Pouvoir mixer des mp3 sans ordinateur ? C’est ce que propose la U2 Station mk2 de DJ-Tech, qui fait l’objet du test d’aujourd’hui...
DJ-Tech est une société dont l’objectif consiste à proposer des produits accessibles à tous, et leur slogan en témoigne : « not only for DJ ». Nous sommes donc sur des produits plutôt ludiques et adaptés au plus grand nombre : des DJ en herbe aux DJ un peu plus expérimentés.
Le U2 Station MK2 est la deuxième version du boîtier U2 Station de DJ-Tech. Le concept de cette petite table sympathique est de proposer un mixer de fichiers numériques (mp3 en l’occurrence) totalement autonome qui n’a besoin d’aucun ordinateur pour fonctionner, et ceci à un prix raisonnable : 350 € environ.
Cette table de 36 cm sur 24 cm est d’une finition nacrée noire assez réussie, ça brille à l’ouverture du carton, on se voit presque dedans, mais attention aux traces de doigts ! Les potards et boutons sont de qualité variable, les faders et boutons égaliseurs accrochent un peu, par contre le reste des boutons rétro-éclairés sont réactifs et très agréables au toucher.
Dans le carton nous trouvons aussi un CD avec le logiciel Audio Cleaning (SE) de Magix. Ce logiciel ne s’installe que sur PC (pas de version MAC) et sur les OS suivant : 2000, XP et Vista (non compatible Seven). En effet, la version livrée dans la boîte est une Audio Cleaning 9.02, alors que la dernière version de ce logiciel est la 16.00. Je trouve ça un peu étrange de mettre une version aussi ancienne, mais il est vrai que cela suffira largement pour transformer vos CD en MP3 (objectif principal du bundle). Cela dit, le support Magix a été très réactif et ils m’ont offert la version 16 gratuitement qui s’est installée sans difficulté sous Seven. Ce logiciel vous permettra aussi d’importer toutes vos sources analogiques (vinyles, cassettes…), de les nettoyer (bruit, souffle…), puis de les convertir en mp3 afin d’être directement utilisables sur votre U2 Station. Le boîtier est d’ailleurs équipé d’une carte son interne USB qui vous permettra de raccorder tous vos vieux équipements analogiques à votre ordinateur.
Les sources
Pour chaque voie, 4 entrées sont possibles :
– Une entrée ligne et une entrée Phono (on passe de l’une à l’autre grâce à un petit interrupteur situé sur la face arrière du U2 Station). C’est une excellente chose de pouvoir brancher des sources analogiques sur cette table d’approche plutôt numérique. Attention cependant, toutes les fonctions ne seront pas disponibles, notamment le calcul du BPM (Battement par Minute) qui ne fonctionne qu’avec les fichiers numériques.
– Les deux ports USB A et B qui sont situés sur le haut de la face principale. Notons que vous n’avons en aucun cas besoin de brancher 2 périphériques USB pour commencer à mixer, un seul vous suffira et vous pourrez utiliser l’ensemble des morceaux qu’il contient de manière complètement dissociée sur les deux lecteurs.
Vos disques et clés USB devront préalablement être formatés avec le système de fichier FAT 16 ou 32, seul format reconnu aujourd’hui sur ce produit DJ-Tech. On aurait pu s’attendre à une connectique Apple pour iPhone/iPod que l’on retrouve sur d’autres produits DJ-Tech, mais il n’en est rien. Vous l’avez donc compris, cette table vous propose deux lecteurs MP3 répartis sur la gauche et la droite de la surface. C’est le cœur de cette U2 Station.
Bloody Sunday pour mes mp4 !
Le gros intérêt de cette table, c’est l’autonomie totale grâce à la connexion de disques durs ou clés USB d’une capacité pouvant aller jusqu’à 250 Go. Mais attention, il existe une limitation importante : seuls les fichiers MP3 sont lisibles sur cette mixette. Certes, toute la panoplie des fichiers mp3 de 32 à 320 kb/s en débit fixe ou variable (VBR) est compatible, mais d’autres formats manquent à l’appel : AAC (.m4a), OGG, WAV, etc. Les fichiers au mauvais format seront ignorés lors du défilement, ils ne gêneront donc pas votre recherche.
Cherche Brutus cherche !
