Beaucoup d’entre nous ont débuté leur parcours musical avec comme première table de mixage un modèle Mackie. Des Daft Punk (CR1604) au groupe indépendant du coin, nous avons déjà tous croisé les références de la marque américaine sur scène ou en home studio. Aujourd’hui, nous avons le plaisir de passer au crible la table de mixage ProFX10 GO, c’est parti pour le test !
La Mackie ProFX10 GO, une table de mixage nomade sur batterie
La Mackie ProFX10 GO combine une console de mixage analogique à dix canaux et une interface audio USB-C 2×4 (24 bits/192 kHz) pouvant fonctionner sur batterie rechargeable (et remplaçable) pendant une durée annoncée de huit heures. Elle embarque quatre préamplis Onyx, une section d’égalisation par tranche, un compresseur analogique sur les deux premières tranches, un processeur d’effet numérique avec douze traitements distincts et un point Bluetooth bidirectionnel. De plus, ce modèle est clairement présenté par la marque comme une console tout-terrain capable d’encaisser des conditions d’utilisation extérieures et nomades. Alors, voyons un peu de quoi il en retourne.
Unboxing: châssis, connectique et alimentation de la Mackie ProFX10 GO
Cette table de mixage est construite dans un châssis en acier avec des ailes en ABS, ses dimensions sont de 97 × 269 × 292 mm pour un poids de 2,7 kg au total (batterie intégrée). On sent bien dès la prise en main de la machine qu’elle a été conçue pour être trimbalée partout (voire malmenée), car le châssis respire la solidité et inspire confiance, tout en restant finalement assez léger et facilement transportable dans un sac à dos de taille normale. En ce qui concerne les connexions, tout se trouve en façade (à part le port USB et l’embase d’alimentation, bien sûr). Pour les entrées, on retrouve donc deux entrées combo XLT/TRS (6,35 mm) sur les canaux 1 et 2, une paire d’entrées séparées XLR et TRS (6,35 mm) sur les canaux 3 et 4, un point d’insert TRS (6,35 mm) sur chacun des quatre premiers canaux, une paire d’entrées TRS stéréo (6,35 mm) sur les canaux 5/6 et 7/8, une entrée mini-Jack stéréo sur le canal 9/10 et enfin une entrée TRS (6,35 mm) dédiée à un éventuel pédalier externe (foot switch). Poursuivons avec les sorties, on accède cette fois aux sorties stéréo principales disponibles à la fois au format XLR et au format TRS (6,35 mm) accompagnées d’une paire de sorties « Control Room » TRS (6,35 mm) pour enceintes de monitoring, d’une sortie casque stéréo TRS (6,35 mm) et d’une sortie auxiliaire TRS (6,35 mm) dédiée au départ d’effets (« FX send »). Les sorties principales, « Control Room » et casque disposent toutes d’un contrôle de niveau indépendant. Rapide aparté concernant l’embase d’alimentation, Mackie a eu la bonne idée d’installer une alimentation externe universelle en mesure d’encaisser toutes les tensions secteur, de 100 à 240 V. Aucun sélecteur de tension à manipuler : la table de mixage fonctionne partout dans le monde. De plus, ce bloc d’alimentation a aussi l’avantage d’être moins sensible aux chutes de tension qu’une alimentation classique, tout en offrant une meilleure isolation contre les bruits parasites qui peuvent survenir sur le secteur. Bien joué, Mackie !
Tranches analogiques : préamplis Onyx, EQ 3 bandes, compresseur et départ d’effets

On retrouve ensuite un commutateur de filtre passe-haut à 3 pôles (-18 dB/oct) sur les quatre premiers canaux, dont la fréquence de coupure est placée à 100 Hz. Bien que cette option soit pratique pour supprimer les basses fréquences indésirables sur certaines pistes, on se demande pourquoi Mackie a fait le choix de cette fréquence de coupure particulière (100 Hz correspondant peu ou prou à –3 dB à sol 1), et nous aurions sans doute préféré une fréquence de coupure vers 80 Hz pour accommoder la tessiture des guitares, par exemple. Passons maintenant au module d’égalisation disponible sur chaque tranche. Il s’agit d’un égaliseur semi-paramétrique à trois bandes avec Q proportionnel, disposant chacune d’une plage d’accentuation et d’atténuation de +/- 15 dB : bande grave en plateau à 80 Hz, bande médium en cloche centrée à 2,5 kHz et bande aiguë en plateau à 12 kHz. La marque annonce que ce module d’égalisation est basé sur les travaux de feu Cal Perkins, un ingénieur et concepteur de matériel audio pour des marques telles que JBL, Marantz, Anchor, Biamp, Yamaha, Urei, etc. Pour l’anecdote, au sein de l’entreprise Mackie, Carl Perkins était le directeur de production du célèbre modèle CR1604 (coucou les Daft Punk) et plus largement de la gamme VLZ, qui a inondé les scènes locales et les home studios du monde entier. Bien que limité dans ses réglages, l’égaliseur reste très efficace et surtout très musical.
