Après avoir bichonné les guitaristes avec ses pédales d’effets et son boîtier de transmission sans fil, Xvive Audio a décidé de prendre soin des chanteurs et chanteuses, mais pas que, avec ses systèmes HF U3 et U4.
La petite entreprise familiale Xvive Audio a vu le jour en 2014 avec l’ambition de créer une pédale de délai analogique largement inspirée de la célèbre Deluxe MemoryMan d’Electro-Harmonix. Nancy Lee et Fischer Mao n’ont cependant pas travaillé seuls, puisque Howard Davis et Thomas Blug ont aussi été de l’aventure. Il en résultera la W3 Memory Analog Delay basée sur une puce maison, qui sera la première d’une série de pédales dont vous, chers et chères guitaristes, avez dit le plus grand bien dans les avis.
Deux ans plus tard, Xvive se lance dans les systèmes sans fil avec l’U2 Guitar Wireless System, dont vous avez également fait l’éloge, et fait ainsi un pas dans la cour des grands. Mais il n’y a pas que les guitaristes dans la vie, et c’est ensuite aux chanteurs et chanteuses que va s’adresser Xvive en proposant un système HF capable d’être installé sur n’importe quel microphone, les modèles dynamiques d’abord avec l’U3, puis à condensateur avec l’U3C. Cerise sur le gâteau, la série U sera ensuite complétée par un système de monitoring in-ear baptisé U4. Un système HF compact qui ne nécessite pas de micro dédié, voilà qui a piqué notre curiosité. Nous avons donc sorti notre plus beau Telefunken M81, notre paire d’écouteurs intra-auriculaires Shure SE-315 et avons testé les modèles U3 et U4.
Présentations
Nous avons reçu les systèmes sans fil Xvive U3 (pour le micro) et U4 (monitoring in-ear) dans de jolies petites boîtes noires très robustes. Mention spéciale pour la boîte de l’U3 et son aspect brossé du plus bel effet. Si les produits sont au niveau du packaging, ça promet. Petite surprise sur les boîtes, le distributeur européen W-distribution a collé une grosse pastille rouge et blanche nous informer qu’il offre quatre ans de garantie lors de l’enregistrement sur son site. Voilà une bien belle attention.
À l’intérieur, récepteurs et transmetteurs sont bien calés dans leurs mousses rigides. Tout ce petit monde se branche en XLR, mais un adaptateur XLR vers jack 6,35 mm est fourni avec l’émetteur de l’U4, au cas où la connexion des retours ne soit disponible que dans ce format sur votre console de mixage. Une pochette souple est aussi fournie avec chaque, ce qui sera plus pratique pour les ranger dans votre sac à main, ou à dos, ou votre cartable…
Chaque élément est doté d’une batterie rechargeable en USB (5 V) et ô bonne surprise, Xvive fournit à chaque fois un câble USB 2 en Y vers deux micro-USB pour que vous puissiez charger émetteur et récepteur en même temps. Voilà qui est malin, mais ô mauvaise surprise, il ne semble pas possible de remplacer la batterie soi-même. Que se passera-t-il quand celle-ci deviendra inutilisable ? Je le dis à chaque fois, mais le petit monde de l’audio a du travail s’il veut devenir un peu plus éco-responsable.
Comptez trois bonnes heures pour une recharge complète, et les cinq heures d’autonomie annoncée devraient largement suffire à tenir jusqu’au bout de votre concert. Nous avons essayé les deux modèles dès leur réception, donc à mi-charge environ, et ils ont tenu trois grosses heures, ce qui est prometteur. Xvive précise qu’il sera possible d’utiliser les systèmes sans fil pendant qu’ils sont en charge, ce qui est un très bon point si jamais vos prestations sont plus longues ou que vous préférez jouer la sécurité. Devrions-nous vous dire de penser à bien charger les systèmes avant chaque utilisation ? Non, nous ne vous avons rien dit…
Nous nous retrouvons donc face à des petits boîtiers assez compacts. Exit les racks des gros modèles de marques concurrentes, Xvive fait dans le pratique et facilement transportable. Côté dimensions, nous avons donc des émetteur in-ear et récepteur micro de 10 × 3 × 3 cm, l’émetteur micro de 8,5 × 2,8 × 2,5 cm et le récepteur de l’in-ear de 4,5 × 6 × 3 cm, et chaque élément pèse un peu moins de 100 g, à l’exception du récepteur in-ear ceinture qui approche les 120 g. Les boîtiers allant sur la console sont similaires, seule une légère nuance de gris pourra les distinguer. Il faudra donc veiller à ne pas les confondre. Un petit atelier gommettes pourrait très bien faire l’affaire, mais vous les différencierez sans problème lorsqu’ils seront allumés, par le numéro du canal sélectionné qui s’illumine en bleu (à moins que vous repassiez malencontreusement tout le monde sur le même canal, auquel cas vous verrez, c’est joli les gommettes).
