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On Refait Le Patch #56 : Test de World Suite d'UVI - Sittin' on top of the World !

8/10

Dans le vaste monde, les hommes ont depuis la nuit des temps rivalisé d'imagination pour faire de la musique, grattant toutes sortes de cordes, frappant toutes sortes de peaux, soufflant dans toutes sortes de bois. C'est cette diversité qui est au programme de la World Suite d'UVI, qui entend vous offrir un tour du monde sans même que vous ayez à quitter votre home studio.

Si UVI s’est jusqu’ici large­ment consa­cré à la réali­sa­tion de son épatant moteur de sampling (L’UVIen­gine qui est au cœur de Falcon) et à la recréa­tion de quan­tité d’ins­tru­ments élec­tro­niques, qu’il s’agisse de synthés, de sampleurs ou de boîtes à rythmes, l’édi­teur français entend bien étendre son cata­logue aux instru­ments acous­tiques et élec­troa­cous­tiques. C’est ainsi qu’après une belle collec­tion de pianos et quelques banques théma­tiques origi­nales (Gypsy Jazzy, Jassis­tic, IRCAM Solo Instru­ments), les papas de Falcon nous présentent Orches­tral Suite et cette World Suite qui, comme son nom l’in­dique, rassemble quan­tité d’ins­tru­ments venus des quatre coins du globe : une invi­ta­tion au voyage qui ne se refuse pas, d’au­tant que ce genre d’ini­tia­tive est rare. À part chez East­West et Best Service, force est de consta­ter que lorsqu’on s’in­té­resse à autre chose que les sono­ri­tés de la musique occi­den­tale moderne, il faut aller piocher chez quan­tité de petits éditeurs pour trou­ver des instru­ments exotiques, quitte à y lais­ser beau­coup d’ar­gent à la fin.

World Suite est donc le bien­venu même si ce n’est pas à propre­ment parler un produit complè­te­ment inédit. Autre­fois déve­lop­peur du sampleur Mach­Five, UVI est égale­ment l’édi­teur qui se cachait derrière les instru­ments vendus par MOTU : Sympho­nic Instru­ment et Ethno Instru­ment. Et à présent que les deux socié­tés ne travaillent plus ensemble, que Mach­Five n’est plus main­tenu au profit de Falcon, les français en profitent donc pour sortir sous leur propre nom une version révi­sée des banques qu’ils avaient faites pour MOTU. Du neuf avec du vieux ? C’est en quelque sorte le prin­cipe, cette World Suite repre­nant pour l’es­sen­tiel les samples utili­sés par Ethno World, mais en les propo­sant dans de nouvelles inter­faces, avec de nouveaux scripts.

Si un petit tour du monde en vidéo vous dit, c’est ici que ça se passe :

Pour les autres, j’ai toute­fois prévu un peu de lectu­re…

Guide du routard

Pesant 28 Go sur le disque dur, la banque propose trois types de conte­nus : des instru­ments virtuels d’un côté, des boucles et phrases audio de l’autre, et 7 Trave­lers au milieu qui consistent en des arran­ge­ments de 6 boucles audio prêts à l’em­ploi. Les boucles et phra­sés sont orga­ni­sés par zones géogra­phiques puis par instru­ments, sachant que leur nom indique géné­ra­le­ment le tempo et la gamme sur laquelle elles reposent. Pour les instru­ments, deux types de navi­ga­tion sont offerts : soit par zones géogra­phiques (Asie, Afrique, Occi­dent, etc.) puis par types d’ins­tru­ments (cordes fret­tées, percus­sions, etc), soit par types d’ins­tru­ments toutes prove­nances confon­dues.

Quelle que soit la démarche dans laquelle on se trouve au moment de recou­rir à la banque, on parvient donc sans peine à s’orien­ter dans la masse de contenu, même si l’on aurait aimé dispo­ser égale­ment d’un clas­se­ment global par types d’ins­tru­ments pour les boucles comme c’est le cas pour les instru­ments. Petite bizar­re­rie de mon point de vue : en marge de deux Travel­lers dédiés, toutes les voix font l’objet d’un réper­toire spécial qui se divise en deux dossiers : Ambience Vocals, classé ensuite par cultures, et By Region, sous classé par zones.

Préci­sons que ce test a été réalisé sous Falcon, mais que la banque peut-être lue par l’UVI Works­ta­tion, le player gratuit d’UVI. Il n’y a donc pas de frais à prévoir en sus de l’achat de World Suite et vous pour­rez l’uti­li­ser sous Mac comme sous PC comme plug-in au format VST, AU et AAX, en 32 comme en 64 bits… La protec­tion se fait par le biais du système iLok en maté­riel (un dongle USB donc) ou en logi­ciel, sachant que vous pour­rez réali­ser 3 acti­va­tions au total, ce qui est plutôt confor­table.

Finis­sons cette présen­ta­tion d’en­semble avec les mensu­ra­tions commu­niquées par l’édi­teur : plus de 50 000 échan­tillons, 324 instru­ments et 8463 boucles ou phrases, pour un total de 42 Go compres­sés sans perte en 28 Go. Un beau bébé !

Embarque­ment immé­diat

Parce qu’un tour du monde complet avec descrip­tif de chaque étape serait aussi amusant que ces longues soirées diapos que vous assènent vos beaux parents chaque fois qu’ils ramènent 3000 photos de leur dernier séjour au Club Med, j’aime autant m’en tenir aux impres­sions de voyage globales, aux souve­nirs les plus marquants et aux anec­dotes. Commençons donc avec les souve­nirs visuels en parlant ergo­no­mie et inter­face.

edition

Tous les instru­ments partagent plus ou moins la même inter­face, avec dans la partie supé­rieure un beau visuel évoquant la région concer­née, un menu regrou­pant les diffé­rentes arti­cu­la­tions sur la droite (lorsqu’elles sont dispo­nibles) et un bandeau dans la partie basse permet­tant de confi­gu­rer le son de l’ins­tru­ment et la façon dont il réagit. Ce dernier s’or­ga­nise en panneaux qui sont pour deux d’entre eux toujours les mêmes (réverb à convo­lu­tion, EQ graphique 3 bandes) et qui, pour les 3 autres, changent en fonc­tion de l’ins­tru­ment choisi pour s’adap­ter à son usage. C’est ainsi que sur certains instru­ments, on dispose d’une enve­loppe ADSR quand d’autres proposent un doubleur, ou encore la possi­bi­lité de choi­sir entre legato ou poly­pho­nique, de régler le porta­mento, le vibrato ou le trémolo, le timbre ou le bruit des frets, etc. Bref, l’in­ter­face est à géomé­trie variable, ce qui n’em­pêche abso­lu­ment pas World Suite de rester très simple à utili­ser, grâce notam­ment à son parti pris pour un flat design très épuré et un manuel qui fait l’ef­fort de docu­men­ter chaque instru­ment. En anglais certes, mais ce souci du détail est appré­ciable quand beau­coup d’édi­teurs se contentent parfois d’une doc globale et d’une liste de patches.

traveller

En vis-à-vis des instru­ments indi­vi­duels, les Trave­lers partagent eux aussi une inter­face commune : là encore, la simpli­cité prime. Chacun des instru­ments dispose de sa tranche au sein d’un petit mixeur vous permet­tant de gérer le volume et le pan, complété d’un solo et d’un Mute. Cerise sur le gâteau, un bouton permet de géné­rer aléa­toi­re­ment de nouveaux arran­ge­ments. La fonc­tion est assu­ré­ment inté­res­sante, car elle est force de propo­si­tion et, même si les assem­blages réali­sés au hasard ne sont pas toujours convain­cants, elle n’en consti­tue pas moins un moyen très intui­tif et effi­cace de plon­ger dans la richesse de la banque. Hélas, deux détails viennent un peu gâcher cette excel­lente idée. La première, c’est que ces assem­blages sont rigides sur le plan harmo­nique : si vous avez un ensemble qui tourne en do majeur, vous pour­rez certes le trans­po­ser, mais sans jamais vous dépar­tir du mode majeur. En effet, c’est un bon vieux pitch shif­ting qui est utilisé pour la trans­po­si­tion et il ne s’em­bar­rasse pas de ce genre de détail. Quant au second problème, il tient aux limites de l’al­go­rithme lui-même, qui a vite fait de produire des arte­facts sur certaines boucles dès qu’on s’éloigne de la tona­lité de base.

