Inaugurant un format intermédiaire situé entre la mixette 10’’ et la table club 19’’, la DJM de Pioneer a inspîré plus d'un concurrent, dont Gemini qui nous propose aujourd’hui sa CS02. Voyons ce que la belle a dans le ventre…
Inaugurant un format intermédiaire situé entre la mixette 10’’ et la table club 19’’, la DJM de Pioneer a inspîré plus d’un concurrent, dont Gemini qui nous propose aujourd’hui sa CS02. Voyons ce que la belle a dans le ventre…
Aspect et finition
Dès l’ouverture de la boite, bonne surprise, la table est livrée avec kit de mise en rack 12,5”, un point assez rare pour être souligné. Mais attention ce petit plus doit dépendre des pays, car dans la documentation multilingue, la mention du kit n’est pas présente dans toutes les langues. Le conditionnement est soigné et le câble d’alimentation fournie. D’un poids de 5,5 kg, avec des mensurations de 31,8 × 10,7×35,6 Cm (bien inférieur au 90×60×90 de vos rêves), on peut qualifier l’ensemble d’homogène.
Détail important, la finition : pas d’arrête coupante, et même la bordure avant, meurtrière pour nos t-shirts ‘logoïfiés’ de DJ, arbore un arrondi sécuritaire. Autre action testée dès l’ouverture de la boite : la résistance à l’extraction des contrôleurs, les utilisateurs de DJM me comprendront ! Combien se sont retrouvés à quatre pattes sous les platines pour retrouver le bouton plastique du fader qui avait sauté en plein mix ? Ici pas de problème, c’est solide.
La CS02 se démarque de la concurrence, car pour un format équivalent, ce n’est pas 4 voies, mais 5 que vous avez à disposition. Ajouter à cela la voie micro et une entrée auxiliaire, et c’est au total 14 sources sonores que vous allez pouvoir brancher. La structure est assez homogène, on repère de suite les contrôleurs de son, d’EQ, d’effets et de sorties. Chaque voie/source est assignable au multieffet, sauf pour l’entrée auxiliaire. Ce dernier reprend le standard du bouton on/off avec des contrôleurs de paramètres visibles sur un écran – qui rappel nos premières calculatrices du collège, mais en version fun – et surplombé par les fonctions tempo (synchro/tap).
Pour nos lecteurs déficients visuels, la table est noire, et entre les fonctionnalités et la couleur, vous aurez du mal à la différencier des modèles concurrents en magasin. Il vous faudra regarder l’étiquette tarifaire, car elle est bien là la divergence entre ces maques. Mais généralement, ces différences sont provoquées par la qualité de finition ou des composants utilisés influant sur la qualité sonore du produit. Mais analysons la surface de travail pour vérifier la qualité de la finition…
Faders et potentiomètres
En ce qui concerne les faders et le crossfader, Gemini n’est pas vraiment connu pour utiliser du Penny ou de l’Infinium, et là, ça se confirme. Il vous faudra sûrement quelques heures de rodage pour que cela glisse aisément et ce n’est pas à négliger en termes d’usure. Mais Gemini est une assez grande marque, donc pas de problème pour retrouver des pièces dans le futur. Notez que cet ensemble est monté sur une plaque vissée, ainsi pas besoin de défaire toute la carrosserie de la table pour changer ces pièces.
Juste au-dessus la zone assignation au crossfader, on retrouve pré-écoute, multi-effets, crossfader, sur 3 lignes de boutons. Vous pouvez déterminer les propriétés d’assignation de chaque voie.
En ligne directe avec cette zone d’assignation et les faders on a, par voie, les EQ et Gains. Le touché des potentiomètres est, certes plastique, mais très ergonomique. Ces derniers sont noirs, sur fond noir. Et l’on regrette que l’idée de Mackie, avec la D2, qui éclaire les potentiomètres, ne soit pas reprise par les autres constructeurs. Il y a aussi un cran au milieu des potentiomètres d’EQ pour déterminer le point de 0dB, ce qui est très pratique dans les cabines de DJ sombres. Les coupures basses médium aigu sont sévèrement efficaces. Par contre, le Vumètre à 5 LEDs est un peut court et je préfère personnellement avoir de l’ampleur sur ces indicateurs c’est toujours bien pratique pour être certain que le PFL (écoute au casque) est bien calé avec la salle et qu’il n’y a pas de décalage entre le son de la cabine et le son en salle.
Qui est in, qui est out
Juste au-dessus et associé à l’EQ, les sélecteurs rotatifs de source sont présents à une place qui devient conventionnelle. La CS02 peut absorber 3 micros, 10 entrées Line et 3 Phonos, sans oublier l’entrée auxiliaire se trouvant en façade (en haut à droite), très pratique pour brancher un composant nomade, comme un lecteur mp3 par exemple. Notons que la position des Phonos est assez atypique. En effet, les voies concernées pour le mix sur vinyle sont la 1, la 3 et la 5, il n’y a donc pas de voies contiguës. Cela surprend au début et on associe ce point à l’envie du constructeur de donner de l’aisance et de la place sur la surface de travail. On aurait préféré les voies 2, 4 et 5, ainsi on aurait eu le choix.
À gauche de la table est placée une voie micro avec la fonction talk-over qui permet de faire baisser le volume de la musique dès que vous parlez dans le micro. Vous pouvez aussi assigner des effets au micro pour des WIIIIIZZZZZ très disco ! Il est possible de brancher en façade un micro en prise XLR ou Jack.
