Pour faire découvrir un sujet à quelqu’un, il est souvent utile de se ramener à quelque chose que la personne connaît par le biais d’une métaphore bien sentie. C’est pourquoi aujourd’hui je vais vous présenter une façon d’envisager le mixage qui devrait vous permettre de mieux appréhender la chose.
Jigsaw falling into place
L’idée de base est relativement simple et devrait parler à tout le monde : et si mixer revenait à faire un puzzle ? Quand on y réfléchit, ça colle plutôt pas mal en considérant l’image à reconstituer comme la chanson et les pièces à assembler comme les enregistrements de vos instruments. Seulement voilà, il se trouve que les pièces du puzzle ne sont pas pré-taillées pour s’emboîter exactement entre elles à une place bien définie. Qui va en haut ou en bas ? À droite ou à gauche ? Et à côté de qui ? Sans parler de l’image en soi, ce qu’elle représente, quelle couleur elle a. Quid de la profondeur de champ et du contraste ?
C’est à l’ingénieur du son que revient la difficile tâche de sculpter les pièces afin qu’elles s’articulent parfaitement au sein de l’image. Pour tailler et placer dans l’espace 3D les différents éléments, ce dernier dispose de plusieurs outils : faders, panoramiques, égaliseurs, traitements dynamiques, réverbérations et delay, etc. La difficulté, c’est qu’aucun de ces outils n’a une vocation unique. Par exemple, il ne suffit pas d’un simple coup de panoramique pour placer une pièce au 3/4 à gauche, ou d’une touche d’EQ pour emboîter deux éléments. C’est donc une savante combinaison de l’ensemble des outils à disposition qui définira l’agencement de chacun au sein du tout. À titre indicatif, voici les différents champs d’applications de chacun des outils en référence à notre puzzle sonore :
- Faders de volume : positionnement vertical, articulation, profondeur
- Panoramique : positionnement horizontal, profondeur, articulation, couleur
- EQ : articulation, positionnement vertical et horizontal, profondeur, couleur, contraste
- Traitements de la dynamique : positionnement vertical, articulation, contraste, profondeur, contraste, couleur
- Réverbération, delay & Co : profondeur, positionnement horizontal, positionnement vertical, articulation, couleur
- Générateurs d’harmoniques : couleur, contraste, positionnement vertical, profondeur, positionnement horizontal
Petite remarque concernant cette liste, contrairement à ce que vous pourriez croire, je n’ai pas listé les domaines d’applications pour chaque outil de façon aléatoire. J’ai essayé, autant que faire se peut, de les classer par ordre d’influence décroissant.
Dans le prochain épisode, nous développerons encore un peu plus cette analogie « puzzlesque » puisque c’est sur elle que se construira la majeure partie de l’aspect théorique de cette série d’articles. Notez au passage que cette façon d’aborder le mix implique une chose très importante : une pièce seule n’a pas forcément besoin d’être « belle », c’est son rôle au cœur du puzzle qui est important. Il en va de même pour les enregistrements de vos instruments, la seule chose essentielle c’est la musique dans son ensemble.
Sur ce, à la semaine prochaine !