Commentaires sur le test : Sittin' on top of the World !

Citation de paladin6169 :

Même si ça demeure une somme conséquente pour son achat je pense que j'y viendrai , ça ouvre pas mal de portes d'horizons nouveaux vers lesquels j'ai envie d'aller .
Sans prétention aucune , mais à la manière d'un Balavoine passé de la chanson française , à la musique électronique , puis vers la world music , et le tout mélangé fût magnifique !!!

J'ai longtemps été un adepte de la World Music, sans doute dû à mon attirance pour les musique traditionnelles, puis à la découverte de gens comme Johnny Clegg, Joffrey Oryema, Youssou n'Dour dans ses débuts.
Avec le temps, je m'en suis détourné. La "World Music" n'est généralement qu'un pillage sonore d'une musique traditionnelle ou ethnique servant de sauce pour pimenter un plat occidental. Finalement, ça reste de la pure musique occidentale mâtinée de pincées, de vagues allusions à des musiques traditionnelles ou ethniques, entre exotisme, néo-colonialisme et sauce commerciale sans identité, à la manière de ce que fait désormais Youssou n'Dour.

Pour illustrer précisément ce que je veux dire, je citerai une émission de France Culture dédiée au travail qu'a fait Jordy Savall avec son album "Istanbul".
Jordy Savall désirais explorer la musique classique turque du 18è siècle et a, pour cela, travaillé avec de grands musiciens classiques turques (c'est à dire un des grands de la musique classique turque, pas des turques jouant de la musique classique occidentale).
Cependant sont vite apparus des problèmes d'accordage, de tempéraments, de façon d'aborder le rythme.
Finalement, les musiciens turques participant au projet ont dû se résoudre à s'accorder à l'occidentale pour accompagner les instruments baroques de l'ensemble Hesperion XXI et à reconsidérer leur approche rythmique. Le musicien turque interviewé disait qu'il était très content d'avoir travaillé avec quelqu'un comme Savall et de la rencontre, mais que ce qu'ils avaient fait n'avait plus grand chose à voir avec la musique classique turque.

Je retrouve typiquement le phénomène dans le raï. Lorsque j'ai entendu les premiers raïs venant d'Afrique du nord, ils ont arrachés mes oreilles alors non habitués aux tempéraments différents (ça m'a fait la même chose la première fois que j'ai écouté de la musique indienne traditionnelle). Ensuite, le raï a débarqué en France a été "adapté" au goût local, est donc devenu à la fois plus écoutable pour des oreilles conditionnées au tempérament égal et s'est vu transformé en soupe commerciale insipide.
Finalement, pour qui veut s'intéresser au raï, il faut en revenir aux sources algériennes et même aux premiers pas de la génération des "Cheb", avant qu'ils ne soient engloutis artistiquement par la production française.

Je ne dis pas que tout ce qui est englobé dans la dénomination "world music" souffre de ces tares. On y trouve aussi d'excellentes chose, des musiques traditionnelles qui ne se sont pas acculturées ou des artistes contemporains qui crée une musique d'aujourd'hui basée sur leur tradition (comme Tinariwen). Le terme de World Music est un fourre tout pour évoquer un peu tout ce qui n'est pas musique occidentale classique, savante ou commerciale (des musiques occidentales traditionnelles se retrouvent parfois classées World Music).

Ce que je veux dire, c'est qu'il y a des trésors musicaux dans les musiques traditionnelles ou issues des musiques traditionnelles et que la World Music en est souvent une version très édulcorée, affadie. Je préfère les gens qui partent des musiques traditionnelles pour en faire des versions modernes qui ne trahissent pas ce qui fait la richesse de la dite musique.

Je précise que je ne suis pas du tout un puriste. Ce que je déplore dans la démarche dominante de la World Music n'a rien à voir avec un quelconque manque de "pureté" ou d'orthodoxie musicale, c'est que c'est une sorte de voile occidental jeté sur la richesse des musiques locales.