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Essai des Gibson Murphy Lab 1959 Les Paul - Le laboratoire de Tom Murphy

Nous sommes allés voir deux Les Paul exceptionnelles sorties tout droit du Murphy Lab de Gibson. Attention les yeux !

Essai des Gibson Murphy Lab 1959 Les Paul : Le laboratoire de Tom Murphy

MurphyLabLPs-14Tom Murphy travaille chez Gibson depuis plus de 25 ans. Il a été un des acteurs prin­ci­paux de la créa­tion du Custom Shop de la marque et a créé le proces­sus de vieillis­se­ment arti­fi­ciel des instru­ments chez Gibson. Tom est un luthier passionné qui recréé avec préci­sion et amour du travail bien fait les aspects si carac­té­ris­tiques avec lesquels une Gibson se patine au fil des années. Les moyens tech­niques récem­ment mis à sa dispo­si­tion (le fameux « Murphy Lab »), sa connais­sance extrême des guitares vintage ainsi que sa créa­ti­vité lui permettent de répliquer l’usure et le faïençage si spéci­fiques qu’on trouve sur les Gibson des années 50 et 60. Tom Murphy a su au fil de sa carrière recréer l’usure des guitares de Jimmy Page, Eric Clap­ton, Slash, Joe Walsh, Billy Gibbons, Joe Perry, Peter Framp­ton, et bien d’autres. Lors d’un entre­tien télé­pho­nique que j’ai eu le privi­lège d’avoir avec James J.C Curleigh, CEO de Gibson, ce dernier m’af­fir­mait que les guitares qui passent en ce moment entre les mains de Tom Murphy et de ses deux asso­ciés travaillant au « Lab » étaient meilleures que jamais. Ayant déjà joué quelques Les Paul Murphy des années 90 et 2000 en plus de quelques « Burst » origi­nales, j’ai tenu à véri­fier cela par moi-même.

Les reliques de Gibson


MurphyLabLPs-11J’ar­rive au showroom pari­sien de la marque et les deux Murphy Lab m’at­tendent. J’aperçois d’abord deux étuis qui semblent sortir tout droit de la fin des années 50. Je les inspecte sous toutes les coutures et constate avec émer­veille­ment que Tom Murphy est allé jusqu’à vieillir les étuis de ces guitares d’ex­cep­tion, ce qui ajoute un charme à l’en­semble, une sorte de Mojo indes­crip­tible qui touche le passionné que je suis en plein cœur. Seul l’ex­té­rieur de ces étuis « Lifton » est vieilli, ne perdons pas de vue qu’il s’agit de proté­ger l’ins­tru­ment pendant son trans­port… Je procède à l’ou­ver­ture du premier, de manière quasi reli­gieuse, en ouvrant un à un les petits loquets métal­liques. J’aperçois alors une Les Paul ’59 Light Aged Cherry Tea Burst. Sans même sortir la guitare de son écrin garni de moumoute rose, je suis impres­sionné par le niveau de détails et le soin apporté à cette fini­tion. Le faïençage est léger, mais extrê­me­ment réaliste, on a véri­ta­ble­ment le senti­ment que la guitare a passé 50 ans à être jouée de manière régu­lière, mais pas exces­sive. Quelques « dings » et « pocs » et autres légères traces de média­tors viennent ryth­mer le motif sublime de la table. L’ac­cas­tillage béné­fi­cie d’un trai­te­ment VOS qui confère à la guitare un aspect réel­le­ment patiné. Avec l’aide de Tom Murphy, Gibson a recréé la formule chimique du vernis utilisé dans les années 50 et 60 qui vieillis­sait d’une façon très parti­cu­lière. C’est ce vernis très fin qu’on retrouve sur ces guitares et qui contri­bue à leur donner ce côté authen­tique. En combi­nant ce nouveau vernis et ses tech­niques person­nelles de patine des instru­ments, Tom peut alors créer des motifs de faïençage et de vieillis­se­ment ultra-réalistes. Chaque guitare qui passe au Murphy Lab reçoit ce « nouveau » vernis et les tech­niques de patine arti­fi­cielle de Tom Murphy, appliquée à la main par Tom ou les membres de son équipe qu’il a lui-même formés.

MurphyLabLPs-13Je sors la guitare de son étui et commence à la jouer, à vide dans un premier temps. Le confort de jeu est simple­ment énorme, le filet « extra-rolled » enca­drant la touche n’y est pas étran­ger. Afin de simu­ler l’as­pect « usé » d’une guitare qui a été jouée pendant de nombreuses années, Tom Murphy adou­cit et arron­dit encore plus le côté du manche, en inter­ve­nant direc­te­ment sur son filet. Cela procure un ressenti très agréable et faci­lite le jeu. À vide, la guitare vibre de partout, on sent les ondes sonores se propa­ger dans le bois du corps et du manche, on sent ce gros bloc d’acajou vibrer contre soi : un régal. Le profil du manche est remarquable et incarne ce qu’on peut attendre d’un manche idéal d’une Les Paul de 1959 : ni trop fin, ni trop épais. Son galbe trouve natu­rel­le­ment sa place dans la main et offre encore une fois un ressenti très proche de ce que peut offrir une « vraie Burst ». Une fois bran­ché, ce beau modèle Light Aged ne me déçoit toujours pas, au contraire. Les micros équi­pés d’ai­mants AlNiCo 3 sonnent super bien, quel que soit le registre musi­cal abordé, et l’élec­tro­nique soignée les fait réagir au quart de tour de potard. On a fran­che­ment la sensa­tion que l’ins­tru­ment est vivant. Les (très) bonnes Les Paul, comme celles que j’ai eu le privi­lège d’es­sayer sur l’in­vi­ta­tion de Gibson, sont des guitares très poly­va­lentes. Je me suis laissé porter par ce que la guitare et ses sono­ri­tés m’ins­pi­raient et me retrou­vais tantôt à jouer du blues, tantôt du funk, tantôt du gros rock… et tout sonne ! Même sur un ampli pas foli­chon (un petit Epiphone de 30 watts, certes poussé à fond), ces guitares ont fait des merveilles et ont déli­vré des sons adap­tés à tous les styles sus-cités. On peut sans problème passer d’un son clair à un gros over­drive en variant simple­ment l’at­taque.