Un premier bouton « Folder » vous permet d’accéder aux différents niveaux de dossier de votre périphérique USB : le nom du dossier en cours s’affiche sur l’écran LCD, tous les dossiers et sous-dossiers sont mis « à plat » et vous les sélectionnez un par un dans l’ordre alphabétique, 999 dossiers sont possibles au maximum.
Un deuxième bouton « Track » vous permet de parcourir l’ensemble des fichiers du dossier en question, le nom du fichier apparaît en premier à l’écran (sur 10 caractères) avec un défilement automatique pour afficher la suite. En cliquant sur ce même bouton « Track » nous faisons apparaître les informations des ID3 Tags : Titre de la chanson, Nom de l’artiste, Genre, Qualité de l’encodage (Bitrate).
Avec un peu d’organisation sur le support USB, l’utilisation avec un nombre important de fichiers ne sera pas forcément fastidieuse, mais comme pour les dossiers, un maximum de 999 fichiers est possible par dossier. Vous avez donc de quoi faire, mais si vous pensiez mettre vos 10 000 morceaux en vrac sur la clé, cela ne fonctionnera pas ! Cela dit, un peu de rangement ne pourra pas nuire à votre prestation ! Ceux qui ont déjà cherché pendant des minutes interminables (dans des caisses de CD remplies à ras bord et mal rangées) le fameux morceau qui mettra enfin le feu au dancefloor me comprendront !
On envoie la sauce
Concernant les boutons, que du très standard, mais heureusement qu’ils sont là :
– Un bouton Play/Pause et un bouton Cue qui permet de revenir instantanément à un marqueur que vous aurez positionné dans le morceau.
– De quoi faire des boucles : un bouton IN et un bouton OUT pour fixer le début et la fin. Le bouton IN permet de fixer en même temps le marqueur pour le point Cue.
– Le réglage du Pitch (vitesse de lecture du morceau) avec de multiples moyens qui vous sont offerts pour l’ajuster : à l’aide d’un potard pour régler le tempo global, à l’aide de touches « + » et « - » pour accélérer ou ralentir temporairement le morceau afin de le caler sur le morceau voisin, et enfin grâce au Jog (voir la section ci-dessous).
On appuie sur Play et le son balance immédiatement. Première impression, le son est chaleureux, rond et dynamique : la qualité est au rendez-vous.
Un peu moins standard sur cette gamme de produits :
– Un bouton « Reloop » permet de revenir instantanément au point Cue en lançant la lecture : une sorte de raccourci qui évite le Cue + Play et la coupure associée : plutôt bien vu.
– Un compteur de BPM qui affiche les Battements Par Minute sur l’écran LCD, par défaut le BPM se calcule automatiquement, mais vous pouvez le désactiver en utilisant la touche « TAP » : TAPotez du bout du doigt et le BPM s’affiche : magique ! Surtout utile pour les morceaux aux rythmes tortueux.
– Un petit bouton « % » vous permet de régler l’amplitude de réglage du pitch (4%, 8%, 16%). Le site internet de DJ-Tech indique qu’il est possible d’aller jusqu’à 24 %, mais il n’en est rien : 16% et pis c’est tout ! Ceci dit, c’est largement suffisant.
Le calcul de BPM est étonnant, parfois très performant (autour de 3 secondes) et parfois très lent (jusqu’à 25 secondes), tout dépend de la complexité du morceau. La précision, quant à elle, est passable, mais tout de même pas du niveau d’une table professionnelle. Cela dit c’est gênant, mais pas forcément dramatique, car le BPM est juste une indication pour le DJ et ne commande aucune fonction asservie (effets, synchronisation automatique des morceaux, etc.)
– Un bouton Tempo Lock permet de maintenir la tonalité du morceau lors de variation du pitch : cela évite que Tom Jones accéléré à +16% ne se retrouve avec la voix de Vanessa Paradis…
Pour un produit qui se veut très facile d’accès (presque pour toute la famille), il manque une fonction de synchronisation automatique du BPM et des Beats des deux morceaux, en effet un DJ professionnel qui a une oreille aguerrie, arrivera sans problème à caler les morceaux entre eux (mais il est peu probable qu’il achète cette table), par contre pour un DJ débutant, c’est de loin une des opérations les plus dures à réaliser et cette fonction va lui manquer au risque de le décourager… L’avantage, me direz-vous, c’est que cela pousse à persévérer et à progresser. Toutes ces fonctions automatiques n’existaient pas il y a dix ans et cela nous forçait à nous faire l’oreille et il est vrai qu’on foirait un petit calage de temps en temps. Mais c’est ça le goût du terroir…
Les voies
On retrouve tout le nécessaire pour mixer :
- Faders avec vumètre 5 LEDs de –10dB à +6 dB
- Égaliseur 3 bandes avec fonctions « kill » : en cliquant dessus ou en tournant un des trois potards à fond à gauche vous n’entendrez plus du tout la bande de fréquence concernée.