La bande grave permet d’apporter du punch aux grosses caisses et aux toms, mais aussi de renforcer considérablement la première octave d’une basse électrique, par exemple. La bande médium s’avère très bien calibrée pour atténuer les sifflantes ou pour renforcer la présence des guitares et des claviers, sans effet de phase notable. La bande aiguë permet de doser la brillance du son, d’ajouter de l’air ou de réduire les fréquences parasites sans broncher. C’est une belle réussite, que beaucoup d’entre vous connaissent sans doute déjà si une table VLZ est passée sous vos doigts par le passé.

Sous le potentiomètre du compresseur, on retrouve un autre potentiomètre baptisé « FX » dédié cette fois au départ d’effet (soit vers le module d’effets interne, soit vers un périphérique hardware externe via la sortie auxiliaire « FX send »). Tourné complètement à gauche, la fonction est désactivée ; au centre le départ d’effet est effectué au gain unitaire du canal ; tourné complètement à droite, le départ d’effet est cette fois effectué avec un gain additionnel de 10 dB. On termine le passage en revue des tranches analogiques avec le curseur rotatif « Pan » calibré d’usine selon la loi de panoramique classique (« Panning Law ») : si un canal est complètement panoramiqué à gauche ou à droite et qu’on le ramène au centre, le signal sera atténué de 3 dB pour maintenir le même volume perçu. On trouve ensuite un simple bouton « Mute » qu’on ne présente plus et un curseur rotatif de niveau de sortie vers le mix principal, capable de fournir un boost supplémentaire de 10 dB en cas de besoin. On aurait tout de même préféré des curseurs linéaires, mais on ne peut pas tout avoir. Il faut aussi préciser que, pour chaque canal, le bouton « Mute », le curseur rotatif de niveau de sortie et les autres réglages (filtre, EQ, compresseur) affectent tous le départ d’effet, mis à part le potentiomètre de panoramique « Pan ».
Module d’effets GIGFX+ : délais, réverbes, modulations et combinaisons
Le processeur d’effets numérique GIGFX+ est muni d’un écran LCD très lisible. Il offre douze effets au total, répartis en quatre catégories : Délais (DELAY, ECHO, SLAPBACK), Réverbs (HALL REVERB, ROOM REVERB, PLATE REVERB), Modulations (CHORUS 1, CHORUS 2, FLANGER) et Combinaisons (DELAY + REVERB, DELAY + CHORUS, REVERB + CHORUS). Chaque effet propose neuf paramètres de réglage, les trois premiers sont spécifiques à chaque catégorie et les six suivants concernent un module d’égalisation numérique commun à tous les effets du module.
Ainsi, en ce qui concerne les réglages spécifiques, pour la catégorie Délais (DELAY, ECHO, SLAPBACK), on retrouve les paramètres « Time » (plage de 20 ms à 1000 ms), « Feedback » (plage de 0 à 13) et « Hi Cut » (plage de 0 à 100). Pour la catégorie Réverbs (HALL REVERB, ROOM REVERB, PLATE REVERB), on retrouve les paramètres « Decay » (plage variable en fonction de la réverbe sélectionnée), « Size » (plage variable en fonction de la réverbe sélectionnée) et encore ici « Hi Cut » (plage de 0 à 100). Pour la catégorie Modulations (CHORUS 1, CHORUS 2, FLANGER), on retrouve les paramètres « Rate » (plage variable en fonction de la modulation sélectionnée), « Depth » (plage variable en fonction de la modulation sélectionnée) et « Blend » (plage de 0 à 100). Pour la catégorie Combinaisons, c’est légèrement différent : d’une part pour les effets DELAY + REVERB et DELAY + CHORUS, on retrouve les paramètres « Time » (plage de 20 ms à 1000 ms), « Rate » (plage variable en fonction de la combinaison sélectionnée) et « Depth » (plage variable en fonction de la combinaison sélectionnée), d’autre part, pour l’effet REVERB + CHORUS on retrouve les paramètres « Decay » (plage de 0 à 60), « Size » (plage de 0 à 15) et « Rate » (plage de 0 à 54).
