Problème d'objectivité sur les notes des tests produits!
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Anonyme
521397
Sujet de la discussion Posté le 06/11/2004 à 22:59:12Problème d'objectivité sur les notes des tests produits!
Je trouve très étrange que certains test matériels soit massacrés sur AF par des menbres très occasionels, voir très peu actifs, sans qu'il y ait réelement de raison valables expliqués.
Du coup la note moyenne s'en ressent, et je ne parle mème pas du gas qui laisse une note destructrice et qui est le seul, du coup le matos est répertorié comme nul!
Y'a peut ètre un truc à penser?
Du coup la note moyenne s'en ressent, et je ne parle mème pas du gas qui laisse une note destructrice et qui est le seul, du coup le matos est répertorié comme nul!
Y'a peut ètre un truc à penser?

Hamtaro
5091
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Membre depuis 22 ans
51 Posté le 10/11/2004 à 12:38:30
Cher Druide, on sait tous que tu aimes la polémique et la subversion au nom de la Liberté, mais sur ce coup là je crois que tu n'as pas compris le problème des avis.
Le problème porte sur la forme et les motivations des notes. Qu'un mec mette une note de 0 ou 10 pour du matos ne pose aucun problème tant que celui-ci est capable d'expliquer pourquoi. Je crois que certains ne font pas la différence entre les avis et le forum. Si on est déçu ou très enthousiaste vis-à-vis d'un matériel, rien ne nous empêche d'aller le dire sur le forum et je trouve cela beaucoup plus sain et plus approprié. Comme je l'ai déjà dit, un avis a selon moi une vocation descriptive qui doit tendre à la plus grande objectivité possible, car nous savons tous que l'objectivité totale est impossible.
Il ne s'agit pas d'empêcher qui que ce soit de dire qu'il a trouvé bon ou mauvais tel ou tel matériel, d'exercer une quelconque censure dictatoriale au bon vouloir des modéros, il s'agit juste de faire en sorte que les notes n'apparaissent pas "gratuites". D'ailleurs, rien n'empêcherait un Afien dont l'avis aurait été modéré de le refaire avec les mêmes notes, mais avec plus de justification.
Le problème porte sur la forme et les motivations des notes. Qu'un mec mette une note de 0 ou 10 pour du matos ne pose aucun problème tant que celui-ci est capable d'expliquer pourquoi. Je crois que certains ne font pas la différence entre les avis et le forum. Si on est déçu ou très enthousiaste vis-à-vis d'un matériel, rien ne nous empêche d'aller le dire sur le forum et je trouve cela beaucoup plus sain et plus approprié. Comme je l'ai déjà dit, un avis a selon moi une vocation descriptive qui doit tendre à la plus grande objectivité possible, car nous savons tous que l'objectivité totale est impossible.
Il ne s'agit pas d'empêcher qui que ce soit de dire qu'il a trouvé bon ou mauvais tel ou tel matériel, d'exercer une quelconque censure dictatoriale au bon vouloir des modéros, il s'agit juste de faire en sorte que les notes n'apparaissent pas "gratuites". D'ailleurs, rien n'empêcherait un Afien dont l'avis aurait été modéré de le refaire avec les mêmes notes, mais avec plus de justification.
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Patrick.salvador
412
Posteur·euse AFfamé·e
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52 Posté le 10/11/2004 à 12:40:20
Re à tous
aaronmilton
ok dans le fond de se que tu dit, mais, si effectivement les imposteurs font partie du débats (alors qu'ils sont à fuir), comment les virer ?? est-ce que pour toi quelqu'un qui pourris du matos est un imposteur ? comment intégrer une fonction dans AF qui permette de différencier un imposteur d'une personne qui flate ou détruit un produit ? c'est, il me semble, pour l'instant impossible... et puis on parle bien de personnes qui détruisent des produits, pas des imposteurs, c'est un faux... heuu, un autre débat.
c'est vrai aussi que ça peut revenir cher aux responsables du site les avis destructeurs. alors comment faire ? ne laisser la parole qu'à quelque uns ?? ça va pas non ! ça va à l'encontre même du principe de partage. modérer ces mêmes avis ? ça va à l'encontre de la liberté d'expression. qu'on me demande d'arranger un peu les avis que j'ai donné sur le RS7000 ...
on voit par ci par là sur le net le résultat d'une modération permanente, ça tourne à la guerre froide sans protection !! ou alors les forums ferment ... ça va pas non ! vive le net libre !
a+
aaronmilton
ok dans le fond de se que tu dit, mais, si effectivement les imposteurs font partie du débats (alors qu'ils sont à fuir), comment les virer ?? est-ce que pour toi quelqu'un qui pourris du matos est un imposteur ? comment intégrer une fonction dans AF qui permette de différencier un imposteur d'une personne qui flate ou détruit un produit ? c'est, il me semble, pour l'instant impossible... et puis on parle bien de personnes qui détruisent des produits, pas des imposteurs, c'est un faux... heuu, un autre débat.
c'est vrai aussi que ça peut revenir cher aux responsables du site les avis destructeurs. alors comment faire ? ne laisser la parole qu'à quelque uns ?? ça va pas non ! ça va à l'encontre même du principe de partage. modérer ces mêmes avis ? ça va à l'encontre de la liberté d'expression. qu'on me demande d'arranger un peu les avis que j'ai donné sur le RS7000 ...
a+
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Patrick.salvador
412
Posteur·euse AFfamé·e
Membre depuis 23 ans
53 Posté le 10/11/2004 à 12:51:15
Hamtaro,
Pas daccord avec toi. un "gosse" qui se passionne pour les synthés, la M.A.O. le son en général, n'aura pas l'avis objectif d'un papi qui pratique la même musique sur les mêmes instruments. Imagine par exemple que ce gosse s'est fait vendre un produit par un beau parleur, mais que se produit ne convienne pas du tout à ses attentes, voir à ses rêves. Se gosse va le pourrir. le contraire est possible, il pourrai aussi le flater s'il répond à 100% à ses rêves. mais que va t-il détruire, qui va t-il détruire ? pense tu que son avis sera objectif ?? il n'a par exemple que 13 ans et vient de s'acheter son premier synthé ... tu voudrai lui couper le bec ? son avis est un avis comme les autres, il permet de connaitre un peu la personnes, les raisons de sa réaction, et même faire connaitre un peu le magasin qui lui a vendu ... tout est bon à prendre, il suffit de faire le tri.
Pas daccord avec toi. un "gosse" qui se passionne pour les synthés, la M.A.O. le son en général, n'aura pas l'avis objectif d'un papi qui pratique la même musique sur les mêmes instruments. Imagine par exemple que ce gosse s'est fait vendre un produit par un beau parleur, mais que se produit ne convienne pas du tout à ses attentes, voir à ses rêves. Se gosse va le pourrir. le contraire est possible, il pourrai aussi le flater s'il répond à 100% à ses rêves. mais que va t-il détruire, qui va t-il détruire ? pense tu que son avis sera objectif ?? il n'a par exemple que 13 ans et vient de s'acheter son premier synthé ... tu voudrai lui couper le bec ? son avis est un avis comme les autres, il permet de connaitre un peu la personnes, les raisons de sa réaction, et même faire connaitre un peu le magasin qui lui a vendu ... tout est bon à prendre, il suffit de faire le tri.
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vandyck
2248
AFicionado·a
Membre depuis 22 ans
54 Posté le 10/11/2004 à 13:22:00
Citation : Comme je l'ai déjà dit, un avis a selon moi une vocation descriptive qui doit tendre à la plus grande objectivité possible, car nous savons tous que l'objectivité totale est impossible.
Pour ce qui me concerne, c'est exactement l'inverse. Je n'attends que ça, d'avoir un avis ultra subjectif. Pour les avis objectifs, j'aime autant aller du coté de SOS, Future Music ou Recording. Enfin, chacun ses motivations.Par contre, pour ce qui concerne les justifications, moi ça me parait d'un intérêt limité de dépenser de l'énergie à les modérer. Et à ce propos, comment tu verrait la mise en place d'un tel système ? qui modère quoi et suivant quels critères ?
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Anonyme
6525
55 Posté le 10/11/2004 à 13:49:39
Définition du Larousse : Avis : Opinion, point de vue, conseil.
En tirer les conclusions qui s'imposent....
et vérifier que l'on partage bien l'avis de l'auteur ;)
En tirer les conclusions qui s'imposent....
et vérifier que l'on partage bien l'avis de l'auteur ;)0
Hamtaro
5091
Je poste, donc je suis
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56 Posté le 10/11/2004 à 14:00:53
Quand je parle d'objectivité cela rentre dans les cadre des justifications demandées. Par exemple, si un mec parle d'une boîte à rythmes en disant : "c'est trop nul, on ne peut rien faire avec !" je demande à ce que l'on me dise "pourquoi ?". Etre objectif c'est faire l'appréciation globale d'un matériel dans toutes ses fonctions (autant que possible), cela va donc au-delà d'une simple impression de départ. La part subjective interviendra forcément quand l'utilisateur mettra son matériel en rapport avec son utilisation effective au regard de ses goûts et de ses besoins.