Heavy Aged !

MurphyLabLPs-6Le second étui me faisait de l’œil, il était donc temps de décou­vrir ce qui se cachait à l’in­té­rieur. Celui-ci était un peu plus flin­gué que le premier, j’en ai déduit que la guitare qu’il conte­nait l’était égale­ment. Et je ne me suis pas trompé ! Une fois le céré­mo­nial de déver­rouillage des loquets terminé, je soulève le couvercle et découvre une superbe Les Paul ’59 Golden Poppy Burst Heavy Aged. Le travail sur la couleur du vernis est remarquable et bluf­fant. C’est une couleur que je n’avais vue jusqu’alors que sur des modèles origi­naux qui avaient réel­le­ment subi les atteintes du temps. Réus­sir à recréer cette teinte si parti­cu­lière avec un tel niveau de détail est éton­nant. Le faïençage et la patine géné­rale simulent plus de 50 ans de tour­nées avec les usures qui vont avec : traces de média­tors et de jeu accen­tuées, marques de boucle de cein­ture, usure plus marquée aux points de contact du bras et de la paume de la main… L’ac­cas­tillage a subi le même sort avec un nouveau trai­te­ment qui accen­tue encore ces détails comme on peut le voir sur les prises de vue que j’ai effec­tuées. Les modèles vieillis par Tom Murphy que j’ai joués il y a de nombreuses années étaient déjà des instru­ments fantas­tiques, mais jamais je n’avais constaté ce niveau de détails. Comme le modèle précé­dent, cette Heavy Aged affiche le poids parfait pour une Les Paul, entre 3.5 et 3,9 kg. Je commence comme à mon habi­tude par jouer la guitare à vide. J’ai été encore plus subju­gué par la sono­rité et le carac­tère de ce modèle. On a l’im­pres­sion de ne faire qu’un avec la guitare et on sent qu’elle réagit à la moindre solli­ci­ta­tion, même à vide. Le sustain est incroyable et le ressenti géné­ral m’a rappelé un modèle origi­nal que j’ai eu la chance de jouer… avec le confort de jeu en plus ! Une fois bran­chée, à mon grand éton­ne­ment, cette belle Les Paul Golden Poppy Burst possède un carac­tère très diffé­rent de sa sœur, essayée quelques instants aupa­ra­vant. Les micros sont les mêmes, mais ont peut-être béné­fi­cié de quelques tours de bobines supplé­men­tai­res… L’ins­tru­ment semble globa­le­ment plus mordant, on a plus envie de lui rentrer dans la tronche alors que la première était plus feutrée, plus dans la douceur et la déli­ca­tesse. Néan­moins, le constat est le même : on peut tout jouer sur une excel­lente Les Paul, du gros rock qui tache aux petites cocottes funky en passant par des plans blues dans l’es­prit des Rolling Stones (je n’ai jamais pris autant de plai­sir en jouant « Midnight Rambler » que sur cette guitare !).

Murphy Lab : « Game Chan­ger »

MurphyLabLPs-35Tom Murphy le dit lui-même, ces instru­ments changent véri­ta­ble­ment la donne en ce qui concerne les guitares pati­nées, vieillies arti­fi­ciel­le­ment. Il ne s’agit pas ici de relan­cer le débat (stérile) sur le fait de faire pati­ner un instru­ment de manière arti­fi­cielle, mais plutôt de nuan­cer un peu mon enthou­siasme. Certes, les modèles qui sortent du Murphy Lab affichent un tarif élevé qui peut parfois être à cinq chiffres, notam­ment si on opte pour certaines options. Cepen­dant, au regard des pres­ta­tions et du plai­sir que procurent ces guitares, on est très loin du prix d’une « Burst » origi­nale qui, en cher­chant bien et en tombant sur un modèle dans la moyenne basse, se trouve autour de $300 000. Pour en avoir déjà joué, ce sont égale­ment des instru­ments fous, char­gés d’his­toire, de véri­tables pièces de collec­tion qui sonnent incroya­ble­ment bien. Gardons à l’es­prit que ce sont aussi des guitares fabriquées à la main avec les défauts éven­tuels que cela peut engen­drer (profil du manche jamais iden­tique d’un modèle à l’autre, etc.). De plus, au-delà du tarif, une guitare de 1959 n’of­frira pas le même confort de jeu qu’un instru­ment neuf, c’est une évidence. En termes de joua­bi­lité pure, ces Les Paul Murphy Lab sont les meilleures Les Paul que j’ai eus entre les pattes. Elles permettent de retrou­ver l’es­prit d’une guitare origi­nale de 1959 avec toutes ses traces d’usure et sa patine qui en consti­tuent le charme, sans avoir à vendre sa maison et quelques organes. Le travail qu’ef­fec­tue Tom Murphy ajoute un certain Mojo à ces guitares, c’est indé­niable. On sent qu’il passe du temps dessus, de la sélec­tion de la guitare à la touche finale. Si vous en avez l’oc­ca­sion, jetez-vous sur ces nouveaux modèles Tom Murphy afin de vous forger votre propre opinion. De mon côté, je commence à écono­mi­ser.

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