Pour les réglages communs, c’est beaucoup plus simple, on accède aux paramètres d’un module d’égalisation numérique qui traitera exclusivement l’algorithme d’effet sélectionné : « Freq » (détermine la bande de fréquence traitée, de 400 Hz à 16 kHz), « Width » (ou « Q », ajuste la largeur de bande traitée sur une plage de 0,5 à 3), « Gain » (ajuste la quantité de gain appliquée à la bande de fréquence traitée sur une plage de +/- 8 dB) et enfin « LPF » (filtre passe-bas réglable sur une plage de 6,0 kHz à 18,0 kHz) et « HPF » (filtre passe-haut réglable sur une plage de 80 Hz à 600 Hz). Pour finir, le niveau de sortie global du module d’effet peut être ajusté avec le potentiomètre « FX » situé sur la tranche « MAIN OUTS ». La qualité des effets est très correcte, ils répondent bien aux commandes et assurent la plupart des fonctions nécessaires dans le cadre d’un concert. Mention spéciale pour les algorithmes de délai et de réverbe qui sonnent plutôt bien, voire très bien (HALL REVERB et SLAPBACK en tête), l’algorithme de CHORUS en revanche est plutôt décevant et sonne vraiment trop numérique, mais il permettra tout de même d’épaissir quelques synthés, guitares ou choristes lors d’une prestation et, après tout, on ne lui en demande pas davantage.
Interface audio USB-C 2×4 : modes, pilotes USB et Bluetooth
L’interface audio intégrée travaille en USB 2.0, elle propose 1 entrée stéréo et 2 sorties stéréo (2×4), sa résolution est de 24 bit et vous pourrez sélectionner la fréquence d’échantillonnage adéquate entre 44,1 kHz, 48 kHz, 96 kHz et 192 kHz. On retrouve 3 modes de fonctionnement. Tout d’abord, le mode « Standard », qui transmet un mix complet vers l’ordinateur, y compris les effets GigFX+ et les réglages des tranches analogiques. Ensuite, le mode « Loop Back », conçu pour les configurations de streaming ou d’accompagnement, qui permet d’enregistrer le son de l’ordinateur en plus du mix complet réalisé sur la table de mixage. Enfin, le mode « Interface », qui transmet uniquement le signal brut des voies 1 et 2 sans effets numérique vers l’ordinateur.
Concernant la compatibilité de l’interface intégrée avec les différents systèmes d’exploitation, sur macOS, la compatibilité est « plug and play », mais sur Windows, il vous faudra télécharger et installer le pilote USB Mackie. À ce sujet, Mackie fournit une licence pour le logiciel Waveform OEMTM avec la console. Enfin, le modèle ProFX10 GO dispose aussi d’un point Bluetooth bidirectionnel pour transmettre et recevoir un signal audio sans fil (pratique pour le streaming ou les morceaux d’accompagnement) activable avec le bouton Bluetooth sur la tranche 9/10.
Usage nomade : batterie, autonomie réelle et fonctions « outdoors »

La marque annonce une durée d’utilisation de huit heures par batterie. Nous avons donc testé cette affirmation en laissant la table de mixage tourner au studio pendant notre après-midi hebdomadaire de rangement et de nettoyage, avec une playlist interminable trouvée en deux clics sur Spotify. Résultat : force est de constater que les promesses semblent tenues, puisqu’environ six heures et trente minutes plus tard (et quelques parties de Nintendo au compteur), la musique continuait de jouer. La question qui reste en suspens est de savoir si cette autonomie resterait la même avec plusieurs micros branchés, tous les effets activés, etc. (mais, comme vous vous en doutez, nous n’avons trouvé aucun·e artiste, groupe, ni DJ prêt à jouer huit heures d’affilée sans public pour pouvoir y répondre).
Easter egg ou pas, Mackie a fait le choix étonnant d’incorporer des fonctions « outdoors » (de plein air) au sein de la table de mixage. En réalité, le modèle ProFX10 GO possède un dispositif de suivi GPS qui permet à la table de mixage de suivre votre position et de vous énumérer les sentiers de randonnée à proximité, les lieux d’observation des oiseaux et des étoiles, mais aussi des recettes de cuisine de camping. Le tout classé en fonction des heures, avec des propositions diverses et variées pour le jour et la nuit, et disponibles directement sur l’écran LCD du module d’effets. Chacun jugera de la pertinence de ces ajouts au sein d’une machine comme celle-ci (selon nous, elles étaient très largement dispensables, mais il faut admettre que c’est plutôt drôle et que cela ne nuit en rien aux qualités audio de la machine). Mais au final, on ne peut s’empêcher de penser qu’on aurait préféré des effets numériques supplémentaires en lieu et place de ces fonctions assez superficielles.