Le malentendu réside sur le fait que l'on voit en la modération des avis une sorte de censure. Si l'on veut clamer son mécontentement ou sa satisfaction de manière démesurée, le forum reste ouvert à tous pour cela.
Quant aux critères de modération des avis, il s'agit là d'un point délicat, je le reconnais. Cela devrait reposer en grande partie sur la sagesse et la bienveillance des modérateurs qui seraient à même d'estimer un avis valide ou non. Quoi qu'il en soit il semble nécessaire d'établir une "charte des avis" que chacun accepterait avant de rédiger, histoire que personne ne soit pris au dépourvu. Pour ma part, je pense que la modération ne s'appliquerait effectivement qu'à finalement peu de cas, mais elle se doit d'être présente.
Le malentendu réside sur le fait que l'on voit en la modération des avis une sorte de censure. Si l'on veut clamer son mécontentement ou sa satisfaction de manière démesurée, le forum reste ouvert à tous pour cela.
Quant aux critères de modération des avis, il s'agit là d'un point délicat, je le reconnais. Cela devrait reposer en grande partie sur la sagesse et la bienveillance des modérateurs qui seraient à même d'estimer un avis valide ou non. Quoi qu'il en soit il semble nécessaire d'établir une "charte des avis" que chacun accepterait avant de rédiger, histoire que personne ne soit pris au dépourvu. Pour ma part, je pense que la modération ne s'appliquerait effectivement qu'à finalement peu de cas, mais elle se doit d'être présente.
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silvertouch06
2458
AFicionado·a
Membre depuis 22 ans
57 Posté le 10/11/2004 à 14:51:59
Enfon bon, quoi qu'il en soit, un avis c'est subjectif forcément, et derrière certains avis il peut y avoir une mauvaise arrière pensée.
Toute personne intelligente ira de toute façon tester le matériel pour avoir son propre jugement.
C'est à nous de faire le tri comme le disais le Druide (je crois). Ce n'est pas à AF de nous macher tout le boulot !!! On a un cerveau, et celui qui veut descendre du matériel ou le porter au rang de Dieu et bien qu'il le fasse.
Il y a assez de sites avec des démos pour se faire une idée, ou alors on se déconnecte 5 min du net, on prend son béret et on va s'aérer les neurones dans son magasin de musique préféré.
Toute personne intelligente ira de toute façon tester le matériel pour avoir son propre jugement.
C'est à nous de faire le tri comme le disais le Druide (je crois). Ce n'est pas à AF de nous macher tout le boulot !!! On a un cerveau, et celui qui veut descendre du matériel ou le porter au rang de Dieu et bien qu'il le fasse.
Il y a assez de sites avec des démos pour se faire une idée, ou alors on se déconnecte 5 min du net, on prend son béret et on va s'aérer les neurones dans son magasin de musique préféré.
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"On parle d'écriture inclusive alors que les femmes n'arrêtent pas de dire qu'elles s'en "battent les couilles""
Anonyme
521397
58 Posté le 10/11/2004 à 15:20:08
Voila !
j'admets mon gout pour la subversion au nom de la liberté (et je te remercie de l'avoir saisi
), mais là je suis très basiquement sincère et premier degré :
je pense être capable de faire le tri moi même et je ne veux pas qu'on me mache le travail, ni même croire une seconde que mon opinion a été manipulée "pour bien faire" par un modéro.
un site devant ramener des sous par le biais de la pub pour vivre, sa crédibilité deviendrait immédiatement sujette à caution si les avis "libres" y étaient "retaillés".
à la limite même, le simple fait de s'insurger contre ça me semblerait suspect (si je n'avais pas le sentiment chez toi d'une "bonne foi" ).
mais quand ce sera un importateur qui s'insurgera on fera quoi ?
non... laissons les cons.
ils sont garants de notre liberté d'expression.
et de la valeur des avis, paradoxalement.
bises à tous.
le druide.
j'admets mon gout pour la subversion au nom de la liberté (et je te remercie de l'avoir saisi
je pense être capable de faire le tri moi même et je ne veux pas qu'on me mache le travail, ni même croire une seconde que mon opinion a été manipulée "pour bien faire" par un modéro.
un site devant ramener des sous par le biais de la pub pour vivre, sa crédibilité deviendrait immédiatement sujette à caution si les avis "libres" y étaient "retaillés".
à la limite même, le simple fait de s'insurger contre ça me semblerait suspect (si je n'avais pas le sentiment chez toi d'une "bonne foi" ).
mais quand ce sera un importateur qui s'insurgera on fera quoi ?
non... laissons les cons.
ils sont garants de notre liberté d'expression.
et de la valeur des avis, paradoxalement.
bises à tous.
le druide.
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slow_pulse_boy
2272
AFicionado·a
Membre depuis 21 ans
59 Posté le 10/11/2004 à 15:22:26
Citation : laissons les cons.
ils sont garants de notre liberté d'expression.
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Hamtaro
5091
Je poste, donc je suis
Membre depuis 22 ans
60 Posté le 10/11/2004 à 15:48:50
Mouais, c'est à se demander jusqu'où peut aller la liberté et quand commence l'anarchie. Nous verrons bien comment cela tournera si les avis de trois mots par rubrique avec des notes extrêmes se mettent à abonder. De toute façon, les administrateurs d'AF restent souverains quant à la gestion du site, ce sera à eux décider.
Le Druide, ton opinion est biaisé selon moi par le fait que tu as l'air de considérer AF comme un sujet d'étude sociologique que tu aimerais voir évoluer avec le moins de contraintes possibles, juste pour voir jusqu'où cela peut aller...
J'avoue que vue comme ça c'est assez marrant...
Le Druide, ton opinion est biaisé selon moi par le fait que tu as l'air de considérer AF comme un sujet d'étude sociologique que tu aimerais voir évoluer avec le moins de contraintes possibles, juste pour voir jusqu'où cela peut aller...
J'avoue que vue comme ça c'est assez marrant...
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Anonyme
521397
61 Posté le 10/11/2004 à 15:52:53
mais l'un n'empêche pas l'autre...
je crois que la liberté, associée à la prise de conscience d'une certaine responsabilité individuelle, c'est beau.
tu as raison... ça s'appelle de l'anarchie.
ou du moins de l'anarchie "encadrée".
mais ton regard sur moi est marrant.
j'admets...
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Hamtaro
5091
Je poste, donc je suis
Membre depuis 22 ans
62 Posté le 10/11/2004 à 16:03:21
Hé hé, alors il va falloir commencer par éduquer les Afiens pour les responsabiliser ?! Utopie, quand tu nous tiens...
L'anarchie "encadrée"...
;)
L'anarchie "encadrée"...
;)
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Anonyme
521397
63 Posté le 10/11/2004 à 18:40:57
Oui !
un peu comme des animaux libres dans leur cage !!!

un peu comme des animaux libres dans leur cage !!!
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Hon Seki
1034
AFicionado·a
Membre depuis 21 ans
64 Posté le 10/11/2004 à 19:05:40
Sans vouloir polluer inutilement je suis plutot de l'avis du druide, la libre expression totale possède le merite de voir plus loin que le seul avis. Dans un avis, c'est le panel des passionés/pratiquants de musique qui s'affiche. Où l'on apprend que la musique est pratiquée par tous du plus jeune au plus vieux et du plus c.. au plus pro.
Est-ce le role de la rubrique avis, est-ce le role d'audifanzine tout court ?
Ce n'est pas a moi de repondre mais cette formule me plait aussi pour ca. Experience sociologique ? Je ne pense pas, Immense PMU de passionés oui plutot.
Maintenant un avis qui dit "0/10 boite de merde" m'arrache un sourire plus qu'il ne me fait perdre du temps.
Finalement le discernement reste la meilleur arme contre la difamation, certains diront qu'il faut proteger les plus faibles, d'autre que c'est une forme d'education ...
Alors moderer certains avis, oui si vous voulez mais c'est peut-etre enlever un peu de gout a la chose, nan ?
Est-ce le role de la rubrique avis, est-ce le role d'audifanzine tout court ?
Ce n'est pas a moi de repondre mais cette formule me plait aussi pour ca. Experience sociologique ? Je ne pense pas, Immense PMU de passionés oui plutot.
Maintenant un avis qui dit "0/10 boite de merde" m'arrache un sourire plus qu'il ne me fait perdre du temps.
Finalement le discernement reste la meilleur arme contre la difamation, certains diront qu'il faut proteger les plus faibles, d'autre que c'est une forme d'education ...
Alors moderer certains avis, oui si vous voulez mais c'est peut-etre enlever un peu de gout a la chose, nan ?
