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Test du mini-ampli pour basse Blackstar Fly 3 Bass - L’étoile mystérieuse

8/10

Blackstar n’est pas un nouveau venu dans l’amplification, mais la marque fondée par des ex de chez Marshall est clairement orientée guitares, et jusqu'à présent s’était désintéressée totalement du marché des bassistes. Aussi, dès la parution de la news qui annonçait sa sortie, cet ampli semblait très intrigant : aborder le marché de l’ampli basse par la porte de l’ampli miniature, dans un monde habitué aux centaines de watts et aux baffles de plus d’un mètre de haut, est un pari étonnant. Un format microscopique pour un vrai son, la possibilité de jouer sur piles avec une autonomie correcte, le tout pour un tarif imbattable, ça semble presque trop beau pour être vrai. Il s’imposait de mener l’enquête.

Nous avons donc contacté Blacks­tar et reçu un exem­plaire de test. Il s’agit du « stereo set » avec l’am­pli lui-même et son baffle d‘ex­ten­sion, le tout dans un paquet à peine plus gros qu’une boite à chaus­sures. Malgré les dimen­sions propre­ment ridi­cules, l’am­pli propose un bon nombre de réglages. Faisons un peu le tour de l’en­gin !

 

I’m a blacks­tar

Ce n’est pas un ampli signa­ture David Bowie, mais il offre lui aussi un look travaillé (quoi que tout en plas­tique) pour un son ambi­tieux, jugez-en plutôt :

  • Blackstar Amplification Fly 3 Bass : 2.JPG
    l’am­pli lui-même est à peine plus grand que deux pédales Boss posées l’une sur l’autre, pour un poids de 860 g piles comprises sur ma balance de cuisine (et 602 g pour la deuxième enceinte)
  • une entrée instru­ment (jack mono 6,35 mm), une entrée ligne stéréo (jack 3,5 mm) pour votre lecteur mp3 ou la sortie de votre ordi­na­teur, une sortie casque (jack stéréo 3,5 mm) pour ne pas faire de bruit dans les situa­tions où même 3 watts sont de trop
  • un gain et un volume pour équi­li­brer le son global
  • une égali­sa­tion spar­tiate, mais effi­cace, sous la forme d’un potard « EQ depth » qui creuse plus ou moins les médiums
  • un compres­seur mini­ma­liste (le réglage proposé s’in­ti­tule Ratio, ce qui signi­fie donc que thre­shold, attack et release sont soit fixes, soit auto­ma­tiques)
  • un bouton « sub » qui ajoute des infra­basse, et qui ressemble fort à un octa­ver déguisé
  • un bouton « OD » permet­tant de passer d’un son clean à un son saturé
Blackstar Amplification Fly 3 Bass : 5.JPG

L’am­pli peut fonc­tion­ner sur piles (des AA au nombre de 6) ou sur secteur. Le modèle que nous avons reçu compor­tait déjà des piles, mais l’adap­ta­teur secteur de type « bloc secteur externe » était incom­plet, nous avons eu la partie transfo + câble à connec­ter à l’am­pli, mais il nous manque le câble entre le transfo et le secteur. Qu’à cela ne tienne, nous avons donc réalisé l’en­semble du test sur piles, ce qui prouve qu’on peut donc a minima jouer quelques heures avec l’en­gin sans aucune perte de qualité sonore. Pour une utili­sa­tion complè­te­ment nomade, on pour­rait regret­ter le choix des piles plutôt qu’une batte­rie rechar­geable, mais même si les prix des batte­ries se sont démo­cra­ti­sés, cela aurait tout de même gonflé le prix de l’en­gin. À défaut, pensez aux piles rechar­geables, qui sont d’ailleurs recom­man­dées par Blacks­tar dans le manuel.

Le baffle d’ex­ten­sion est du même format que l’am­pli prin­ci­pal, il est muni au dos d’un câble type « prise télé­pho­nique RJ 11 » non amovible et qui s’en­roule pour le range­ment (pratique pour ne pas perdre ce câble, on peut toujours trou­ver un jack/jack de secours dans l’ar­se­nal d’un musi­cien nomade, mais plus rare­ment un câble de télé­phone), et se connecte au dos de l’am­pli prin­ci­pal sur une prise dédiée. Le câble fait envi­ron 1 mètre de long, ce qui permet de posi­tion­ner les deux enceintes dans une config stéréo à peu près correcte par exemple en cas d’uti­li­sa­tion sur un bureau, ou bien sous la forme d’un mini stack prêt pour des scènes réduites au maxi­mum à la manière de Spinal Tap…

 

High­way star

Blackstar Amplification Fly 3 Bass : 3.JPG

Ampli à peine déballé, consta­tant que les piles sont présentes, je saisis une basse, un jack et je branche. Histoire d’at­taquer douce­ment, je commence avec une clas­sique PB passive avec des cordes en filets plats. Le son obtenu est à la fois impres­sion­nant et déce­vant, je m’ex­plique : on a un vrai son de basse, pas un coui­ne­ment inuti­li­sable, mais en revanche le spectre resti­tué est clai­re­ment tronqué dans le registre grave, ce qui est logique compte tenu du format du HP et du cais­son.