Côté récepteur de l’U4, il s’agit d’un classique à clipser à la ceinture avec un connecteur mini-jack de 3,5 mm. Il est doté d’une pince en métal, ce qui assurera sa résistance dans le temps. Elle tient parfaitement en place, vous pouvez vous déhancher sans problème.
Quant à l’émetteur de l’U3, qui se branche donc au connecteur XLR de votre micro, il est un plus gros que les émetteurs des micros HF standards, et dépasse en largeur du corps du micro. Veillez donc à utiliser une pince suffisamment large dans laquelle vous pourrez insérer le micro par la partie supérieure (entre les « dents ») si vous souhaitez enlever et remettre le micro sur son pied, car vous ne pourrez pas le glisser dans l’orifice en passant par la partie frontale, comme on le fait habituellement. Il vous faudrait dans ce cas éteindre et débrancher l’émetteur, puis retirer le micro et faire la manipulation inverse à chaque fois, ce qui est loin d’être pratique.
De prime abord donc, on sent que tout cela est bien robuste et pensé pour affronter les rigueurs des concerts et des tournées.
Chaque élément est équipé d’un interrupteur de marche/arrêt et d’un sélecteur de canal, avec six options à chaque fois, au format bouton poussoir, sauf sur le récepteur de l’U4 qui dispose pour cela d’une molette, à côté d’une seconde pour varier le volume du son que vous entendrez dans le casque (attention, ce modèle est mono). Sur la console, les deux modèles sont également équipés d’un commutateur de niveau/source, micro/ligne sur l’U3 et auxiliaire/ligne sur l’U4. Les claviéristes, guitaristes (encore eux) et autres artistes bryuants(es) pourront ainsi également utiliser l’U3 qui n’est donc pas réservé qu’aux chanteurs, comme nous vous l’annoncions en introduction. Quand on vous dit qu’ils sont malins chez Xvive…
Les deux systèmes opèrent sur la bande de fréquences 2,4 GHZ et pour terminer avec les chiffres, vous avez droit à une résolution audio numérique de 24 bits / 48 kHz et à une portée annoncée à près de 30 m.
Les présentations terminées, passons maintenant à l’action.
Mon mic et moi on part à l’aventure
Nous avons donc mis les petites bêtes dans leurs pochettes et filé au studio de répétition pour faire un test grandeur nature avec le groupe. Nous avons branché le récepteur de l’U3 et l’émetteur de l’U4 sur la console et constaté que les commandes de celui du micro (U3 donc) étaient disposées sur le côté, près du second canal, ce qui peut être un inconvénient si vous avez besoin d’y accéder, par exemple, pour l’allumer et l’éteindre. Si vous voulez absolument rester sur les premières voies de la console, nous vous conseillons de brancher le récepteur à un câble XLR court et de le poser à côté ou à plat sur la console.
Une fois l’émetteur de l’U3 branché à notre Telefunken M81 (un micro dynamique donc) et nos intra-auriculaires dans le récepteur de l’U4, nous avons allumé tous les boîtiers, ceux de l’U4 d’abord sur le premier canal et ceux de l’U3 ensuite en sélectionnant le deuxième canal, pour que chaque émetteur communique bien avec son récepteur respectif, et avec respect bien sûr. Sur notre U4, la molette de volume était, par défaut, tournée au maximum, faites donc toujours attention à ne pas mettre vos écouteurs dans vos oreilles avant d’avoir allumé les boîtiers et veillez à tester l’in-ear « de loin » pour éviter de vous abîmer les tympans.
Nous vous le disions plus haut, le récepteur de l’U4 tient bien en place à notre ceinture, il est très facile à installer malgré la rigidité de la pince et la molette de volume étant très facilement accessible, vous pourrez régler le niveau de l’in-ear les yeux fermés.
La connexion des deux modèles a été instantanée, sans bruit parasite. Nous sommes tout d’abord sortis de la salle de répétition pour nous balader dans le studio, histoire de tester la portée. À une quinzaine de mètres environ, avec plusieurs murs et une porte entre la console et votre serviteure, nous n’avons constaté aucun problème de son, aucune coupure, un très bon point donc.
Côté qualité sonore, l’in-ear offre un très bon volume sonore, à mi-course nous entendions parfaitement le micro avec une qualité plus que correcte, si ce n’est un très, très léger sifflement quand il n’y avait aucun bruit environnant, mais totalement inaudible pendant le jeu et qui n’augmente pas en montant le volume de l’in-ear. Rien de rédhibitoire donc, sauf pour les oreilles ultra-fines, ce que votre serviteure n’a plus depuis bien longtemps, Rock ’n’ Roll is not dead in my oreilles… Nous n’avons pas non plus entendu d’interférences, notamment celles pouvant être générées par les ondes des téléphones portables, nombreux autour de nous. Du tout bon donc.