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Anonyme
6525
65 Posté le 11/11/2004 à 09:26:04
Il est de bon conseil de dire à celui qui avance sur le chemin de la vie : « tu dois avoir tes propres opinions, tes avis sur les sujets ». C'est un préjugé ordinaire. Il est de toute manière entendu que nous devons avoir une opinion sur à peu près tout. Cela permet de pouvoir discuter de tout et de rien, de donner son avis, de se prononcer, de montrer que l’on s’intéresse à toutes sortes de choses et que l’on a son mot à dire. L’opinion a une valeur: elle permet de s’exprimer !
Seulement d’un autre côté, s’en tenir à des opinions ne suffit pas. Que valent les opinions sur des sujets techniques où on est incompétent ? S’agit-il d’avoir une opinion pour être capable de parler pour ne rien dire ? Il ne vaudrait pas mieux se taire? Une opinion, cela reste une vague idée sur quelque chose, ce n’est pas encore une conviction fondée. Dire que l’on n’a pas d’opinion serait peut-être parfois plus modeste, plus juste, que de prétendre en avoir sur tout. D’autre part, il y a peut-être des domaines où l’opinion a une valeur et d’autres où elle n’a pas sa place.
On ne peut pas mettre toutes les opinions sur le même plan.
Toutes les opinions se valent-elles ? 
Seulement d’un autre côté, s’en tenir à des opinions ne suffit pas. Que valent les opinions sur des sujets techniques où on est incompétent ? S’agit-il d’avoir une opinion pour être capable de parler pour ne rien dire ? Il ne vaudrait pas mieux se taire? Une opinion, cela reste une vague idée sur quelque chose, ce n’est pas encore une conviction fondée. Dire que l’on n’a pas d’opinion serait peut-être parfois plus modeste, plus juste, que de prétendre en avoir sur tout. D’autre part, il y a peut-être des domaines où l’opinion a une valeur et d’autres où elle n’a pas sa place.
On ne peut pas mettre toutes les opinions sur le même plan.

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Anonyme
6525
66 Posté le 11/11/2004 à 09:30:24
Avoir un avis, c’est affirmer de façon sommaire, la validité d’une conscience subjective limitée dans son contenu de vérité
Ok je
Ok je
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Anonyme
521397
67 Posté le 11/11/2004 à 10:48:27
Et quels sont les critères pour dire si quelqu'un a suffisemment de compétences pour parler ? Comment quelqu'un qui se trompe peut il savoir qu'il se trompe ?
Laissons s'exprimer tout le monde. Je vous rappelle qu'il s'agit juste d'avis sur une un simple bout de plastique ou de bois, pas d'un discours électoral, faudrait peut-être relativiser les enjeux là...
Laissons s'exprimer tout le monde. Je vous rappelle qu'il s'agit juste d'avis sur une un simple bout de plastique ou de bois, pas d'un discours électoral, faudrait peut-être relativiser les enjeux là...
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Hamtaro
5091
Je poste, donc je suis
Membre depuis 22 ans
68 Posté le 11/11/2004 à 11:43:31
Le problème n'est pas dans l'évaluation des compétences de celui qui rédige un avis mais dans la forme de l'avis. Quand on rédige un avis il faut accepter de jouer le jeu et de le donner de manière circonstancié, de faire un effort de rédaction. Je crois que les avis visés par la modération sont surtout ceux où toutes les rubriques récoltent un zéro avec une phrase du genre : "c'est une grosse merde" pour chaque rubrique, de la même manière que ceux qui mettent 10 de partout en s'exclamant : "c'est trop d'la balle !".
Si un mec trouve qu'un matériel est "une grosse merde" ou "trop d'la balle", et bien je veux une explication qui implique un minimum de rédaction. Je me fous de savoir que l'avis est ultra-subjectif si le mec est capable "d'expliciter" sa subjectivité (un grand débat cette histoire de subjectivité...).
De même que le langage SMS est banni des forums, je pense qu'il devrait aussi l'être des avis.
Si un mec trouve qu'un matériel est "une grosse merde" ou "trop d'la balle", et bien je veux une explication qui implique un minimum de rédaction. Je me fous de savoir que l'avis est ultra-subjectif si le mec est capable "d'expliciter" sa subjectivité (un grand débat cette histoire de subjectivité...).
De même que le langage SMS est banni des forums, je pense qu'il devrait aussi l'être des avis.
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Anonyme
6525
69 Posté le 11/11/2004 à 11:46:41
Post celui qui souhaite faire partager son avis...Libre au(x) lecteurs d'y adhérer ou non ;)
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Hamtaro
5091
Je poste, donc je suis
Membre depuis 22 ans
70 Posté le 11/11/2004 à 12:02:50
T'as viré ton long post Gilmour ? 
Ouais, moi j'étais en train de le lire quand l'explorateur s'est actualisé... Disparu !
Ouais, moi j'étais en train de le lire quand l'explorateur s'est actualisé... Disparu !
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Horus
429
Posteur·euse AFfamé·e
Membre depuis 22 ans
71 Posté le 11/11/2004 à 12:09:12
"If it's too loud, then you're too old"(T. Nugent)
Hamtaro
5091
Je poste, donc je suis
Membre depuis 22 ans
72 Posté le 11/11/2004 à 12:12:04
Je me doutais bien que c'était du copier/coller (trop de citations précises pour avoir été fait au débotté), il n'empêche que cela avait l'air instructif, je suis si ignorant...
Merci !
Merci !
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Hamtaro
5091
Je poste, donc je suis
Membre depuis 22 ans
73 Posté le 11/11/2004 à 12:19:46
Même les fautes ont été gardées !
Ah, la philo...
Ah, la philo...
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Anonyme
6525
74 Posté le 11/11/2004 à 12:24:02
Mon post est là. Il ne s'agit pas d'un vulgaire copier/coller mais d'un cours de philo de 1989 très adapté à la question posée. je vous laisse juger :
Commençons par préciser. Il importe d’abord de savoir ce qu’est l’opinion. Mais qu’est-ce qu’une opinion ? On dit opiner de la tête pour marquer son accord. Une opinion, c’est un avis sur lequel nous sommes d’accord. Nous disons « moi je pense que ». L’opinion suppose que je me prononce sur le terrain de la vérité en formulant un jugement. C’est aussi cet avis que nous reconnaissons à titre de désaccord dans l’avis de quelqu’un d’autre. « Je ne suis pas d’accord avec ses opinions». Quand nous disons « avoir une opinion », nous sentons immédiatement nos limites. Nous ne sommes pas très assuré des fondements, des raisons pour lesquelles nous tenons à telle ou telle idée. « Avoir une opinion, c’est affirmer de façon sommaire, la validité d’une conscience subjective limitée dans son contenu de vérité ». Nous sentons bien qu’un autre pourrait aussi bien avoir une opinion différente, toute aussi valide. Mieux, en disant « moi je pense que », que mettons-nous en valeur ? Est-ce l’idée que nous avançons, ou bien est-ce nous-mêmes que nous cherchons à faire valoir ? L’opinion participe du besoin de se faire valoir autant que du besoin de dire quelque chose et de donner un avis.
Il y a cependant deux situations bien différentes :
a) le plus souvent, dans l’opinion, nous avons conscience du caractère seulement probable, hypothétique de nos affirmations : « Lorsque quelqu’un dit qu’à son avis, le nouveau bâtiment de la faculté a sept étages, cela peut vouloir dire qu’il l’a appris cela d’un tiers, mais qu’il ne le sait pas exactement ». L’opinion se trouve alors dans son terrain privilégié : la connaissance par ouï-dire. et elle relève de la croyance. J’ai entendu dire que, alors je bâtis à partir de ce que j’ai entendu des opinions. Si nous faisons le tout de tout ce que nous savons par ouï-dire, ce que nous savons sans en avoir l’expérience directe, sans en avoir les raisons précises, nous feront le compte de nos opinions. Il n’y a jamais d’exactitude dans l’opinion. elle n’est pas de l’ordre d’une constatation ou d’une expérience vécue. Elle est encore moins le résultat d’un raisonnement fondé. C'est tout juste si elle permet de se ranger dans le consensus commun.
b) Mais ce n’est pas ainsi que fonctionnent les opinions racistes, les opinions brutales qui sont des jugements à l’emporte-pièce, sans nuance ni justification. «Le sens est tout différent lorsque quelqu’un déclare qu’il est d’avis qu’en à lui que les guitaristes sont des gros cons qui jouent toujours trop fort». C’est là une manière d’affirmer qui se rencontre dans les blagues racistes, les brèves de comptoir. Dans ce cas, il n’y a plus de restriction au sein du jugement, plus de perception de son caractère purement hypothétique. Le poids qui est mis dans un tel jugement est fondé sur un faire-valoir brutal, c’est le « moi, je » qui se pose face à un autre en cherchant à se singulariser par la provocation. C’est une affirmation de l’ego qui par là prétend « avoir le courage de ses opinions, le courage de dire des choses déplaisantes ». Dans les termes d’Adorno : « Lorsqu’un individu proclame comme sienne une opinion aussi rapide, sans pertinence, que n’étaye aucune expérience, ni aucune réflexion, il lui confère …une autorité qui est celle de la profession de foi ». Mais ce qui est cynique, c’est justement que ce faire-valoir entre dans une complaisance malsaine avec l’autre en sollicitant de sa part une adhésion raciste identique. C’est bien parce que l’on ne peut pas étayer un tel jugement que l’on n’a pas d’autre solution que de le présenter sous la caution d’un argument d’autorité. « Moi je pense que ». Pourquoi ? C’est comme çà ! Ce son mes opinions à moi ». Si on ne pouvait pas mettre le poids de son ego, on n’aurait rien à dire. Nous sentons bien la faiblesse de notre position et c’est pour cela que nous nous mettons sur la balance pour peser sur autrui.
Inversement, remarque Adorno, quand nous sommes en présence d’une idée qui nous dérange, que nous ne savons pas réfuter, quel est notre dernier recours ? Nous disons que « ce n’est qu’une simple opinion… comme une autre ». nous relativisons exprès, pour ne pas être effleuré par une vérité qui nous obligerait à une remise en cause. L’opinion, c’est le domaine de refuge pour le moindre effort, pour la paresse de la pensée. Elle offre des idées toutes faites qui permettent de répondre à toutes les question sans prendre la peine de réfléchir à quoi que ce soit, sans se poser de questions. Elle donne aussi une petite satisfaction égocentrique, celle de faire partie de ceux qui pensent ceci ou cela, « de ceux qui savent ». Elle permet de se ranger dans un camp pour qui la cause est entendue. L’opinion a ses adeptes, car elle fonctionne collectivement. Pas d’opinion sans conscience collective. C’est la voix du On, la voix qui dit ce que On pense, ce sont ces idées toutes faites qui circulent et qui donnent le sentiment de faire partie de ceux qui « sont au courant ». L’opinion est « branchée », elle est branchée sur la conscience collective.
Convenons donc de ce que l’opinion constitue un stade élémentaire du rapport de l’homme à la vérité, mais un stade qui doit être dépassé, celui de la connaissance par ouï-dire. Son domaine de justification, c’est seulement celui de la probabilité. Là où nous n’avons pas de connaissance de première main, là où n’avons pas de raisons solides, là où nous manquons de justification suffisante s’étend le domaine de l’opinion. Ce dont nous devons avoir une claire conscience, c’est d’être dans un ordre d’affirmation qui reste purement hypothétique. Aussi pouvons nous être capables de prendre conscience de ce que représentent notre pensée quand elle se réduit à des opinions. Une fois que nous en avons conscience, nous devrions pouvoir : a) mettre entre parenthèses nos jugements, b) et d’avouer aussi notre ignorance. Prenons des exemples :
1. « je pense que le nouveau bâtiment fait sept étages », mais je n’en suis pas sûr, en fait je n’en sais rien ». Donc, « je préfère ne pas me prononcer sur cette question ».
2. « Je pense que l’ange gardien existe ». « C’est juste mon opinion, mais j’avoue que je serais bien en peine de donner une preuve quelconque ». « J’y crois et c’est tout ».
3. « Je pense qu’il y a de la conscience, même dans la matière ». « C’est une opinion personnelle, mais il faudrait que réfléchisse à cette question pour en faire une véritable thèse que je pourrais soutenir en apportant des éléments pour la justifier ».
4. « Je pense que la racine carrée de 2 doit faire 1,414102 ». C’est encore une opinion, mais je ne suis pas très assuré en la tenant, il faudrait que je vérifie.
A supposé que nous devenions capable d’argumenter solidement dans le sens d’une idée, l’opinion devient une conviction. La conviction, c’est l’opinion en tant qu’elle a été mûrie et réfléchie, l’opinion dont nous pouvons discuter, que nous pouvons partager, l‘opinion entrée dans le domaine de la communication des esprits car elle est enfin pourvue de justifications en raison. Les attaches de l’opinion sont affectives, les attaches de la conviction sont par contre rationnelles, logiques. Avoir des convictions, c’est avoir de bonne raisons de penser qu’un idée est juste, qu’une idée possède une valeur de vérité.
Opinion, opinion droite et connaissance
2) Dans le Ménon, Platon fait une différence entre trois ordres. L’opinion, l’opinion droite et la connaissance. Il prend l’exemple du voyageur qui demande la direction de Larissa.
Une première personne peut lui réponde « c’est par là je pense, à ce que l’on m’a dit ». Cette réponse n’est qu’une opinion, elle est vague, ne comporte pas de justification, si ce n’est dans le ouï-dire. Platon prend l’image d’un colombier où volent des oiseaux en bandes séparées. Les opinions sont sans attaches solides, elles sont flottantes et on en change comme de chemise.
Une seconde personne dira : « c’est dans cette direction je crois » en indiquant effectivement la bonne direction sans se tromper. C’est encore une opinion, mais une opinion qui tombe juste, une opinion droite, bien qu’elle ne comporte pas de justification précise de ce qu’elle avance. Ainsi en est-il explique Platon des politiques qui sont habile, prennent d’instinct des décisions correctes, mais ne savent pas exactement pourquoi parce qu’ils n’ont pas de science politique, mais seulement une inspiration juste de ce qu’il faudrait faire. Si Périclès avait eu une science politique il aurait su la transmettre à ses enfants, ce qu’il n’a pas su faire, parce qu’en fait il n’avait qu’une disposition naturelle, il n’avait que l’opinion droite sans la science.
Une troisième personne dit « cela se trouve dans cette direction », mais elle, l’affirme parce qu’elle s’est déjà rendue à Larissa, elle a une connaissance du chemin qui y mène, elle possède donc des raisons certaines de penser que la route se trouve par là. Ainsi en est-il de la science quand elle entend démontrer par raisonnement une affirmation. Le mathématicien peut démontrer dans le cadre de la géométrie d’Euclide que nécessairement les trois angles du triangle doivent faire 180°. Ce n’est là ni une opinion, ni une opinion droite, c’est une vérité scientifique. Elle est pourvue de raisons logiques. Platon dit de la science qu’elle est munie de « raisons de fer et de diamant ». Contrairement à l’opinion, la connaissance est enchâssée dans des raisons, comme le bijou est serti dans le métal. Elle a des attaches solides, si bien que l’esprit ne peut la modifier selon son gré et faire ce qu’il veut. Connaître, c’est précisément tisser des relations entre toutes chose. L’intelligence, est inter-ligare, ce qui relie, la capacité de relier, au sens où elle est capable de voir des relations. Un esprit intelligent, c’est un esprit qui est capable d’établir des relations intelligente. Une intelligence brillante fait rapidement des liens, ce qui lui permet de comprendre un phénomène. Quand nous ne comprenons pas que se passe-t-il ? Nous ne faisons pas de relation, nous ne voyons pas les relations intelligible, ce qui fait que les choses restent dans leur état séparé. Ayant perçu un lien, nous devenons capable de formuler des raisons de justifier ce qui nous apparaît dès lors comme une vérité.
Platon ne disqualifie pas complètement l’opinion en général, et encore moins l’opinion droite au privilège de la seule connaissance, de la science. Nous ne pouvons pas dire en bloc que l’opinion est « fausse ». On y trouve toutes chose et aussi son contraire. Elle peut contenir des idées justes, mais aussi des préjugés grossiers, des idées fausses, des affirmations creuses et superficielles. Elle est un prêt à penser comme on dit qu’il y a un prêt à porter. Comme l’opinion peut accidentellement croiser des intuitions justes, tomber sur une idée vraie, nous ne pouvons pas la rejeter en bloc. Son seul tort, c’est surtout qu’elle n’est pas consciente d’elle-même. Celui qui est dans l’opinion ne se rend pas compte qu’il a dans l’esprit seulement des opinions. Or à ce stade, l’esprit manque de fermeté, de rigueur, de clarté. L’opinion laisse l’esprit sans repère, égaré dans des idées flottantes. Parce qu’elle est multiple, parce que dans l’opinion tout paraît relatif, l’opinion laisse l’esprit confus. De plus, l’opinion n’éclaire pas, elle ne donne aucune évidence intellectuelle. En rester à l’opinion laisse l’esprit dans l’obscurité. Aussi l’esprit ignorant n’est il en réalité jamais vide. Il est au contraire farci d’opinions de toutes sortes. S’il était vide, il serait certainement plus clair et distinct. L’ignorant, ce n’est pas celui qui dit qui ne sait rien, c’est celui qui croit savoir et qui n’a que des opinions en guise de connaissance. L’opinion donne une suffisance qu’il faut donc dégonfler pour que l’esprit se mette en quête de la vérité. Chez Socrate, l’ironie c’est l’art de poser ces questions qui mettent en cause l’opinion en lui demandant d’exhiber ses raisons. L’ironie se moque de l’opinion. Socrate se présente comme un taon qui pique l’amour-propre de celui qui s’en tient à ses opinions sans aller au delà. L’ironie est le pendant de la flatterie de l’amour-propre qui fait que l’on « croit savoir », elle démasque cette flatterie et reconduit l’esprit à une conscience plus vraie : « au fond, c’est vrai, tu as raison Socrate, ce qu’est la justice dans son essence, je croyais le savoir, mais maintenant je me rend compte que je n’en sais rien ». L’ironie n’est cependant pas négative au sens où elle pique la curiosité, où elle fait venir le désir sincère de connaître.