Comme un extrait sonore vaut tous les discours, voici un premier extrait. Je joue la PB, tona­lité ouverte, aux doigts et au média­tor, en attaquant fran­che­ment pour voir ce qu’il a dans le ventre. L’éga­li­sa­tion sur l’am­pli est à 0, soit le réglage le plus neutre.

 

 

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Je trouve le son tout à fait honnête et utili­sable, il manque le souffle et l’im­pact d’un vrai ampli (on entend le son, mais on ne le ressent pas, il n’y a pas de pres­sion sonore), mais c’est utili­sable et homo­gène du très faible niveau sonore, jusqu’à un niveau non négli­geable et pas du tout utili­sable en appar­te­ment avec une famille et des voisins. Bien sûr, oubliez tout de suite l’uti­li­sa­tion avec un batteur, mais en accom­pa­gne­ment d’un guita­riste acous­tique, avec éven­tuel­le­ment un cajon pour votre copain percus­sion­niste, ça doit pouvoir faire la blague.

Blackstar Amplification Fly 3 Bass : 4.JPG

Appâté par les possi­bi­li­tés du microam­pli, je sors une 5 cordes active pour voir ce qu’il a au fond des tripes. Le potard de gain possède une large plage de réglage qui permet au Fly 3 Bass de s’ac­com­mo­der sans souci du niveau de sortie consé­quent de mon Ibanez SRX705 dont le préam­pli fonc­tionne en 18 volts. Sur le deuxième extrait sonore on peut entendre le rendu de l’am­pli jusqu’à la corde de Si, qui reste iden­tique au rendu sur 4 cordes, on retrouve le même manque de « vrais » graves, mais aussi le même rendu tout à fait utili­sable. Notons que le manque de graves a tendance à masquer un peu la person­na­lité de la basse bran­chée dans l’am­pli, et à l’écoute des deux premiers extraits on trouve une parenté sonore entre les deux basses qui existe beau­coup moins quand on les branche dans un gros stack (la SRX sonnant d’ha­bi­tude beau­coup plus moderne qu’une PB).

 

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Tâtons main­te­nant un peu des options propo­sées. La première est un canal d’over­drive, que l’on enclenche avec un petit pous­soir inti­tulé « OD ». Le taux de satu­ra­tion dépend de la posi­tion du poten­tio­mètre de Gain, allant d’un résul­tat à peine coloré (gain au plus bas) à une satu­ra­tion un peu trop extrême, voire désa­gréable (poten­tio­mètre à fond). La plage de réglage la plus utili­sable est avec le poten­tio­mètre de gain entre les posi­tions 09h et 14h, avec un son saturé, mais qui reste distinct (troi­sième extrait sonore, gain à 11h18). Notons que le son saturé ne souffre pas du tradi­tion­nel manque de graves qu’on observe quand on joue de la basse satu­rée, puisque les graves en ques­tion sont déjà quelque peu absents du son clair …

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Deuxième réglage, l’éga­li­sa­tion. Il s’agit d’un filtre agis­sant sur les médiums avec un creux centré sur 400 Hz dont on règle la profon­deur, Blacks­tar ne préci­sant pas l’am­pli­tude maxi­male atteinte en bout de course. En revanche, le manuel indique qu’un boost de graves est appliqué simul­ta­né­ment au creux dans les médiums, le rendu sonore de l’en­semble rappe­lant forte­ment le « shape » ou pré-réglage d’éga­li­sa­tion qu’on retrouve sur bon nombre d’am­plis basse, et destiné tradi­tion­nel­le­ment à amélio­rer le rendu en slap. Dans le quatrième extrait sonore j’illustre la course progres­sive de ce « shape » sur un plan plutôt centré dans les aigus, où l’ef­fet se fait le mieux sentir.

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En parlant de slap juste­ment, les amateurs de tech­niques percus­sives seront ravis de consta­ter la présence d’un compres­seur qui régu­lera sans peine les pics les plus forts de vos tapés / tirés. Le réglage proposé est le ratio, et j’ai été un peu déçu par ce compres­seur car la courbe de réglage est très rapide. Dès 9 à 10h le ratio est suffi­sant pour régu­ler un slap endia­blé ou un jeu au média­tor éner­gique, et passé 11h la dyna­mique dispa­rait, proté­geant effec­ti­ve­ment les tout petits HP des plus gros pics sonores, mais au prix de l’ex­pres­si­vité du jeu. Ne recu­lant devant aucun sacri­fice, je vous grati­fie dans le cinquième extrait sonore d’une piètre tenta­tive de slap, avec le compres­seur à 10h (égali­sa­tion à zéro).

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Quitte à n’avoir qu’un seul réglage, j’au­rais préféré un compres­seur avec un ratio fixe (par exemple quelque chose de raison­nable aux alen­tours de 4 :1) et pouvoir régler le thre­shold, ce qui aurait proba­ble­ment donné un compres­seur plus subtil avec une plus large plage de réglage. Notons tout de même que je suis toujours avec ma 5 cordes à fort niveau de sortie, sur la PB passive en filets plats le compres­seur est moins cari­ca­tu­ral (mais le son en slap est horrible).

Enfin le Blacks­tar propose un réglage dit « sub » qui ajoute des infra­graves (en gros, il s’agit d’un octa­ver). Je vous avoue mon scep­ti­cisme sur le bien-fondé de la chose compte tenu du son de base de l’am­pli et son manque total de « vrais » graves. L’oc­ta­ver n’a un effet audible qu’en fin de course, et un rendu qui semble utili­sable unique­ment en tant que vrai octa­ver, c’est-à-dire pour doubler une ligne jouée dans les aigus. Je vous mets un extrait sonore pour la forme (octa­ver à 0 puis réglé vers 15h), mais le rendu en tant que « gonfleur de graves » me laisse un peu dubi­ta­tif.

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À Star Is Born

Blackstar Amplification Fly 3 Bass : 7.JPG

Faisons main­te­nant le bilan de cette Étoile Noire d’un nouveau genre. Le son n’est clai­re­ment pas au niveau des « petits amplis » propo­sés par des construc­teurs d’am­plis basse clas­siques (le Micro­Mark ou les Phil Jones Brief­case me viennent en tête), mais le cahier des charges, les dimen­sions en poids/volume et le prix n’ont abso­lu­ment rien à voir.

En revanche, le son n’a rien à envier à nombre de petits amplis dits de « débu­tants » ou « de chambre » dans les 20 à 30 watts avec au mieux un HP de 6’ tout aussi peu fidèle à un vrai son de basse. Avec un prix de 75€, soit deux à trois fois moindre que ces petits amplis domes­tiques, et un encom­bre­ment déri­soire, le Fly Bass tire son épingle du jeu sans aucun souci. Le couple gain/volume encaisse pas mal de profils de basses, de la passive tradi­tion­nelle à la 5 cordes active. La config stéréo me semble la plus abou­tie, tant du côté du rendu du son de basse que de la resti­tu­tion de la stéréo quand on y branche son bala­deur mp3 favori pour jouer sur un fond sonore.

Les bonus complé­men­taires propo­sés par l’am­pli sont de qualité inégale : le son saturé est utili­sable, mais pas indis­pen­sable (une pédale d’over­drive dédiée à la basse, même la plus cheap possible, fera mieux). Le compres­seur est très effi­cace, voire même un peu trop à mon goût, mais c’est un avis person­nel. L’éga­li­sa­tion est une vraie réus­site, simplis­sime d’em­ploi et colo­rant le son immé­dia­te­ment, elle est utili­sable sur tout le spectre en fonc­tion des goûts et du rendu souhaité. L’oc­ta­ver est à mon avis hors sujet, ce petit ampli étant par nature limité dans sa resti­tu­tion des graves. J’au­rais préféré un ampli qui aille au bout de l’exer­cice et encore plus simpliste (pourquoi pas sans l’over­drive et l’oc­ta­ver), mais avec par exemple un compres­seur qui donne le réglage du thre­shold en plus du ratio, ou une égali­sa­tion sous forme de médiums para­mé­triques qui donnent accès à la fréquence en plus du gain.

Au final on a un ampli qui remplit fière­ment son cahier des charges : rendre possible le jeu à la basse élec­trique avec un son crédible et utili­sable à défaut d’être trans­cen­dant, sur secteur ou bien auto­nome sur piles (prévoyez des piles rechar­geables si vous répé­tez souvent l’exer­cice), avec un ampli dont la taille et le poids ridi­cules rendent possible le noma­disme le plus total. Que ce soit pour travailler à la maison, partir en vacances, impro­vi­ser un jam avec un guita­riste acous­tique (ou élec­trique équipé avec le cousin pour guitare) voire monter une confi­gu­ra­tion mobile à très faible volume pour jouer dans la rue ou le métro, cet ampli apporte une réponse au problème inhé­rent aux instru­ments élec­triques, la dépen­dance à l’am­pli­fi­ca­tion.

Notre avis : 8/10

  • un vrai son de basse dans l’ampli le plus petit que j’ai jamais vu
  • bonne plage de réglage du gain et de l’égalisation, s’adaptant à pas mal de basses.
  • un rapport poids/volume sonore/prix ahurissant
  • le compresseur un peu caricatural
  • octaver et overdrive dispensables

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