Du coup, le bilan est mitigé concer­nant cet outil parti­cu­lier dont on sent bien qu’il pour­rait avoir un formi­dable poten­tiel s’il repo­sait sur des boucles MIDI pilo­tant les instru­ments plutôt que sur les boucles audio.

Every­body wants to loop the world

loops

Puisqu’on en parle, les boucles qui servent de matière première au Trave­ler forment un beau petit trésor qu’on ne se lassera pas d’ex­plo­rer, UVI ayant eu recours à quelques excel­lents musi­ciens pour nous propo­ser des patterns ou des phra­sés qu’il serait diffi­cile de program­mer en MIDI. De manière géné­rale, la qualité est là même si en plon­geant dans l’ar­bo­res­cence de la collec­tion, on regret­tera certains défauts. Le premier concerne l’or­ga­ni­sa­tion de certains instru­ments qu’on aurait aimé voir regrou­pés par morceaux : devoir trou­ver toutes les boucles qui corres­pondent à un même morceau est un peu labo­rieux, comme sur les guitares brési­liennes par exemple. La chose est d’au­tant plus regret­table lorsqu’on dispose au sein d’un même réper­toire d’en­re­gis­tre­ments qui ne provien­net à l’évi­dence pas de la même session. Sur les voix, on a ainsi côte à côte des phra­sés avec des ambiances de pièces marquées, puis des voix au son plus direct qu’on se gardera bien de mélan­ger dans un même morceau sous peine d’avoir des problèmes à faire un mixage cohé­rent. Enfin, on notera que certains instru­ments ou certaines cultures sont surre­pré­sen­tés quand d’autres ne le sont quasi pas : face aux réper­toires afri­cains et indiens qui regorgent d’ins­tru­ments, on s’éton­nera de voir la musique d’Aus­tra­lie se cantonne par exemple à la flûte, au digi­re­doo et à la guim­barde, tandis que le réper­toire occi­den­tal se résumé à de l’ac­cor­déon… de l’ac­cor­déon et… de l’ac­cor­déon.

Bien évidem­ment, il s’agit de ne pas juger ces dissy­mé­tries sans se soucier de ce qu’on trouve dans les instru­ments virtuels. Aussi allons-nous nous inté­res­ser à ces derniers, non sans vous avoir proposé quelques assem­blages de boucles réali­sés sans souci du mixage :

afri­ca­gui­tar
00:0000:19
  • afri­ca­gui­tar 00:19
  • celtic 00:16
  • easteu­ropa 00:09
  • sitar 00:19
  • orient 00:21
  • brazil 00:32

Nature et décou­vertes

flute

Là encore, il y a vrai­ment de quoi faire, et après quelques heures passées à jouer avec ces joujoux des quatre coins du monde, le senti­ment est globa­le­ment très posi­tif car UVI a su trou­ver dans l’en­semble un bon équi­libre entre simpli­cité d’uti­li­sa­tion et de program­ma­tion d’un côté, et réalisme de l’autre, entre propreté du sampling et carac­tère de l’ins­tru­ment. Les percus­sions sont bien sûr à la fête, sous quelque lati­tude qu’on soit, mais on trouve aussi quan­tité d’ins­tru­ments à cordes pincées ou frot­tées, et quan­tité de bois en tout genre. Les cuivres sont éton­nam­ment absents de ces sélec­tions, mais on se réjouit de mettre la main sur des guitares flamen­cos vrai­ment crédibles, avec tout ce qu’il faut comme compas pour évoluer dans le registre gitan, ou encore de beaux dulci­mers, des mando­lines avec le trémolo qui va bien, et violons qui, loin de la pureté des occur­rences sympho­niques qu’on trouve en nombre sur le marché, s’illus­trent parfai­te­ment dans les musiques de l’est ou le genre celtique.

Les fautes de goût sont rares, même si l’on regret­tera parfois les limites de certains instru­ments : pas ou peu de round robin, peu de couches de vélo­ci­tés, voilà qui limi­tera l’usage des pianos en solo, par exemple, même si dans un mix avec une program­ma­tion judi­cieuse, tout cela pourra faire l’af­faire. Bien humble­ment par rapport aux compo­si­teurs de talents qu’a l’ha­bi­tude d’em­ployer UVI pour compo­ser ses exemples audio, voici quelques extraits réali­sés sans trop de peine, et sans qu’au­cun trai­te­ment, à part une petite réverb par ci ou par là, ait été utilisé.

europe
00:0000:10
  • europe 00:10
  • flamenco 01:05
  • occi­den­tal 00:13
  • afri­ca­freeze 00:24
flamenco

Avouez que si l’on consi­dère que chaque instru­ment est vendu moins de 1 euro, ça fait plutôt la blague, non ? Évidem­ment, les guitares solo, par exemple, sont raides et loin de riva­li­ser celles qu’on trouve chez Acous­tic­Samples ou Efimov en termes d’ar­ti­cu­la­tions comme de réalisme, mais pour une banque géné­ra­liste, on aurait tort de crier au scan­dale, d’au­tant qu’on trouve dans cette World Suite des choses plutôt rares, même chez des petits éditeurs spécia­li­sés. Le bilan est donc large­ment posi­tif.

Conclu­sion

Avec World Suite, UVI propose une banque géné­reuse qui n’est évidem­ment pas sans défaut, mais qui permet, à rela­ti­ve­ment peu de frais en regard du contenu proposé, d’ajou­ter bien des couleurs à sa palette. Outre les Trave­lers qui promet­taient plus qu’ils ne tiennent en défi­ni­tive, mais n’en demeurent pas moins une voie inté­res­sante à pour­suivre, on notera ça et là quelques manques de cohé­rence sur le plan du son, de l’or­ga­ni­sa­tion des boucles, ou dans la repré­sen­ta­tion de certains instru­ments ou culture, trahis­sant un côté bric et broc inévi­table lors de ce genre d’exer­cice. Mais force est d’ad­mettre que ce qu’on nous propose ne manque pas ni de carac­tère et d’au­then­ti­cité, et qu’il y a de vraies réus­sites dans cette collec­tion, tandis que le rapport quan­tité/prix est excellent. Le pari est donc globa­le­ment réussi de sorte que World Suite est le genre de banque à avoir sur son disque dur pour répondre à une demande d’exo­tisme lorsqu’on est compo­si­teur sur commande, ou tout simple­ment pour explo­rer de nouveaux hori­zons musi­caux. Un très bon plan dans tous les cas.

On refait le patch : les tests vidéo d'Audiofanzine Voir tous les épisodes de "On refait le patch : les tests vidéo d'Audiofanzine"

Notre avis : 8/10

  • Que de contenu !
  • Rapport quantité/prix très accrocheur : moins de 1 euro l’instrument, avec près de 8500 boucles en prime !
  • Globalement, le son qui allie qualité et caractère
  • Quelques instruments très réussis
  • Un parfait couteau suisse lorsque le besoin d’exotisme se fait sentir
  • Le système de licence à trois postes
  • Les Travelers : une excellente idée…
  • … mais qui a ses limites
  • Déséquilibre dans la représentation de certains instruments ou certaines cultures
  • Manque de cohérence sur certains répertoires de boucles
  • Problèmes de repisse sur certaines boucles
  • Les instruments manquent souvent de Round Robin…

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