L’opinion droite, même si elle n’a pas de justification, a pourtant une portée importante dans tous les domaines où l’homme doit agir, même s’il ne dispose pas pour autant de connaissance certaine. Elle fait que l’homme peut trouver une habileté, sans posséder pour autant une science complète. Or il y a bien des domaines de la vie dans lesquels nous devons nous contenter d’opinions probables à défaut de certitudes.
A) C’est le cas du champ de l’action morale, le domaine des décisions en fonction de ce que nous pouvons considérer comme bien ou mal. Savons nous clairement où se trouve me choix juste ? Qu’en est-il de la vertu ? Repose elle vraiment sur une connaissance du bien ou du mal? ou bien est-ce sur une qualité morale, un don ? L’homme qui se précipite dans une maison en flamme pour sauver un enfant n’a pas besoin de savoir ce qu’est la vertu pour faire un acte de bravoure. Il a peut-être seulement une disposition à la vertu, une bonté d’âme, mais pas de connaissance de ce que serait la bonté. Il répond d’une manière juste, noble à une situation. Dès lors, on ne voit pas comment la vertu pourrait s’enseigner, si elle est de l’ordre d’une inspiration heureuse pour faire le bien. Il pourrait y avoir des professeurs de vertus – c’est la prétentions qu’affichaient les sophistes – si la vertu était une science ou résultait d’une science qui pouvait se transmettre et donc s’enseigner. Mais où sont les professeurs de vertu ? Socrate montre donc que l’on ne peut qu’inciter à la vertu et non enseigner la vertu.
B) De même, l’inspiration artistique qui donne au poète ses ailes pour écrire ne résulte pas non plus d’une science, mais plutôt d’un talent divin. Si elle était une science, elle pourrait se transmettre et s’enseigner, or ce que l’on transmet, ce sont seulement des techniques et des méthodes, et non le génie capable de s’en servir.
C) Il en est de même des pratiques traditionnelles qui ne reposent pas sur une science, mais sur une aptitude particulière, sur un savoir faire résultant d’une pratique : celle du rebouteux qui sait remettre droite une articulation, mais n’a pas fait d ‘école de médecine.
Dans tous ces domaines, nous avons affaire à l’opinion droite plus qu’à la connaissance. Ce qui regarde donc la connaissance, c’est le domaine de ce qui peut-être fondé rationnellement par l’esprit. Le domaine de la connaissance c’est tout à la fois la connaissance de soi et la connaissance du monde.
Opinion et liberté de juger
Si nous pouvons opiner dans l’opinion, c’est que nous choisissons de l’avoir, c’est sommes libres de la tenir. Nous sommes donc responsables de nos opinions. D’où nous vient cette liberté ?
Cette liberté vient de ce que nous pouvons par la volonté prendre position, même sur des sujets sur lesquels notre entendement n’est pas suffisamment éclairé. Cet acte de la volonté c’est celui du jugement. Descartes dans les Méditations métaphysiques, fait une distinction nette. Il appelle entendement la faculté de comprendre de l’intelligence. L’entendement de par sa nature est limité, il se tient dans les limites de ce qu’il est capable d’embrasser. L’entendement conçoit. Descartes appelle volonté l’acte qui fait que l’esprit est capable librement d’affirmer ou de nier quelque chose. Ce qui se traduit sous la forme d’un jugement. La volonté juge. La volonté, à la différence de l’entendement, n’est pas contrainte. Nous ne pouvons pas tout comprendre, mais nous pouvons vouloir n’importe quoi. Nous ne pouvons pas tout concevoir, mais nous pouvons juger à tort et à travers. La volonté est, selon Descartes, le seul pouvoir qui soit infini en l’homme. De sorte que nous sommes tout naturellement portés à juger bien au-delà de ce que nous connaissons réellement. Un pouvoir qui n’a pas de limite naturelle a besoin d’être réglé, sinon il peut nous égarer..
C’est la cause métaphysique de l’erreur. « D’où est-ce que naissent mes erreurs ? C’est à savoir, de cela seul que, la volonté étant beaucoup plus ample et plus étendue que l’entendement, je ne la contiens pas dans les mêmes limites, mais que je l’étends aussi aux choses que je n’entends pas». Ainsi, la volonté « s’égare fort aisément et choisit le mal pour le bien, ou le faux pour le vrai ». Il en résulte que la règle que nous devrions suivre pour éviter l’erreur, c’est de maintenir la volonté dans les limites de l’entendement. Concrètement : ne pas juger au delà de ce que je sais. Nous avons la liberté de pouvoir affirmer et nier, ce qui veut dire que nous avons aussi la liberté de pouvoir suspendre notre jugement en des sujets où ne se rencontre pas de clarté ni de distinction suffisante. La première règle de la méthode de Descartes pose le précepte suivant :
« ne recevoir aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c’est à dire d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention ». « Évidemment » se réfère ici à l’évidence, cette expérience intellectuelle qui fait que l’esprit est illuminé par la clarté de l’idée. L’idée claire, c’est elle qui s’impose avec évidence à l’entendement. « Recevoir pour vrai », veut dire juger, ce qui est l’acte propre à la volonté. Que se passe-t-il quand je ne respecte pas cette règle ? Je tombe dans la prévention ou dans la précipitation. Un jugement précipité est un jugement trop hâtif, qui ne résulte que d’un examen trop superficiel, qui n’a pas été assez soigneux. Bien souvent, nous ne nous donnons pas assez le temps de l’examen attentif, de la réflexion et nous jugeons brutalement, sans nuance, dans la précipitation. D’où des erreurs d’appréciation. Un jugement prévenu est un jugement tout fait, avant même qu’il y ait un quelconque examen. Littéralement, c’est ce qui s’appelle un préjugé. Le jugement est venu avant, jugé avant : pré-jugé, pré-venu. Or il est de bonne méthode à l’inverse qu’une jugement ne vienne qu’après un examen sérieux. Si, abordant une personne, j’ai déjà l’idée « c’est un contrôleur du fisc», « c’est une vedette du show business », « c’est un prof », la rencontre repose sur le terrain des préjugés, elle est artificielle parce que j’ai fabriqué à l’avance une image de l’autre au lieu de l’écouter dans ce qu’il est et ce qu’il a à me dire. Si j’aborde un fait d’actualité seulement à travers ce qu’On en dit, j’en reste à des pré-jugé. Si je m’en tiens à la réputation que l’on a pu faire de A, sans le rencontrer, je pense sur la base du préjugé. Pour comprendre, il faudrait d’abord s’abstenir de juger avant tout examen sérieux. Cela veut dire garder une certaine retenue, ne pas se prononcer de manière hâtive, brutale, sans nuance comme nous avons trop souvent tendance à le faire. La Vie dans son processus naturel et sa complexité ne peut pas être comprise à l’intérieur des préjugés. Elle doit être suivie avec une attention complète, une intelligence perspicace, toujours en éveil, une intelligence souple et rapide. Comprendre, ce n’est pas condamner, ni s’identifier à quoi que ce soit. Or il est en nous une propension habituelle à tout ranger dans des catégories tranchées dans des jugements sommaires. La Vie ne se résout pas à des schéma duels simplistes, à des alternatives d’opinion du genre : c’est génial/c’est nul, c’est très bien/c’est mal, il fallait le faire/il ne fallait pas le faire etc.
Parce que le jugement est une libre décision de notre part, parce que le jugement nous appartient, il nous est possible d’éviter la précipitation et la prévention en pratiquant la suspension de jugement, l’époké. Par là nous incombe d’éviter l’erreur consistant à donner son adhésion trop vite à des idées sommes toutes confuses. Donner son opinion c’est en ce sens faire un usage intelligent, rationnel de sa liberté de choix, de son libre arbitre. « Si je m’abstient de donner mon jugement sur une chose, lorsque je ne la conçois pas avec assez de clarté et de distinction, il est évident que j’en use fort bien, et que je ne suis point trompé ; mais si je me détermine à la nier, ou assurer, alors je ne me sers plus comme je le dois de mon libre arbitre». Les opinions fausses ne sont donc pas en nous sans que nous les ayons installés sous la forme de jugements erronés. Nous sommes responsable de nos opinions. Nous avons une maîtrise sur nos pensées et celle-ci suppose que nous soyons capables de maintenir nos jugements dans les limites de ce que nous pouvons comprendre. « La lumière naturelle nous enseigne que la connaissance de l’entendement doit toujours précéder la détermination de la volonté ».
