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Test de Ableton Live 12.1 - Les douze travaux d'Ableton

9/10
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Trois années séparent les sorties de Ableton Live 11 et 12, pendant lesquelles les développeurs et ingénieurs ont publié un certain nombre de nouveautés et d'améliorations du STAN aujourd'hui le plus populaire des créateurs de musique électroniques (mais pas que).

Test de Ableton Live 12.1 : Les douze travaux d'Ableton

Inutile de vous faire décou­vrir l’exis­tence de Able­ton Live en 2024 tant ce STAN a réussi à faire son chemin, et à se hisser régu­liè­re­ment en haut des clas­se­ments de digi­tal audio works­ta­tions préfé­rées ou les plus utili­sées des inter­nets, notam­ment pour les férus de synthèse sonore ou de sampling. Nous l’avons d’ailleurs testé dans nos lignes au cours de son évolu­tion, comme la version 11 qui avait été scru­tée par newjazz en 2021. Comme à chaque nouveau test de STAN exis­tant, nos lecteurs se demandent prin­ci­pa­le­ment et légi­ti­me­ment s’il est inté­res­sant ou pas de passer aux versions suivantes quand on possède une des itéra­tions précé­dentes. Nous allons donc comme d’ha­bi­tude refaire le point sur le STAN, parler de toutes ses nouveau­tés, de son posi­tion­ne­ment par rapport à l’offre exis­tante, de ses diffé­rentes versions, de son rapport qualité/prix, etc.

J’ai person­nel­le­ment un rapport parti­cu­lier à ce STAN, puisque je me consi­dère actuel­le­ment en auto­for­ma­tion en créa­tion de musiques élec­tro­niques, et que Live (oui s’il vous plaît on ne dit pas « Able­ton » qui est la marque les ami.e.s) est devenu mon STAN prin­ci­pal avec Cockos Reaper depuis la version 9 envi­ron. Son inter­face était assez inti­mi­dante pour moi au départ, car je ne compre­nais pas ce que j’étais censé faire de cette fameuse vue « Arran­ge­ments », ou comment travailler pour passer de celle-ci à la vue clas­sique « Session » dans le cadre d’une produc­tion. Quelques expé­riences et tuto­riels vision­nés plus tard, je ne me pose plus les mêmes ques­tions, il m’ar­rive de n’uti­li­ser que la vue Session pendant toute la durée d’un projet, et je suis aussi beau­coup plus adroit dans la mani­pu­la­tion de lancers de clips ou de jeu aux pads avec mon Nova­tion Launch­pad Pro. J’ai donc un certain nombre d’heures de Live au comp­teur, notam­ment par la concep­tion des démos audio de mes tests précé­dents, avec quand même des subti­li­tés ou des pans entiers de fonc­tion­na­li­tés que je suis loin d’avoir assez appro­fondi. Mais rassu­rez-vous, je serai intrai­table sur les points néga­tifs qui existent du logi­ciel :)

Avant de rentrer dans le vif du sujet, rappe­lons en quelques lignes qu’il s’agit donc d’un STAN géné­ra­liste malgré les appa­rences, avec des fonc­tion­na­li­tés assez avan­cées en matière de MIDI/MPE (depuis Live 11), d’édi­tion de clips audio, de contenu inté­gré que ce soit au niveau des effets, instru­ments, packs, et matière sonore à mani­pu­ler en géné­ral. S’il est vrai qu’on l’as­so­cie souvent aux musiques élec­tro­niques, parce qu’il dispose d’un certain nombre de conte­nus asso­ciés et de prédis­po­si­tions à la perfor­mance dans les sons synthé­tiques, les packs propo­sés vont aussi taper dans des registres qui ne seraient pas reniés par un Komplete 15, en matière d’ins­tru­ments d’or­chestres ou de batte­ries acous­tiques multi-samplées par exemple, et il est tout à fait possible de l’uti­li­ser avec un work­flow simi­laire à un Studio One ou une Logic Pro X pour enre­gis­trer des prises de son acous­tiques.

Mais ce qui le rend vrai­ment diffé­rent et singu­lier, c’est selon moi :

  • une ergo­no­mie parti­cu­lière qui cherche toujours à cacher la complexité du logi­ciel pour la faire ressor­tir unique­ment à la demande en fonc­tion du contexte, avec une formule en matière d’ex­pé­rience utili­sa­teur et de design esthé­tique ou d’em­pi­le­ment des infor­ma­tions qui s’est affi­née depuis les premières versions, notam­ment sur la partie navi­ga­teur de contenu
  • l’in­té­gra­tion appro­fon­die du time-stret­ching ou « Warp » dans la mani­pu­la­tion de l’au­dio, ainsi que toutes les fonc­tion­na­li­tés avan­cées dispo­nibles dans les clips MIDI qui se multi­plient d’une nouvelle version à l’autre
  • son offre en matière d’ef­fets et d’ins­tru­ments avec une inté­gra­tion forte dans l’en­vi­ron­ne­ment au niveau visuel et routings audio, ce qui est assez visible quand on voit la faci­lité avec laquelle on peut assi­gner un endroit parti­cu­lier du chemin du signal aux entrées side­chain des plug-ins stock
  • la compa­ti­bi­lité avec un écosys­tème de conte­nus exclu­sifs au format M4L (pour Max for Live), qui est rela­ti­ve­ment acces­sible pour créer aussi ses propres modules, et qui béné­fi­cie des bien­faits en matière d’in­té­gra­tion déjà acces­sibles aux conte­nus stock, d’au­tant que la boite Cycling 74 de Max/MSP a été rache­tée par Able­ton en 2022
  • la mise en avant des conte­nus add-ons sous le nom de packs, conte­nant présets, échan­tillons, boucles voire devices, avec l’aide inté­grée assez verbeuse et des « leçons » qui s’af­fichent sur la droite, donnant accès à une somme d’in­for­ma­tion péda­go­gique d’ex­cel­lente facture voire à des tuto­riels qui vous prennent par la main pour apprendre à utili­ser des fonc­tion­na­li­tés spéci­fiques
  • et sa vue emblé­ma­tique « Session » évidem­ment, qui s’af­fiche par défaut en premier à l’ou­ver­ture du STAN, permet­tant un mode de compo­si­tion ou de créa­tion « non linéaire », et donnant une orien­ta­tion live augmen­tée qui demeure quasi invain­cue chez les perfor­meurs de musiques élec­tro­niques, avec une offre plétho­rique de contrô­leurs à pads compa­tibles, dont les fonc­tion­na­li­tés vont beau­coup plus loin que de simple­ment lancer des clips synchro­ni­sés à la mesure grâce notam­ment aux scènes ou aux Follow Actions (comme les emblé­ma­tiques itéra­tions de contrô­leurs Push).