Côté micro, pas de problème non plus, nous avons bien retrouvé le son que nous avons d’habitude dans les enceintes, il ne semble pas que l’U3 colore le signal ni ne génère de latence perceptible, ce qui compliquerait significativement son usage en live (ce serait un comble).
Comme dit plus haut, les quatre boîtiers, fraîchement sortis de leur emballage, ont tenu toute la répétition, et nous avons pu profiter d’un confort double : d’une part celui de pouvoir nous déplacer dans la salle de répétition sans risquer de nous prendre les pieds dans le câble ni d’être limités par celui-ci, et d’autre part de pouvoir s’entendre sans avoir à monter le volume en façade, ou installer un gros retour et risquer de générer du larsen, tout en isolant notre ouïe des assauts de la batterie et des autres instruments. Bien entendu, un bon in-ear ou un bon casque peut vous « isoler » du reste du groupe, mais il vous apporte un confort d’écoute et vous sert en même temps de protection auditive. Certains(es) pourraient également être déstabilisés(es) par le fait de s’entendre directement dans un casque, c’est une habitude à prendre. Au besoin, n’hésitez pas à décaler légèrement une oreillette pour retrouver une sensation d’air et mieux entendre les autres musiciens.
Alors bien sûr, dans un studio de répétition ou sur scène, avec une acoustique souvent aléatoire, il est difficile de se faire une idée précise de la qualité sonore, notamment de la latence et de la coloration du signal de l’U3. Retour donc à la maison pour une comparaison au calme, micro sur pied…
Test comparatif
Pour réaliser le test comparatif, nous avons utilisé un câble XLR en Y, l’une des sorties rentrant directement dans notre interface audio Apogee Duet for Mac/iPad et l’autre accueillant l’émetteur de l’U3, le récepteur étant branché à la seconde entrée de la Duet. Nous n’avons donc réalisé qu’une seule prise sur deux pistes, afin que vous puissiez entendre exactement la même chose à chaque fois.
Voici le résultat :
- M81 Direct – 01 Début – M81 Direct00:15
- M81 via U3 – 01 Début – M81 via U300:15
Le son est bon, fidèle, mais on note tout de même une très légère perte de volume et lorsqu’on écoute les deux pistes ensemble, on note un tout petit décalage. Allons voir ce qu’il se passe dans la forme d’onde dans Studio One Pro :
Tout ceci se confirme, mais il n’y a pas de quoi se formaliser pour autant. Latence il y a, on le constate, mais les cinq millisecondes mesurées ici ne devraient poser aucun problème.
Conclusion
Parlons d’emblée des choses qui fâchent, ce que vous allez dépenser pour obtenir ces systèmes sans fil. Comptez 199 € pour l’U3 destiné aux micros dynamiques (le pack comprenant le récepteur et l’émetteur) et une dizaine d’euros supplémentaires pour la version U3C pour micros à condensateur. S’il y avait une doléance au sujet de ce système, outre son gabarit un peu plus imposant, ce serait de pouvoir disposer d’un seul modèle universel équipé d’un commutateur qui permette d’utiliser tous les types de micros (chers amis de Xvive, si vous nous lisez). Car si vous jonglez entre un dynamique et un modèle à condensateur en fonction du lieu où vous vous produisez, il vous faudra acheter les deux versions, et d’autres gommettes. Mais à ce prix, vous avez tout de même un système HF qui ne vous oblige pas à investir dans un micro que vous n’aimerez peut-être pas et pourrez utiliser votre précieux, votre cher partenaire de scène, et même un instrument ou une source sonore de niveau ligne si cela vous chante, ou vous sonne… De plus, tout ceci tient dans une petite pochette et vous épargne les racks plus coûteux et volumineux des systèmes HF traditionnels, même si certaines marques ont fait des efforts de ce côté ces derniers temps.
Pour ce qui est de l’U4, comptez environ 240 € pour le pack comprenant un émetteur et un récepteur. Xvive propose également des bundles comprenant plusieurs récepteurs, ainsi que le récepteur et l’émetteur séparés (idem pour les U3/C), si vous avez besoin de les multiplier dans votre configuration. Car la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez les combiner et si votre console le permet, vous pourrez même envoyer plusieurs mixages de retour aux différents musiciens, les possibilités sont nombreuses, tant que vous êtes branchés sur le bon canal. Nous n’avons rien trouvé à redire de cet U4 qui remplit parfaitement son office.
Xvive a donc réussi à proposer des solutions sans fil compactes, pratiques et abordables qui fonctionnent avec une grande variété de sources et vous permettront d’aborder la scène de façon sereine, comme des pros ! Il reste bien une petite place sous le sapin…