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discussion Usage loyal et internet, Rick Beato vs Universal Music Group

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Sujet de la discussion Usage loyal et internet, Rick Beato vs Universal Music Group
Youtubeur très reconnu pour sa pédagogie (notamment sa série « What Makes This Song Great? ») et ses interviews de musiciens célèbres, Rick Beato se plaint depuis de nombreuses années de recevoir des revendications de droits d’auteur indues, venant quasi exclusivement de la part d’Universal Music Group, malgré son utilisation d’extraits sonores sous le régime du « Fair Use » (usage loyal).

Un peu comme le droit de citation en droit français, il est en effet prévu dans le droit américain que la citation soit autorisée et sans paiement de redevances (royalties) pour des buts tels que l'information ou l’éducation (https://fr.wikipedia.org/wiki/Fair_use).

Dans une vidéo récente, Rick Beato apparaît exaspéré. Des années après avoir commencé à exposer la situation et avoir même témoigné des enjeux devant le Congrès américain, il continue de recevoir des dizaines de réclamations de droits d’auteur, toutes venant du label Universal Music Group. Ce sont des milliers de réclamations au total, un risque permanent de voir sa chaîne YouTube purement et simplement supprimée (plus de 5 millions d’abonnés, plus de 1900 vidéos en presque une décennie) et la nécessité d'employer un avocat à plein temps pour contester toutes ces réclamations.



Cette vidéo a entraîné de nombreuses réactions, notamment de la part d'avocats spécialisés en droit d’auteur ou d’autres youtubeurs musicaux, parfois célèbres.


On notera notamment la contribution de Jared Dines qui explique que lui aussi a un problème de réclamations de droits d’auteur sur ses vidéos, à tel point que 30 % de son contenu total est à ce jour démonétisé, y compris sur des vidéos faisant des millions de vues. N’ayant pas d’avocat, il se contente de contester, et ce n'est parfois que trois ans plus tard que les labels reconnaissent leur erreur, après avoir empoché au passage toute la monétisation de la vidéo.

Un manque à gagner qu'il estime à plusieurs dizaines de milliers de dollars, qui ne sont bien sûr rétroactivement jamais rendus. De là à soupçonner les majors de passer leur temps à remplir des réclamations pour l'appât du gain, la question semble légitimement se poser.



Qu’en pensez-vous ? L’éducation musicale, les reprises loufoques, le droit de citation est-il en danger ? Y avez-vous déjà été confronté ? Comment avez-vous réagi, avez-vous eu gain de cause ?

Tamen pax et amor, oscula.

[ Dernière édition du message le 27/08/2025 à 12:00:42 ]

2
C'est quand même gonflé de la part de ces maisons de disques multimilliardaires, qui se plaignent que des créateurs de contenus passent un extrait (-30sec) d'une musique de leur catalogue, alors que c'est juste une pub indirecte non payée (car il aura donné envie à une personne d'aller écouter le morceau entier, donc rémunération.
A sa place, je me prendrais pas la tête, je boycotterais Universal en ne passant plus aucun extrait de cette maison.
(en plus, il peut tout perdre, juste parce que...)
(je n'aime pas le système capitaliste, typé américain, toujours ++++)
3
Heureusement que des personnes avec le poids de Beato s'expriment et sont soutenus.
Peut être que cela amènera à un genre de jurisprudence.

En revanche, entre les grandes maisons de disques, les grands distributeurs et l'IA, cela va devenir de plus en plus difficile pour des artistes ou des youtubeurs d'émerger à travers les milliers de publications hebdomadaire et la puissance de frappe des gros poissons.

https://m.soundcloud.com/ame-nonchalante

4
Etant parmi l'un des premiers assidus des vidéos de Rick Beato, je partage en effet sa position, son point de vue, son action et son agacement vis à vis de tous ces obstacles absolument pas fair-play (et dire que c'est une expression anglo-saxonne!).

Il avait même été soulevé à un moment l'hypothèse de bots développés par UMG pour scanner toutes les occasions de tomber sur le paletot (:mrg:) des vidéastes; j'ignore si cette piste a donné quelques chose.