Ce petit aparté fait, regar­dons à présent ce que nous proposent les ingé­nieurs/déve­lop­peurs alle­mands avec cette version 12.1, qui est au moment du test en bêta publique mais qui ne devrait pas tarder à montrer le bout de son nez pour tous ses utili­sa­teurs.

L’ar­mée des douze STANs

Able­ton Live 12.1 est donc un STAN géné­ra­liste, acces­sible en télé­char­ge­ment via le site offi­ciel de la marque, dispo­nible actuel­le­ment en 4 versions :

  • la version Lite assez limi­tée souvent propo­sée en bundle avec des achats de hard­ware ou dispo­nible pour tous les utili­sa­teurs des appli­ca­tions smart­phone Koala Sampler ou Able­ton Note dont on va repar­ler très vite,
  • la version Intro à un prix de base de 79 euros qui rajoute un nombre de pistes et de scènes supplé­men­taires,
  • la version Stan­dard à 279 euros avec le gros du contenu dispo­nible,
  • la version Suite à 599 euros avec en plus l’ac­cès à tout le contenu Max 4 Live, la tota­lité des synthé­ti­seurs + effets Able­ton dont Opera­tor, Wave­table, Meld, Roar, les effets spec­traux, des packs de sons supplé­men­taires, etc.

Able­ton propose aussi des tarifs de mises à jour spéci­fiques pour les déten­teurs des versions 11 et moins ou pour passer d’une édition à l’autre, ainsi que des tarifs EDU. Notons d’ailleurs que Drift qui est apparu dans la version 11.3 est inclus dans les petites versions, ou encore que presque tout le logi­ciel et les docu­men­ta­tions sont traduits en français.

L’uti­li­sa­tion du STAN est arti­cu­lée autour de la vue Session avec les clips, les scènes (pour lancer tous les clips de la même ligne) et les follow actions (pour déclen­cher des actions à la fin de la lecture d’un clip), les pistes agen­cées de façon verti­cale, et de la vue Arran­ge­ment avec une ligne hori­zon­tale par piste. Chaque piste peut jouer au choix les clips Session ou le contenu visible dans la vue Arran­ge­ment au choix en fonc­tion de ce que fait l’uti­li­sa­teur. Et le reste des fonc­tion­na­li­tés de Live, qui peut être étendu sur plusieurs écrans, peut être acces­sible via les menus, mais surtout avec les diffé­rents onglets que l’on peut faire appa­raître et dispa­raître autour des vues prin­ci­pales d’un clic sur des boutons : navi­ga­teur de contenu à gauche, leçons inté­grées à droite, contenu des clips ou liste des devices asso­ciés à une piste en bas, barre de trans­port et données de navi­ga­tion tout en haut et tout en bas, etc.

  • Live 11-Main
  • Live 12.1-Main

Sur ce thème spéci­fique, on remarque d’ailleurs rapi­de­ment quelques diffé­rences entre Live 11 et la dernière version du séquen­ceur logi­ciel : certains boutons qui sont placés à d’autres endroits, la possi­bi­lité de faire appa­raître les infor­ma­tions de mixage dans la vue Arran­ge­ment et non juste simple­ment Session, de nouveaux thèmes de couleur, une nouvelle entrée de menu, mais surtout des amélio­ra­tions signi­fi­ca­tives du navi­ga­teur de contenu. Celui-ci dispose par exemple de la nouvelle caté­go­rie des modu­la­teurs, et de fonc­tion­na­li­tés de recherche avan­cées par tags, type d’ef­fet, construc­teur, avec un scan de votre librai­rie de contenu en tout genre pour assi­gner des tags à la volée, cher­cher du contenu simi­laire à quelque chose que vous avez déjà sélec­tionné, et même la possi­bi­lité de sauve­gar­der une recherche pour la retrou­ver plus tard. Il est inté­res­sant de voir comment le design et l’er­go­no­mie ont évolué et en même temps sont restés dans le même esprit que le travail origi­nal de Robert Henke et Tors­ten Slama.

