de la SACEM 1/3 des droits d’auteur afférents aux titres qu’il édite, mais il n’a, en pratique, rien à dépenser... Il peut faire un peu de tour support, aider financièrement l’artiste le cas échéant, mais ses dépenses sont minimes comparées à ce que doit avancer la maison de production, qui, elle, finance presque tout ce qui aide à concrétiser un disque : les avances, les séances de studio, les salaires des musiciens, la conception/fabrication des CD, bref beaucoup d’argent. Sans être pessimiste, si il y a des problèmes de quelque ordre que ce soit, ventes trop faibles, mauvaise gestion, etc., ce sera forcément la boîte de production qui se plantera en premier. Si elle n’est pas distincte de la structure d’édition, elle l’entraîne avec elle dans sa chute, ce qui est idiot : tu perds tous tes droits d’édition, quelqu’un te les rachète pour pas grand-chose lors de la liquidation, alors que si tu les abrites dans une coquille “à part”, ils ne sont pas touchés, et te suivent toute ta vie... C’est bien pour cette raison que les éditeurs essaient toujours de récupérer un max de titres ! En plus, souvent, ils ne veulent jamais te filer de blé quand ça ne marche pas... C’est un peu comme la banque, on ne prête qu’aux riches !
Pendant qu’on dealait l’album, on a fait quelques corrections, notamment au Labomatic. Et après, il a fallu s’occuper des samples...
Comment ça ?
Se mettre à jour vis-à-vis des droits d’auteur pour tous les échantillons que nous avions prélevés ici et là dans des vieux disques. Il a fallu décaler la sortie de l’album à cause de ces problèmes administratifs... Au final, il est sorti presque un an après son enregistrement !
On n’avait pas pensé à “clearer” les samples, en fait on s’en foutait un peu quand on était dans l’underground. Mais quand on passe à une sortie mondiale, il n’est pas possible de conserver cette attitude... Alors on s’est lancés ! Entre le moment où on envoie la première lettre, la première réponse qui n’en est pas une, les détails, les deals, les contrats... ça prend des mois, réellement.
Certains “samplés” demandent sans complexe 80, voire 100% des droits du morceau dans lequel un sample de leur titre original est utilisé : c’est complètement surréaliste, et à terme, je pense que ça va condamner la créativité de ce type de musique. Ce sera à deux vitesses : si ce que tu fais est underground, tu feras ce que tu voudras dans ton coin, et tu passeras au travers des mailles du filet, mais si tu te trouves dans un cadre commercial standard, tu toucheras très peu de choses sur les titres où tu auras samplé de grands noms &endash; en fait, tu auras bossé pour eux ! En plus, ils ne s’arrêtent pas aux droits d’auteur : ils demandent aussi des points de production, comme si c’était une compile...
Comment avez-vous procédé ?
Sur les morceaux qu’on adore, on a “clearé” les samples, mais si tu comptes, ça ne fait que quatre morceaux du disque - dont les deux singles, jusqu’ici ! Les douze autres ont été composés “sans sample”, ou sans sample identifiable.
Peux-tu citer des samples que vous avez utilisés ?
Il n’y a aucun secret là-derrière : tout figure sur la pochette du CD ! Sur “Foxxy”, c’est la musique de film dont je te parlais tout à l’heure, signée Willy Hutch ; sur “Feeling for you”, c’est Gwen McRae, une chanteuse anglaise, qu’on a varispeedée : elle en prend un faux côté Michael Jackson, au grand dam des Anglais, qui nous ont traité de sacrilèges. Sur “NuLife”, c’est un sample d’un groupe inconnu, les Dynamic Corvettes (!), prélevé sur une compile, une face B “unreleased” d’un obscur 45 tours... Là, la galère a été de retrouver les producteurs : la boîte qui avait sorti la compile n’avait publié qu’un disque avant de fermer boutique, les indications de date et d’auteur étaient erronées, bref il a fallu plus de quatre mois pour retrouver à qui revenait quoi.