Maintenant, je comprends mal les question "Qu’en pensez-vous ? L’éducation musicale, les reprises loufoques, le droit de citation est-il en danger ? Y avez-vous déjà été confronté ? ". On est en France, le droit français seul s'applique, et il est a priori différent. A moins que reprendre chez nous un titre propriété de UMG ne nous place sous les règles du droit américain; j'avoue que j'ai un doute.
5
L'utilisation éventuellement abusive du droit pour faire taire le plus faible est aussi un problème chez nous.
Demandez au canard enchainé ou à Charlie Hebdo : il faut des fonds dédiés juste pour les procès a venir.
Sur le droit de citation, on peut se demander quand ça touchera AF aussi : les blagues piquées à d'autres, les images, photos, dessins, extraits de concerts et documentaires, et autres supports non crédités et/ou non rémunérés.
Sans parler d'être accusé de dénigrer abusivement un instrument passé dans GML.

Pour Beato, qui pour ce que j'en ai vu dit plutôt du bien des artistes, les maisons de disques feraient mieux de le remercier.
6
Les traductions des vidéos sont ignobles.
7
Pas exactement la même situation, mais abusive quand même : j'ai composé une pièce de concert pour guitare classique, appelée "Eagles variations" car c'est un hommage au groupe du même nom. Toute la compo consiste en une série de variations dans le style de différents compositeurs classiques, sur la suite d'accords de Hotel California. Utiliser la suite d'accords d'un morceau est fréquent - dans le jazz par exemple - et ne constitue pas un plagiat.
Mais dans le cours du morceau, je place deux petites phrases du solo de guitare - une dizaine de notes - et, à la toute fin, le refrain de la chanson (4 mesures à 4 temps) apparait dans une texture rythmico-percussive.
Et bien, la video est sujette à "réclamation pour atteinte aux droits d'auteurs" et elle "fait l'objet de restrictions de visibilité." Bon, ouf, pas d'amende, pas de suppression de monétisation (inexistante, d'ailleurs). Mais ont-ils compris que c'est un hommage, et que la citation - quasi incontournable pour clarifier le propos - n'occupe qu'une très petite partie de l'ensemble (25 secondes sur le total de 12 minutes)? Bah non, un robot (informatique ou humain) ça ne réfléchit pas en ces termes. Tout ça pour ça :
8
Et on nous parle des bienfaits de l'IA ?
Je crois qu'effectivement le nombre de mesures sert à déterminer s'il y a plagiat ou non, ainsi qu'au paiement de droits ou non pour la SACEM.
Led zeppelin a été poursuivi pour avoir plagié Randy California avec Stairway to heaven. Le jugement a débouté l'attaquant au motif que l'arpège était trop banal pour que l'on puisse parler de plagiat.
Le fait est qu'en voulant honnêtement rendre hommage, on pourrait considérer que tu utilises le nom, la renommée d'un artiste, pour accroître ta propre renommée, augmenter ta visibilité. C'est très tiré par les cheveux, mais possible.
Regardez tout ce qui ressort à l'occasion du 50è anniversaire des albums. Le but premier n'est pas de leur rendre hommage, comme annoncé, mais de prolonger pour 50 nouvelles années les droits sur des morceaux avant qu'ils ne tombent dans le domaine public. A ce niveau l'enjeu est énorme.
9
Les majors n'aiment pas la musique, elles aiment le fric et perdre ne serait-ce qu'un dollar est une catastrophe pour ces gens (et rendre hommage visiblement ça leur en fait perdre selon eux}.
10
Citation de JLDavid :
Pas exactement la même situation, mais abusive quand même : j'ai composé une pièce de concert pour guitare classique, appelée "Eagles variations" car c'est un hommage au groupe du même nom. Toute la compo consiste en une série de variations dans le style de différents compositeurs classiques, sur la suite d'accords de Hotel California. Utiliser la suite d'accords d'un morceau est fréquent - dans le jazz par exemple - et ne constitue pas un plagiat.
Mais dans le cours du morceau, je place deux petites phrases du solo de guitare - une dizaine de notes - et, à la toute fin, le refrain de la chanson (4 mesures à 4 temps) apparait dans une texture rythmico-percussive.
Et bien, la video est sujette à "réclamation pour atteinte aux droits d'auteurs" et elle "fait l'objet de restrictions de visibilité." Bon, ouf, pas d'amende, pas de suppression de monétisation (inexistante, d'ailleurs). Mais ont-ils compris que c'est un hommage, et que la citation - quasi incontournable pour clarifier le propos - n'occupe qu'une très petite partie de l'ensemble (25 secondes sur le total de 12 minutes)? Bah non, un robot (informatique ou humain) ça ne réfléchit pas en ces termes. Tout ça pour ça :


Sublime !