Sous cette voie micro, se trouvent les contrôleurs pour l’écoute au casque : volume, balance salle/pré-écoute…le standard est présent. Attention de ne pas oublier votre adaptateur ‘gros jack 6,35’, car il n’y a pas de deuxième entrée casque en jack 3,5 disponible. Isolé sous cette entrée, on trouve un sélecteur 2 positions pour définir la courbe du crossfader. Un peu léger en matière de personnalisation, on aurait préféré un contrôleur rotatif. Je n’aborde pas le sujet de la définition des courses de fader, car cette fonctionnalité, bien que régulièrement trouvée sur les modèles actuels, n’est pas présente ici.
Le petit ‘plus’ Gemini
Sur le haut de la table se trouve à mon sens, la fonctionnalité qui apporte un vrai plus par rapport à ses concurrentes : une sortie zone avec un sélecteur de source. Il vous est possible de sonoriser un autre espace (chill-out, bar ou même toilette disco) avec une musique différente que celle qui passe en salle. Avec cette fonctionnalité, on comprend mieux la présence de la 5e voie disponible. Mais l’usage peut en être détourné : imaginez que vous ne vouliez qu’enregistrer un instrument s’étant branché sur une entrée Line ou micro. Et bien là c’est possible en mettant un enregistreur sur la sortie zone disponible à l’arrière de la machine.
Autre usage : tout simplement une sortie supplémentaire étant donné que la sortie ‘Master’ peut aussi être routée vers cette sortie. Le seul point négatif est que la sortie zone est pré-fader et donc que toute action sur le fader de la voie sélectionnée n’aura aucun effet. En revanche, l’EQ marchera. Accompagnant le sélecteur de zone, on trouve l’entrée auxiliaire et une sortie enregistrement très pratique et présente en façade, cela évite de se contorsionner pour brancher sont enregistreur minidisque ou un ministudio portable comme le Ikey+ de la même marque.
Juste à côté, se trouve le VU mètre général, représentant uniquement la sortie principale, accompagnée de la balance et des réglages de volume des sorties master et booth.
Le ‘gadget’ pour la fin : le multieffet. Voici de haut en bas les éléments présents:
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Un bouton de détection du BPM (battement par minute) automatique ou manuel (tap tempo)
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Un sélecteur de ratio tempo/effet, permettant de multiplier ou diviser l’effet sélectionné en fonction du BPM déterminé.
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Un écran affichant, soit le BPM, soit l’effet sélectionné.
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5 boutons de mémoire d’effet.
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Un sélecteur d’effet, bouton sans fin tournant sur 360 °, agrégeant 25 effets (Delay, Echo, Mute, Pass, Auto Pan, Trance (Transform), Phaser, Laser, Flanger 1, Flanger 2, Pitch, Pitch Reb, Low Pass Filter, High Pass Filter, Band Pass Filter, Band Stop Filter, Low Pass LFO, High Pass LFO, Override LFO, Tremolo, Vibe, Vocoder, Decimator, Tremor Pan) et modifiable via un fader linéaire de 30mm. Ces deux contrôleurs sont accompagnés d’un bouton DRY/WET permettant de déterminer la part d’effet présente dans le son.
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Et enfin le bouton de lancement d’effet activant ou non tous les paramètres définis sur le son diffusé en salle.
Avec autant de sources sélectionnables en façade, il est logique de retrouver l’équivalent sur la face arrière. Voyez l’ampleur du nombre d’éléments connectables : 10 Line, 3 PHONOS (sélecteur Line/phono associé) au format RCA et 2 micros au format Jack. On est loin de la mixette 2 voies/4 entrées. On regrette la position des sélecteurs Line/Phono et des prises de masse, situés sous les RCA et donc inaccessibles sans torsion lombaire. On a rarement vu autant de sorties sur une table Gemini : 2 sorties master (1 RCA et 1 XLR), 1 sortie Booth, la sortie Zone et une sortie record, en supplément de celle présente en façade. Les sorties master sont accompagnées d’un sélecteur d’atténuation à 3 positons (OFF, –10dB, –20dB) permettant de ménager vos amplificateurs ou enceintes suivant leur puissance ou définition.
Plug it, baby !
Vérifions maintenant le comportement de la CS02 sous tension. Très simple d’utilisation, la table est très rapidement dominée. Elle répond pleinement à ses caractéristiques, la préécoute est puissante et les EQ sont les plus ergonomiques mises en œuvre par Gemini actuellement. Quelques surprises sont à noter tout de même du côté des effets : pour commencer, le bouton DRY/WET a un effet de bord lorsqu’aucun effet n’est activé ou assignation sélectionnée. En effet (c’est le cas de le dire), si l’on actionne ce bouton sans FX, le son du master augmente de 2dB et c’est très gênant surtout si l’on n’a pas remis le bouton en positon dry à la fin d’un effet : on a constamment des variations de niveau sonore très perturbatrices.
Ensuite, les mémoires sont certes très pratiques et simples d’utilisation, mais dès que la table est éteinte ces enregistrements d’effet censés faire crier le dancefloor disparaissent. Ceci est d’autant plus problématique que le BPM et la piste associée sont aussi stockés dans cette mémoire volatile.
Autre point améliorable est la taille du fader linéaire. À cause de son format, il est difficile de l’actionner rapidement ou en rythme (comme en scratch). Pour continuer, aucun effet n’est assignable sur le master et il est impossible d’assigner plusieurs voies… Il vous faudra faire des choix ! Le dernier point qui est aussi décevant, c’est le bouton de BPM qui clignote sans arrêt : crise d’épilepsie assurée sur des sets de longue durée…
Conclusion
Au tarif de 399 euros, la CS02 pro est une table conviviale où chacun prendra plaisir à mixer chez soi. Son nombre d’entrées et de sorties est un atout non contestable. En revanche, au niveau du multieffet on est loin des leaders du segment aussi bien en terme de qualité de son que d’ergonomie. La sortie Zone et son sélecteur sont des bonnes idées qu’on aimerait voir se répandre.