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Sujet de la discussion L'état du business de la musique, vos prédictions pour l'avenir, vos solutions, vos espoirs ?
Nul besoin de préciser, je pense, que l'état du business de la musique dans le monde est au plus bas et continue de se dégrader de jour en jour, hors éventuellement marchés de niche. Mais qu'en est-il de l'avenir ? Comment le voyez vous ? Comment pourrait-on inverser la tendance ?
Je lance ce sujet car je trouve que pour un forum peuplé majoritairement de musiciens, la question est rarement abordée. Pourtant, il est plein de domaines où la discussion pourrait faire rage :

- La propriété intellectuelle : droits d'auteurs et droits voisins dans l'économie numérique, les crédits liés aux contenus (qui fait un peu partie des droits d'auteurs mais mérite d'être discuté à part, je trouve), le contrôle de la diffusion/l'utilisation d'une oeuvre...etc
- La rémunération des musiciens. Que ce soit en live ou le système de redistribution des royalties (avec en ligne de mire les service de streaming comme spotify, youtube etc)
- La reconnaissance d'un statut de musicien à part entière dans la société avec un véritable cadre légal encadrant ces activités
- Le piratage, son effet sur la dégradation de la situation et les solutions pour lutter contre
- Les moyens/stratégies de communication/développement pour les artistes émergeant et leur efficacité
- L'amalgame de tous ces points
- Autres...

Je devine par avance que les débats sur ce type de sujets peuvent être passionnés et vite devenir houleux. Je demanderai donc à ceux qui ont de l'eau à apporter au moulin de le faire dans la cordialité. On a le droit de ne pas être d'accord avec d'autres mais si on peut éviter les insultes et autres tacles gratuits ça nous mènera forcément plus loin ;)

Peace
Glob

L'abeille coule, l'abeille coule, l'abeille coule, l'abeille coule, l'abeille coule, l'abeille coule....

Bla bla bla

2
Message de modération :
Risque de doublon avec https://fr.audiofanzine.com/autoproduction-business/forums/t.87395,le-pub-d-autoprod-amp-business-ex-marche-du-disque-c-est-la-cata.html
Je laisse ouvert à condition que ça ne parte pas en vrille et qu'on reste précisément dans le sujet. Sinon je fusionnerai les fils. Merci :-)

Ex-producteur retraité de la musique en 2016


3
Je me lance sur un premier point général. Il y a beaucoup trop à dire pour un seul message.

L'état et l'évolution du business, il est le même que dans les autres business : Concentration. Autrefois il y avait des centaines de constructeurs automobiles indépendants, aujourd'hui il ne reste que quelques grands groupes internationaux qui déclinent leurs productions sous de multiples marques, plus quelques petits constructeurs centrés sur des niches commerciales.
En musique c'est pareil, il reste 3 grandes maisons de disques (Sony Music, Warner Music, Universal Music), elles-mêmes filiales de grands groupes industriels. Ces grands groupes monopolisent 75 à 80% du chiffre d'affaire et autant en diffusion dans les principaux médias. Contrairement aux espoirs de beaucoup, la démocratisation de la production avec la MAO, les home-studios et la dématérialisation de la musique n'a rien changé à la domination des grands groupes. Il y a juste plus de productions qui restent pour la plupart inconnues du grand public ou même du public tout court.

Ex-producteur retraité de la musique en 2016


4
Flag!
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Faudrait créer un thread sur l'état de la musique, en plus de son Business, à moins d'en parler ici, si on n'est pas hors sujet ?

[ Dernière édition du message le 05/07/2014 à 14:30:34 ]

6
Ça me semble en effet un autre sujet...

Ex-producteur retraité de la musique en 2016


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Citation de EPE_be :


L'état et l'évolution du business, il est le même que dans les autres business : Concentration.(..) Il reste 3 grandes maisons de disques (Sony Music, Warner Music, Universal Music), elles-mêmes filiales de grands groupes industriels. Ces grands groupes monopolisent 75 à 80% du chiffre d'affaire et autant en diffusion dans les principaux médias. Contrairement aux espoirs de beaucoup, la démocratisation de la production avec la MAO, les home-studios et la dématérialisation de la musique n'a rien changé à la domination des grands groupes. Il y a juste plus de productions qui restent pour la plupart inconnues du grand public ou même du public tout court.


