« Strat To The Point »

Depuis le début de sa collaboration avec Fender, 2008 il me semble (10 déjà!), Jim Root a sorti 3 modèles avec la fameuse marque américaine. La Telecaster, la Stratocaster et enfin la Jazzmaster, partageant toutes les mêmes spec: config HH en EMG, manche C modern, peinture mat, sharp body en acajou et manche érable. La Strat n’échappe pas à la règle, un bon gros joli morceau de guitare qui réussit le pari de la classe d’une Strat alliée à un son dantesque.

Design
La Strat, tout comme la Tele est proposée en deux finitions : Satin Black (2010-toujours en production) et Olympic White, satin lui aussi et un peu moins facile à trouver car plus en production (2010-2016, ”souvent à la demande de l’artiste” d’après Fender). C’est sur ce modèle que j’ai réussit à mettre la main… Même si cette Strat plonge ses racines dans l’histoire de la Stratocaster, bien des choses la différencie de ses consœurs: on est plus ici dans le domaine de la Superstrat! À commencer par le corps en acajou qui lui confère un poids non négligeable. Le design du corps est lui ”custom” (petit logo sur la tête) car ”sharp contour”. Pas de rondeur et de douceur ici, le tracé suit le dessin d’une Strat normale mais le biseautage du corps est beaucoup plus net et abrupte lui donnant un look plutôt agressif. Son poids ainsi que ces contours net donne une impression de guitare massive, prête à en découdre, on est pas la pour tricoter (enfin si, mais des gammes). À côté, ma Jackson SuperLight Soloist ressemble à ces mannequins ultra mince photoshopés :P Le manche en érable (touche en érable sur la finition white) est magnifiquement exécuté et agréable. Le profil C Modern avec radius compensé est certainement l’un des neck les plus agréable que j’ai pu jouer, il se fait oublié et rend le jeu plus facile et expressif. Le vernis apposé à extrêmement bien vieilli et permet glissade et re-glissade sans accroc, un régal. La tête à hérité d’un design 70’s, plus large qui colle parfaitement avec l’esprit de la guitare: une grosse Strat pour du gros son. Elle est orné de mécanique a blocage Fender pour un bon maintien de l’accordage. De retour sur le corps on retrouve deux EMG, un pickguard 3 plis blanc, un unique Volume un peu ”in-the-way” (assez facile de le dérégler en jeu), un selecteur 3 positions ainsi qu’un bridge à corde traversantes et ”Block Saddle” très agréable qui sait se faire oublié lui aussi. Entre son hardware noir, son manche sans repères et son corps blanc crème ainsi que ses specs, Fender propose une Strat ”straight to the point”, très sobre et très bien finit.
Petit aparté sur la finition: Le vernis nitrocellulosique satin se patine assez rapidement et ”écrira” l’histoire de votre guitare à même son corps. L’Olympic White va tourné vers un joli crème légèrement brillant. Les contours sharp peuvent marquer très vite aussi car la finition est fine. Cela peut être un soucis pour certains car la guitare va être quasi impossible à maintenir dans son état d’origine. Pour ma part je trouve ça super, la guitare va marquer en fonction de votre jeu et lui donner un aspect vintage unique, rappelant l’héritage et l’histoire de Fender. J’irais presque à dire que cette guitare, très sobre d’origine est faite pour être ”worned out” pour enfin prendre tout son caractère. Enfin… rangez tout de même vos ponceuses et autres instrument de torture, pour que ça soit beau, il faut que ça soit naturel. Et ça peut prendre un peu de temps.
+ design modern Strat très réussit, belle finition, très agréable à jouer
- volume in the way


Son
Avec son corps acajou, ses EMG 81 (bridge) et 60 (neck) et son diapason propice au detuning cette Stratocaster est prête à envoyer du bois et elle le fait sans concession. Une fois de plus ”straight to the point”. A vide la guitare offre une belle résonance et un bon sustain. À titre de comparaison avec ma Jackson SLS3, la Strat offre plus de claquant et de medium. Une fois branchée dans un ampli (ici Peavey 5150 MKI) l’épaisseur du corps en acajou donne une bonne assise dans les basses, sans être trop baveux. Les EMG sonnent comme ils doivent sonner, clair, précis et aggressif et à mon sens ce combine parfaitement avec l’esprit de cette guitare signature. Pour ma part ce fut un plaisir de retrouver ces micros que je n’avais pas jouer depuis longtemps. Leur caractère particulier se combine parfaitement aux bois de la guitare: c’est fat sans être baveux, riche en harmonique, propre. Je n’ai pu malheureusement pas tester la guitare en son clair, les EMG aillant un niveau de sortie trop fort pour espérer un son clair dans un Peavey déjà réputé pour l’inexistence d’un canal clean. Ceci dit la guitare se comporte très agréablement sur des niveaux de gain plus nuancés, l’EMG 60 offre de belles rondeurs quand le 81 permet de gagner un peu de gnak dans le registre Hard Rock. Même si le volume est assez binaire il est tout de même possible de le descendre un peu pour nuancer le niveau de sortie des micros, offrant à la guitare un poil de versatilité.
Retour sur le canal saturé avec un boost en façade (Maxon OD808): magique. La guitare gagne en richesse, le son est délicieusement ”juicy”, le tout restant bien clair (si vous abusez pas sur le niveau de gain, tout est affaire de dosage). Les harmoniques artificielles sortent sans efforts et les palms mutes se tiennent magnifiquement bien.
Cette Strat est définitivement taillé pour le Heavy et plus si affinité. Le detuning ne lui pose aucun problème (Slipknot joue généralement en B).
+ Richesse, Grain, Moar gain (mais propre)
- RAS

Pour finir
Le pari d’une Strat taillée pour la musique de Satan est réussit. Une très belle guitare qui vieillera comme un bon vin, alliant classe vintage à la Fender et efficacité redoutable. Tout est pensé pour offrir le max d’expressivité au guitariste grace à un manche C Modern et un bridge "Block Saddle" qui se font oublier. Elle ne tombe pas non plus dans les extravagances qu’un modèle signature pourrait avoir (graphique et couleur, spec ultra personnalisé), au contraire elle reste relativement neutre et vous permettra de vous l’approprier sans problème.

Petite demo: