Avec l’APC40, une surface de contrôle entièrement dédiée à Ableton Live, Akai peut se vanter d’avoir fait un beau carton et c’est sans trop de surprise donc que l’on voit débarquer l’APC20, une APC40 amputée de toute sa partie droite et proposée de ce fait à moitié prix, histoire de faire taire la concurrence.
Car concurrence il y a : lorgnant également sur le marché des Abletoniens, le constructeur Novation n’a pas cherché à attaquer l’APC40 sur le front des fonctionnalités, mais plutôt sur celui du prix, avec un Launchpad assurément plus basique (pas de faders, pas de potars, juste des pads) proposé sous la barre symbolique des 200 €. Et force est de constater que tous ceux qui n’avaient pas les moyens de se payer la grosse Bertha d’Akaï ont foncé sur l’occasion : de quoi énerver le papa de la MPC qui entend bien ne pas se laisser marcher sur les pads et réplique donc avec l’APC20, proposée sous la barre des 200 €. Voyons de plus près ce qu’il en est…
Pad surprise
Sortie de sa grosse boîte, l’APC 20 a une bouille plutôt sympathique qui inspire confiance : ni trop lourde pour être transportée dans un sac à dos, ni trop légère pour demeurer bien en place sur une table (grâce également à 4 larges patins en caoutchouc), elle est pour l’essentiel en métal, le plastique étant utilisé pour les pads, switchs, faders, pour l’unique encodeur de la machine et ses joues amovibles. 6 vis permettent en effet de démonter les flancs de l’APC pour la racker plus facilement. Et c’est vrai qu’on l’imagine très bien entre deux platines et une mixette, prête à embraser le dancefloor à grands coups de boucles.
Côté contrôleurs, la demoiselle s’organise en 8 tranches avec, pour chaque, de bas en haut, un fader, un bouton « Record Arm » pour armer l’enregistrement de la piste, « Solo/Cue » pour acheminer la piste en solo au mode pré-écoute, et enfin « Activator » pour activer/désactiver la piste. A la droite des huit tranches, un fader permet de gérer le volume global (Master) tandis qu’un unique encodeur définira le niveau de sortie de pré-écoute.
Au dessus de tout ce petit monde, 9 pads rassemblent les commandes principales : Lecture, arrêt, enregistrement, mais aussi MIDI Overdub, Left/Right/Up/Down pour naviguer dans les pistes ou les scènes, et enfin Note Mode qui détermine l’utilisation faite des 8×5 pads se trouvant au sommet de l’APC 20 : bien que ces derniers servent essentiellement à déclencher des clips, vous pouvez via le Mode Note les utiliser comme ‘clavier MIDI’, chaque pad étant alors associé à une note, ce qui s’avère très pratique pour programmer le Drum Rack d’Ableton à la volée, mais qui, évidemment, ne paliera pas l’absence d’un vrai clavier maître pour jouer des instruments mélodiques.
Tant qu’il y aura des pads
Finissons par la partie haute, qui comprend les 40 fameux pads, flanqués d’une colonne à droite permettant de lancer une scène (soit tous les clips d’une rangée), et d’une ligne ‘Clip Stop’, pour arrêter la lecture de tous les clips d’une piste après que la boucle qu’ils contiennent a été complètement jouée. Last but not least, une touche ‘Shift’ permet d’accéder à une fonction secondaire sur la plupart des boutons de la machine, et notamment un accès simplifié au contrôle du volume, du panoramique et des 3 bus d’envoi. Mais le plus intéressant avec cette touche shift, c’est qu’elle permet de passer du mode Clip Launch au mode Session sur la matrice de 8 × 5 pads. Je m’explique : en mode Clip Launch, chaque touche correspond à un clip. Le pad est éteint si aucun clip n’est présent, ambré si un clip et chargé mais ne joue pas, vert si le clip est en cours de lecture et rouge s’il est en cours d’enregistrement.
En mode Session, accessible via la touche Shift donc, chaque Pad représente une matrice de 8×5, le pad étant éteint si aucun clip n’est chargé dans la matrice, ambré si des clips y sont présents, vert si des clips y sont en lecture et rouge si des clips y sont en cours d’enregistrement. Une fois qu’on a pris ses marques, ce système s’avère aussi cohérent que pratique puisqu’il permet du coup de démultiplier les possibilités des contrôles de l’APC : 40 matrices de 40 clips sous les doigts, ça fait quand même 1600 clips… Bref, la petite APC a tout d’une grande, comme le confirme les premiers galops sous Live.
A l’usage
Une fois raccordée au secteur d’une part via le transfo fourni, et à l’ordinateur de l’autre via la câble USB fourni lui-aussi, il ne reste qu’à déclarer la surface de contrôle dans les préférences de Live pour commencer à s’amuser (précisons qu’une version light du séquenceur d’Ableton est proposée en bundle). Et comme tout le mapping est déjà fait, et que l’ergonomie de l’APC est aussi intuitive que celle de Live, on a trouvé ses repaires en quelques minutes seulement. Heureusement d’ailleurs, parce que le manuel fourni se résume à un ‘Guide d’utilisation rapide’ de trois pages seulement…
L’APC répond donc au doigt et à l’œil et s’avère, en dépit de la petite taille des pads (on est loin d’une MPC de ce point de vue), très agréable à utiliser : tous les faders proposent la même résistance bien calibrée, et les touches répondent bien sans jamais se bloquer. Histoire de pinailler, on aurait peut-être voulu que le rétro-éclairage de ces derniers soit un peu plus lumineux (j’ai commencé le test sous un beau soleil qui rendait difficile la lecture des couleurs) mais vu que la bestiole sera le plus souvent utilisée dans l’obscurité, ça n’a rien de rédhibitoire.
Précisons également à l’intention de ceux qui seraient intéressés par une utilisation plus générique de cette surface de contrôle que les pads ne sont pas sensibles à la vélocité ou à l’after-touch : l’APC 20 est donc très à son aise pour lancer des boucles ou programmer une boîte à rythmes electro, mais elle ne présente pas grand intérêt pour piloter un BFD ou n’importe quel instrument à clavier. Et soulignons-le aussi, avec son unique encodeur, l’APC 20 ne se prête pas plus au contrôle de plug-ins d’effets. Dans ce registre, l’APC 40 est nettement mieux dotée évidemment, avec toute sa partie droite blindée d’encodeurs.
Conclusion
Evidemment l’APC 40 est plus complète mais si vous n’avez que 200 € à investir dans un contrôleur pour Live, ce choix ne se pose pas et le seul vrai concurrent de l’APC 20 demeure alors le Launchpad de Novation. Un peu moins cher, ce dernier est dépourvu de faders, ce qui le rend à mon sens moins pertinent, mais dispose de pads plus larges, ce qui le rend plus agréable à manipuler. Bref, le produit parfait n’existe pas même si la grande qualité de ces deux rivaux permettra à chacun, quel que soit le choix qu’il fasse, d’atteindre un niveau de confort sans précédent dans la manipulation de Live.
- Un gain de confort évident sous Live
- On branche, ça marche
- Prix attractif
- Qualité de fabrication
- Les faders, un petit plus qui fait la différence avec le Launchpad
- Ah ben forcément, c’est mieux avec des potards comme sur l’APC-40…
- Rétro-éclairage des pads difficilement perceptible sous une lumière franche