Et merci pour la partition "JLDavid / GérardRebours"

:aime:
11
D'autres ont ce même genre de problème

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En somme, pris en tenailles entre la débilité de l'IA et les bots qui scannent tout sans faillir mais n'intègrent pas les tenants et aboutissants, et les organisations voyou qui font dans la captation et la spoliation... Pas joli joli tout ça.

Une chose bizarre: Beato rappelle régulièrement la menace qui pèse sur sa chaîne de se voir démantelée par YT, Nota Bonus ne l'évoque pas. Est-ce lié à une réglementation spécifique américaine, ou autre?...
13
Je me fais l'avocat du diable quelques instants, sans troller mais pour donner une autre perspective au débat.

Dans le cas de Beato, est-ce vraiment du "fair-use"?
En effet, on ne parle pas d'un petit youtubeur qui filme avec sa webcam une reprise d'un morceau et va faire 1000 vues dans le meilleur des cas mais d'un vidéaste qui va faire plusieurs (centaines de ?) milliers de vues (et donc gagner de l'argent) à partir d'un matériau qui ne lui appartient pas.
Peut-on invoquer le "droit à la citation" quand on poste une vidéo de 40 minutes dans laquelle on analyse un morceau et sur laquelle on va gagner de l'argent ?
Le fair-use, oui, mais le fair-use quand il y a un but lucratif : pas toujours. Et il faut arrêter 2 secondes de se voiler la face: si Beato ne se faisait pas un kopek avec ses vidéos, il aurait surement arrêter depuis longtemps. D'ailleurs, il n'est pas très fûté parce que vu sa notoriété, il aurait pu pousser ses vidéos sur d'autres plateformes (où on l'aurait suivi) ou serait passé par un système de patreon, abonnement ou autre.

Ensuite, il faut bien distinguer 2 choses: le fait de recevoir un claim sur une vidéo (cas de JLDavid ), claim sur lequel on peut normalement faire un retour pour voir se débloquer la situation et le claim qui entraîne la démonétisation directe de la vidéo.

A noter que c'est la même chose dans l'édition: si demain, vous souhaitez sortir un livre sur la saga Alien (par exemple), il faudra obtenir une licence auprès des ayants droits. Il y en a 3 différentes et à moins que vous soyez dans une maison d'édition partenaire de l'ayant droit (i.e un gros studio de prod), aucune chance de l'obtenir...

Citation :
C'est quand même gonflé de la part de ces maisons de disques multimilliardaires, qui se plaignent que des créateurs de contenus passent un extrait (-30sec) d'une musique de leur catalogue, alors que c'est juste une pub indirecte non payée (car il aura donné envie à une personne d'aller écouter le morceau entier, donc rémunération.

Bien que la règle "Bad buzz is still buzz" prévale sur les RS et les plateformes UGC, il n'empêche que cette "pub indirecte non payée" n'est pas maîtrisée par l'ayant droit donc à proscrire de son point de vue. Mettons nous à la place d'UMG qui possède un catalogue de plusieurs milliers de titres, impossible de faire du cas par cas pour vérifier qu'une citation fait une pub positive ou qu'elle est "clean". Dans ce cas, UMG bloque tout et est tranquille. Le fait que ce soit une entreprise multi-millionnaire ne change rien à l'affaire. Ce n'est pas parce qu'une entreprise gagne de l'argent qu'elle doit être plus conciliante à en perdre (une simple logique qui vaut aussi bien pour UMG que pour le petit artisan qui paie 30 % de charge).

En fait, dans la plainte de Beato, je vois surtout un type qui après s'être construit autour de Youtube en passant plus ou moins à travers les mailles du filet juridique et se prend un retour d’ascenseur car ces mailles se sont resserrées avec le temps. "Ne mords pas la main qui te nourrit" comme dit le proverbe, on en est un peu là malgré tout. Comme beaucoup d'autres plateformes UGC, Youtube n'appartient pas à ses utilisateurs, il y a des CGU que ces derniers ont signés (surement sans les lire du reste) et donc acceptées et ce, sans qu'on leur mette le coûteau sous la gorge.
Pour moi:
- soit tu es ok avec les CGU de la plateforme et tu t'y plies (comme beaucoup de Youtubeurs qui s'organise financièrement (et s'en sortent) sans se plaindre)
- soit tu n'es pas ok avec les CGU et tu changes de plateformes, ou tu trouves un autre moyen de rémunération.

Rappelons que l'on parle de CGU, pas d'acquis sociaux. Si vraiment Beato était entier dans sa démarche, il quitterait Youtube sans autre forme de procès et irait sur des plateformes moins soumis aux droits d'auteurs. Le fait qu'il y ait des Youtubeurs qui font les ouin-ouins à propos de Youtube et sur Youtube m'a toujours semblé être un comble.

Enfin, pour info, pas d'IA dans la reconnaissance du contenu car ce n'est pas du tout comme cela que Youtube Content ID (l'outil de détection des oeuvres dans les vidéos) fonctionne.. ;)


 

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Citation de Max_Onhoff :
Une chose bizarre: Beato rappelle régulièrement la menace qui pèse sur sa chaîne de se voir démantelée par YT, Nota Bonus ne l'évoque pas. Est-ce lié à une réglementation spécifique américaine, ou autre?...


Non, les CGU sont internationales et ne dépendent pas vraiment de la législation du pays...En revanche, il y a une différence entre Nota Bene qui pâtit des claims et s'en plaint vite fait à l'occasion et Beato qui en a fait son cheval de bataille et en fait des vidéos dédiées. L'un rase les murs, l'autre fanfaronne donc forcément la réaction en face n'est pas la même. ;)


 

15
Citation :
Je crois qu'effectivement le nombre de mesures sert à déterminer s'il y a plagiat ou non, ainsi qu'au paiement de droits ou non pour la SACEM.>


Non, la SACEM fait une analyse complète de l'oeuvre pour déterminer s'il y a plagiat. Elle ne fait pas sur la base d'un nombre de mesures sinon tous les morceaux qui utilisent des progressions style Lam Do Sol Fa se ferait retoquer.

Pour Youtube Content ID, en revanche, c'est effectivement automatisé et fonctionne par similarité. Et, oui, l'automatisation du process ne raisonne pas en terme artistique, c'est ainsi.
Revenons sur ces 25 secondes au milieu de ces 12 minutes. Imaginons que ton morceau soit utilisé par un autre vidéaste qui ne connaît pas du tout l'original et que ce vidéaste utilise précisément ces 25 secondes qui lui semblent géniales pour illustrer une vidéo (c'est souvent ce qui se passe sur TikTok) et ben, hop, c'est toi qui est crédité pour ces 25 secondes alors que tu ne les as pas composées et c'est une perte pour l'ayant droit.
Je comprends tout à fait la démarche d'hommage à l'original mais il faut imaginer toutes les conséquences que cela peut avoir derrière. La démocratisation des shorts a rendu les studios encore plus frileux quant à l'usage du fair-use.


 

16
Citation :
Revenons sur ces 25 secondes au milieu de ces 12 minutes. Imaginons que ton morceau soit utilisé par un autre vidéaste qui ne connaît pas du tout l'original et que ce vidéaste utilise précisément ces 25 secondes qui lui semblent géniales pour illustrer une vidéo (c'est souvent ce qui se passe sur TikTok) et ben, hop, c'est toi qui est crédité pour ces 25 secondes alors que tu ne les as pas composées et c'est une perte pour l'ayant droit.

Certes, c'est très peu probable, mais je n'y avais pas pensé…
Cependant, si je n'ai pas composé ces 25 secondes, je les ai quand même arrangées instrumentalement. Bon d'accord, il eut fallu que je demande l'autorisation d'arranger ces 25 secondes, même sans demander le moindre pourcentage, mais je pense que ce genre de gros poids-lourd ne se donnerait même pas la peine de traiter la chose.

[ Dernière édition du message le 09/09/2025 à 13:56:16 ]

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Tu as tout à fait raison. Ton point de vue est pratique, le mien était plutôt "juridique". Malheureusement, les deux ne se rejoignent pas toujours conduisant à des situations ubuesques comme la tienne.


 

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Ton point de vue "juridique" se base sur quoi ? Ta connaissance du droit état-unien ?
Parce que ce n'est pas du tout la façon dont moi, j'ai compris le principe du fair use. Celui-ci permet l'utilisation gracieuse d'extraits d'oeuvres dans différentes situations, notamment à usage pédagogique et c'est bien ce que fait Rick Beato.
Il n'y a pas dans le fair use de questions sur l'argent gagné ou pas dans cet usage pédagogique, sinon les très très coûteuses universités américaines n'auraient pas non plus le droit d'utiliser des extraits pour leurs cours.

Mais bon, je ne suis pas avocat et encore moins américain. Tu l'es peut-être ?