Si nos opinions ne sont pas éclairées, elles risquent toujours de surgir de parti-pris irrationnels. L’examen attentif de notre pensée peut nous révéler ce fonctionnement impulsif du jugement, peut faire apparaître ce qu’il peut y avoir en nous de grossier, de violent, d’impulsif, ce qui ne manque pas de se traduire par des opinions de même couleur. Nous pouvons très bien mettre en lumière le contenu de notre pensée et en prendre conscience. Tant que nous n’avons pas pris conscience de notre fonctionnement mental, nous en sommes nous-mêmes victimes. Si nous voulons mettre un peu plus de sagesse dans nos acte, il faut mettre plus de conscience dans nos jugements.
En résumé, l’opinion en général est bien sûr acceptable au sens où il est possible que nous ayons parfois une idée juste, bien que nous n’ayons qu’imparfaitement accès aux raisons qui la fondent. Platon appelle opinion droite ce type d’opinion qui ne rencontre ne quelque sorte la vérité que de manière accidentelle. L’opinion droite est l’intermédiaire entre l’opinion en général et la conviction fondée qui pourrait revendiquer le titre de connaissance, ou même de science. Pourtant, se contenter d’opinion, c’est en rester à un stade élémentaire de la recherche de la vérité
Il ne saurait être question enfin de mettre sur le même plan l’ignorance où nous sommes, la nécessité de devoir parfois se contenter d’opinion et les prises de parti de la violence morale plus ou moins déguisée qui se permet de porter atteinte à la dignité de l’être humain. Une opinion raciste, un jugement insultant ne sont pas des opinions comme les autres. De toute manière, l’opinion n’est pas là à notre insu, elle suppose de notre part une libre adhésion, une adhésion donc nous sommes responsables, dont nous devons pouvoir rendre compte.
Horus :
Hamtaro : Le propre d'une citation est d'être citée ;)
Commençons par préciser. Il importe d’abord de savoir ce qu’est l’opinion. Mais qu’est-ce qu’une opinion ? On dit opiner de la tête pour marquer son accord. Une opinion, c’est un avis sur lequel nous sommes d’accord. Nous disons « moi je pense que ». L’opinion suppose que je me prononce sur le terrain de la vérité en formulant un jugement. C’est aussi cet avis que nous reconnaissons à titre de désaccord dans l’avis de quelqu’un d’autre. « Je ne suis pas d’accord avec ses opinions». Quand nous disons « avoir une opinion », nous sentons immédiatement nos limites. Nous ne sommes pas très assuré des fondements, des raisons pour lesquelles nous tenons à telle ou telle idée. « Avoir une opinion, c’est affirmer de façon sommaire, la validité d’une conscience subjective limitée dans son contenu de vérité ». Nous sentons bien qu’un autre pourrait aussi bien avoir une opinion différente, toute aussi valide. Mieux, en disant « moi je pense que », que mettons-nous en valeur ? Est-ce l’idée que nous avançons, ou bien est-ce nous-mêmes que nous cherchons à faire valoir ? L’opinion participe du besoin de se faire valoir autant que du besoin de dire quelque chose et de donner un avis.
Il y a cependant deux situations bien différentes :
a) le plus souvent, dans l’opinion, nous avons conscience du caractère seulement probable, hypothétique de nos affirmations : « Lorsque quelqu’un dit qu’à son avis, le nouveau bâtiment de la faculté a sept étages, cela peut vouloir dire qu’il l’a appris cela d’un tiers, mais qu’il ne le sait pas exactement ». L’opinion se trouve alors dans son terrain privilégié : la connaissance par ouï-dire. et elle relève de la croyance. J’ai entendu dire que, alors je bâtis à partir de ce que j’ai entendu des opinions. Si nous faisons le tout de tout ce que nous savons par ouï-dire, ce que nous savons sans en avoir l’expérience directe, sans en avoir les raisons précises, nous feront le compte de nos opinions. Il n’y a jamais d’exactitude dans l’opinion. elle n’est pas de l’ordre d’une constatation ou d’une expérience vécue. Elle est encore moins le résultat d’un raisonnement fondé. C'est tout juste si elle permet de se ranger dans le consensus commun.
b) Mais ce n’est pas ainsi que fonctionnent les opinions racistes, les opinions brutales qui sont des jugements à l’emporte-pièce, sans nuance ni justification. «Le sens est tout différent lorsque quelqu’un déclare qu’il est d’avis qu’en à lui que les guitaristes sont des gros cons qui jouent toujours trop fort». C’est là une manière d’affirmer qui se rencontre dans les blagues racistes, les brèves de comptoir. Dans ce cas, il n’y a plus de restriction au sein du jugement, plus de perception de son caractère purement hypothétique. Le poids qui est mis dans un tel jugement est fondé sur un faire-valoir brutal, c’est le « moi, je » qui se pose face à un autre en cherchant à se singulariser par la provocation. C’est une affirmation de l’ego qui par là prétend « avoir le courage de ses opinions, le courage de dire des choses déplaisantes ». Dans les termes d’Adorno : « Lorsqu’un individu proclame comme sienne une opinion aussi rapide, sans pertinence, que n’étaye aucune expérience, ni aucune réflexion, il lui confère …une autorité qui est celle de la profession de foi ». Mais ce qui est cynique, c’est justement que ce faire-valoir entre dans une complaisance malsaine avec l’autre en sollicitant de sa part une adhésion raciste identique. C’est bien parce que l’on ne peut pas étayer un tel jugement que l’on n’a pas d’autre solution que de le présenter sous la caution d’un argument d’autorité. « Moi je pense que ». Pourquoi ? C’est comme çà ! Ce son mes opinions à moi ». Si on ne pouvait pas mettre le poids de son ego, on n’aurait rien à dire. Nous sentons bien la faiblesse de notre position et c’est pour cela que nous nous mettons sur la balance pour peser sur autrui.
Inversement, remarque Adorno, quand nous sommes en présence d’une idée qui nous dérange, que nous ne savons pas réfuter, quel est notre dernier recours ? Nous disons que « ce n’est qu’une simple opinion… comme une autre ». nous relativisons exprès, pour ne pas être effleuré par une vérité qui nous obligerait à une remise en cause. L’opinion, c’est le domaine de refuge pour le moindre effort, pour la paresse de la pensée. Elle offre des idées toutes faites qui permettent de répondre à toutes les question sans prendre la peine de réfléchir à quoi que ce soit, sans se poser de questions. Elle donne aussi une petite satisfaction égocentrique, celle de faire partie de ceux qui pensent ceci ou cela, « de ceux qui savent ». Elle permet de se ranger dans un camp pour qui la cause est entendue. L’opinion a ses adeptes, car elle fonctionne collectivement. Pas d’opinion sans conscience collective. C’est la voix du On, la voix qui dit ce que On pense, ce sont ces idées toutes faites qui circulent et qui donnent le sentiment de faire partie de ceux qui « sont au courant ». L’opinion est « branchée », elle est branchée sur la conscience collective.
Convenons donc de ce que l’opinion constitue un stade élémentaire du rapport de l’homme à la vérité, mais un stade qui doit être dépassé, celui de la connaissance par ouï-dire. Son domaine de justification, c’est seulement celui de la probabilité. Là où nous n’avons pas de connaissance de première main, là où n’avons pas de raisons solides, là où nous manquons de justification suffisante s’étend le domaine de l’opinion. Ce dont nous devons avoir une claire conscience, c’est d’être dans un ordre d’affirmation qui reste purement hypothétique. Aussi pouvons nous être capables de prendre conscience de ce que représentent notre pensée quand elle se réduit à des opinions. Une fois que nous en avons conscience, nous devrions pouvoir : a) mettre entre parenthèses nos jugements, b) et d’avouer aussi notre ignorance. Prenons des exemples :
1. « je pense que le nouveau bâtiment fait sept étages », mais je n’en suis pas sûr, en fait je n’en sais rien ». Donc, « je préfère ne pas me prononcer sur cette question ».
2. « Je pense que l’ange gardien existe ». « C’est juste mon opinion, mais j’avoue que je serais bien en peine de donner une preuve quelconque ». « J’y crois et c’est tout ».
3. « Je pense qu’il y a de la conscience, même dans la matière ». « C’est une opinion personnelle, mais il faudrait que réfléchisse à cette question pour en faire une véritable thèse que je pourrais soutenir en apportant des éléments pour la justifier ».
4. « Je pense que la racine carrée de 2 doit faire 1,414102 ». C’est encore une opinion, mais je ne suis pas très assuré en la tenant, il faudrait que je vérifie.
A supposé que nous devenions capable d’argumenter solidement dans le sens d’une idée, l’opinion devient une conviction. La conviction, c’est l’opinion en tant qu’elle a été mûrie et réfléchie, l’opinion dont nous pouvons discuter, que nous pouvons partager, l‘opinion entrée dans le domaine de la communication des esprits car elle est enfin pourvue de justifications en raison. Les attaches de l’opinion sont affectives, les attaches de la conviction sont par contre rationnelles, logiques. Avoir des convictions, c’est avoir de bonne raisons de penser qu’un idée est juste, qu’une idée possède une valeur de vérité.
