Une escouade se compose généralement de quatre esclavagistes, dont l'éclaireuse, chargée de débusquer les cibles. Grâce à leur petite taille, les pillardes se faufilent en employant un camouflage chimique, leur botte secrète, pour passer inaperçues.
Habituellement, une attaque de fourmilière par une colonie ennemie est la promesse d'une lutte acharnée, et bien souvent à mort. Mais curieusement, les biologistes de l'université de Mayence et du Museum d'histoire naturelle Senckenberg de Görlitz n'ont rien observé de tel lors des raids des Temnothorax pilagens. Non seulement leurs victimes ne se défendaient pas, mais elles les laissaient librement emporter des larves, voire des individus adultes, que les pillardes font ensuite travailler pour leur propre compte.
L'explication à cet asservissement volontaire se trouve dans les substances chimiques que les fourmis ninjas sécrètent, et qui empêchent leurs proies de les reconnaître en tant qu'ennemies, a révélé l'étude publiée par la revue en ligne ZooKeys.
Mais l'habit ne faisant pas toujours le moine, même chez les formicidés, il arrive parfois que les intruses soient démasquées, et leur camouflage chimique déjoué. Ninjas jusqu'au bout, elles utilisent alors leur dard avec une précision redoutable, sachant parfaitement frapper leurs cousines récalcitrantes en leur point faible, au point du cou, là où la carapace est molle. Une piqûre qui provoque une paralysie immédiate, suivie d'une mort rapide, provoquant un taux de mortalité qui peut atteindre les 100 % dans les colonies attaquées, avec des pertes quasi nulles chez les pillardes.