- Bouton de réglage du gain
- Un bouton global permettant de régler le volume de sortie
- Un cross fader permettant de passer de la voie de gauche à celle de droite.
Arrêtons-nous un instant sur ce crossfader. Cette table qui n’a pas vraiment d’ambitions professionnelles dispose quand même de deux fonctionnalités remarquables dans cette gamme de prix : le réglage de la courbe du crossfader (permet de choisir la rapidité de la transition : de très linéaire à quasiment on/off) et le démarrage automatique des voies sur déclenchement du crossfader (dès que celui-ci arrive en butée à droite il arrête la voie de gauche et vice et versa), plus besoin donc d’appuyer sur le bouton play. Je sais, c’est un truc de paresseux !
Le JOG XXL
Cette molette est agréable au toucher et assez réactive dans toutes les fonctions qu’elle pilote. On lui reprochera juste d’être un peu trop légère pour simuler l’inertie du plateau d’une platine vinyle. Cela dit, on ne peut pas gagner sur tous les tableaux : cette table ne fait que 2 kg.
Ce JOG peut être utilisé de 4 façons différentes :
– Mode normal : en cours de lecture, il permet de régler le pitch entre –100 et +100% de façon temporaire pour caler les morceaux. Si le morceau est en pause, le jog vous permettra une recherche précise au 1/75ème de seconde afin de caler vos boucles ou points Cue.
- Mode recherche : il suffit, pour activer ce mode, d’appuyer sur le bouton « Search » qui s’allumera en conséquence. Ce mode permet de faire dérouler le morceau très rapidement, un tour de jog vous fera reculer ou avancer de 10 secondes environ.
- Mode FX : permet de régler les paramètres des 3 effets écho / flanger / filter. Le bouton « FX » s’allume dès que ce mode est activé.
- Mode VINYL : il suffit, pour activer ce mode, d’appuyer sur le bouton « Vinyl » qui s’allumera en conséquence. Cette fonction est une excellente surprise, le « Scratch » marche vraiment bien, la simulation est excellente, précise et réactive. Évidemment, cela ne remplacera pas vos SL 1200, mais pour une fois c’est réellement utilisable, les adeptes du scratch auront de quoi jouer.
Les effets
Mine de rien, on retrouve 3 effets paramétrables de qualité plus que correcte : Echo, Flanger et Filter. Le tout est réglable grâce au fameux Jog XXL, chaque effet est activable grâce à son bouton associé situé juste au-dessus du Jog. Ces boutons s’allument pour indiquer l’activation. En laissant appuyer longtemps le bouton d’un des effets, vous pourrez régler la valeur par défaut du paramètre.
Configuration avancée
La doc indique la possibilité de mettre le firmware à jour, mais aucun firmware n’est dispo sur le site (peut-être que cette possibilité est ouverte uniquement pour le support DJ-Tech en cas de problème), cela dit c’est fréquent sur ce type de produit. Notre U2 Station affiche une V04.02.
Un menu avancé « Setup » est accessible à partir des panneaux LCD, voici en vrac les paramétrages auxquels vous aurez accès : Auto Cue, Relay (permet de passer automatiquement du lecteur A au lecteur B à la fin de chaque morceau), Fader Start (permet d’activer ou désactiver le lancement automatique des lecteurs en butée de crossfader) et l’activation/désactivation du crossfader.
Conclusion
Petit et compact, le U2 Station MKII est un contrôleur que vous pourrez emmener partout. C’est un excellent produit, il ne vous manquera presque rien, toutes les fonctions essentielles sont présentes à part un petit bouton qui aurait permis de synchroniser automatiquement le BPM et le beat des deux lecteurs MP3. Cela manque vraiment pour une platine ciblant les DJ « débutants » qui mixent pour leur grand-mère et leurs cousins, tout comme la compatibilité AAC. À part ça, elle a tout d’une grande et propose énormément de fonctions que l’on ne retrouvera que sur des tables plus chères ou sur des solutions impliquant un logiciel évolué accompagné d’un ordinateur.