Sujet Les images qui tordent (ou pas)

Citation :

J'en viens à la conclusion que si ce type de musicien vit dans une bulle au point de ne pouvoir partager son art avec son public autrement que par des enregistrements alors il vaut mieux pour tout le monde qu'il reste dans sa bulle et évite tout contact direct avec les gens puisqu'il ne peut les supporter, les gérer ou même simplement en faire abstraction.

Sauf que ça ne prend pas en compte quelques paramètres :
1 l'aspect économique du métier
2 le fait qu'il est possible que Keith Jarret ait aussi besoin des conditions d'un concert pour produire la musique qu'il produit. Ou en tous cas que les conditions d'un concert le conduise à produire d'autres choses qu'un enregistrement en studio.
L'histoire du Köln Concert est à ce titre assez édifiante.
3 qu'un grand nombre de gens se sont littéralement éclatés aux concerts de Keith Jarret. Si ses concerts se résumaient à une attitude de diva qui se barre dès qu'une mouche pète, il n'y aurait simplement plus eu personne à ses concerts ou il n'aurait pas rempli de grosses salles.

Citation :

Une prestation en public c'est un échange avec son auditoire, une communication, ça doit aller dans les deux sens, l'artiste doit sentir son public et ses réactions.

Eh ben non. C'est une possibilité, mais c'est pas obligatoire ni systématique.

J'ai longtemps pensé et dit ça. Sauf que ça, c'est une forme de prestation en public, une des façons de faire de la musique. Pas la seule.

J'avais entendu Michel Petrucciani interviewé de retour de tournée en Chine. On lui avait alors demandé si la "froideur" du public chinois qui est totalement silencieux et amorphe pendant tout le concert l'avait dérangé (les chinois n'applaudissent qu'à la toute fin d'un concert. Rien entre les morceaux, encore moins pendant. Pour l'avoir vécu, ça fait drôle, en effet).

Qu'avait répondu Petrucciani (qui n'a pas une réputation de "con") ? Qu'il trouvait ça génial. Que l'habitude occidentale d'applaudir entre chaque morceau le dérangeait parce que ça le faisait sortir de sa bulle et qu'il devait faire un gros effort pour se reconcentrer entre chaque morceau.
En ce qui me concerne, dans les deux concerts dans ma vie où j'ai le plus décollé (ces moments où on oublie tout y compris soi-même et où on n'est plus que dans la musique) sont Highlight tribe (qui est plutôt dans le show et la projection) et Petrucciani (dans l’intériorisation).
Il n'y a donc pas une "bonne" méthode façon de faire une prestation publique, mais une façon de faire correspondant à des musiques et des musiciens.

Pour ma part, j'ai vécu les deux façons de faire des prestations publiques.
A l'époque où j'étais chanteur et guitariste, j'étais dans la pure projection et l’interaction à mort avec le public. Et j'adorais ça. Même s'il y avait des moments où c'était dans ma bulle.

Maintenant que je fais de la musique électronique, que ce soit en groupe ou en solo, je suis dans la plus complète introspection. Je ne suis plus connecté avec le public, mais purement avec ma musique et, en groupe, avec les autres musiciens. Et de mon expérience et des témoignages reçus, c'est comme ça que je fais la meilleure musique, que ce soit en impro ou pas.

C'est évidemment très différent quand je mixe, mais bon, ça c'est pas mon métier, c'est un loisir, occasionnellement un à-côté.

Bref, je ne considère désormais qu'il y ait UNE façon de faire une prestation publique. Il y a des façons qui conviennent à des musiciens et des styles de musique.
D'ailleurs, dans les groupes type pop, rock, etc. il y a souvent un chanteur qui a ce rôle de projection et d’interaction avec le public. D'autres membres du groupe peuvent le faire en fonction de leur caractère, mais il y a aussi des membres du groupe qui jouent plutôt dans leur bulle.

J'ai écrit un mot lapidaire de 3 lettres pour résumer ma pensée. Mea culpa.
J'aurais cent fois préféré pouvoir écrire ce qu'a écrit kosmix, que je rejoins intégralement sur chacun des points qu'il a exprimés. Son post = ma pensée, merci kosmix.
J'ai fait mon Jarret, j'ai gueulé "merci les cons" et je me suis barré. Ça m'apprendra.