ART est connu surtout pour être une "boite à Tube". Je veux bien entendu parler des fameuses lampes dans les modules d'aujourd'hui. Rappelons que les lampes sont "revenues" pour donner de la vie au monde digital. Cela s'accompagne d'un phénomène de mode (le vintage) où il est difficile de s'y retrouver.
Ce qu’il faut savoir, c’est que les modules à lampe coûtent plus cher à produire. Donc, ils sont plus chers à l’achat. D’autre part, la mode a amené les constructeurs de transistors à faire des lampes pour maintenir leur volume de ventes sans que cela soit leur rayon. Enfin, parce le design et les « tampons » tapageurs cachent parfois des conceptions douteuses à des prix prohibitifs, je ne cesserai de conseiller à nos lecteurs qu’il vaut mieux un bon électronique qu’un mauvais tube pour le même prix et qu’il est 10 fois plus facile de se tromper sur un tube que sur un transistor ! Mais étudions donc le cas ART Tube Pac.
Premièrement, ART est un spécialiste du « tube », cela met donc en confiance. Il y en a pour tout le monde et à tous les prix. Deuxièment, dans le cas du Tube Pac, le design tapageur… non vraiment pas. D’abord parce qu’on est au format demi rack. Je dois dire que quand on sait qu’il y a deux lampes dedans, cela fait un peu peur (on en reparlera). Il y a sur un fond noir le potentiomètre du gain pour le préampli, le threshold pour la compression et le niveau de sortie. Bref l’anti-frime. Tout cela donne confiance.
Le Tube Pac est un module mono qui se connecte entre un micro et une table. Il est le modèle réduit des modules de type voice channel et comprend :
– Un préampli
- Une alimentation phantom +48v
- Un compresseur
Sur sa face arrière, on trouve 2 entrées (XLR et jack 1/4) et 2 sorties (XLR et jack 1/4) d’excellente facture. Connecter un XLR dans ce module vous donne l’impression de connecter les freins et les lumières d’un semi-remorque (pour ceux qui connaissent!). Bref du tout bon.
Pour les puristes, les lampes sont des 12AX7.
Le préampli se règle à l’aide d’un potentiomètre et d’un bouton + 20 dB. L’autre bouton connecte l’alimentation phantom. Vu le « danger » (le pop est violent) et parce que c’est tout petit, on aurait préféré voir ce dernier derrière.
Pour le compressseur, nos lecteurs notent un « bug »: où est le taux ? Dans le bouton slope. En position IN, nous avons un taux de 6:1, en position OUT, un taux 2,3:1. Le temps de résolution se paramètre aussi avec un bouton (speed): en position Fast, le temps est de 200 ms (bonne moyenne pour la voix). En position Auto, le module se « débrouille » entre 70 ms et 1 seconde. L’attaque, quant à elle, est fixée à 6,5 ms. Enfin le compresseur peut être bypassé par un bouton.
Pour la sortie, on trouve le potentiomètre et un bouton d’inverseur de phase. Un peu inutile compte tenu de l’objet. Je rappelle que l’inverseur de phase peut être utile dans la prise d’une batterie comportant plusieurs micros. Théoriquement, un micro au dessus et un micro en dessous d’une caisse claire par exemple s’annulent si l’un des micros n’est pas en inversion de phase.
Test
Pour effectuer le test, nous avons premièrement enregistré une voix chantée et un saxo en mettant le module entre le micro (un Neumann) et l’entrée de l’enregistreur DtD (DR8 Akai dans notre cas). Nous ne passons par la table de mix que pour le monitoring. Ensuite, votre serviteur l’a utilisé sur scène en extérieur, le saxo utilisant un micro portable LCM 89 de SD System branché sur le Tube Pac. Le signal préamplifié et compressé est envoyé directement dans la console centrale.
La première chose qui frappe notre oreille est le son typiquement « lampe » que nous sort ce petit module. Il comblera les guitaristes lorqu’il commence à saturer (personellement, j’aime). D’autres vous diront que ce n’est pas naturel et que cela manque de précision.
En configuration studio, le compresseur atteint ses limites rapidemment. Il manque vraiment un potentiomètre de taux de compression (à la place de l’inverseur de phase svp Monsieur ART). Le préampli se comporte honorablement. Pour le saxo, par exemple, il suffit juste de remonter les aigus et mettre le filtre bas pour obtenir un magnifique son pour les balades romantiques. Les choses se compliquent lorsque le saxophoniste s’excite un peu. Pour les voix, le module se comporte honorablement pour peu que l’on n’utilise pas sa compression. Le mode manuel pour la résolution donne des résultats bien meilleurs de toute façon.
En configuration scène, le résultat est tout simplement stupéfiant ! Vulgairement, je dirais que ce module a « La Patate ». Le mariage avec le microphone portable LCM 89 donne un son stable, rond et très avantageux pour l’instrumentiste. De plus, les variations de tension ne semblent pas affecter le Tube Pac et ça c’est quelque chose de très important (les connaisseurs confirmeront)…
En fin de concert, par contre (Plus de 2 heures), ce module est dangeureux! En effet, il est brûlant. Il est donc plus que vivement conseillé de tout débrancher et ranger en laissant gentiment refroidir la bête parce que, en plus, on peut réellement endommager les lampes.
Avis personnel
Disons le tout de suite, ce module est moyen pour le studio et exceptionnel pour la scène. Il n’y a pas d’explication logique. Un manque de précision génant en studio mais très volorisant en public – en particulier lorsque vous jouez près de collègues bruyants – certainement. Un compresseur limité mais qui stabilise le son – sûrement. Une insensibité aux variations de tension – c’est évident. Mais franchement, cela n’explique pas tout. Le ART Tube Pac est le typique exemple du module excellent dans une application sans que l’on sache pourquoi ni comment. Aujourd’hui, depuis ce test, j’emporte ce module sur toutes mes scènes ! Pour 2590 Francs, bravo Monsieur ART !!! Reste le format demi rack et l’effet « cuit oeufs »… pour la scène, Monsieur ART, on a tous des racks vous savez…
Ses concurrents sont chez DBX et Joemeek. Question d’opinion. L’instrument de destination principale est important à l’heure du choix. Pour le saxo et équivalent la cause est entendue. Pour la voix peut être qu’il faut mieux voir chez DBX. La coloration du Joemeek le rend très personnel.
Dans tout les cas, soyons honnête, ce budget est insuffisant pour le studio semi-pro voir amateur « confirmé ». Pour le débutant, c’est un bon investissement surtout si la table est moyenne (préampli).
Rappelons enfin que pour 4000 francs, le pas suivant, il vaut mieux rester dans l’électronique surtout pour les compresseurs et que le Tube Pac constitue une exception.
Fiche technique et bilan
Gain maximum : XLR à XLR 1/4 à 1/4 |
70 dB 67 dB |
Alimentation Phantom : | + 48v DC |
Taux de compression : | 2.3:1 (comp) 6:1 (lim) |
EIN : | –129dBu (XLR à XLR) |
Niveau maximum en entrée : | + 15 dBu (XLR), + 21 bBu (1/4) |
NIveau maximum en sortie : | + 27 dBu (XLR), + 22 dBu (1/4) |
CMRR : | 90 dB |
Lampes | 2 12AX7 |