Live 1.5.2Mais un autre sujet que je trouve impor­tant concer­nant l’ex­pé­rience utili­sa­teur et cette nouvelle mouture, c’est tout ce qui a trait à ce que l’on appelle l’ac­ces­si­bi­lité, à savoir l’en­semble des fonc­tion­na­li­tés, aména­ge­ments, compa­ti­bi­li­tés du logi­ciel qui le rendent utili­sable pour les personnes mal ou non voyantes, avec des logi­ciels de lecture d’écran comme NVDA sur Windows et VoiceO­ver sur macOS. De ce point de vue là, Live 11 était fran­che­ment à la traine à sa sortie par rapport à Logic Pro X par exemple, mais Live 12 a amené un gros travail de prise en charge de fonc­tion­na­li­tés clas­siques dans ce domaine, que ce soit avec des thèmes de couleur à haut contraste, l’amé­lio­ra­tion des work­flows de navi­ga­tion au clavier, la sélec­tion de toutes les commandes qui sont compa­tibles avec la synthèse vocale, etc. On ne peut que se réjouir que l’in­clu­si­vité fasse à présent de plus en partie des consi­dé­ra­tions des déve­lop­peurs de logi­ciels, comme on peut le consta­ter par exemple avec les dernières fonc­tion­na­li­tés rajou­tées dans le frame­work JUCE de déve­lop­pe­ment de plug-ins, ou les confé­rences sur ce sujet, qui permettent de sensi­bi­li­ser les entre­prises et qui poussent à adop­ter les tech­no­lo­gies asso­ciées.

Long Live Rock and Roll

Au passage, depuis le précé­dent test écrit dans nos lignes et avant la sortie offi­cielle de Live 12, on ne peut pas dire que l’équipe d’Able­ton a chômé, puisque les utili­sa­teurs de Live 11 ont eu droit à des amélio­ra­tions du moteur graphique notam­ment sur Mac OS, ou au support du format AU v3 et des proces­seurs Sili­con en natif, à un rede­sign de la réver­bé­ra­tion, à Shif­ter, à de nouveaux packs, aux nouveaux filtres de Cyto­mic un peu partout, à un device M4L dédié aux micro­tu­nings, des mises à jour de Max, et surtout à l’ins­tru­ment Drift, qui vient rejoindre la liste assez impor­tante des synthé­ti­seurs Able­ton Live. Celui-ci est un synthé­ti­seur MPE conçu par Marc Resi­bois, influencé par le monde de l’ana­lo­gique, avec le filtre MS-20 de Cyto­mic, un autre filtre inti­tulé DFM1 issu de Super­Col­li­der, et un para­mètre « Drift » qui donne le nom au synthé­ti­seur agis­sant de manière aléa­toire sur le déca­lage en phase des 3 oscil­la­teurs. Celui-ci semble assez proche dans l’es­prit du Analog de Able­ton Live, mais dispose d’op­tions diffé­rentes, d’une inter­face un peu plus simpli­fiée, et a l’avan­tage d’être acces­sible, quelle que soit la version de Live contrai­re­ment à Analog qui est exclu­sif à la version Suite.

Live 12-DriftPour être honnête avec vous, je dois avouer que je n’uti­lise pas tant que ça les instru­ments inclus dans Live contrai­re­ment aux effets, non pas que j’au­rais quelque chose à redire spécia­le­ment à leur encontre, mais tout simple­ment parce que j’ai mes petites habi­tudes avec mes plug-ins tiers. Il faudrait vrai­ment à l’ave­nir que je passe un peu plus de temps dessus, d’au­tant qu’ils sont très agréables à utili­ser dans l’en­vi­ron­ne­ment du STAN, et four­nis en présets utili­sant des racks d’ef­fets addi­tion­nels de Live. Après je me sers quand même pas mal d’Opera­tor, par exemple sur des sons percus­sifs et pas unique­ment sur des sono­ri­tés DX7esques (merci knarf et Airwave). Opera­tor a d’ailleurs eu son lot d’amé­lio­ra­tions avec chaque version de Live, telles que la synthèse addi­tive ou les filtres virtual analog, et Robert Henke ainsi que Chris­tian Kleine ont proposé un pack gratuit récem­ment d’une centaine de présets pour fêter les 20 ans de leur synthé­ti­seur FM, dont le but a toujours été de rendre ce type de synthèse plus acces­sible depuis la première version « Onyx », et qui malheu­reu­se­ment n’est toujours pas full MPE contrai­re­ment aux autres instru­ments stock. En tout cas y a de quoi faire des drones avec le pack idoine, Drift et tous ces nouveaux présets FM :)

Drones
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  • Drones01:01
  • Opera­tures02:36
  • 470 operator birthday image 2 1600x800 q85 subsampling-2
  • 470 operator birthday image 3 1600x1096 q85 subsampling-2

En parlant de Drift, il se trouve aussi que Able­ton a sorti fin 2022 une appli­ca­tion pour iOS qui s’ap­pelle Note. Celle-ci, en plus d’avoir un des noms les plus origi­naux pour un logi­ciel smart­phone, permet d’avoir à sa dispo­si­tion jusqu’à 8 pistes de 8 patterns (avec 8 scènes), dans un projet compa­tible avec Live, conte­nant chacune une instance au choix de drum pads, de samples mélo­diques, de Drift et de l’ins­tru­ment Able­ton Wave­table. Les sons acces­sibles sont unique­ment ceux d’une liste de présets fixe, avec du sound design limité à de l’usage de macros. Toute­fois, il reste possible d’en­re­gis­trer à la volée un son avec l’en­trée audio du smart­phone et de l’uti­li­ser dans l’ins­tru­ment dédié. L’ap­pli­ca­tion dispose aussi de deux effets par piste au choix parmi une partie du contenu de Live, de même pour le bus master. Et surtout, en utili­sant la tech­no­lo­gie Able­ton Cloud, il est possible de le sauve­gar­der dans un espace dédié à chaque compte Able­ton utili­sa­teur, pour pouvoir ensuite y accé­der dans Live 11/12 sur une machine juste connec­tée à inter­net, et pouvoir conti­nuer à travailler dessus, à condi­tion d’avoir la version Suite s’il y a un instru­ment Wave­table dans le projet. Le séquen­ceur à pas ou la gestion des pads en tactile étant plutôt de bonne facture, cette appli­ca­tion four­nit une façon origi­nale de travailler avec Live en faisant de courtes sessions de musique sur iOS loin de son ordi­na­teur, ce qui est plutôt inté­res­sant à tester. Dommage par contre qu’il ne soit pas encore possible d’en­voyer un projet Live vers Note ou de créer de nouveaux présets à partir de Live, pour le moment en tout cas.