Opinion, opinion droite et connaissance
2) Dans le Ménon, Platon fait une différence entre trois ordres. L’opinion, l’opinion droite et la connaissance. Il prend l’exemple du voyageur qui demande la direction de Larissa.
Une première personne peut lui réponde « c’est par là je pense, à ce que l’on m’a dit ». Cette réponse n’est qu’une opinion, elle est vague, ne comporte pas de justification, si ce n’est dans le ouï-dire. Platon prend l’image d’un colombier où volent des oiseaux en bandes séparées. Les opinions sont sans attaches solides, elles sont flottantes et on en change comme de chemise.
Une seconde personne dira : « c’est dans cette direction je crois » en indiquant effectivement la bonne direction sans se tromper. C’est encore une opinion, mais une opinion qui tombe juste, une opinion droite, bien qu’elle ne comporte pas de justification précise de ce qu’elle avance. Ainsi en est-il explique Platon des politiques qui sont habile, prennent d’instinct des décisions correctes, mais ne savent pas exactement pourquoi parce qu’ils n’ont pas de science politique, mais seulement une inspiration juste de ce qu’il faudrait faire. Si Périclès avait eu une science politique il aurait su la transmettre à ses enfants, ce qu’il n’a pas su faire, parce qu’en fait il n’avait qu’une disposition naturelle, il n’avait que l’opinion droite sans la science.
Une troisième personne dit « cela se trouve dans cette direction », mais elle, l’affirme parce qu’elle s’est déjà rendue à Larissa, elle a une connaissance du chemin qui y mène, elle possède donc des raisons certaines de penser que la route se trouve par là. Ainsi en est-il de la science quand elle entend démontrer par raisonnement une affirmation. Le mathématicien peut démontrer dans le cadre de la géométrie d’Euclide que nécessairement les trois angles du triangle doivent faire 180°. Ce n’est là ni une opinion, ni une opinion droite, c’est une vérité scientifique. Elle est pourvue de raisons logiques. Platon dit de la science qu’elle est munie de « raisons de fer et de diamant ». Contrairement à l’opinion, la connaissance est enchâssée dans des raisons, comme le bijou est serti dans le métal. Elle a des attaches solides, si bien que l’esprit ne peut la modifier selon son gré et faire ce qu’il veut. Connaître, c’est précisément tisser des relations entre toutes chose. L’intelligence, est inter-ligare, ce qui relie, la capacité de relier, au sens où elle est capable de voir des relations. Un esprit intelligent, c’est un esprit qui est capable d’établir des relations intelligente. Une intelligence brillante fait rapidement des liens, ce qui lui permet de comprendre un phénomène. Quand nous ne comprenons pas que se passe-t-il ? Nous ne faisons pas de relation, nous ne voyons pas les relations intelligible, ce qui fait que les choses restent dans leur état séparé. Ayant perçu un lien, nous devenons capable de formuler des raisons de justifier ce qui nous apparaît dès lors comme une vérité.
Platon ne disqualifie pas complètement l’opinion en général, et encore moins l’opinion droite au privilège de la seule connaissance, de la science. Nous ne pouvons pas dire en bloc que l’opinion est « fausse ». On y trouve toutes chose et aussi son contraire. Elle peut contenir des idées justes, mais aussi des préjugés grossiers, des idées fausses, des affirmations creuses et superficielles. Elle est un prêt à penser comme on dit qu’il y a un prêt à porter. Comme l’opinion peut accidentellement croiser des intuitions justes, tomber sur une idée vraie, nous ne pouvons pas la rejeter en bloc. Son seul tort, c’est surtout qu’elle n’est pas consciente d’elle-même. Celui qui est dans l’opinion ne se rend pas compte qu’il a dans l’esprit seulement des opinions. Or à ce stade, l’esprit manque de fermeté, de rigueur, de clarté. L’opinion laisse l’esprit sans repère, égaré dans des idées flottantes. Parce qu’elle est multiple, parce que dans l’opinion tout paraît relatif, l’opinion laisse l’esprit confus. De plus, l’opinion n’éclaire pas, elle ne donne aucune évidence intellectuelle. En rester à l’opinion laisse l’esprit dans l’obscurité. Aussi l’esprit ignorant n’est il en réalité jamais vide. Il est au contraire farci d’opinions de toutes sortes. S’il était vide, il serait certainement plus clair et distinct. L’ignorant, ce n’est pas celui qui dit qui ne sait rien, c’est celui qui croit savoir et qui n’a que des opinions en guise de connaissance. L’opinion donne une suffisance qu’il faut donc dégonfler pour que l’esprit se mette en quête de la vérité. Chez Socrate, l’ironie c’est l’art de poser ces questions qui mettent en cause l’opinion en lui demandant d’exhiber ses raisons. L’ironie se moque de l’opinion. Socrate se présente comme un taon qui pique l’amour-propre de celui qui s’en tient à ses opinions sans aller au delà. L’ironie est le pendant de la flatterie de l’amour-propre qui fait que l’on « croit savoir », elle démasque cette flatterie et reconduit l’esprit à une conscience plus vraie : « au fond, c’est vrai, tu as raison Socrate, ce qu’est la justice dans son essence, je croyais le savoir, mais maintenant je me rend compte que je n’en sais rien ». L’ironie n’est cependant pas négative au sens où elle pique la curiosité, où elle fait venir le désir sincère de connaître.
L’opinion droite, même si elle n’a pas de justification, a pourtant une portée importante dans tous les domaines où l’homme doit agir, même s’il ne dispose pas pour autant de connaissance certaine. Elle fait que l’homme peut trouver une habileté, sans posséder pour autant une science complète. Or il y a bien des domaines de la vie dans lesquels nous devons nous contenter d’opinions probables à défaut de certitudes.
A) C’est le cas du champ de l’action morale, le domaine des décisions en fonction de ce que nous pouvons considérer comme bien ou mal. Savons nous clairement où se trouve me choix juste ? Qu’en est-il de la vertu ? Repose elle vraiment sur une connaissance du bien ou du mal? ou bien est-ce sur une qualité morale, un don ? L’homme qui se précipite dans une maison en flamme pour sauver un enfant n’a pas besoin de savoir ce qu’est la vertu pour faire un acte de bravoure. Il a peut-être seulement une disposition à la vertu, une bonté d’âme, mais pas de connaissance de ce que serait la bonté. Il répond d’une manière juste, noble à une situation. Dès lors, on ne voit pas comment la vertu pourrait s’enseigner, si elle est de l’ordre d’une inspiration heureuse pour faire le bien. Il pourrait y avoir des professeurs de vertus – c’est la prétentions qu’affichaient les sophistes – si la vertu était une science ou résultait d’une science qui pouvait se transmettre et donc s’enseigner. Mais où sont les professeurs de vertu ? Socrate montre donc que l’on ne peut qu’inciter à la vertu et non enseigner la vertu.
B) De même, l’inspiration artistique qui donne au poète ses ailes pour écrire ne résulte pas non plus d’une science, mais plutôt d’un talent divin. Si elle était une science, elle pourrait se transmettre et s’enseigner, or ce que l’on transmet, ce sont seulement des techniques et des méthodes, et non le génie capable de s’en servir.
C) Il en est de même des pratiques traditionnelles qui ne reposent pas sur une science, mais sur une aptitude particulière, sur un savoir faire résultant d’une pratique : celle du rebouteux qui sait remettre droite une articulation, mais n’a pas fait d ‘école de médecine.
Dans tous ces domaines, nous avons affaire à l’opinion droite plus qu’à la connaissance. Ce qui regarde donc la connaissance, c’est le domaine de ce qui peut-être fondé rationnellement par l’esprit. Le domaine de la connaissance c’est tout à la fois la connaissance de soi et la connaissance du monde.
Opinion et liberté de juger
Si nous pouvons opiner dans l’opinion, c’est que nous choisissons de l’avoir, c’est sommes libres de la tenir. Nous sommes donc responsables de nos opinions. D’où nous vient cette liberté ?
Cette liberté vient de ce que nous pouvons par la volonté prendre position, même sur des sujets sur lesquels notre entendement n’est pas suffisamment éclairé. Cet acte de la volonté c’est celui du jugement. Descartes dans les Méditations métaphysiques, fait une distinction nette. Il appelle entendement la faculté de comprendre de l’intelligence. L’entendement de par sa nature est limité, il se tient dans les limites de ce qu’il est capable d’embrasser. L’entendement conçoit. Descartes appelle volonté l’acte qui fait que l’esprit est capable librement d’affirmer ou de nier quelque chose. Ce qui se traduit sous la forme d’un jugement. La volonté juge. La volonté, à la différence de l’entendement, n’est pas contrainte. Nous ne pouvons pas tout comprendre, mais nous pouvons vouloir n’importe quoi. Nous ne pouvons pas tout concevoir, mais nous pouvons juger à tort et à travers. La volonté est, selon Descartes, le seul pouvoir qui soit infini en l’homme. De sorte que nous sommes tout naturellement portés à juger bien au-delà de ce que nous connaissons réellement. Un pouvoir qui n’a pas de limite naturelle a besoin d’être réglé, sinon il peut nous égarer..