Quant à ton hypothèse concernant un livre sur la saga Alien, ton affirmation mériterait autrement plus de précisions pour être valable. S'il s'agissait de faire une rétrospective, raconter les histoires que racontent les films avec une solide une collection d'images tirées des films où d'illustration reproduisant des scènes des films, oui, il faudrait négocier avec les ayants droit, car il s'agirait de compiler du contenu sous copyright.
En revanche, s'il s'agit de raconter comment ces films sont nés, les péripéties de leur production, le choix des réalisateurs, d'intégrer pourquoi pas des témoignages de Sigourney et d'autres acteurs, des réalisateurs, techniciens... Aucun besoin de demander les droits parce qu'aucun des contenus concernés ne serait sous copyright. Même citer le nom de la saga et quelques répliques du film entrerait dans le cadre du fair use aux USA et du droit de citation en France.

NB : comme dit précédemment, je ne suis pas avocat en propriété intellectuelle. En revanche, tant mon passé dans le design industriel que mes activités par la suite dans le journalisme et dans la musique m'ont fait pratiquer ces questions un peu plus que la moyenne.

[ Dernière édition du message le 09/09/2025 à 22:53:45 ]

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Je ne suis ni avocat ni juriste en revanche, dans le cadre de mon activité professionnelle, je suis énormément confronté à ces questions surtout avec Youtube (mais aussi Twitch, Tiktok, Netflix, etc) et je travaille occasionnellement avec des juristes sur ces questions. Et pourtant, mon activité est à but patrimonial.

Je te confirme que le fair use prend en compte l'aspect financier. D'ailleurs, le fair use n'est pas très cadré d'un point de vue juridique, il est écrit de maniére très interprétable (c'est le cas pour beaucoup de lois mais celle-ci l'est particulièrement pour des raisons évidente: elle a été mise en place pour ménager la chèvre et le chou).
Le problème, et surtout aux USA, c'est surtout de juger de la perte financière pour le détenteur des droits. C'est la seule et unique question qui prevaut. Dans le cas de Beato, même si c'est si éducatif, pédagogique, même si le gars a les meilleures intentions du monde, il génère de l'argent à partir de ses contenus, pas besoin d'aller plus loin.
Et impossible de comparer un cours illustré à destination d'une promo de quelques dizaines d'étudiants avec une vidéo qui fera potentiellement des milliers de vues. Du reste, qui te dit que l'école en question ne paie pas un petit quelque chose pour pouvoir utiliser des contenus protégés dans les cours donnés à ces étudiants.
Aussi, je le redis, Beato est sur Youtube, la règle appliquée pour le fair use, c'est celle donnée/voulue par Youtube. Youtube laisse les coudées franches aux gros éditeurs et à dessein. Si tu veux continuer à avoir du contenu d'UMG sur Youtube, tu te plies à leur demande. Youtube, c'est une entreprise très libérale, il faut voir la main mise des gros ayant droits sur cette plateforme un peu comme la main mise des gros sociétés en France, elles font, dans une certaine mesure, la pluie et le beau temps sur certains aspects politiques (je ne lance pas de débats, c'est une simple analogie).
Beato fait l'offusqué mais, honnêtement , pour un type censé avoir son experience, je le trouve bien candide.
Pour revenir sur le fair use pédagogique, quid des méthodes pedago papier qui utilisent des extraits de morceaux célèbres ? L'éditeur met évidemment la main au portefeuille. C'est d'ailleurs pour ça que dans les Guitar Part, au fil des années, les sections axées autour d'un guitariste sont passés de "Les Plans Mythiques de..." à "Les plans à la manière de..." et que dans certaines interview Audio, les guitaristes jouaient des plans et rarement leurs morceaux sur albums.

Pour l'édition, ce n'est pas non plus mon domaine mais une très bonne amie est éditrice chez Flammarion et je t'assure que ce que tu decris est tout simplement impossible... Si demain, tu te pointes avec un livre qui raconte l'histoire, la genèse, les anecdotes, etc autour d'une oeuvre sois ayant droit, tu as 90% de chances de te faire retoquer par l'éditeur qui ne va même pas prendre le temps de s'embeter à gérer ce paquet d'emmerdes pour un livre qui tirera très peu.
Tiens, par exemple, il y a une référence en livre sur Alien qui est édité chez Huginn Muninn, une petite maison d'édition qui sort beaucoup de livres autour de la culture geek/nerd. Petite maison d'édition? Pas du tout, ça appartient à Dargaud. Ah oui, Dargaud, l'éditeur français? Pas du tout, car Dargaud appartient à un holding belge, media participation qui a des sociétés dans pas mal de domaines autour des médias... D'ailleurs, pourquoi les maisons d'éditions sont désormais gérés par quelques énormes groupes? Alors, oui, c'est parce que certains patrons de gros groupes d'investissement jouent au Monopoly avec des sociétés mais aussi pour être plus fort en terme de négoce de droit, rien que ça. Pour peser dans le game.
Rien qu'utiliser la police (la fonte d'écriture) d'une oeuvre, ça n'est pas possible.
Alors, pour une thèse, un essai publié au PUF, le fair use fonctionne mais si tu veux sortir ton livre à la Fnac ou sur le market place d'Amazon, faut oublier, c'est juste impossible. Mais il y a peut être des exceptions mais je n'en ai jamais vu et je t'assure que l'édition est tellement en pls en ce moment qu'aucun éditeur ne prendrait le risque. D'ailleurs, souvent, les "beaux livres" qui portent sur une oeuvre protégé sont géré comme des projets industriels très classique. Jacques appelle Paul, qui a les droits (ou parfois l'inverse), ça se questionne, ça se jauge, ça s'organise mais c'est sûrement pas Pierre, l'auteur, qui est instigateur du projet. Il arrive dans le processus plutôt au milieu.

Quant aux droits de citation, c'est pareil, c'est hyper contraint, il faut que ça soit très mis en exergue, sourcé, bibliographié au laser.

Alors, évidemment, des contre exemples de choses passées entre les mailles, il y en a des tonnes mais un gros ne peut pas se servir dans les oeuvres d'un autre gros bien longtemps sans que ça lui retombe sur le coin du nez.


 

[ Dernière édition du message le 10/09/2025 à 02:21:44 ]

20
Citation :
Dans le cas de Beato, est-ce vraiment du "fair-use"?
En effet, on ne parle pas d'un petit youtubeur qui filme avec sa webcam une reprise d'un morceau et va faire 1000 vues dans le meilleur des cas mais d'un vidéaste qui va faire plusieurs (centaines de ?) milliers de vues (et donc gagner de l'argent) à partir d'un matériau qui ne lui appartient pas.

La question que tu soulèves est intéressante : peux t'on faire de l'argent "sur le dos" d'un artiste ou d'une oeuvre dont on a pas les droits ? y a une dimension légale et une autre plus morale. Je parlerai pas pour le copyright américain mais au sens du droit d'auteur français (dont je suis pas spécialiste non plus mais j'ai quand même eu 2j de cours dessus par un avocat spécialisé dans le cadre de mes études informatiques) : si tu publies une vidéo où tu racontes ce que tu ressens en écoutant les beatles, que tu racontes l'histoire des beatles et que tu n'utilises jamais une partie des oeuvres des Beatles, tu ne dois strictement rien aux ayant droits des beatles, que tu fasses 200 vues ou 1 million.
Idem pour écrire un livre sur Alien, je pense que tout dépend de la nature de l'œuvre produite : y a peut être des choses à payer pour le nom ou pour être reconnu comme merchandising officielle mais s'il s'agit d'écrire une analyse cinématographique de l'œuvre, pour ce travail de l'esprit original, non. Si le livre est illustré de photos du film, reprend la typo alien ou tout autre chose soumise aux droits d'auteur là il faut payer et c'est normal pour l'iconographie (comme l'a déja dit Will Zegal)
Pour ce qui est du droit de citation, l'équivalent français du fair use, il a largement été éprouvé au tribunal et cela se joue au volume et la longueur des citations. Donc dans mon livre sur Alien je pourrais même citer Ripley et raconter quelques scènes à ma façon, si derrière j'en fais l'analyse.

Pour revenir à ta question initiale " Dans le cas de Beato, est-ce vraiment du "fair-use"?", n'étant pas juriste non plus , pas formé au droit ricain, je m'en tiendrais aux faits : comme il l'explique dans sa vidéo, qu'à chaque fois que son avocat va au procès il gagne.
21
Citation :
Le problème, et surtout aux USA, c'est surtout de juger de la perte financière pour le détenteur des droits. C'est la seule et unique question qui prevaut. Dans le cas de Beato, même si c'est si éducatif, pédagogique, même si le gars a les meilleures intentions du monde, il génère de l'argent à partir de ses contenus, pas besoin d'aller plus loin.

Tu mets face à face d'eux choses différentes. Il est impossible que les quelques secondes d'extraits qu'utilise Beato dans ses vidéos fasse perdre de l'argent aux ayants droits, par exemple parce que l'auditeur va s'abstenir d'écouter le morceau entier ou l'acheter parce qu'il peut aller écouter des extraits chez Beato.
Au contraire, il y a plutôt des chances pour que Beato fasse découvrir ou redécouvrir des morceaux et artistes à ses spectateurs et donc génère des écoutes et des ventes pour les dits morceaux/artistes.
Toutes ces considérations sont différentes du fait qu'il gagne de l'argent avec sa chaîne.

Je pense que tu n'as pas regardé la vidéo de Nota Bene qui explique bien comment ces sortes de "patent trolls" de la musique fonctionnent. En fait, ce sont eux les pirates de Youtube, un peu à la manière d'un détective privé qui te ferait payer des amendes et charge à toi de leur coller un procès pour te faire rembourser.

Désolé, mais tes propos sur l'édition ne me convainquent pas du tout. S'il y a une concentration dans l'édition, c'est juste que c'est le même phénomène que partout ailleurs : au lieu d'avoir des concurrents, on rachète et la grosseur est sensée permettre des économies d'échelle. Et bien sûr du pouvoir, mais dans ceux ci, les droits sont très secondaires. Et surtout, cette concentration est beaucoup le fait de milliardaires qui achètent l'édition comme ils ont acheté la presse pour imposer leur idéologie en contrôlant l'expression publique. Ils rachètent même les circuits de distribution (dont les librairies) pour avoir le contrôle complet.

A côté de ça, il y a toujours plein de petites ou moyennes maisons d'édition indépendantes, tout comme la concentration des majors en musique n'a pas signé la disparition des labels indépendants.
Les uns comme les autres sont rarement extrêmement prospères et certains sont toujours sur le fil, mais ça n'est pas d'hier et c'est lié à ces métiers à risque où le succès est toujours aléatoire et où les petits n'ont pas la force de frappe des gros en terme de communication, d'accès aux mass médias et de distribution.
22
Citation de 8oris :

En effet, on ne parle pas d'un petit youtubeur qui filme avec sa webcam une reprise d'un morceau et va faire 1000 vues dans le meilleur des cas mais d'un vidéaste qui va faire plusieurs (centaines de ?) milliers de vues (et donc gagner de l'argent) à partir d'un matériau qui ne lui appartient pas.

Je comprends que les gens puissent aimer ces vidéos qui sont souvent intéressantes mais je suis étonné des premières réactions.
Comme tu le dis 8oris on n'est pas face à un ado qui fait des videos au fond de sa chambre, là on parle d'une vraie entreprise commerciale qui gagne de l'argent. Si les mêmes vidéos passaient à la télé tout le monde serait outré qu'is ne payent pas les droits Sacem.

Protéger les droits c'est protéger les artistes, vous aimeriez qu'on utilise gratuitement votre musique pour faire de l'argent? Pourquoi serait-ce différent ici? Parce qu'on parle d'artistes connus qui sont assez riches comme ça? Après il y a des choses à dire sur les rapports entra artistes et maisons de disques mais ce n'est pas le fond du sujet.
23
C’est vrai, Beato est quand meme bien structuré, fait des milliers de vue et du bizness avec ca.
J’ai rien contre lui (j’apprécie ses videos) mais on ne parle pas d’un petit Youtuber a 300 vues qui s’amuse a faire 3 bricoles avec la communauté.

Beato Utube, c’est une entreprise qui génère des revenus, et on peut entendre aussi que certains ramènent le débat a la réalité, a savoir que si tout ces influenceurs adorent se présenter comme un pote ou un cousin généreux des lors qu’on les met face a leur bizness model, ce sont des entrepreneurs bien habiles qui génèrent des revenus et qui savent eux meme jouer avec leur système dans lequel ils évoluent.

Et comme rappellé Utube est une plateforme qu’ils utilisent et dont ils acceptent les regles.
Ca ne justifie pas l’emmerdement lié au droits qu’on peut y subir, mais ce n’est pas le site de papa et maman.
Sans YouTube pas de succès pour Beato non plus.