Cela dit, les erreurs arrivent aussi aux plus grandes structures : sur “Cassius 99”, c’est carrément un sample de Donna Summer qu’on a choisi : “Love is just a breath away”... C’est un vieux morceau, que j’adorais, j’étais tout jeunot à l’époque, je rêvais de bosser avec Quincy Jones, un pur fantasme. C’est fait, par procuration ! Je devais avoir trop fumé le jour où on a rempli les paperasses, parce que j’ai déclaré un autre titre du même disque, qu’on n’a absolument pas samplé. Tout cela est parti, avec une cassette de “Cassius 99”, chez les Américains... qui ont écouté, donné leur accord et tout ça. C’est seulement quelques mois après qu’ils se sont aperçus que le titre que je leur avais donné n’était pas du tout celui effectivement samplé ! Mais il était trop tard : tout était signé, tant pis pour eux ! (...)
http://fernould.club.fr/cassius.html
interview de boom bass, 1/2 cassius:
(...) Ça, c’est un point très important, un conseil plutôt business : quand on fait de la musique professionnellement en indépendant, au niveau des sociétés, il faut absolument séparer le côté “production” du côté “édition”. On me l’avait dit à l’époque où ça a commencé à devenir sérieux pour moi, mais j’avais reculé : c’est déjà assez galère et compliqué comme ça de monter une boîte, alors deux... Pourquoi cette séparation ? Parce que l’éditeur reçoit de la SACEM 1/3 des droits d’auteur afférents aux titres qu’il édite, mais il n’a, en pratique, rien à dépenser... Il peut faire un peu de tour support, aider financièrement l’artiste le cas échéant, mais ses dépenses sont minimes comparées à ce que doit avancer la maison de production, qui, elle, finance presque tout ce qui aide à concrétiser un disque : les avances, les séances de studio, les salaires des musiciens, la conception/fabrication des CD, bref beaucoup d’argent. Sans être pessimiste, si il y a des problèmes de quelque ordre que ce soit, ventes trop faibles, mauvaise gestion, etc., ce sera forcément la boîte de production qui se plantera en premier. Si elle n’est pas distincte de la structure d’édition, elle l’entraîne avec elle dans sa chute, ce qui est idiot : tu perds tous tes droits d’édition, quelqu’un te les rachète pour pas grand-chose lors de la liquidation, alors que si tu les abrites dans une coquille “à part”, ils ne sont pas touchés, et te suivent toute ta vie... C’est bien pour cette raison que les éditeurs essaient toujours de récupérer un max de titres ! En plus, souvent, ils ne veulent jamais te filer de blé quand ça ne marche pas... C’est un peu comme la banque, on ne prête qu’aux riches !
Pendant qu’on dealait l’album, on a fait quelques corrections, notamment au Labomatic. Et après, il a fallu s’occuper des samples...
Comment ça ?
Se mettre à jour vis-à-vis des droits d’auteur pour tous les échantillons que nous avions prélevés ici et là dans des vieux disques. Il a fallu décaler la sortie de l’album à cause de ces problèmes administratifs... Au final, il est sorti presque un an après son enregistrement !
On n’avait pas pensé à “clearer” les samples, en fait on s’en foutait un peu quand on était dans l’underground. Mais quand on passe à une sortie mondiale, il n’est pas possible de conserver cette attitude... Alors on s’est lancés ! Entre le moment où on envoie la première lettre, la première réponse qui n’en est pas une, les détails, les deals, les contrats... ça prend des mois, réellement.
Certains “samplés” demandent sans complexe 80, voire 100% des droits du morceau dans lequel un sample de leur titre original est utilisé : c’est complètement surréaliste, et à terme, je pense que ça va condamner la créativité de ce type de musique. Ce sera à deux vitesses : si ce que tu fais est underground, tu feras ce que tu voudras dans ton coin, et tu passeras au travers des mailles du filet, mais si tu te trouves dans un cadre commercial standard, tu toucheras très peu de choses sur les titres où tu auras samplé de grands noms &endash; en fait, tu auras bossé pour eux ! En plus, ils ne s’arrêtent pas aux droits d’auteur : ils demandent aussi des points de production, comme si c’était une compile...
Comment avez-vous procédé ?
Sur les morceaux qu’on adore, on a “clearé” les samples, mais si tu comptes, ça ne fait que quatre morceaux du disque - dont les deux singles, jusqu’ici ! Les douze autres ont été composés “sans sample”, ou sans sample identifiable.
Peux-tu citer des samples que vous avez utilisés ?