  • Note-1
  • Note-2
  • Note-3

And you’re gonna hear me Roar

En matière de nouveau­tés pures et dures de la version 12, en plus de la proli­fé­ra­tion du MPE ou des amélio­ra­tions de l’ex­pé­rience utili­sa­teur, on parlera égale­ment de tous les nouveaux devices, à commen­cer par l’ef­fet Roar. Celui-ci n’est pas une énième satu­ra­tion qui fait unique­ment des choses déjà enten­dues 100 fois, mais un outil de sound design dédié à la satu­ra­tion qui propose un best of des outils et modu­la­tions que l’on voit par exemple dans des Fabfil­ter Saturn-like, avec plusieurs algo­rithmes de wave­sha­ping et options de filtrage, mais surtout une inter­face épurée comme on a l’ha­bi­tude de voir dans Live, la possi­bi­lité d’af­fi­cher tous les réglages et toutes les anima­tions dans des onglets sépa­rés, des possi­bi­li­tés de modu­la­tions assez inten­sives qui permettent de jouer sur la forme des fonc­tions de satu­ra­tion comme sur un Blue­cat Destruc­tor (LFO, enve­loppes, bruits), plusieurs étages qui peuvent être en série, en paral­lèle, sur plusieurs bandes de fréquence ou en boucle fermée, avec du feed­back addi­tion­nel et un compres­seur dédié, etc. Il s’avère parti­cu­liè­re­ment inté­res­sant sur des batte­ries élec­tro­niques d’ailleurs :)

Tata Roar
00:0001:23

RoarD’ailleurs en matière de satu­ra­tion, le device Satu­ra­tor plus clas­sique a eu droit à des amélio­ra­tions dans Live 12.1, avec l’ajout d’une section de colo­ra­tion/EQ et de nouveaux types de satu­ra­tion, de quoi satis­faire les aficio­na­dos de la mode du clip­ping sur les master bus. Dans la série des amélio­ra­tions, on pourra aussi noter celle du Limi­teur stock de Able­ton, qui en avait bien besoin à force d’être pointé du doigt dans les compa­ra­tifs de limi­teur. Celui-ci a été réécrit avec une nouvelle courbe de relâ­che­ment pour limi­ter la distor­sion, une inter­face rema­niée, de nouveaux modes de fonc­tion­ne­ment avec du soft clip­ping, du trai­te­ment mid/side, ou de la détec­tion/correc­tion True Peak. On regret­tera toute­fois que les choses ne soient pas encore allées plus loin en géné­ral sur l’as­pect maste­ring, Live ne propo­sant pas encore d’ou­tils dédiés à l’ex­port pour les plate­formes de strea­ming ou aux normes LUFS…

  • Saturator v12.1
  • Saturator v12
  • Limiter v12.1
  • Limiter v12

Able­ton Live 12 propose égale­ment un nouveau synthé­ti­seur bien sympa­thique, inti­tulé Meld, conçu par Chris­tian Kleine et Rob Tubb, autour du concept de bitim­bra­lité et de macroos­cil­la­teurs. Deux modules A et B possèdent un oscil­la­teur, un filtre avec plusieurs twists, proposent des enve­loppes et des LFOs (que l’on peut assi­gner à des choses tout comme de la donnée MIDI et MPE via une grosse matrice de modu­la­tion) avec un réglage de spread/stéréo global, puis tout ce beau monde se retrouve mixé pour aller dans une distor­sion et un limi­teur. Ce qui rend l’ins­tru­ment inté­res­sant, en plus d’une inter­face épurée une nouvelle fois, c’est que parmi les filtres on peut trou­ver des trucs amusants (du virtual analog, des réso­na­teurs, des effets de modu­la­tion ou de bitcru­shing, des filtres en peigne, le tout parfois sensible au réglage de gamme). Mais surtout, les oscil­la­teurs proposent des « moteurs » à la manière d’un Mutable Instru­ments Plaits au format Euro­rack voire d’une Befaco Noise Plethora, avec deux para­mètres seule­ment de contrôle à chaque fois et une certaine variété, de la table d’onde clas­sique faisant du sinus vers du carré à des choses très complexes en interne à base de FM pour géné­rer des accords, des séquences, risers, craque­ments, et bruits en tout genre (du bruit blanc au géné­ra­teur de bulles).

Meld Engines
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L’usa­bi­lité de l’ins­tru­ment est top, les présets montrent à quel point on peut obte­nir des résul­tats variés avec, Meld promet pour ma part des heures d’amu­se­ment en pers­pec­tive pour géné­rer du très clas­sique, de la texture sonore, ou du brui­tisme déjan­té…

Live-MeldEnfin on pourra parler en quelques mots des autres nouveau­tés en effets/instru­ments suivantes, en plus des habi­tuels nouveaux packs de sons parfois four­nis avec des sets d’exemples :