C’est la cause métaphysique de l’erreur. « D’où est-ce que naissent mes erreurs ? C’est à savoir, de cela seul que, la volonté étant beaucoup plus ample et plus étendue que l’entendement, je ne la contiens pas dans les mêmes limites, mais que je l’étends aussi aux choses que je n’entends pas». Ainsi, la volonté « s’égare fort aisément et choisit le mal pour le bien, ou le faux pour le vrai ». Il en résulte que la règle que nous devrions suivre pour éviter l’erreur, c’est de maintenir la volonté dans les limites de l’entendement. Concrètement : ne pas juger au delà de ce que je sais. Nous avons la liberté de pouvoir affirmer et nier, ce qui veut dire que nous avons aussi la liberté de pouvoir suspendre notre jugement en des sujets où ne se rencontre pas de clarté ni de distinction suffisante. La première règle de la méthode de Descartes pose le précepte suivant :
« ne recevoir aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c’est à dire d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention ». « Évidemment » se réfère ici à l’évidence, cette expérience intellectuelle qui fait que l’esprit est illuminé par la clarté de l’idée. L’idée claire, c’est elle qui s’impose avec évidence à l’entendement. « Recevoir pour vrai », veut dire juger, ce qui est l’acte propre à la volonté. Que se passe-t-il quand je ne respecte pas cette règle ? Je tombe dans la prévention ou dans la précipitation. Un jugement précipité est un jugement trop hâtif, qui ne résulte que d’un examen trop superficiel, qui n’a pas été assez soigneux. Bien souvent, nous ne nous donnons pas assez le temps de l’examen attentif, de la réflexion et nous jugeons brutalement, sans nuance, dans la précipitation. D’où des erreurs d’appréciation. Un jugement prévenu est un jugement tout fait, avant même qu’il y ait un quelconque examen. Littéralement, c’est ce qui s’appelle un préjugé. Le jugement est venu avant, jugé avant : pré-jugé, pré-venu. Or il est de bonne méthode à l’inverse qu’une jugement ne vienne qu’après un examen sérieux. Si, abordant une personne, j’ai déjà l’idée « c’est un contrôleur du fisc», « c’est une vedette du show business », « c’est un prof », la rencontre repose sur le terrain des préjugés, elle est artificielle parce que j’ai fabriqué à l’avance une image de l’autre au lieu de l’écouter dans ce qu’il est et ce qu’il a à me dire. Si j’aborde un fait d’actualité seulement à travers ce qu’On en dit, j’en reste à des pré-jugé. Si je m’en tiens à la réputation que l’on a pu faire de A, sans le rencontrer, je pense sur la base du préjugé. Pour comprendre, il faudrait d’abord s’abstenir de juger avant tout examen sérieux. Cela veut dire garder une certaine retenue, ne pas se prononcer de manière hâtive, brutale, sans nuance comme nous avons trop souvent tendance à le faire. La Vie dans son processus naturel et sa complexité ne peut pas être comprise à l’intérieur des préjugés. Elle doit être suivie avec une attention complète, une intelligence perspicace, toujours en éveil, une intelligence souple et rapide. Comprendre, ce n’est pas condamner, ni s’identifier à quoi que ce soit. Or il est en nous une propension habituelle à tout ranger dans des catégories tranchées dans des jugements sommaires. La Vie ne se résout pas à des schéma duels simplistes, à des alternatives d’opinion du genre : c’est génial/c’est nul, c’est très bien/c’est mal, il fallait le faire/il ne fallait pas le faire etc.
Parce que le jugement est une libre décision de notre part, parce que le jugement nous appartient, il nous est possible d’éviter la précipitation et la prévention en pratiquant la suspension de jugement, l’époké. Par là nous incombe d’éviter l’erreur consistant à donner son adhésion trop vite à des idées sommes toutes confuses. Donner son opinion c’est en ce sens faire un usage intelligent, rationnel de sa liberté de choix, de son libre arbitre. « Si je m’abstient de donner mon jugement sur une chose, lorsque je ne la conçois pas avec assez de clarté et de distinction, il est évident que j’en use fort bien, et que je ne suis point trompé ; mais si je me détermine à la nier, ou assurer, alors je ne me sers plus comme je le dois de mon libre arbitre». Les opinions fausses ne sont donc pas en nous sans que nous les ayons installés sous la forme de jugements erronés. Nous sommes responsable de nos opinions. Nous avons une maîtrise sur nos pensées et celle-ci suppose que nous soyons capables de maintenir nos jugements dans les limites de ce que nous pouvons comprendre. « La lumière naturelle nous enseigne que la connaissance de l’entendement doit toujours précéder la détermination de la volonté ».
Si nos opinions ne sont pas éclairées, elles risquent toujours de surgir de parti-pris irrationnels. L’examen attentif de notre pensée peut nous révéler ce fonctionnement impulsif du jugement, peut faire apparaître ce qu’il peut y avoir en nous de grossier, de violent, d’impulsif, ce qui ne manque pas de se traduire par des opinions de même couleur. Nous pouvons très bien mettre en lumière le contenu de notre pensée et en prendre conscience. Tant que nous n’avons pas pris conscience de notre fonctionnement mental, nous en sommes nous-mêmes victimes. Si nous voulons mettre un peu plus de sagesse dans nos acte, il faut mettre plus de conscience dans nos jugements.
En résumé, l’opinion en général est bien sûr acceptable au sens où il est possible que nous ayons parfois une idée juste, bien que nous n’ayons qu’imparfaitement accès aux raisons qui la fondent. Platon appelle opinion droite ce type d’opinion qui ne rencontre ne quelque sorte la vérité que de manière accidentelle. L’opinion droite est l’intermédiaire entre l’opinion en général et la conviction fondée qui pourrait revendiquer le titre de connaissance, ou même de science. Pourtant, se contenter d’opinion, c’est en rester à un stade élémentaire de la recherche de la vérité
Il ne saurait être question enfin de mettre sur le même plan l’ignorance où nous sommes, la nécessité de devoir parfois se contenter d’opinion et les prises de parti de la violence morale plus ou moins déguisée qui se permet de porter atteinte à la dignité de l’être humain. Une opinion raciste, un jugement insultant ne sont pas des opinions comme les autres. De toute manière, l’opinion n’est pas là à notre insu, elle suppose de notre part une libre adhésion, une adhésion donc nous sommes responsables, dont nous devons pouvoir rendre compte.
Horus :
Hamtaro : Le propre d'une citation est d'être citée ;)
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Hon Seki
1034
AFicionado·a
Membre depuis 21 ans
75 Posté le 11/11/2004 à 14:01:52
Texte interressant même s'il ne doit pas beaucoup plaire au modero
Mais la question n'est pas "qu'elle est la direction d'Harissa ?" mais bien "Toi qui est aller a Harissa, la vie y est-elle agreable ?"
L'opinion porte ici sur l'experience voir sur la connaissance, elle trouve son fondement sur le ressenti.
Curieux a ce propos qu'il n'en soit pas question dans le texte. Ici le jugement porte sur des pré-supposés clairs : "j'ai utilisé ce materiel, voila ce que j'en pense" "je vis à Harissa et j'y trouve la vie ennuyeuse". On est assez loin des opinions du texte, droits ou non et assez loin aussi d'un jugement moral meme si la subjectivité est dans l'experience egalement sujet a caution.
En fait la definition de l'avis tel qu'utilisé sur AF est loin d'un opinion tel que defini dans le texte. L'experience précède l'avis, a l'inverse de l'opinion.
Mais tout cela ne fait pas bcp avancer le schmillblick ...
Mais la question n'est pas "qu'elle est la direction d'Harissa ?" mais bien "Toi qui est aller a Harissa, la vie y est-elle agreable ?"
L'opinion porte ici sur l'experience voir sur la connaissance, elle trouve son fondement sur le ressenti.
Curieux a ce propos qu'il n'en soit pas question dans le texte. Ici le jugement porte sur des pré-supposés clairs : "j'ai utilisé ce materiel, voila ce que j'en pense" "je vis à Harissa et j'y trouve la vie ennuyeuse". On est assez loin des opinions du texte, droits ou non et assez loin aussi d'un jugement moral meme si la subjectivité est dans l'experience egalement sujet a caution.
En fait la definition de l'avis tel qu'utilisé sur AF est loin d'un opinion tel que defini dans le texte. L'experience précède l'avis, a l'inverse de l'opinion.
Mais tout cela ne fait pas bcp avancer le schmillblick ...
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