Les in-ears monitors présentent de nombreux avantages par rapport aux retours traditionnels : ils sont plus discrets, moins encombrants et il n’y a pas de risque de larsen. Mais les systèmes HF ont un défaut : ils sont chers. C’est pour cela que le MEI 100 de LD Systems, proposé à moins de 300 €, mérite qu'on s'y intéresse.
Les in-ears monitors présentent de nombreux avantages par rapport aux retours traditionnels : ils sont plus discrets, moins encombrants et il n’y a pas de risque de larsen. Mais les systèmes HF ont un défaut : ils sont chers. C’est pour cela que le MEI 100 de LD Systems, proposé à moins de 300 €, mérite qu’on s’y intéresse.
Présentation
L’ensemble est livré dans une mallette en plastique rappelant celles qui sont utilisées pour les outils électro-portatifs. C’est costaud et on sent que le kit, bien calé à l’intérieur dans ses mousses, est parfaitement protégé pour tourner.
Tout y est : émetteur et son antenne, transfo d’alimentation, récepteur, piles pour ce dernier. Même les cornières pour mise en rack de l’émetteur, celui-ci faisant ½ rack 1 U. Egalement un câble prolongateur pour l’antenne (nécessaire lorsqu’on monte le récepteur en rack) et la documentation. Celle-ci est en allemand et en anglais. Pas de version française ? Et la réglementation, alors ?
Ceux qui ne maîtrisent que la langue de Molière n’ont pas à s’inquiéter : le fonctionnement de l’ensemble est très simple.
Par contre, pourquoi une mallette aussi grande ? Quel intérêt à transporter ses cornières de rackage en concert ? La mallette aurait pu être deux fois moins encombrante et lorsqu’on part sur la route en limitant le nombre de véhicules, chaque dm3 compte.
L’émetteur
L’émetteur a un look plutôt rustique, mais la carcasse est en métal (bravo), la finition est propre et la sérigraphie lisible. Le transformateur est un classique boîtier avec prise intégrée.
En face arrière, on trouve deux prises combo XLR-jack pour l’arrivée du son (bien vu), la prise d’alimentation (normal), la prise pour l’antenne (logique) et deux petits boutons rotatifs pour régler le niveau d’entrée et un switch mono/stéréo. Et eux, on se demande ce qu’ils font là ! Si l’on met l’appareil en rack, il va être bien compliqué de les atteindre. On aurait préféré disposer de tels réglages en façade, mais la fabrication à l’économie implique forcément des compromis.
L’antenne est un peu cheap et j’espère que l’exemplaire qui m’a été prêté ne sort pas d’usine, mais est déjà passé dans les mains d’un essayeur un peu sauvage. En effet, la bague en plastique qui fait la jonction entre la partie pliante et l’embase se fixant sur l’émetteur est cassée ! Ce n’est pas pour rien que sur des modèles pros, cette pièce est en métal. Bon, ça tient comme ça et au pire, un morceau de bornier (scotch électrique) viendra renforcer ça. Mais sur un produit neuf, ça fait désordre.
Côté face avant, on trouve le bouton de marche-arrêt, deux boutons haut et bas et un bouton set. L’affichage est assuré par un classique LCD bleu rétro éclairé d’assez bonne allure et lisible. Enfin, on trouve une prise casque accompagnée d’un bouton de volume ce qui est un excellent point : cela permet de monitorer le signal passant par l’émetteur : un gain de temps considérable pour les premiers réglages. Dommage que les boutons en façade ne disposent d’aucun éclairage. Dans le noir, il faudra y aller à tâtons ou sortir la lampe de poche.
Le récepteur
Le récepteur fait meilleure impression. Il est en plastique à l’aspect mat et son toucher fait penser à du caoutchouc, bien qu’il s’agisse de plastique dur. L’inconvénient est qu’il se marque très vite (traces de doigts, saletés), mais le contact est agréable et l’objet tient très bien en mains avec un faible risque de le laisser choir. Le clip de ceinture est assuré par un fin fil de métal rigide. Il n’offre pas une tenue exceptionnelle, même si elle devrait s’avérer largement suffisante. Celle beaucoup plus ferme de produits plus haut de gamme est quand même plus rassurante pour équiper les musiciens très agités.
On trouve sous le dessous du récepteur la trappe pour les deux piles 1,5 V LR6 dont l’ouverture est assez… malaisée. La durée de vie annoncée des piles est de 5 heures, ce qui n’est pas énorme. Sur le dessus de l’émetteur, on trouve l’antenne semi-souple, une LED indiquant le couplage avec la fréquence de l’émetteur, la prise casque et le bouton de volume, lequel sert également à l’allumage. Celui-ci est facile à manipuler et assez précis, même si on l’aurait préféré plus ferme pour éviter tout risque de changement de réglage par d’éventuels frottements. Enfin, on trouve sur la face avant l’écran LCD et les trois boutons de réglages pour les fréquences.