Il n’y a aucun philanthrope la dedans, ni les maisons de disques, ni Utube…mais pas Beato non plus.
24
En y repensant on pourrait presque comparer ça au MEDEF qui vient se plaindre de payer trop de charges.
Et puis attention au capital sympathie, ce n'est pas parce qu'on apprécie les gens que ça les exonère des règles.
25
Citation de Will Zégal :

Tu mets face à face d'eux choses différentes. Il est impossible que les quelques secondes d'extraits qu'utilise Beato dans ses vidéos fasse perdre de l'argent aux ayants droits, par exemple parce que l'auditeur va s'abstenir d'écouter le morceau entier ou l'acheter parce qu'il peut aller écouter des extraits chez Beato.

Faux..en tout cas irrecevable d'un point de vue juridique car tu serais incapable de prouver ce que tu avances. La justice ne fonctionne pas au doigt mouillé...

Citation :
Je pense que tu n'as pas regardé la vidéo de Nota Bene qui explique bien comment ces sortes de "patent trolls" de la musique fonctionnent. En fait, ce sont eux les pirates de Youtube, un peu à la manière d'un détective privé qui te ferait payer des amendes et charge à toi de leur coller un procès pour te faire rembourser.

Pirates, detectives, oui, ok, il parlent du youtube content id et je ne pense pas qu'il sache comment cet algorithme fonctionne vu que c'est l'une des plus grosses boîtes noires de Google. En outre, je ne vois pas en quoi ce serait des pirates. Ce n'est pas parce que tu bosses avec un tiers pour gérer ce genre de problème que ça fait de lui un pirate. Je travaille au quotidien avec un des développeurs d'un des équivalents made in France du YouTube Content Id et il n'a rien d'un pirate...

Citation :
Désolé, mais tes propos sur l'édition ne me convainquent pas du tout.


Mes propos n'ont pas à te convaincre sachant qu'ils sont majoritairement factuels. :)
Évidemment qu'il existe des petites maisons d'édition mais elles sont rares et très souvent sur de la niche.
Et pour l'exemple du livre sur un sujet, qui lui rend hommage sans en utiliser trop d'extrait protégés, je défie quiconque de sortir un bouquin sur Tintin ou sur la galaxie Disney. Bon courage...

Pour revenir à Beato, je suis d'accord avece que tu dis mais la loi ne l'est pas. C'est ça que j'expose : il y a la théorie et la pratique.
Il faut bien comprendre comment fonctionne la justice: il existe des lois, qui donnent un cadre légal, souvent très strict mais sujet à l'interprétation. Ce cadre stricte est assuré par le juge d'instruction qui instruit l'affaire au regard des textes. Vient ensuite le procès où le juge rend son verdict , c'est à dire qu'il juge de l'affaire au regard de la loi et du contexte de l'affaire. Si la décision contrevient en partie à la loi, se crée une jurisprudence qui pourra être utilisée, arguée dans de prochaines affaires si le contexte le justifie.

Citation :
S'il y a une concentration dans l'édition, c'est juste que c'est le même phénomène que partout ailleurs : au lieu d'avoir des concurrents, on rachète et la grosseur est sensée permettre des économies d'échelle. Et bien sûr du pouvoir, mais dans ceux ci, les droits sont très secondaires

Bon, le coup des milliardaires qui achètent l'édition pour en contrôler le contenu, c'est un peu #noussachons , surtout quand on voit la diversité des maisons d'édition au sein d'un même groupe. Les économies d'échelle: oui, déjà un peu plus. Les droits par contre, c est un sacré sujet sinon un sujet sacré. Quand tu rachètes une maison d'édition qui possède une collection qui se vend comme des petits pains mais qui peine à faire du dérivé dessus, tu te frottes les mains. Et c'est pareil quelque soit le domaine : édition, ciné, musique, etc...Regarde comme Disney se goinfre avec la licence Star Wars...

Les robots youtube sont des robots. Ils agissent comme tels et c'est très logique d'un point de vue des gros groupes médias comme UMG: ce qui coûte le moins cher, c'est de striker par défaut plutôt que faire du cas par cas. Je ne dis pas que c'est sensé, je dis simplement que cela suit la logique légale et uniquement celle là. En outre, aux USA où les affaires de ce type sont légions, les gros groupes adorent car qu'ils perdent ou qu'ils gagnent. cela envoit un signal fort. Et ça a tjs fonctionné si l'on regarde un peu l'histoire: disparition du P2P, modalités de dispositions et de diffusion des oeuvres (tu devrais voir comment ça se passe dans les cinémas), etc etc...


 

[ Dernière édition du message le 12/09/2025 à 10:48:59 ]