Je ne suis pas sur que la démocratisation n'ait rien changé. Le problème, c'est que créer de la musique et la vendre sont deux métiers.
Sony, Universal et Warner sont très fort pour vendre de la musique mais ils ont besoin des artistes pour créer ce qu'ils vendent. En celà, les deals peuvent être gagnant-gagnant. L'artiste ne se préoccupe que peu de comment faire connaitre son art et la maison de disque ne s'occupe pas de création. Avec, évidemment toutes les nuances que cela implique.

Je pense que le marché de la musique est beaucoup moins concentré qu'il l'était il y a dix ans. On trouve un grand nombre de labels indépendant qui n'ont aucun contrat avec des majors. On trouve un grand nombre d'artistes qui n'ont pas de labels et assurent leur promotion eux-même. Enfin, la preuve que le marché est beaucoup moins concentré qu'avant : tout le monde se fout du top 50.

Ca signifie que l'auditeur (le client final) a aujourd'hui beaucoup plus de choix et s'intéresse à un grand nombre d'artistes qui ne sont plus forcément les 50-100 mis en avant par les majors.

L'engagement des clients (ou fans) envers les artistes qu'ils aiment a considérablement changé. La communication qui avant suivait le schéma Artiste, maison de disque, média, fan passe maintenant très souvent directement de l'artiste au fan. Les réseaux sociaux sont incroyablement performant pour ça. ça coute moins cher en plus.

On est passé d'un model ou le seul moyen de gagner de l'argent était de vendre des disques à un model ou il y a plusieurs sources de revenu : enregistrement, streaming, produits dérivés, version deluxe ou exclusive de cd/vinyles réservés aux fans, concerts etc. L'erreur aujourd'hui est de croire que rien n'a changé et qu'il faut absolument vendre beaucoup de disques pour gagner sa vie en tant qu'artiste. La réalité semble plutôt démontrer qu'avec une base de mille fans fidèles il est possible de vivre décemment de son art.

Je vous invite à visiter ce site : http://rethink-music.com et à lire cette étude : http://rethink-music.com/wp-content/uploads/2013/04/RethinkMusic2013FramingPaper.pdf

Il y a foule d'initiative actuellement pour permettre de gagner de l'argent en faisant de la musique et finalement, cette époque me semble plutôt intéressante qu'angoissante. La fin du CD et des magasin de disques, l'arrivée du streaming et des achats on-line ainsi que des réseaux sociaux créent de nouvelles opportunités pour les artistes et les labels. A eux d'être intelligent et d'en tirer partie en n'essayant pas de reproduire le business model des années 90 qui est définitivement mort.

Mes réalisations : http://www.rallu-sound.ch

8
Citation de Etienne1992 :
la preuve que le marché est beaucoup moins concentré qu'avant : tout le monde se fout du top 50.
Pas si sûr. Le top 50 d'autrefois sur les chiffres de ventes ne pèse effectivement plus grand chose mais il a été remplacé par les tops youtube. Quand on veut parler du succès d'un titre/d'un artiste, aujourd'hui on fait d'abord référence au nombre de vues de son dernier succès sur youtube.

Citation :
L'erreur aujourd'hui est de croire que rien n'a changé et qu'il faut absolument vendre beaucoup de disques pour gagner sa vie en tant qu'artiste
Bien sûr que cela a changé, la vente n'est plus la fin en soi. Le revenu principal de l'artiste-interprète est redevenu son cachet, la part des royalties ne cessant de diminuer. Et le merchandising lié à leur image pour les artistes à succès a aussi pris beaucoup d'importance. Comme tu le précises à juste titre, le métier des labels est plus que jamais vendre, faire du commerce, plutôt que produire de la musique. Ça a beaucoup moins changé par contre pour les auteurs et compositeurs qui vivent toujours de leurs droits d'auteurs en fonction de l'importance de la diffusion de leurs œuvres. Quoique critiquable on n'a pas encore trouvé mieux que les sociétés de perception de droits d'auteurs.
Citation :

Ca signifie que l'auditeur (le client final) a aujourd'hui beaucoup plus de choix et s'intéresse à un grand nombre d'artistes qui ne sont plus forcément les 50-100 mis en avant par les majors.
Le choix oui, infiniment plus qu'autrefois, mais peut-être trop. Seule une petite minorité va chercher au delà des 50-100 mis en avant. En fait les 50-100 représentent toujours la même proportion du chiffre et de l'audience. La différence est derrière : Au lieu des 50 - 100 suivants qui se partageaient les restes, ils sont 50000 - 100000.