  • l’ap­pa­ri­tion du quan­ti­fieur de pitch a.k.a Auto Tune de Able­ton Live inti­tulé Auto-Shift, qui propose toutes les fonc­tion­na­li­tés clas­siques dans ce genre d’ou­tils (entrée MIDI pour spéci­fier les notes cibles, gammes, réglages de formants) ainsi que des addi­tions sympa­thiques comme le mode sans latence ou le vibrato
  • le Granu­la­tor III compa­tible MPE de Robert Henke, qui permet de lire de jouer avec la synthèse granu­laire sur des sons de courte durée, avec de nouvelles possi­bi­li­tés de modu­la­tion et de lecture des grains
  • le nouveau Drum Sampler dédié notam­ment à la lecture de sons percus­sifs, qui permet d’étendre les possi­bi­li­tés de sound design sur les sons de batte­rie élec­tro­nique grâce à des FXs exclu­sifs et livrés avec des présets dédiés, tels que du granu­laire, un bitcru­sher, une enve­loppe de pitch, du ring modu­la­tor, de la modu­la­tion de fréquence, un géné­ra­teur de subs…

On notera d’ailleurs que certains devices dans Live possèdent des para­mètres cachés acces­sibles en cliquant du bouton droit sur la barre de titre, notam­ment un que l’on retrouve dans certains effets qui s’ap­pelle « Haute Qualité » et dont je n’ai appris l’exis­tence que récem­ment. Ce réglage a un impact drama­tique sur les satu­ra­teurs, puisqu’il active une fonc­tion­na­lité d’over­sam­pling qui n’est pas toujours cochée par défaut. Dans le cas de Roar et de Satu­ra­tor, le compor­te­ment à l’ou­ver­ture de l’ef­fet est ainsi très propice à l’ap­pa­ri­tion d’une quan­tité non négli­geable d’alia­sing, ce qui peut poser un certain nombre de problèmes sur un bus master ou autre où l’on recherche un peu de clarté. Je pense que c’est une erreur de ne pas avoir rendu ce para­mètre plus visi­ble… De manière géné­rale, je pense d’ailleurs que le para­digme de design des devices stock, qui pousse à la simpli­cité, mais aussi à ne pas dispo­ser de beau­coup d’es­pace sur l’écran pour mani­pu­ler un outil musi­cal, a de nombreux avan­tages sur la clarté, mais aussi des incon­vé­nients, comme le manque de feed­back visuel qui peut avoir un impact sur la créa­ti­vité, et ce malgré la possi­bi­lité d’uti­li­ser plus d’es­pace avec les petites flèches à gauche du nom des devices. Et surtout, c’est proba­ble­ment ce qui fait passer à côté de l’in­té­rêt de certains de ces outils, ou dans le cas des satu­ra­teurs de l’over­sam­pling…

Live 12-Drift-SuperEn tout cas je trouve que c’est une bonne chose de voir certains devices remis au goût du jour au fur et à mesure des updates, que ce soit avec de l’ajout de nouvelles fonc­tion­na­li­tés plus ou moins discrètes, comme un bouton « Mod » sur le Shaper ou du rede­sign pur et simple. Je ne dirais pas non par exemple si les déve­lop­peurs de Able­ton Live mettaient à jour dans les prochaines versions le compres­seur multi­bande, celui-là même qui a un préset iconique appelé OTT. En effet, je l’ai toujours trouvé « trop » compliqué pour certaines tâches, par exemple pour faire de la compres­sion side­chain multi­bande un peu contrô­lée, et de plus j’ai décou­vert récem­ment égale­ment qu’il colore le son pas mal, y compris avec le « Amount » à zéro, ce qui est poten­tiel­le­ment dû à un défaut de concep­tion sur la sépa­ra­tion des bandes. Je n’ai pas trouvé non plus de moyen simple pour faire de la simple sépa­ra­tion de fréquences soi-même. Du coup j’uti­lise depuis peu un Audio Effect Rack avec deux chaines d’ef­fets en paral­lèle, une conte­nant deux filtres passe-haut en série avec Q à 0,71, et l’autre deux filtres passe-bas dans la même confi­gu­ra­tion, plus une macro pour régler d’un seul potard la fréquence de coupure iden­tique de tous ces filtres, et des compres­seurs ou des satu­ra­tions au choix à la suite des filtres dans chaque bande… Une idée à simpli­fier sous forme de nouveau device peut-être ? En tout cas on appré­cie les sets d’exemples qui vont avec les nouveaux packs !

Démo Golden Era Drums
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  • Démo Golden Era Drums01:09
  • Démo Trap Drums01:02
  • Démo Lost and Found01:48

Max For Live

En parlant de Shaper, Able­ton Live 12.1 propose son lot de nouveau­tés concer­nant les devices au format Max for Live, ainsi que l’ap­pli­ca­tion des derniers ajouts dans Max en termes de possi­bi­li­tés de créa­tion de ces petits joujoux, que l’on a tendance à regar­der de loin alors qu’ils font partie de ce qui rend Able­ton Live unique et inté­res­sant. Pour ceux qui sont dans la musique élec­tro­nique, je vous conseille de vous fami­lia­ri­ser autant que possible avec eux, d’au­tant qu’ils ont une nouvelle caté­go­rie pour eux dans le navi­ga­teur de contenu inti­tu­lée « Modu­la­teurs » (coucou Bitwig Studio), en plus du « Max for Live » exis­tant, ainsi que d’autres caté­go­ries qui intègrent à la fois des devices natifs et M4L. En effet, ceux-ci proposent moyen­nant un temps de char­ge­ment supplé­men­taire des choses uniques, comme des séquen­ceurs et géné­ra­teurs de notes, du mapping de para­mètres MIDI et MPE, des inter­ac­tions avec un setup modu­laire via les CV tools pour ceux qui ont une inter­face audio qui le permet, des modu­la­teurs de para­mètres des autres devices via… Le device Shaper d’ailleurs peut rempla­cer un compres­seur side­chain avec un mapping sur le gain d’un « Utility », ce qui nous fait énor­mé­ment penser à ce que l’on fait avec les multief­fets à modu­la­tion du moment comme Cable­guys Shaper­box, Devious Machines Infil­tra­tor, Artu­ria EFX Motions, Baby Audio Tran­sit évidem­ment, etc.