Le casque a une allure plutôt coquette et avec ses inserts chromés, et fait plus penser à un produit grand public qu’à un produit pro. Ce qui n’a ici rien de péjoratif, il semble tout à fait solide. Par contre, les fils allant aux écouteurs n’ont pas la même longueur côté gauche et droit. Ce qui est parfois pratique en utilisation hi-fi est hors de propos pour du in-ears monitoring sur scène où l’on passe généralement le fil derrière la nuque sur laquelle on les fixe souvent avec un sparadrap. Là, ce n’est pas évident du tout, voire impossible. Vraiment dommage.
Let’s play !
L’utilisation est simplissime. Ce qui relativise beaucoup le manque de documentation en français. Après avoir éventuellement réglé le niveau d’entrée, un appui sur la touche ‘set’ permet de choisir le groupe de fréquences (parmi les 10) qu’on sélectionne avec haut et bas. Un second appui valide le groupe et donne le choix du canal (16 canaux par groupe). On revalide avec set et c’est terminé. La manoeuvre est la même sur l’émetteur et le récepteur. Une fois le groupe et le canal choisis, émetteur comme récepteur affichent la fréquence en MHz, ce qui permet de voir si l’on marche sur les pieds d’un autre ensemble émetteur/récepteur d’une autre marque, l’affectation des fréquences aux groupes et canaux étant différente d’une enseigne à l’autre.
L’afficheur de l’émetteur indique le niveau d’entrée par deux barres horizontales et la fréquence. Celui du récepteur affiche le niveau par une barre tandis que l’autre indique la réception du signal. La fréquence et l’état des piles sont aussi affichés ainsi que le mode stéréo/mono.
Côté portée, l’ensemble se comporte de façon honnête. Avec des obstacles, la portée peut se montrer assez réduite et on peut avoir des coupures. Heureusement, les obstacles ne sont pas si fréquents dans une salle de concert entre émetteur et récepteur. On préférera tout de même avoir le récepteur sur scène ou proche de celle-ci qu’à la régie si celle-ci est éloignée. Mais de toute façon, comme on va le voir, cet ensemble n’est pas adapté à de grands concerts et devrait donc remplir correctement son office pour les petites salles.
A noter qu’en cas de coupure de la réception, on n’a pas de bruit blanc. Le son du récepteur est automatiquement coupé. Une fonction vitale pour nos oreilles ! S’il y a de petites ruptures de réception, on a tout de même un petit bruit peu agréable, mais pas agressif.
Le son
Le son du casque est plutôt bon. On le constate en le branchant directement sur un ampli casque ou sur la prise monitoring de l’émetteur. Le son est à la fois clair, détaillé et profond. Les basses sont très présentes et les aigus précis. Les médiums ne sont pas criards… Entendons-nous bien : on parle ici du son de in-ears qu’il faut relativiser par rapport au son d’un casque à large diaphragme. En comparaison avec l’Atrio que j’ai conservé suite à un comparatif de in-ears, je le trouve même un peu meilleur. Si ce casque avait participé au comparatif, je pense qu’il aura figuré dans le peloton de tête côté audio. Par contre, son isolation est un peu juste et il y a le problème de la longueur des fils inadaptée au monitoring sur scène.
Ce casque est l’excellente surprise de cet ensemble. Mais quelle perte quand on le branche sur le récepteur HF ! Le son est pas mal dégradé : il perd en plénitude et en précision, devient plus brouillé, mais surtout, nettement plus criard. Le tout s’accompagne d’un souffle, surtout quand il faut pousser le volume. Rien de rédhibitoire, mais le souffle n’est pas ce qu’on apprécie le plus dans la musique ! Attention, ce n’est pas non plus catastrophique et tout ça reste largement audible, mais vraiment, on ne peut pas dire que la qualité acoustique soit le point fort de ce récepteur. Vraiment dommage.
Ajoutons que l’ensemble fournit un volume sonore très largement suffisant pour s’abimer les oreilles. Mollo donc sur le bouton volume. Si en situation de jeu avec instruments, j’ai été amené à le pousser, en écoute de musique masterisée, un réglage à mi-course donne déjà une puissance excessive. Au moins, on a de la réserve.
Conclusion
Il ne faut pas rêver : de bas prix se paient toujours quelque part. Ici, c’est sur la qualité de certaines pièces (le plastique de l’antenne) et surtout sur la qualité audio que le produit montre ses faiblesses. Cependant, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Au prix où est proposé le MEI 100, il ne fallait pas s’attendre à des miracles et le produit remplit son contrat pour les petites scènes. À condition qu’on accepte de payer le confort du monitoring in-ears par la coupure d’avec le public qu’il implique, mais c’est une autre question.
Si on ne s’attend qu’à ce qu’il peut promettre (pas des merveilles, mais un système d’entrée de gamme qui fonctionne assez correctement), le MEI 100 présente une solution envisageable pour donner l’accès au in-ears à qui n’a pas les moyens d’investir au moins 700 € dans un système plus professionnel.
- ensemble complet
- simplicité d’emploi
- excellente qualité audio du casque pour le prix (qui pourra servir ailleurs)
- prix
- mallette disproportionnée
- qualité audio moyenne du récepteurdes éléments cheap
- casque inadapté à la position fils sur la nuque