Citation :
streaming
S'il faut trouver une vertu au streaming, c'est d'avoir pratiquement tué le piratage. Par rapport aux années d'avant l'explosion du streaming, j'ai l'impression qu'on en est revenu à un degré de piratage qui ne doit pas être très supérieur à celui qui avait cours à l'époque du vinyle, quand on copiait sur cassettes les disques des copains. Par contre au niveau des revenus des artistes, piratage ou streaming ça revient pratiquement au même. Ce sont les majors qui peuvent resservir tout leur énorme back catalogue en boucle qui sont les bénéficiaires du streaming. Des millards de centimes cumulés ça finit par faire beaucoup d'argent.

S'il faut voir un progrès dans l'évolution c'est que pratiquement tous les artistes ont l'occasion d'essayer de se faire entendre au delà de leurs quartiers alors qu'autrefois la porte des studios et des moyens de diffusion leurs étaient fermés. Après il reste à sortir du lot. Ça n'a jamais été facile et ce n'est ni plus ni moins compliqué qu'autrefois. Le succès restera toujours l'exception et l'anonymat la règle.

Ex-producteur retraité de la musique en 2016


9
Magnifique initiative Glob ! :bravo:

En attendant d'avoir le temps de vous exposer mon point de vue ( si si, vous y couperez pas :oops2: ) je pose un flagounet !

The blues are the roots, The rest are the fruits.

W. Dixon

10
Citation de Etienne1992 :

On est passé d'un model ou le seul moyen de gagner de l'argent était de vendre des disques à un model ou il y a plusieurs sources de revenu : enregistrement, streaming, produits dérivés, version deluxe ou exclusive de cd/vinyles réservés aux fans, concerts etc. L'erreur aujourd'hui est de croire que rien n'a changé et qu'il faut absolument vendre beaucoup de disques pour gagner sa vie en tant qu'artiste. La réalité semble plutôt démontrer qu'avec une base de mille fans fidèles il est possible de vivre décemment de son art.


Dans la théorie, oui. Dans la pratique c'est bien plus compliqué que cela selon moi.
Effectivement de nos jour, la musique enregistrée sert plus de "produit d'appel" pour le merchandising ou les places de concert par rapport à (à la louche) 20 ans en arrière. Cependant, mettre sur le marché un produit de qualité coûte, encore aujourd'hui, extrêmement cher. Même si les outils se sont démocratisé et, de concert, ont chuté en prix, l'expertise nécessaire à leur opération n'a pas changé pour autant. Qui dit expertise dit rémunération à la hauteur des compétences mises à disposition. L'espace requis à une production de qualité, notamment pour de la musique "organique" (entendez par là jouée avec de vrai instrument captés dans une acoustique réelle), n'a pas non plus été dévalué. De part l'évolution du marché de l'immobilier, son coût a même augmenté. Ajoutez à cela le prix des instruments de musique et, surtout, le temps nécessaire à la pratique de l'instrument, de la composition, de l'arrangement, etc... et on a au bout du compte une ardoise relativement conséquente.
La conséquence de cela ? La musique enregistrée devient un produit d'appel au coût/risque supérieur aux possibles retombées, ce qui conduit à une très forte baisse des albums réalisés dans un cadre professionnel (ou du moins par des professionnels compétents !).

