Après avoir longtemps enfoncé le même clou des suites destinées au mixage, au mastering ou à la restauration, Izotope renoue avec la partie plus créative de son catalogue. Après Aurora, Plasme et Cascadia, voici que nous arrive FXEQ : Un multieffet ? Un égaliseur ? Oui... et non !
L’idée est simple : proposer un multieffet spectral au sein d’une interface digne d’un égaliseur. Autant dire que la prise en main se passe donc de manuel car en termes d’ergonomie, on est en terrain connu : de gauche à droite, on dispose ainsi de cinq modules assortis de quelques réglages pour chaque, tandis que dans la partie supérieure, on retrouve donc l’interface façon EQ paramétrique graphique. A chaque module sa courbe, et à chaque courbe la possibilité d’ajouter un filtre en cloche ou plateau, avec réglage de la largeur de bande comme de son « gain ». Pourquoi des guillemets ? Parce qu’il ne s’agit pas ici réellement d’un gain vu que nous ne somme pas face à un égaliseur mais bien plutôt un Dry/Wet. De fait chaque courbe permet de définir le dosage de l’effet tout au long du spectre du signal : c’est enfantin…
Moultes effets
Intéressons nous plus aux modules dont les noms évocateurs cachent plusieurs algos. Pour Saturate, on dispose ainsi de Satin, Tape, Grit, Foldback, Snap, Bump, Steel et Corrode, pour Reverb des traditionnels Hall, Chamber et Plate, Delay se divise entre Classic, Reverse, Crunch et Modulation. Quant à Modulate, il comprend Chorus, Doubler, Phaser et Flanger tandis que LO-FI se partage entre Radio, Cassette, Vinyl et Tape. Voyez qu’il y a de quoi faire, sachant que chaque effet se configure au moyen de deux potards seulement, accompagné lorsqu’il y a lieu de quelques switches pour activer le suréchantillonnage, la division de tempo pour la syncro ou encore le monde ping pong. Tout cela a le grand mérite d’être très simple et en interaction avec la fenêtre du dessus, de permettre de réaliser des choses plutôt sympathiques.
Le temps des regrets
Le premier regret, c’est que le chainage des modules est fixe : impossible de gouter aux joies d’une réverbe distordue ou de simplement inverser réverbe et delay par exemple… Le second regret, c’est qu’on ne peut pas disposer de plusieurs occurrences d’un même module, pour avoir un delay à la croche pointée sur le bas du spectre et un delay à la double croche sur le haut par exemple, il faudra passer par deux instances ; chaque point de la courbe partage en outre les mêmes réglages que les autres. Le troisième regret, c’est qu’il manque bien des traitements encore, que ce soit dans le registre des filtres, du traitement stéréo ou de la dynamique. Et c’est tout ? Loin de là. On regrettera que dans la partie Courbe, il ne soit pas possible de disposer d’un Tilt ou d’un moyen simple d’appliquer l’effet à tout le spectre (il faut bidouiller plusieurs points pour obtenir une courbe plane). Plus regrettable encore, on ne dispose d’aucun LFO, suiveur d’enveloppe ou séquenceur à pas qui permette de moduler les paramètres du logiciel : on peut certes y remédier via des automations au niveau de la STAN, mais c’est assez fastidieux… Enfin, on le notera : il n’est pas question ici de travailler séparément sur le canal droite et le canal gauche ou encore en M/S…
Tous ces manques peinent à s’équilibrer avec la bonne idée ergonomique qui est à la base du plug-in, car même si même si son interface est plus intuitive et qu’il est deux fois moins cher, on sent que FXEQ peine à rivaliser avec les multieffets multibandes comme le Multipass de Kilohearts pour n’en citer qu’un…
Bref, si FXEQ part d’une idée ergonomique intéressante, il lui manque quand même beaucoup de choses pour convaincre vraiment, comme si Izotope n’était pas allé au bout de son concept ou voulait en garder sous le pied pour d’éventuelles futures versions, et c’est bien dommage car en l’état, FXEQ a tout du plug-in qui prendra la poussière au fond de votre répertoire VST…
