Les conneries on stage

Comme toutes les histoires, qu'elles soient con ou non, celle-ci avait donc très bêtement commencé.
Je m'étais fait mon tour-de-chant la veille et, comme souvent dès que j'en avais l'occase, je me perdais volontiers le lendemain en ville ou aux alentours, en mode touriste.

Là, dans un bar, y "discutait" nonchalamment un Niçois avec 3 Brestois; très chalands, eux.
Ils te l'avaient déjà pas mal abîmé avant que je ne débarque dans le flot de la conversation, au motif + que probable que chacune de ses courtes phrases commençait invariablement par : "Nous, à Nice, on a ça... "Nous, à Nice, on a ça...

Ce qui avait, on le devine, dû exaspérer un tantinet nos poissonniers mais bon, a priori ça les amusait encore à moitié jusque là. Et tout se passait ma foi plutôt encore correctement jusqu'à ce que notre marin-d'eau-douce aux accents de fleur-de-courgette ne dérape d'un coup.
En réponse à un hasardeux : "Et à Nice, vous avez le Mont-St-Michel aussi ?", le semi-inconscient mit direct le cap de la conversation sur le houleux dossier de l'appartenance -ou pas-, du fameux Mont aux Bretons...

Moi, je ne vois pas très bien ce que ça pouvait lui foutre et surtout à cette heure m'enfin bon, voilà notre artiste, un peu + sérieusement entamé désormais, qui se voit presque malgré lui goûter une-par-une aux différentes douceurs locales offertes par la maison, Lambing et diverses cocasseries à base de pommes et qui n'ont, convenons-en, aucune équivalence niçoise reconnue.

C'est ainsi qu'en quelques mouvements de rame il n'y eut plus guère pour notre bonhomme ni de port, ni de salut, ni de mimosa, de Corso fleuri ou de soupe-au-pistou et encore bien moins de Mont-St-Michel : en bref, sur 30 minutes au cadran il n'y eut pour le malheureux quasiment plus rien sur terre, en fait.

Le gars, dévasté (qui était venu à vélo, bermuda et tongs ), se tenait le front en demandant au patron s'il y avait le téléphone dans son bistro, balbutiant entre divers relents qu'on prévienne sa femme de venir le chercher en urgence d'un camping hypothétiquement voisin...


Si ce n'est certes pas de la C.O.S. et que ça ne vaut certainement pas l'histoire de Will Zégal et ses Italiennes au camping, je me dis que, trou normand ou far breton, le spectacle avait sacrément été assuré de toute part !