En fouillant dans les packs four­nis avec la version Suite de Live néces­saire pour avoir accès à toutes les fonc­tion­na­li­tés dédiées, on trou­vera aussi un certain nombre de devices M4L rigo­los, comme celui dédié aux micro­tu­nings (qui a droit d’ailleurs à son site web depuis peu comme ceux pour décou­vrir la synthèse sonore, la créa­tion et des astuces de compo­si­tion), les instru­ments Bass et Poly très Moogesque et Junoesque, les modules à convo­lu­tion, une cargai­son de synthé­ti­seurs de sons de percus­sions, le fameux pack dédié aux séquen­ceurs à proba­bi­li­tés, et même des tuto­riels pour la fabri­ca­tion de vos propres plug-ins au format M4L avec des exemples et l’aide inté­grée.

Mais un nouveau pack de Live 12 attire notre atten­tion, conçu par Iftah Gabbai et Matthew Jack­son (que l’on connait aussi pour Sting en M4L qui est un super séquen­ceur TB-303 like), qui s’ap­pelle le Perfor­mance Pack. Celui-ci four­nit des outils dédiés à la prépa­ra­tion et au jeu de sets live, avec Perfor­mer qui permet de se créer une surface de contrôle dans une fenêtre externe pour comman­der tout et n’im­porte quoi faci­le­ment à la souris ou en MIDI, Prear­ran­ger qui permet de mani­pu­ler des clips MIDI et audio de la vue Arran­ge­ments, Varia­tions qui peut créer des snap­shots de tout ce qu’il y a dans Live et de les relan­cer à la volée, et Arran­ge­ment Looper qui permet de faire des bouclages en écran arran­ge­ments en cliquant sur un bouton comme sur un contrô­leur DJ.

Live 12 - Performance PackAinsi l’éco­sys­tème M4L est plutôt inté­res­sant, assez simi­laire à celui des instru­ments Reak­tor ou VCV Rack tiers, avec un site web dédié qui a été refait à neuf derniè­re­ment et permet de décou­vrir quelques pépites gratuites ou payantes pour aller avec la version Suite de Live. On citera par exemple toutes les créa­tions de Fors (dont le fameux Opal par un des desi­gners de la Elek­tron Digi­tone, visible ci-dessous), les produc­tions sophis­tiquées de Max 4 Cats, le séquen­ceur à pas Snake de Maxime Dangles, le délai créa­tif 8 taps Petal de Takuma Matsui/Rain­bow Circuit ou son Crush gratuit dédié à la percus­sion FM, le Tape Loop de Inner Ocean qui émule un enre­gis­treur 4 pistes Tascam Portas­tu­dio dédié au looping, les émula­tions de consoles de Mono­mono (il y a moyen de faire un dossier sur le sujet), etc. Je trouve juste un peu dommage de devoir payer pour la version la plus chère du STAN pour pouvoir en profi­ter… Par contre, tout ça peut être inté­gré au fameux Push 3 stan­da­lone ce qui est plutôt une excel­lente chose !

M4L - Fors Opal

Ne cher­chons pas MIDI à la version 14

Pour termi­ner ce petit tour non exhaus­tif et déjà assez long du Able­ton Live nouveau, parlons enfin de petites fonc­tion­na­li­tés qui ne payent pas de mine, mais qui sont super inté­res­santes à utili­ser, en commençant par la gestion des gammes, avec le petit bouton coloré qui est sur la barre du haut avec le nom d’une gamme et une tonique à spéci­fier. Quand la fonc­tion est acti­vée, les clips sélec­tion­nés obtiennent le statut « d’as­so­ciés à la gamme », ce qui a unique­ment un inté­rêt visuel pour affi­cher des indi­ca­tions en surbrillance, ou rentrer plus faci­le­ment de nouvelles notes, mais n’a stric­te­ment aucune influence sur la nature des notes ou sons qui seront joués avec les clips exis­tants. Ce qui peut en avoir c’est la présence d’ef­fets MIDI ou d’ins­tru­ments qui affichent une sensi­bi­lité à la gamme, comme Meld, ou tout ce qui est arpé­gia­teur, géné­ra­teur d’ac­cords, l’ef­fet MIDI Scale évidem­ment, qui peuvent ainsi voir leur compor­te­ment chan­ger à la volée avec la valeur du para­mètre. Dans Meld toujours, les réso­na­teurs ont un compor­te­ment qui varient avec la gamme sélec­tion­née, pour faire appa­raître des réso­nances pas trop brui­tistes à la demande.

Dans la même série de fonc­tion­na­li­tés, les micro­tu­nings se montrent avec l’ef­fet M4L dont nous avons parlé, mais aussi avec la nouvelle caté­go­rie « Accor­dages » du navi­ga­teur de contenu, qui nous livre une liste de gammes et tunings en géné­ral, sur lesquels on peut double cliquer pour rempla­cer le réglage global de gamme par celui du tuning. De nouvelles options appa­raissent alors par piste, pour consi­dé­rer ou non ce réglage, et la grille sur les clips MIDI se met à affi­cher les diffé­rentes notes du micro­tu­ning sélec­tionné. Certains instru­ments sont compa­tibles avec ces données (Meld encore par exemple), mais ce n’est pas le cas de tous malheu­reu­se­ment… Tout ça peut sembler un peu confus au premier abord, notam­ment du côté de tous les instru­ments non compa­tibles avec la sensi­bi­lité aux gammes et aux micro tunings, ou encore parce qu’on s’at­tend en jouant avec le nom de la gamme au milieu de l’in­ter­face à ce que ça joue tout de suite sur ce qui est joué, mais en lisant le manuel et en faisant des expé­ri­men­ta­tions, les choses finissent par faire sens, et on fait moins atten­tion à tout ce qui ne marche pas tout de suite. J’ima­gine pour­tant tout cela pouvant deve­nir plus intui­tif dans les prochaines versions de Live, et qu’on puisse par exemple pouvoir chan­ger de réglage en cours de lecture dans la vue Arran­ge­ment comme pour le tempo et la signa­ture ryth­mique…