Les retombées justement parlons-en. Les moyens de diffusion actuels pour la musique génèrent des profits ridiculement bas. Youtube avec ses 1$/1000 vues ou spotify/deezer/pandora/etc avec leurs 0,006€ par stream, même si redistribués directement aux ayants droits (comme c'est le cas pour tous les indépendants) ne peuvent en aucun cas générer un revenu décent pour un artiste (encore moins un groupe) à moins d'obtenir plusieurs millions de vues/stream. Chose impossible à faire sans le soutient financier d'un label qui assure une grosse campagne marketing.
Bien que critiqué (souvent à raison) pour des deals parfois injuste, le système des majors à au moins le mérite de permettre à ses artistes de vivre de leurs musique et de ne faire que ça. Chose qui devient extrêmement difficile à faire de nos jour (voir presque impossible). Combien connaissez vous d'artistes indépendants qui peuvent se permettre de ne faire que jouer leur propre musique et rien d'autre ?
Les concerts ? Quand on est un artiste qui a pu se développer grâce au soutien d'un label, certes. Quand on est un artiste qui cherche à se développer, c'est une toute autre histoire. Il n'y a pas si longtemps on pouvait vivre uniquement en jouant en concert deux ou trois fois par semaine mais aujourd'hui ? Peu sont ceux qui jouent 3 fois par semaine déjà, encore moins nombreux ceux qui sont payés CORRECTEMENT pour ces 3 concerts (on en arrive même à devoir payer pour jouer. Ceux qui vivent à Paris, par exemple, savent de quoi je parle)...
Le principe des 1000 fans qui a été évoqué ici est une utopie pour au moins 90% des groupes/artistes d'aujourd'hui. 1000 fans prêts à se déplacer en concert et acheter les produits dérivés de manière à assurer un revenu à l'artiste signifie une fanbase d'au moins 10 000 personnes (en partant du principe que pour tout évènement/annonce etc, 10% de la population ciblée est réellement touchée, ce qui est déjà très optimiste). 1000 fans, c'est facile. 10 000, c'est une autre paire de manche. Surtout quand on est noyé dans la masse des milliards d'autres video youtube de milliards d'autres groupes/artistes ayant les mêmes espoirs. On ne fait qu'ajouter au bruit de fond.

Tous les points que j'ai évoqués succinctement ici pourraient chacun faire l'objet d'un livre de 800 pages. Là où je voudrai en venir, c'est qu'il existe très certainement d'autres approche à envisager qui pourraient permettre de rétablir une circulation saine et équitable des revenus dans la musique. Tout art à besoin d'un support financier pour se développer, la musique ne fait pas exception.
Dans "l'économie numérique" actuelle, la quasi totalité des médias transitent par internet. Autant je suis totalement pour la libre circulation des données, autant je pense que ces données doivent générer de la valeur, à hauteur de le coût de production. Si ce n'est pas le cas, la qualité du contenu baisse à hauteur de la valeur qu'on lui accorde, ce qui est le cas de la musique aujourd'hui. Bref, ce que je veux dire, c'est qu'il n'est pas inenvisageable que dans un avenir plus ou moins proche, les fournisseurs d'accès deviennent propriétaire des contenus, au même titres que les majors étaient propriétaire des leurs. Qu'est ce que cela changerait ? Beaucoup de choses. Un fournisseur d'accès internet propriétaire d'un contenu à tout intérêt à ce que ce contenu génère du profit et à ce que son catalogue reste bien fourni tout en se renouvelant. S'il peut sembler encore naïf pour l'instant de penser que les FAI financeront les contenus (pourquoi pas ?), il est certain que dans ce cas, les flux seraient contrôlés de manière à ce que le consommateur paye sa part (contrairement à ce qui se passe actuellement avec le streaming ou pire, le piratage). On pourrait aussi envisager, par exemple, un surcoût de la bande passante en upload par rapport au download, ce qui ramènerait le piratage à des niveaux acceptables (on a beaucoup moins envie de "partager" illicitement des données quand on se retrouve avec une facture internet multipliée par 5 à cause de ça). Alors oui, ça pénalise ceux qui envoie en toute bonne foi une grande quantité de donnée mais je pense que cela permettra aussi de faire le tri, ce qui sera forcément une bonne chose et à terme, compensera cette pénalisation.
Au niveau des concerts, j'aimerai pouvoir à nouveau voir REGULIEREMENT de bons artistes à des prix abordables dans n'importe quel style de musique. Il semble que seuls les styles musicaux comme le jazz permettent de voir sur une base régulière des musiciens extrêmement talentueux pour un prix raisonnable. Je me dis que, dans l'état actuel des choses, on assistera peut être, d'ici la prochaine génération de musiciens, à la fin du "starsystem" (=marketing outrancier sur l'image du créateur de contenu. C'est différent de l'adoration des fan pour quelqu'un dont ils apprécient le message) qui gonfle artificiellement le prix d'accès de la musique live. Le starsystem n'est pas une mauvaise chose en soi et permet d'ailleurs de générer des ventes. Il est par contre, à mon sens, nocif dans un contexte de dévaluation du contenu proposé et d'une économie en berne.

J'aurai encore beaucoup de choses à dire et j'aurai aimé entrer plus dans le détail pour éviter une mauvaise interprétation mais ça fait déjà un petit pavé...

Peace
Glob

L'abeille coule, l'abeille coule, l'abeille coule, l'abeille coule, l'abeille coule, l'abeille coule....

Bla bla bla