Il n’y a aucun secret là-derrière : tout figure sur la pochette du CD ! Sur “Foxxy”, c’est la musique de film dont je te parlais tout à l’heure, signée Willy Hutch ; sur “Feeling for you”, c’est Gwen McRae, une chanteuse anglaise, qu’on a varispeedée : elle en prend un faux côté Michael Jackson, au grand dam des Anglais, qui nous ont traité de sacrilèges. Sur “NuLife”, c’est un sample d’un groupe inconnu, les Dynamic Corvettes (!), prélevé sur une compile, une face B “unreleased” d’un obscur 45 tours... Là, la galère a été de retrouver les producteurs : la boîte qui avait sorti la compile n’avait publié qu’un disque avant de fermer boutique, les indications de date et d’auteur étaient erronées, bref il a fallu plus de quatre mois pour retrouver à qui revenait quoi.
Cela dit, les erreurs arrivent aussi aux plus grandes structures : sur “Cassius 99”, c’est carrément un sample de Donna Summer qu’on a choisi : “Love is just a breath away”... C’est un vieux morceau, que j’adorais, j’étais tout jeunot à l’époque, je rêvais de bosser avec Quincy Jones, un pur fantasme. C’est fait, par procuration ! Je devais avoir trop fumé le jour où on a rempli les paperasses, parce que j’ai déclaré un autre titre du même disque, qu’on n’a absolument pas samplé. Tout cela est parti, avec une cassette de “Cassius 99”, chez les Américains... qui ont écouté, donné leur accord et tout ça. C’est seulement quelques mois après qu’ils se sont aperçus que le titre que je leur avais donné n’était pas du tout celui effectivement samplé ! Mais il était trop tard : tout était signé, tant pis pour eux ! (...)
http://fernould.club.fr/cassius.html
Anonyme
521410
3 Posté le 26/03/2005 à 13:14:20
Citation : Certains “samplés” demandent sans complexe 80, voire 100% des droits du morceau dans lequel un sample de leur titre original est utilisé
Alors j'aimerais bien savoir combien ont demandé Breakwater pour le dernier truc des Daft !!!
ratafiole
2049
AFicionado·a
Membre depuis 20 ans
4 Posté le 01/04/2005 à 01:24:20
Ils n'avaient probablement jamais entendu parler des daft (comme britney spears, d'ailleurs, qui déplorait dans une interview ne pas avoir le temps de s'interesser au folklore européen :-)
Franck Débine
1822
AFicionado·a
Membre depuis 19 ans
5 Posté le 13/03/2007 à 01:32:48
Breakwater a été samplé par 9th Wonder feat Murs sur 3:16 l album.
Plus Hip Hop, grosse boucle comme Daft, sans folie de séquencage.
Plus Hip Hop, grosse boucle comme Daft, sans folie de séquencage.
www.cospishow.com
position.on.off
4618
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 20 ans
7 Posté le 13/03/2007 à 15:53:31
L'éditeur ne doit pas financer les "démos" ?
Xochitl
3660
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 20 ans
8 Posté le 21/03/2007 à 12:06:26
A partir de quel type d'utilisation un sample doit être déclaré? N'existe-t-il pas pour la musique (ou la vidéo, d'ailleurs) une sorte de droit de citation (à partir du moment où le sample ne fait pas la base ou l'essentiel du morceau)?
Docteurnon
2533
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 22 ans
9 Posté le 21/03/2007 à 21:46:50
De mémoire, les droits d'un sample sont à verser à l'interprète (et non à l'auteur du titre samplé) ... et ce à partir du moment où l'origine du sample ou l'interprète sont reconnaisables ... et si l'interprète est inscrit à la "spedidam" et inscrit sur la feuille de séance du studio pour l'enregistrement du titre...
si le sample fait plus de 10s, ou plus de 10 notes, et que le titre est reconnaissable, il faut en plus verser des droits d'auteur ...
mais bon, c'est de mémoire
et la législation à peut etre changé depuis 4 ou 5 ans que j'ai cette info
à vérifier donc
si le sample fait plus de 10s, ou plus de 10 notes, et que le titre est reconnaissable, il faut en plus verser des droits d'auteur ...
mais bon, c'est de mémoire
et la législation à peut etre changé depuis 4 ou 5 ans que j'ai cette info
à vérifier donc
ratafiole
2049
AFicionado·a
Membre depuis 20 ans
10 Posté le 21/03/2007 à 22:25:23
- < Liste des sujets
- Charte