Parlons à présent de toutes les amélio­ra­tions sur l’édi­tion et la créa­tion d’évé­ne­ments MIDI. La nouvelle caté­go­rie des modu­la­teurs, ainsi que ce qui exis­tait déjà en effets MIDI ou dans les packs M4L, nous donnent aujour­d’hui un certain nombre de moyens d’in­ter­agir avec l’in­for­ma­tion trans­mise aux instru­ments, que ce soit avec les enve­loppes, les effets, les diffé­rents moyens de créer de l’aléa­toire, la géné­ra­tion d’ac­cords, le contrôle de vélo­cité, mais aussi avec des séquen­ceurs, qui sont parfois un peu cachés. Fourni avec Live 12 et ses packs, on trou­vera par exemple Melo­dic Steps, Mono Sequen­cer, Step Sequen­cer, Dr Chaos, Rota­ting Rhythm Gene­ra­tor… Ces outils sont géniaux à mani­pu­ler, mais malheu­reu­se­ment assez compliqués à repé­rer si on ne sait pas où cher­cher, la faute a un système de tags trop récent (qui four­nit pour­tant des tags comme Sequen­cer ou Gene­ra­tive), et au contenu dispo­nible pas encore correc­te­ment annoté. On trou­vera aussi du contenu tiers assez inté­res­sant là dessus, comme les clones des séquen­ceurs analo­giques du Moog Subhar­mo­ni­con ou de la Roland TB-303, et le génial Snake qui est dispo­nible dans deux formats, dont le nouveau format exclu­sif à Live 12 de géné­ra­teur MIDI !

  • M4L - MDD Snake
  • M4L - RRG
  • M4L - VLM SubH

En effet, la nouvelle version du STAN intègre à présent, en plus du raffi­ne­ment des fonc­tion­na­li­tés de base d’édi­tion de clips MIDI, deux fonc­tion­na­li­tés inté­grées dans l’in­ter­face des clips qui permettent d’ef­fec­tuer des trans­for­ma­tions ou de créer du contenu à la volée dans le clip. Il suffit de sélec­tion­ner des notes déjà entrées (ou pas), de sélec­tion­ner un algo­rithme parmi le contenu stock ou tiers/person­na­lisé (la fonc­tion­na­lité est compa­tible avec M4L) dans les onglets Trans­form et Gene­rate, et votre clip se remplit de nouvelles notes et/ou trans­forme les notes exis­tantes. Par exemple, il est possible de créer des arpèges à partir d’un accord plaqué, de rajou­ter des infor­ma­tions MIDI/MPE, de rejouer l’ac­cord avec un rythme diffé­rent, de créer une nouvelle progres­sion d’ac­cords, de rajou­ter des notes aléa­toires dans un cadre donné, etc.

Live-Generate-Transform

Able­ton Love ?

En tout cas, Able­ton Live 12 reste Able­ton Live, avec son ergo­no­mie parti­cu­lière qu’on appré­cie ou pas, mais quand même une certaine progres­sion au fil des années sur le confort d’uti­li­sa­tion et sur la stabi­lité. On sait aujour­d’hui qu’il n’existe pas de soucis ou de son « moteur audio de Able­ton Live » contrai­re­ment à ce qu’on a pu entendre régu­liè­re­ment (c’était la règle de panning le coupable), même si de fait on ira forcé­ment vers un certain type de rendu en faisant un usage inten­sif des effets audio du STAN.

Deux problèmes récur­rents subsistent toute­fois dans certaines situa­tions. Person­nel­le­ment, n’ayant pas une machine de studio qui soit une foudre de guerre (sur Windows 10), je trouve que j’ar­rive assez vite en nombre de pistes et de plug-ins à atteindre les limites à ne pas dépas­ser niveau charge CPU, alors qu’avec d’autres STANs que j’uti­lise beau­coup comme Cockos Reaper, j’ar­rive plus faci­le­ment à travailler sur des projets char­gés. Évidem­ment on ne dira jamais assez que tous ces logi­ciels sont exigeants et qu’il ne faut pas hési­ter à mettre à jour sa confi­gu­ra­tion pour être confor­table en puis­sance dispo­nible. Il y a aussi pas mal d’as­tuces à connaître pour faire au mieux avec Live, en plus d’aug­men­ter la latence de la carte son, avoir son portable en mode haute perfor­mances, etc., Live n’étant pas vrai­ment compa­rable à certains autres STANs à cause de tout ce qui se passe à l’écran — d’au­tant plus pour ceux qui ont des cartes graphiques inté­grées au proces­seur — et aussi de tous les trai­te­ments qui sont appliqués par défaut sur la matière sonore comme le Warp.

L’autre problème, c’est celui de la synchro­ni­sa­tion avec le monde exté­rieur. J’ai remarqué que Live avait depuis long­temps des diffi­cul­tés à accro­cher à l’in­for­ma­tion du tempo quand la synchro­ni­sa­tion exté­rieure est affi­chée, ce qui m’avait frappé pendant mon précé­dent test du Squarp Instru­ments Hapax. On se devra donc de vous conseiller de conti­nuer à l’uti­li­ser en master clock plutôt qu’en synchro­nisé dans des setups hybride « câblés » clas­siques pour éviter les problèmes, en atten­dant que Able­ton se penche sur cette problé­ma­tique. Toute­fois, grâce à la tech­no­lo­gie Able­ton Link qui est présente depuis 2016, il reste possible de synchro­ni­ser ses machines en WiFi quand cela est possible, ce qui trans­met de manière trans­pa­rente les infor­ma­tions de tempo et de posi­tion dans la mesure à toutes les machines connec­tées sur votre réseau. Cela demande parfois d’in­diquer manuel­le­ment des valeurs de latence néga­tive pour synchro­ni­ser correc­te­ment toutes les sources audio. Able­ton Live 12 propose d’ailleurs un nouveau réglage « Keep Latency » dans l’on­glet idoine qui peut être désac­tivé pour régler correc­te­ment le niveau de latence quel que soit le statut de la piste audio en entrée au niveau moni­to­ring.

En tout cas Koala Sampler fonc­tionne très bien par exemple en synchro avec Live (pour enre­gis­trer le chat du voisin), mais je ne sais pas si c’est une bonne idée de me lais­ser jouer avec, ainsi que Drift/Opal/les géné­ra­teurs de rythme aléa­toire/le séquen­ceur de Iftah spécial aciiiide. Je découvre au passage que je m’amuse pas mal avec le Shaper+U­ti­lity pour faire du side­chain compres­sion like, ou le LFO en mode S&H pour modu­ler des para­mètres divers et variés.

Ducati under acid
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Notre avis : 9/10

Award Valeur sûre 2024
2024
Valeur sûre
Award

Ableton Live continue donc son petit bonhomme de chemin. La version 12 n’apporte pas de révolution à la formule, mais un certain nombre de petites choses dont il devient très vite difficile de se passer, comme le nouveau limiteur qu’il fallait vraiment reprendre depuis le temps, les générateurs d’idées intégrés directement dans les clips MIDI, les outils d’aide à la performance live, la poursuite de l’intégration du MPE à tous les étages, les améliorations du navigateur de contenu, sans oublier tous les nouveaux devices ou améliorations des existants que l’on a déjà vus apparaître depuis notre test précédent sur Live 11.

On observe aussi des tendances d’évolution dans le workflow de composition, que ce soit avec la fonctionnalité de sensibilité aux gammes et tunings, ou l’apparition de l’Ableton Cloud, permettant de communiquer avec l’application iOS Note, qui comme son nom l’indique sert de super bloc-notes à idées, facilement accessibles ensuite dans le STAN pour être retravaillées. D’ailleurs, nous n’avons pas parlé du contrôleur Push 3 volontairement dans ce test, parce que le sujet avait déjà été abordé dans nos lignes, et qu’il n’y avait pas spécialement de raison d’en reparler avec le contexte de Live 12, malgré les mises à jour dédiées à Live 12, sous peine de ne jamais finir l’écriture de ce test. Toutefois, la combinaison Live/Push 3 contrôleur/Note a de quoi détonner, et nous avons hâte de voir les futurs développements qui vont dans ce sens et où est-ce que tout cela va amener les utilisateurs.

En tout cas Ableton Live 12.1 se révèle être la meilleure version de lui-même à ce jour, avec un STAN qui sait se faire oublier quand on l’utilise, et chaque nouvelle version majeure qui est une promesse de création de contenus continue durant son cycle de vie, de nouveaux devices à toutes sortes de add-ons comme récemment avec le pack des 20 ans de Operator conçu par Robert Henke, ou tout simplement les ajouts entre la version 12.0 et 12.1. 

Difficile de lui reprocher quoi que ce soit en 2024 d’important en dehors du prix de la version Suite, qui est vraiment la plus intéressante des 3 offres commerciales. Mais je rajouterais aussi que Live est peut être un peu à la traine sur certaines innovations présentes chez les concurrents, comme l’IA dans Logic Pro X, le démixage, les outils d’aide au mastering ou à l’harmonisation, etc. Ces arguments peuvent justifier qu’on s’intéresse à la concurrence, que ce soit dans un domaine généraliste, ou beaucoup plus orienté musiques électroniques encore, comme FL Studio ou Bitwig Studio qui s’éloigne de plus en plus de la formule initiale de Live (on vous en reparlera prochainement).

Nous recommandons donc à nos lecteurs de jeter un œil à la nouvelle mouture du logiciel si la philosophie du STAN leur parle ou si les nouvelles fonctionnalités et promesses implicites, justifiant largement une mise à jour à nos yeux, les intéressent. Et nous décernons dans la foulée un award à Ableton Live 12.1 de valeur sûre, notamment parce que certaines de nos critiques sur les précédentes versions ont été entendues!

  • Les améliorations de workflow en général et du navigateur en particulier
  • Roar, Meld, le nouveau limiteur
  • Le redesign progressif des effets et instruments inclus
  • Toujours tout en français, du logiciel au manuel exhaustif en passant par les tutos intégrés
  • Le travail effectué sur l'accessibilité
  • Le MPE qui continue son intégration
  • Générateurs et transformations MIDI intégrés dans les clips
  • L'écosystème M4L en général
  • La bibliothèque de packs, samples, clips, devices, sets d'exemples, contenu gratuit additionnel...
  • Les technologies Ableton Cloud et Link
  • Intégration des gammes et tunings à améliorer
  • Contenu M4L mal organisé
  • Toujours pas de MPE sur certains instruments
  • Prix de la version Suite
  • Un peu à la traine sur certaines innovations que l'on observe chez les concurrents
  • Pas d'outils d'aide au mastering ou de mesure de Loudness
  • Synchronisation du tempo avec l'extérieur toujours erratique en mode "externe"
  • On aime ou on aime pas le paradigme de design des devices stock
Intêret de la mise à jour :
Pays de fabrication : Allemagne

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